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6. Smother

Daughter - Smother


— Yoongi ! Ici !

Un sourire s'étira sur le visage de l'intéressé alors qu'il se dirigeait vers la table avec son plateau. Hyosang, qui lui faisait signe, tapotait la chaise à côté de lui pour lui dire de s'asseoir là.

Yoongi ne s'entendait pas vraiment avec l'ami du garçon. Taeyang – qui préférait qu'on l'appelle Jenissi pour des raisons inconnues, sûrement parce qu'il n'aimait pas l'idée d'être appelé « soleil » – avait un an de plus qu'eux et avait redoublé. C'était pourquoi il était encore au collège.

Ce n'était pas une mauvaise personne, ou du moins, il n'en avait pas l'air. Seulement, ils n'était visiblement pas compatibles. La gêne n'était jamais loin lorsqu'ils étaient ensemble, tellement qu'ils se parlaient à peine. Peut-être que Yoongi était paranoïaque, mais parfois, il avait l'impression qu'il le fusillait du regard.

Hyosang enroula son bras autour des épaules du nouveau venu, le serrant contre lui.

— Yoongi ! fit-il d'une voix aigüe, insistant un peu trop sur la dernière syllabe. Tu m'as manqué !

Un sourire timide s'étira sur les lèvres de l'intéressé. Il put sentir ses joues brûler alors que Jenissi le fixait avec une expression désapprobatrice sur le visage.

— On n'a été séparé qu'une heure, Hyosang..., souffla-t-il.

En réalité, le garçon lui avait manqué aussi, mais il était incapable de le dire aussi ouvertement. L'heure de cours loin de lui, son seul ami, avait été terriblement longue et étouffante. Il n'aimait pas vraiment ses autres camarades de classe, et il détestait vraiment cette idée de couper la classe en groupes.

Hyosang le lâcha et fit la moue comme un enfant.

— Je ne t'ai pas manqué ? demanda-t-il en penchant sa tête sur le côté, le toisant avec ses yeux de chien battu.

— Si..., marmonna honnêtement Yoongi, détournant le regard.

— Je le savais ! cria presque Hyosang, l'étreignant si fort qu'il manqua l'étrangler.

— Hyosang, les gens vont se faire des idées, fit Jenissi avec un sourire moqueur sur le visage.

L'intéressé libéra Yoongi, faisant à nouveau la moue.

— Oui, hyung, marmonna-t-il à contrecœur.

Le nouveau venu ne pouvait plus perdre son sourire. Tout était tellement amusant quand il était avec Hyosang, même quand Jenissi ou les autres étaient avec eux.

.oO0Oo.

Assis sur le lit d'Hyosang, Yoongi faisait de son mieux pour se concentrer sur le jeu. Comme il n'avait presque pas dormi la nuit dernière, la fatigue pesait sur lui. Il avait dû s'éclipser de la maison encore une fois et avait passé la nuit toute entière dehors. Heureusement, c'était la fin de l'été et il ne faisait pas froid à l'extérieur.

Son père s'était montré particulièrement violent. Il aurait probablement tué sa mère si Yoonjae, son frère, ne s'était pas interposé et n'avait pas pris les coups à sa place. Yoongi, qui était dans sa chambre à ce moment-là, avait été incapable de rassembler le courage nécessaire pour l'aider, et s'était honteusement enfui.

Il savait que les parents d'Hyosang ne l'aimaient pas vraiment ; il ne pouvait pas rester chez lui tant qu'ils y étaient. C'était différent en leur absence. Dans ce cas-là, son ami l'invitait toujours avec joie pour passer du temps avec lui.

Il était au courant pour ses problèmes de famille. En fait, il savait presque tout de lui ; Yoongi lui disait littéralement tout. Ce dernier n'avait aucun secret pour ce garçon. Il avait l'impression qu'il pouvait tout lui dire. Il pouvait lui faire confiance, après tout.

— Yoongi, tu as sommeil pas vrai ? finit par soupirer Hyosang.

— Non ! s'exclama l'intéressé, ne tenant pas à gâcher l'amusement de son ami.

— C'est évident. Tu es bon à ce jeu d'habitude, sourit son ami avant de tapoter le lit à côté de lui. Viens ici.

Yoongi obéit et se rapprocha. Le propriétaire de la chambre attrapa son épaule et le força à s'allonger avec sa tête sur sa cuisse.

— Maintenant, dors un peu. Je te réveillerai avant que mes parents rentrent.

L'invité sourit faiblement. Il se sentait déjà partir. Il ne pouvait pas combattre le sommeil.

— Hyosang... ? murmura-t-il avant de s'endormir.

— Oui ?

— Merci.

.oO0Oo.

Quand Yoongi rentra finalement chez lui, des ambulances et des voitures de police s'agglutinaient devant le bâtiment. Les gens étaient rassemblés tout autour, regardant curieusement ce qu'il se passait. Les sirènes étaient assourdissantes. Les lumières colorées dansaient autour, annonçant un malheur des plus terribles.

Le cœur du garçon se serra. Et si ces gens étaient là pour sa famille ? Et si son père avait battu sa mère ou son frère à mort ? Des frissons d'horreur le traversèrent à cette pensée. La terreur le saisit.

