Chapitre 1 - POV Sophitia
Je rassemblai ma longue chevelure verte en une queue de cheval.
J'avais été formée à ce poste depuis ma plus tendre enfance et j'étais prête. La garde des Pouvoirs des prisonniers du sanctuaire, source continuelle de magie, allait être placée entre mes mains, et j'en étais capable.
Je pensai à tous ces Démons à qui nous avions retiré leurs Pouvoirs et qui avait fini par être jetés dans l'une de nos nombreuses cellules sentant le moisi et les excréments d'animaux... Je n'éprouvais que du méprit pour eux. C'était de leur faute s'ils étaient là-dedans.
Ils avaient voulu faire du tord à mon peuple.
Voilà pourquoi je garderai leur raison de vivre hors de leur portée, quitte à y laisser ma vie.
- Prête pour ton premier jour?
- Évidement. J'étais prête à la seconde où je suis sortie de ma fleur.
- J'ai dis la même chose à mon premier jour...
- Et ?
- Et j'ai été naïf de le penser. C'est plus dur que tu ne le crois.
- Je suis prête. Je sais que tu enrages a l'idée de passer le flambeau. Tu sais, il faut savoir raccrocher après deux cent longues années de bons et loyaux services – je tapotai l'épaule de mon mentor – Passe le flambeau, grand père ! L'heure est à la jeunesse !
Je terminai de me préparer pour la cérémonie officielle. Dans quelques heures, je serais la nouvelle gardienne de la prison, dotée d'une immensité de pouvoir..
Je me dirigeai d'un pas assuré vers la grande salle.
Trois,
Deux,
Un...
Je me tint devant l'immense porte en bois, attendant qu'on m'autorise l'entrée.
Les gardiens sont les seuls ayant jamais eu l'honneur d'y pénétrer. En ce jour, c'était mon tour...
- Tu ne souhaites toujours pas renoncer?
- T'es encore là, toi?
- Je suis ton mentor, et toujours un gardien pour le moment, donc je ne bouge pas.
- Plus pour longtemps, papy.
- Je ne comprendrais jamais cette manie. J'ai le corps d'un homme de trente ans et tu m'appelles papy...
- Oui, mais, à l'intérieur, tu as 150 ans de plus que moi. Tu est un grand-père.
- Dommage pour toi...
- Que veux-tu dire par là ?
- Je suis toujours un cœur à prendre, tu sais.
Je soupirai d'agacement. Ce n'était vraiment pas le moment de me reprocher mes goûts en terme de partenaires.
- Oui. Mais un cœur d'homme. Combien de fois faudra-t-il que je te l'explique? Je n'aime pas les hommes.
- As-tu déjà essayé?
- Tu me prends pour qui? Bien-sûr que j'ai essayé!
La porte s'ouvrit d'un coup, me donnant l'opportunité d'enfin mettre fin à cette conversation que je ne cesse d'avoir avec lui, ce qui me ravit.
Un pas...
Deux pas...
Je marche de façon assurée vers les doyens, tous vêtus d'une longue toge bleu et or. Un jour, je serais à leurs place. D'ici trois cent ans environ...
Mais pour l'instant, mon but est de devenir Gardien de Pouvoir.
- Avancez d'un pas, s'il-vous-plait.
Je m'exécutai. Quand un doyen parle, tu obéis.
-Placez-vous au centre du cercle et prononcez le Serment d'Honneur.
Je pris place. Je connaissais ce serment depuis mon plus jeune âge, c'était mon père qui me l'avais appris. Déjà enfant, on m'avait prédestinée à devenir Gardien.
"Aujourd'hui, je deviens Gardienne.
Aujourd'hui, je jure de protéger cette Immensité de Pouvoir
Et de ne jamais manquer à ma tâche
Et de ne jamais reculer devant aucun danger pour la protéger.
Je fais cette promesse à mon peuple.
Je fais cette promesse à mes ancêtre.
Je fais promesse à mes pères."
- Gardien Gensey, prenez place face à votre novice.
Mon mentor prit place face à moi. Il plaça ses mains face au ciel, et la magie opéra. De long filaments ondulèrent vers moi tandis que des milliers de petites lumières prenaient possession de mon corps. Je les voyais voyager sous ma peau translucide, brillantes, l'illuminant d'une couleur céleste, alors que celle de Gensey perdait peu à peu son éclat bleuté...