Il ne voulait pas que l'un d'eux meure.

Un groupe d'urgentistes sortit du bâtiment, tirant ou poussant un brancard. Le corps qui y était étendu était caché sous une bâche bleue, preuve que la vie l'avait quitté. Un peu plus tard, un médecin sortit, frottant l'épaule d'une femme pour l'apaiser.

Et c'est là que les jambes de Yoongi faiblirent.

C'était sa mère. Une couverture fine couvrait ses épaules et son visage avait pris une teinte si pale qu'elle avait l'air d'un cadavre. Un énorme hématome colorait son œil droit, sans doute suite à la bagarre avec son père la veille. Les larmes coulaient le long de ses joues. Pourtant, elle ne sanglotait pas. Elle simplement juste dans le vide, comme si le choc avait fait disparaître le monde autour d'elle.

Le drap tomba au sol, et avant que le docteur ne puisse le lui remettre, tout le monde put observer son corps et ses habits salis. Yoongi observa avec horreur sa robe et la peau de ses bras fragiles peints de rouge pourpre. Ce n'était, de toute évidence, pas le sien. Personne n'aurait pu survivre après avoir perdu autant de sang... Ce qui voulait dire qu'elle avait été en contact avec la personne qui était sous la bâche.

Était-ce son père ? Ou son frère ? Peut-être n'était-ce qu'un voisin, et qu'il s'inquiétait trop. Mais l'expression sur le visage de sa mère voulait clairement dire que c'était l'un des deux premiers choix.

Les yeux de cette dernière trouvèrent les siens et elle sembla soudainement revenir à la réalité. Un petit cri lui échappa avant qu'elle ne coure vers lui.

Yoongi ne bougea pas d'un poil lorsqu'elle se jeta dans ses bras, se mettant à sangloter bruyamment contre son épaule. Elle n'arrêtait pas de répéter son nom, parcourant ses cheveux avec ses mains tremblantes. Elle semblait avoir désespérément besoin de chaleur humaine... Et même s'il la détestait, il ne pouvait pas se résoudre à la rejeter.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? souffla-t-il.

Les mots étaient douloureux à prononcer. Il avait besoin de savoir. Son cœur ne supporterait pas l'attente plus longtemps.

— Ton... Ton père... Il..., bégaya-t-elle entre deux sanglots.

Difficile de parler avec les pleurs qui la secouaient.

— Il s'est suicidé, Yoongi...

.oO0Oo.

Yoongi avait toujours détesté son père. Il l'avait toujours méprisé d'être un alcoolique violent qui battait sa famille toute entière. Vivre avec lui avait toujours été une torture. Il avait toujours souhaité quitter la maison dès sa majorité pour ne plus jamais le voir.

Son ressentiment avait atteint un niveau extrême, et pourtant, la nouvelle avait tout de même été un choc pour lui.

Yoonjae avait quitté de la maison. Il avait été accepté à l'université de son choix et avait trouvé un petit boulot pour payer son loyer lui-même. Même en sachant que leur père était mort, il était parti, laissant son petit frère derrière lui. Il s'était même disputé avec sa mère juste avant de passer la porte pour la dernière fois. Il avait dit beaucoup de choses méchantes, et avait abandonné l'appartement avec la promesse de ne jamais revenir.

Yoongi était tout seul avec sa mère, à présent. Ils vivaient chez une amie pour l'instant ; elle était incapable de mettre un pied dans leur foyer après ce qui s'était passé. C'était elle qui avait trouvé le corps de son mari à l'intérieur. L'image de l'homme baignant dans son propre sang était sans doute encore trop fraiche dans son esprit.

Le garçon portait toujours ce sentiment étrange. Il ne pouvait toujours pas croire que les choses avaient pris une telle tournure. Il n'avait plus de père ni de frère, juste sa mère avec laquelle il n'avait jamais vraiment parlé et avec laquelle il ne pouvait pas s'entendre. Ce n'était pas facile. Au final, l'horreur de son père qui les battait n'était pas si terrible, parce qu'au moins, alors, il avait encore son frère.

Il n'avait parlé à personne de ce qui s'était passé, pas même à Hyosang. Il n'essayait pas vraiment de le cacher. Il n'était juste pas prêt à en parler. Du moment que personne ne lui posait la question, il ne dirait rien. Tout irait bien. Il pouvait affronter ça tout seul.

Plus aucun de ses sourires n'était sincère ; il avait parfois peur que ça se remarque. Même en présence d'Hyosang, avec qui il se sentait habituellement bien malgré son moral au plus bas. C'était devenu difficile de rire à ses blagues et de supporter Jenissi.

Il adorait toujours autant la compagnie de son ami. C'était juste dur de n'avoir personne qui pouvait le comprendre.

Il ne connaissait pas les raisons de la mort de son père. Sa mère lui avait dit qu'elle l'avait trouvé mort, et qu'il n'y avait aucune lettre ou quoi que ce soit qui aurait pu expliquer ça. Yoongi était sûr que c'était l'alcool qui l'avait poussé à faire une telle chose, mais il n'était pas dans la tête de son père. Il ne pourrait jamais savoir ce qui avait soudainement déclenché ses pensées suicidaires.

Le garçon se contenta de vivre comme si rien ne s'était passé. Il n'échangeait presque aucun mot avec l'amie de sa mère. Pareil avec celle-ci, ce qui ne changeait pas grand-chose. Tout le reste était resté pareil.

Il allait au collège normalement, il avait passé ses vacances normalement, ses notes étaient toujours aussi basses et personne n'avait remarqué qu'il n'allait pas bien du tout. Apparemment, il était doué pour cacher ses émotions.

C'était la fin de l'été. Deux mois étaient passés depuis la mort de son père, et les vacances touchaient à leur fin. Il les avait principalement passées avec Hyosang, quand les parents de ce dernier n'étaient pas à la maison ou quand il n'était pas avec Jenissi. Les cours avaient recommencé quelques jours plus tôt. Il ne restait que cinq mois avant qu'ils finissent le collège.

Il avait encore du mal à réaliser.

Il serait sûrement séparé d'Hyosang l'année suivante. Ses notes étaient trop basses et il allait finir dans un lycée tout pourri, pas trop loin des quartiers pauvres. Là où il vivait avant, quand sa famille existait encore... Et où il reviendrait quand sa mère serait prête à vivre seule. Son ami, lui, irait dans une bonne école. Il était intelligent. Il ne le suivrait jamais dans un établissement de bas étage.

Yoongi était sûr qu'ils continueraient tout de même à traîner ensemble. Il aimait beaucoup son ami. Se retrouver dans un lycée différent ne serait pas un obstacle à leur relation. Tout irait bien. Il n'avait pas peur.

Hyosang tapota son épaule, le sortant de ses pensées. Par automatisme, Yoongi se tourna vers lui et lui sourit.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il.

— Tu es encore ailleurs, Yoongi ! geignit son ami, ce qui lui donna envie de s'excuser. Je disais que je vais aux toilettes, je reviens !

Hyosang le gratifia d'un grand sourire, avant de se lever et de partir en courant.

Yoongi se tourna vers Jenissi, avec qui il était seul, à présent.

L'atmosphère s'était alourdie. Il joua nerveusement avec ses doigts, son sourire disparu. Ses yeux glissèrent vers son assiette vide. Il avait beau essayer, il n'arrivait pas à s'entendre avec ce garçon. Il avait toujours un mauvais pressentiment quand il était près de lui.

— Yoongi ? l'appela Jenissi pour attirer son attention. Je vais te dire quelque chose, continua-t-il une fois ses yeux levés. Même si tu ne me crois pas, je veux que tu y réfléchisses, ok ?

Le plus jeune acquiesça avec raideur, sentant l'inquiétude monter. Jenissi ne lui adressait habituellement pas la parole. C'était la première fois qu'il disait un mot à sa seule attention. Cela devait vraiment être quelque chose de sérieux.

— Fais attention avec Hyosang, fit-il d'une voix solennelle.

L'expression sur son visage n'avait rien de lumineux, mais il était toujours difficile ce savoir ce qu'il se passait dans sa tête.

— Qu'est-ce que tu veux dire... ? demanda prudemment Yoongi, perplexe.

— Je dis ça pour toi. Hyosang n'est pas une aussi bonne personne que tu as l'air de le penser, alors fais attention.

Le plus jeune voulait plus de précisions. Il ne savait que penser de ça ou comment réagir.

Il n'en eut pas le temps.

Hyosang revint et s'assit à côté de lui en passant son bras autour de ses épaules. Il portait son habituel sourire, bien loin de la discussion que les deux garçons avaient eue le concernant.

Ce fut dur pour Yoongi d'étirer les lèvres après ça. Les mots de Jenissi résonnaient dans son cerveau, le poussant à se poser beaucoup de questions. Hyosang n'était pas une bonne personne... ? Qu'est-ce que cela voulait dire, exactement ? Faisait-il des choses illégales ? Ou était-ce autre chose ? Comme... Et si c'était un menteur... ?

Mais ce sourire qu'il lui offrait ne pouvait pas être un mensonge, n'est-ce pas ? Il avait l'air bien trop vrai pour en être un... Yoongi se gifla mentalement, se détestant de douter de son ami à cause des mots de Jenissi.

.oO0Oo.

Le dernier jour de cours... Cela semblait encore irréel.

Yoongi n'arrivait pas à croire que sa vie de collégien touchait à sa fin. Ce n'était pas désagréable. Seul le fait qu'il ne pourrait plus voir Hyosang tous les jours lui laissait un goût amer.

Quand ce fut l'heure de rentrer, il chercha son ami avec des yeux perdus. Il ne l'avait pas beaucoup vu aujourd'hui. Hyosang avait passé la majeure partie de son temps avec Jenissi, donc l'adolescent avait préféré garder ses distances.

Cela faisait cinq mois déjà que leur aîné lui avait dit de se méfier, mais il ne pouvait toujours pas sortir ces mots de sa tête. Il ne voulait pas croire qu'Hyosang n'était pas quelqu'un de bien, mais il avait tout de même quelques doutes, et il se détestait pour ça. Il se sentait stupide de pas être à l'aise avec son meilleur ami à cause de quelqu'un qu'il n'appréciait même pas.