Le temps passait et les infimes sources d'énergie continuaient d'affluer en moi. À chaque seconde qui passait, je me sentais plus forte, plus puissante, plus Gardienne.
Puis, le trou noir. Tout s'arrêta et je perdit connaissance.
***
- Tout va bien, mademoiselle?
Une voix m'extirpait de mon sommeil de plomb...
- Savez-vous où vous êtes ?
J'ouvris délicatement les yeux. Un lit de marbre, un autel de prière, des bruits de toux. L'arbre de vie?
- Je suis au temple de guérison?
-Exact. Vous souvenez-vous de ce qui vous est arrivé?
Concentration... La cérémonie, les petits liens d'énergie... hum, j'ai mal a la tête.
- Je suis devenu Gardienne, c'est ça?
Je soulève mon bras, qui me paraît plus lourd que d'habitude. Ma peu est encore plus transparente qu'avant, et j'ai cette jolie teinte bleutée que seul les gardiens présentent... Enfin...
-Je vais vous laisser vous reposer, vous m'avez l'air épuisée.
Je la retint par le bras.
- J'ai mal à la tête. Vous pouvez faire quelque chose ?
- Je vais vous apporter de quoi calmer le mal qui est en vous, ne bougez pas.
Elle s'éloigna et je fermait les yeux. La lumière était si aveuglante.
- Tenez.
Elle me tend un joli bol sculpté. L'odeur du breuvage est acide, sûrement l'œuvre d'une guérisseuse... Je le but cul-sec. J'ai besoin que cette douleur disparaisse rapidement pour pouvoir commencer ma tache.
Mes paupières sont si lourdes, tout à coup. Sûrement cette soupe verte qui fait effet...
« Sophitia... aide-moi ! Ne me fais pas ça... je t'aime ! Je t'ai choisie toi! »
Je me réveillai en sursaut, après un rêve intensément... étrange... Le mal de tête était passé même si mon dos me faisait un mal de chien. Quelle idée de dormir sur du marbre, franchement!
Je me levait et récupérait mes quelques affaires au bord de l'instrument de torture. Je m'avançait déjà en direction de la sortie quand une voix m'interpella.
- Mademoiselle! Je ne pense pas que sortir maintenant soit judicieux. Votre organisme aest très affaibli, et je ne voudrais pas...
- Je vais très bien, la coupai-je.
Dehors, l'air frais me fouettait le visage. Combien de temps avais-je bien pu dormir...
Je volais jusqu'au centre des Gardiens, quelqu'un pourrait probablement m'y m'aider.
Toutes les personnes qui croisaient mon chemin me félicitaient pour mon nouveau statut de Gardien de Pouvoir. Ce nom en jetait pas mal quand même... Je souriais poliment ou hochais la tête - je n'allais pas non plus leur faire la bise.
- Pourrais-je savoir où est Gensey? Demandé-je à une jolie fée aux cheveux roses.
- Je crois qu'il est dans son bureau, me répondit-elle gentiment en rougissant d'une façon adorable...
- Merci.
Je lui souriais de toutes mes dents et courais jusqu'au bureau de mon mentor. J'y était venue tellement de fois lors de mon apprentissage, convoquée la plupart du temps pour lui expliquer pourquoi je m'étais battue avec l'un de mes camarades...
Je donnais trois coups forts sur la vielle porte de bois comme à mon habitude.
Aucune réponse. Je recommençais.
Rien... Je tournais la poignée : le bureau n'était pas fermé.
Gensey se tenait dos à moi, un livre en main.
- Si je ne répondais pas, c'est que je ne voulais voir personne.
Je sursautais.
- C'est important.
- Que veux tu encore ? Tu es Gardienne maintenant. Tu devrais déjà être à ton poste, dans les sous-sols.
- Je voulais savoir comment allait mon grand-père préféré. Je n'ai pas le droit?
- Ça dépend. Toi, comment vas-tu ? Personne ne m'a prévenu que tu étais réveillée.
- En fait, je suis partie sans prévenir.
Il ricana.
- Du Sophitia tout craché!