Il se sentait mal en compagnie de Jenissi, d'autant plus lorsque ce dernier l'appuyait de son regard. Il pouvait le supporter pour Hyosang, mais c'était tout de même difficile, parfois.

Celui-ci vint le retrouver. Il tapota son épaule pour avoir son attention.

Quand Yoongi se tourna vers lui, il s'attendait à voir un sourire sur le visage de son ami. Mais à la place, son expression sombre envoya des frissons de sa tête jusqu'à ses pieds. Ses yeux froids et sérieux lui ordonnaient silencieusement de le suivre.

Yoongi croisa le regard désolé de Jenissi alors qu'ils sortaient du collège. Il comprit alors que quelque chose n'allait pas, et qu'il n'allait très certainement pas passer un bon moment. Cela le rendit nerveux. Son cœur battait si fort et vite qu'il en devenait douloureux.

Ils trouvèrent un endroit silencieux, où personne ne pourrait les déranger. Maintenant, l'adolescent transpirait. Son esprit s'était vidé et ses oreilles bourdonnaient. Il avait l'impression d'avoir fait quelque chose de mal, mais il ne pouvait mettre le doigt dessus.

Il était terrifié. Il sentait que quelque chose de mal allait arriver. Quelque chose qui changerait tout.

Et il avait raison.

Hyosang lui fit face ; son regard glacé qui le perçait lui donna envie de se cacher.

C'était la première fois que Yoongi voyait une telle expression sur son visage, et il aurait préféré que cela n'arrive jamais. Le contraste avec la personne enjouée qu'était habituellement ce garçon avait quelque chose de sinistre.

Il ne pouvait dire un mot. La situation était beaucoup trop stressante. Il espérait juste que c'était une mauvaise blague. Que les mots de Jenissi cinq mois plus tôt en faisaient partie. Vraiment stupide de sa part, n'est-ce pas ? Il était pourtant évident que cela n'avait rien d'un jeu.

Une éternité sembla passer avant qu'Hyosang ne commence à parler. Quand il le fit enfin, Yoongi sentit toutes ses couleurs le quitter.

— Tu ne sais pas pourquoi je veux te parler, pas vrai ?

Sa voix était aussi froide que ses yeux. Des frissons désagréables traversèrent le corps de Yoongi alors qu'il secouait la tête en guise de réponse.

— Et bien, Yoongi... Je suis ici pour te dire la vérité.

L'intéressé le dévisagea bêtement. La vérité ? Que voulait-il dire par là ?

— Yoongi, quel genre de relation penses-tu qu'on a ?

Il déglutit, bataillant pour soutenir son regard. Il voulait les détourner, se rouler en boule au sol pour se libérer de ce regard noir.

— On est... amis... ? souffla-t-il.

Il n'en était même plus sûr. Ce comportement, les mots de Jenissi... Ses doutes étaient plus présents que jamais.

Il ne pouvait plus dire ça avec assurance.

Il pensait qu'ils l'étaient. Il aimait son ami plus que sa propre famille. Hyosang était important pour lui.

— Yoongi..., soupira-t-il. Le truc, c'est qu'on est pas amis.

Un sourire amer s'étira sur ses lèvres.

— On ne l'a jamais été, Yoongi.

Les épaules de l'intéressé s'affaissèrent. Son cœur s'était probablement arrêté. Les larmes lui montèrent aux yeux. Son corps tout entier s'était refroidi. Même le simple mécanisme de respiration était devenu pénible.

L'atmosphère l'étouffait de plus en plus.

— On ne l'a jamais été... ? répéta-t-il malgré la faiblesse de sa voix. Mais on a été ensemble pendant deux ans...

Ce fut tout ce qu'il put prononcer.

Hyosang fut pris d'un rire nerveux, avant de se gratter le cuir chevelu.

— Tu étais tellement pitoyable, Yoongi. Je me sentais mal de te voir tout le temps seul. Je pensais que peut-être on pourrait vraiment devenir amis, mais...

Il poussa un long soupir, avant de continuer :

— T'es chiant, Yoongi. Et non seulement t'es chiant, mais en plus, t'es un pauvre gosse avec des parents violents, tu vis dans la misère et tu es dépressif. Tu voudrais d'un ami qui ne ferait que te tirer vers le bas si tu s'impliques trop ? Personne ne veut ça.

Yoongi ne pouvait même pas pleurer. Le choc était tel qu'il ne put que le dévisager avec incrédulité.

— Je suis seulement resté avec toi parce que j'avais peur que tu finisses par te suicider, ou un truc comme ça, t'sais ? Les gosses dépressifs font ça. Je me serais senti mal d'avoir ça sur ma conscience, donc j'ai attendu que cette année se termine pour te dire la vérité. C'est gentil de ma part, non ?

— Tu veux dire que tout était un mensonge... ? murmura Yoongi. Tes sourires, et tout le reste... Tu faisais juste semblant... ?

Il ne pouvait pas y croire. Non... Il ne voulait pas y croire. Cela ne pouvait pas être vrai, n'est-ce pas ?

— Ouais, je me suis forcé, répondit Hyosang. La vérité est que je ne t'ai jamais aimé, Yoongi. T'es pathétique. Tout en toi est pitoyable.

Son nez se plissa avec mépris, puis il reprit :

— Qui pourrait être ami avec toi ? T'es plein de problèmes.

Au fond, c'était plutôt logique. Quand Yoongi avait fugué lorsque son père était devenu trop violent, le garçon ne lui avait jamais offert l'abri. Il n'avait pas essayé de l'aider. Il l'avait simplement rejeté avec des excuses bidons.

— Donc tes parents qui ne m'aiment pas... ? souffla Yoongi.

— Jamais je ne leur aurais présenté un gosse comme toi. Qu'auraient-ils pensé ?

C'était comme si le monde tout entier s'écroulait. L'adolescent venait juste d'être détruit de l'intérieur.

C'était vraiment... difficile à croire.

Deux ans. Deux putains d'années durant lesquelles il avait bêtement cru qu'il avait un ami. Deux années qu'il avait passées à l'aimer plus que sa famille, à le considérer comme un frère. Deux ans de mensonges.

L'amitié était un mensonge.

.oO0Oo.

— Chut, tu vas le réveiller !

— Mais de l'eau coule de ses yeux !

— Laisse-le dormir !

Yoongi ouvrit les paupières ; un terrible mal de tête le prenait d'assaut. Il fit de son mieux pour l'ignorer, essayant de voir à qui ces voix appartenaient. Il ne les avait pas reconnues, ce qui le faisait un peu paniquer.

La pièce sentait bon. L'odeur était familière ; il était sûr d'avoir senti quelque chose de similaire auparavant, mais impossible de se rappeler où.

Il ignorait totalement où il se trouvait, et cela ne l'aida pas à se calmer.

La première chose qu'il vit furent de grands yeux qui le fixaient. Il fit un bond en arrière, surpris, réprimant un cri juste à temps. Il jeta un regard noir à la personne qui lui avait fait aussi peur.

Puis tout lui revint en mémoire. Ce garçon était un de ceux qu'il avait vus avec Hoseok. Celui qui poussait la chaise roulante.

Il sourit faiblement, avant de lui faire des signes. Yoongi fronça les sourcils. C'était quoi, ce cirque ?

— Il te dit de ne pas avoir peur, fit une voix.

C'était le garçon sur le fauteuil, un peu plus loin dans la chambre. Il les couvait d'un regard protecteur et plein d'attention, un doux sourire s'étirant sur ses lèvres.

— Je vais appeler Hoseok-hyung ! s'exclama le troisième garçon en quittant la pièce.

Yoongi était perdu. Un peu effrayé, aussi. Non seulement il n'avait aucune idée d'où il se trouvait, mais il était aussi en compagnie de complets étrangers. Que s'était-il passé ? Qu'est-ce qu'il faisait ici ?

— Hyungnim, tu t'es enfin réveillé ! fit une voix venant de l'extérieur.

Cette dernière le fit presque soupirer de soulagement. Hoseok entra en trombe dans la chambre, le visage dégoulinant d'inquiétude. Il se précipité sur lui, manquant de bousculer le garçon qui était agenouillé devant le lit.

— Comment tu te sens ? Tu t'es évanoui dans la rue...

Yoongi se mordit la lèvre, se rappelant sa crise d'angoisse. C'était encore arrivé... Elle avait totalement échappé à son contrôle. Et devant tout le monde, en plus de ça...

— Je vais bien, marmonna-t-il.

C'était un mensonge. Il avait l'impression d'avoir été frappé par un camion. Sa tête lui faisait un mal de chien et son corps était raide et courbaturé. Il était encore secoué par les souvenirs qui étaient revenus dans ses rêves.

Il avait toujours souhaité tout oublier à propos d'Hyosang. C'était une part de son passé qu'il voulait absolument effacer.

Il n'avait pas pensé à ce prénom depuis plus d'un an maintenant. Il ne s'en était toujours pas remis. Il pensait qu'il était sur la bonne voie, mais la plaie saignait encore. Son cœur souffrait à sa simple pensée.

Il ne l'oublierait sans doute jamais. C'était une expérience plutôt traumatisante. Quelque chose qu'il ne voulait surtout pas vivre une nouvelle fois.

— Il a pleuré, remarqua le garçon habillé comme un enfant en entrant dans la chambre avec une bouteille.

Il fit la moue en l'offrant à Yoongi.

— Ah, tu as encore fait un cauchemar ? l'interrogea Hoseok, son inquiétude grimpant.

— Encore ? grogna l'aîné.

Le garçon détourna les yeux, un sourire gêné sur son visage.

— Bah... Tu pleurais aussi dans ton sommeil quand on était chez Seokjin-hyung...

— Sérieusement... ? soupira Yoongi. Merde, ferme-la et oublie ça...

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

Il lui jeta un regard, avant de faire des même vers les autres garçons. Il n'avait déjà pas très envie de parler de ses problèmes avec lui, alors il ne le ferait pas avec tout ce petit monde dans la pièce non plus.

Comme il ne répondait pas, Hoseok poussa un soupir. Il pointa le garçon qui faisait des signes un peu plus tôt.

- Lui, c'est Jungkook. Il peut t'entendre mais il ne peut pas parler, donc il utilise le langage des signes. Il peut écrire aussi mais il trouve ça chiant, donc Jimin traduit pour lui la plupart du temps.