- Tu ne me connais que trop bien, papy! - Je m'approchais de lui – qu'est ce que tu lis ?
- Un recueil sur les Gardiens. Tu savais qu'il y a des milliers d'années, un Gardien avait libéré un démon?
- Nan, c'était qui?
- Un faé un peu trop amoureux, je crois.
- Quel imbécile. Il s'est laisser amadouer.
- Totalement.
- Tu ne feras pas cette erreur, j'espère...
- Moi ? Aucune chance.
-Et pour quoi ça ?
- Je suis un être dépourvu de sentiments, je ne vis que par mon peuple et ma mission. À quoi me servirai de ressentir de l'amour envers quelqu'un ? D'autant plus s'il s'agit d'un démon...
- Je ne sais pas. Ta vie n'est-elle pas fade?
- Je ne pense pas ...
- La mienne l'est...
- Je ne vois pas de quoi tu te plains. Toutes les femmes se pressent à tes pieds, tu n'as qu'à en choisir une.
- Celle qui me plais ne veux pas de moi, alors à quoi bon ?
- Dans ce cas, je suis désolée mon pote, mais tu vas rester seul toute ta longue vie, avec rien d'autre que quarante scarabées géants pour te tenir compagnie! - Je lui tapotais l'épaule.
- Tu devrais aller bosser au lieu de me raconter n'importe quoi.
- Ouais, tu as sans doute raison.
- J'ai toujours raison.
- Tu as peut être perdu ta couleur bleutée, mais ton ego est toujours intact! Criai-je depuis le couloir.
***
Mes bottes faisaient un bruit d'enfer contre les marches du sous-sol.
- Qui est là ?!
- Sophitia!
- Oh ! Félicitations, nouvelle Gardienne !
- Merci Gus ! - Je caresse les oreilles du molosse aux dents pointues qui garde cette prison.
- Tiens, j'ai piqué ça dans les cuisines - Je lui lance un bout de viande crue.
- Merci, je meurs de faim!
Il se jette sur la pièce de viande crue et n'en fait qu'une bouchée!
- Je vais te faire faire un petit tour des lieux pour ton premier jour.
- Avec plaisir !
- Le bleu met en valeurs le mauve de tes yeux.
- Merci - Je caresse son doux pelage noir corbeau.
- À droite, tu as les loups-garous, et à gauche là, les fées démoniaques.
- On ne devrait pas mettre les loups-garous dans des cellules spéciales?
- Seulement pour les pleines lunes.
- Ah...
Nous prîmes le couloir de droite. Soudain, un loup se jeta contre ses barreaux de fer.
- Bonjour ! Ou bonsoir, qui sait? La lumière du jour ne s'est pas reflétée sur mon visage depuis si longtemps...
- Il divague, laisse couler...
- Ils sont tous comme ça ?
- La plupart. Tu sais, quand tu es enfermé pendant plusieurs milliers d'années, tu perds facilement la boule...
- Oui, tu as raison...
- Les sorcière sont là-bas - Il tendit la patte dans une direction – et les démons dans la seconde partie. Tu détiens leurs pourvoir, c'est ça ?
- Oui. Leurs pouvoirs démoniaques coulent en moi! Mouahahahha ! - J'imitai un rire sadique et Gus rigola...
- Si j'étais toi, je n'irais pas.
- Pourquoi ?
- Ils sont très spéciaux...
- Je ne pense pas devoir les craindre...
-Tu devrais ! Ils sont si... Manipulateurs et mesquins. Odieux, aussi.
- Que t'ont-t-ils fait ?
- Ils m'ont dit que je n'étais qu'un vulgaire animal de compagnie, seulement bon à faire le chien de garde et à manger des os.
- Mais ne les écoutes pas! Tu est le meilleur gardien de cellule que les fées puissent connaître !
- Si tu le dis... En tous cas, ne t'approche pas d'eux!
- Bien, bien... je peux faire un tour seule ?
- Je t'en pris, les sous-sols sont à toi !
J'attendis que Gus tourne dans un autre couloir pour commencer à me diriger vers le carré des Démons. Je ne voyais vraiment pas ce qu'il pourrait m'arriver de grave : j'avais été formée à résister à leurs manipulations...
Auteur : Emma Ambre
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