Il avait montré le garçon sur le fauteuil en mentionnant ce nom. Il dirigea ensuite son doigt vers le denier.

— Lui, c'est Taehyung. Pas facile à approcher mais il est adorable.

Yoongi acquiesça doucement. Ces gosses étaient sûrement très gentils, mais il ne se rapprocherait jamais d'eux. Avoir Hoseok comme problème était déjà plus que suffisant, il n'en avait pas besoin de trois de plus.

— Bon les gars, rentrez chez vous, ordonna ce dernier avec un sourire. Il faut que je lui parle, seul à seul.

Jimin hocha la tête et appela Jungkook pour qu'il le suive. Le garçon muet fit un peu la moue, mais se releva. Il poussa son ami à l'extérieur, tirant Taehyung par la manche en passant près de lui pour lui dire de le suivre. Même si celui-ci semblait réticent, il finit par partir aussi.

Yoongi les entendit dire au revoir à quelqu'un d'autre dans la maison avant qu'Hoseok ne ferme la porte. Ce dernier posa son regard sur lui en venant s'asseoir sur le lit, à côté de lui.

Ils gardèrent le silence un moment ; Yoongi finit par se demander si le plus jeune voulait vraiment parler, finalement.

Il ne plaindrait pas. Il aimait ce silence. Il n'aurait jamais imaginé que ce garçon lui accorderait un tel moment de paix. Il l'avait toujours vu comme quelqu'un d'agaçant et gênant, mais maintenant, sa présence était même apaisante. Sa chaleur et le son de sa respiration calme avaient quelque chose de rassurant.

Après un moment durant lequel aucun d'entre eux ne dit un mot, Hoseok se leva sans un bruit pour attraper son lecteur MP3. Il revint, s'assit plus près de Yoongi sur le lit et lui donna un écouteur, que l'aîné accepta sans poser de question.

La musique se mit en route. Encore une fois, il ferma les yeux pour en profiter au maximum. Était-ce une autre de ses compositions ? Ou une chanson qu'il aimait, peut-être ?

Ce n'était pas la voix d'Hoseok cette fois. Yoongi comprit qu'il ne faisait que partager ses goûts musicaux, ce qui n'était pas trop mal non plus. Il fut surpris de voir qu'ils appréciaient des choses similaires. Ils écoutaient plusieurs genres, qui pouvaient être différents, mais l'esprit et le sentiment étaient presque les mêmes.

L'aîné tombait lentement dans le piège du garçon. La musique le faisait réagir différemment. Il aimait vraiment ça. Il voulait que ce moment qu'il partageait avec lui dure plus longtemps. Et ça n'était pas arrivé depuis une éternité.

Il n'avait plus été si proche de personne depuis longtemps. La dernière avec qui il s'était assis sur un lit était Hyosang. Cela lui laissait un goût amer.

Hoseok paniqua en entendant les premières notes d'une chanson. Il fit presque tomber son lecteur en essayant de changer la piste. Instinctivement, Yoongi attrapa sa main.

— Laisse, lui ordonna-t-il.

Quand le cadet le regarda avec de grands yeux surpris, il sentit ses joues chauffer de honte. Il fallait qu'il réfléchisse avant d'agir...

Hoseok avait l'air réticent. Pourtant, il ne protesta pas et se contenta de détourner le regard alors que la musique continuait.

Yoongi réalisa rapidement que c'était une chanson qu'il avait écrite. Il était sûrement trop timide pour le laisser l'écouter. Pourquoi ? Il lui avait fait découvrir une de ses chansons la dernière fois, non ?

Mais en payant un peu plus d'attention aux paroles, Yoongi comprit. Même si cette chanson était pleine de métaphores, il comprenait la signification de la plupart d'entre elles.

Les peurs, l'anxiété sociale, le pessimisme, le sentiment d'infériorité... Il connaissait tout ça. Il le ressentait au quotidien et avait tendance à les exprimer dans ses carnets de la même façon. Hoseok utilisait ses chansons comme un journal. En les écoutant, son aîné faisait une intrusion dans son intimité.

Quand la chanson en vint à sa fin, le garçon était livide. Il reprit son écouteur, incapable de le regarder dans les yeux. Il gigotait, jouant nerveusement avec ses doigts. Il était évident qu'il était mal à l'aise de l'avoir laissé entendre ça... Et Yoongi se sentit un peu coupable.

— Tu sais que je fais des crises d'angoisse, fit ce dernier d'un ton qu'il voulait assuré. On est quittes maintenant.

Hoseok lui offrit un regard surpris, avant de sourire faiblement.

— Tu es le seul qui sait, alors garde le secret, ok ? souffla-t-il.

Yoongi acquiesça. C'était donc un secret entre eux... Il n'aurait jamais pu imaginer que ce garçon endurait des choses similaires. Il pensait pourtant que c'était quelqu'un d'heureux, qui avait des amis et tout... Hoseok le cachait vraiment bien...

Cela voulait dire qu'il était bon acteur. De ce côté-là, lui et Hyosang étaient pareils. Ils pouvaient faire croire des choses aux gens alors qu'ils pensaient le contraire... Est-ce que cela faisait du garçon le même genre de menteur que son ancien "ami" ? Yoongi ne pouvait pas encore en être sûr, et cela lui faisait vraiment peur.

Après tout ce qu'il avait vécu avec la personne qu'il pensait être son meilleur ami, il ne pouvait plus faire confiance à personne. Il pensait réellement que les amis étaient inutiles, qu'il détestait les gens et qu'il n'avait besoin de personne. Mais quand il était avec Hoseok, il pouvait sentir cette chaleur plaisante lui inonder sa poitrine. Comme quand il était encore dans son déni aveugle avec Hyosang.

— Tu veux toujours savoir pourquoi je n'ai répondu à aucun de tes messages et pourquoi je t'ai ignoré ? demanda-t-il soudainement, prenant son cadet au dépourvu.

Il n'était pas sûr que ce soit une bonne idée de parler de ça avec ce garçon. Hoseok pourrait en profiter pour lui faire avaler ses mensonges encore plus facilement en sachant qu'il avait déjà été trompé de la même façon par le passé. Néanmoins, Yoongi se sentait mal de l'avoir évité alors que le garçon s'était presque fait tuer à cause de lui.

Ce dernier le dévisageait avec des yeux curieux, mais inquiets. Il acquiesça doucement, déglutissant en même temps. Il avait sûrement peur de ce que serait la réponse. Il ne voulait pas que son aîné le déteste ou quoi ? Pour lui qui avait toujours été aussi insouciant jusqu'ici, c'était un peu surprenant.

— J'avais peur, admit Yoongi. Je ne voulais laisser personne entrer. Je pense que je n'ai pas besoin d'amis, et tu le sais probablement, mais je déteste les gens.

Hoseok sourit, mais se tut pour le laisser continuer.

— J'ai vécu des choses que je ne veux plus jamais revivre, et avec toi qui essayes d'être... "ami" avec moi, c'est juste... Je veux dire, je suis pas prêt pour ça. Je pense toujours que l'amitié est un mensonge et...

— Hyung, le coupa doucement son cadet, ses yeux compréhensifs brillant de gentillesse. Si tu ne veux pas appeler notre relation "amitié", alors ne l'appelons pas comme ça. Je veux juste que tu me laisses une chance et que tu ne me juges pas à cause d'expériences passées.

Son sourire s'étira un peu plus avant qu'il ne continue :

— Je ne peux pas dire que je suis une bonne personne, mais je ne suis pas si mauvais non plus... Enfin tu peux te faire ta propre opinion la dessus. Alors, ne m'ignore plus et laisse moi une chance... S'il-te-plaît ?

Yoongi déglutit, incapable de détourner le regard. Était-ce une bonne idée ? Devait-il réellement se laisser emporter encore une fois et donner son affection à quelqu'un ? Il ne savait pas vraiment s'il était prêt pour ça. Il était terrifié par ce qui pourrait arriver. Il ne voulait pas s'attacher à ce garçon et être jeté après.

Il ne voulait pas faire les mêmes erreurs qu'avec Hyosang.

— Tu ne fais pas ça par pitié, pas vrai ? demanda-t-il, la boule à la gorge.

La question sembla offenser Hoseok. Son sourire avait disparu, remplacé par des sourcils froncés et une moue sur ses lèvres.

— N'importe quoi hyung ! geignit-il. Pourquoi voudrais-je devenir ami avec toi par pitié ? Je tiens beaucoup à mes amis, je n'aurais jamais pitié d'eux ! Même si je peux me sentir mal pour eux, ce n'est pas pour ça que je reste à leurs côtés...

Yoongi le toisa d'un regard sceptique. Pouvait-il réellement y croire ?

— Yoongi-hyung, vraiment... Mets ton passé de côté quand tu es avec moi... Essaie de me voir moi, et pas ce que tu as vécu auparavant, s'il-te-plaît...

Avec ses grands yeux qui le fixaient, son visage prenait des airs de chien battu. Il semblait vraiment vouloir qu'ils deviennent amis...

Yoongi essaya de se rappeler comment sa soi-disant "amitié" avec Hyosang avait commencé. Il ne savait plus s'il était venu vers lui, ou si c'était l'inverse. Son cerveau avait tout fait pour effacer ce qui avait peuplé cette partie de sa vie, et ce détail avait été supprimé avec succès. Si leur terrible "séparation", s'il pouvait l'appeler comme ça, avait été effacée aussi, tout aurait été vraiment plus simple.

— Je t'ignorerai plus, finit-il par soupirer.

Il ne pouvait pas dire qu'il serait ami avec lui ; il refusait d'appeler une relation comme ça. Peut-être que les choses changeraient à l'avenir... Il ne pouvait pas savoir.

Le visage d'Hoseok s'illumina et il lui offrit un immense sourire. L'aîné détourna les yeux, ne pouvant pas comprendre comment une réponse aussi froide pouvait rendre quelqu'un aussi heureux. Ce garçon trouvait sûrement son bonheur dans des choses insignifiantes. Voilà pourquoi il souriait tant... Peut-être qu'il ne prétendait pas. C'était juste son tempérament.

Cette situation était étrange pour Yoongi. Son esprit était déchiré entre deux sortes de pensées, ce qui le perturbait. Une était heureuse d'avoir enfin quelqu'un à qui parler et avec qui partager la musique. Peut-être qu'il pourrait être un peu plus normal.

L'autre lui criait qu'il venait de faire une terrible décision et qu'il le regretterait à l'avenir.

.oO0Oo.

Yoongi gigotait sur sa chaise, mal à l'aise. Il n'arrivait pas à croire qu'il était là, assis à la table d'Hoseok, avec sa grande sœur et sa mère.

C'était une première. Il n'avait jamais mangé à la maison d'Hyosang quand ses parents étaient là. Et il n'avait jamais été assez proche de quelqu'un pour entrer chez lui non plus.

Il était incapable de les regarder dans les yeux. Il pouvait maintenant comprendre pourquoi le garçon avait été si gêné en compagnie de sa mère, l'autre fois. Il voulait tellement fuir que son esprit tout entier lui hurlait de le faire. Il n'était pas loin de la crise d'angoisse, mais il fit de son mieux pour ne pas faire honte à son hôte.

Jiwoo, la sœur d'Hoseok, n'arrêtait pas de lui sourire, comme si elle l'avait toujours connu. Elle était jolie et légèrement plus petite que son frère. Même s'ils ne se ressemblaient pas beaucoup, il était évident qu'ils étaient de la même famille. Avec ses longs cheveux brillants et son sens de la mode, Yoongi se disait qu'elle aurait pu être mannequin.

Elle l'avait tout de suite traité comme un membre de sa famille. Elle essayait sûrement de le mettre à l'aise, mais cela avait l'effet contraire. C'était gentil de sa part, et il ne pouvait pas lui en vouloir. Elle avait l'air d'énormément aimer son frère, ce qui expliquait pourquoi elle voulait chérir ses amis aussi.

Amis... Non, ils n'étaient pas amis. Rien qui y ressemblait.

La mère d'Hoseok avait insisté pour qu'il l'appelle "eomma" comme son fils, ce qu'il avait été incapable de refuser malgré son embarras. Elle faisait plus jeune que son âge et souriait beaucoup aussi. Hoseok avait pourtant l'air agité à côté d'elle. Il semblait impatient de retourner dans sa chambre.

Yoongi se souvint qu'il avait fugué auparavant, cette fois où Seokjin l'avait supplié d'aller le chercher. Pourquoi Hoseok avait-il fait une chose pareille ? Sa famille n'avait pas l'air si mal. Seulement voilà, il ne pouvait pas s'arrêter aux apparences. Après ce qu'il avait entendu dans la chanson, il ne pouvait pas juste croire que les problèmes du garçon étaient insignifiants et qu'il réagissait à tout excessivement.

C'était encore dur pour lui de réaliser qu'il était ici, en compagnie de la famille de ce garçon. Celui-ci n'avait pas eu honte de le présenter à sa famille, même s'il n'avait rien dit sur leur relation. Il ne pouvait pas l'appeler "ami", après tout.

— Je ne t'ai jamais vu au lycée d'Hoseok, remarqua la sœur. T'es nouveau là-bas ? Quel est ton handicap ?

Elle n'avait pas dit ça comme un reproche, mais cela contraria Yoongi. Handicap ? Que voulait-elle dire par là ?

— Il est étudiant au lycée où Seokjin-hyung enseigne, pas au mien, la corrigea Hoseok, un peu agacé.

Il avait les yeux collés à son assiette. Sa peau avait pâli.

Yoongi était perplexe. Que lui arrivait-il ? Et qu'avait voulu dire sa sœur exactement avec sa dernière question ?

— Pardon ! s'excusa-t-elle avec un sourire gêné. Donc vous vous êtes rencontrés grâce à Seokjin, c'est cool !

L'atmosphère s'était désagréablement alourdie et l'invité se demanda combien de temps il serait capable de rester calme. L'expression d'Hoseok était la plus sombre qu'il n'ait jamais vue sur son visage. Il se demanda si c'était les mots de Jiwoo qui provoquaient cette réaction.

— C'est la première fois que tu ramènes un ami normal à la maison, remarqua sa mère pour entrer dans la conversation. C'est bien.

Elle souriait toujours, mais soudainement, son expression sembla moins sympathique à Yoongi. Que sous-entendait-elle par normal, exactement ?

— Eomma ! la prévint Jiwoo.

Elle était intervenue à la place d'Hoseok, qui avait maintenant les doigts serrés sur son couteau et sa fourchette. Il s'était figé et ses yeux s'étaient encore assombris. Il avait l'air en colère. Tellement en colère. Il essayait sûrement de se retenir de réagir violemment.

Yoongi voulait s'enterrer six pieds sous terre. Il ne voulait pas être impliqué dans une bataille familiale, encore moins alors que c'était la première fois qu'il leur rendait visite.

— Je dis juste la vérité, soupira la mère, perdant son sourire.

— La vérité ? ricana Hoseok. Les garçons sont normaux, c'est toi qui as un problème avec eux.

— Un autiste, un muet et un handicapé, sans mentionner les gays, en quoi c'est normal ?

— Eomma ! cria Jiwoo, cette fois.

Elle s'était levée, plaquant ses mains sur la table. Elle jetait un regard noir à sa mère, tous ses muscles tendus à craquer.

— C'est drôle que tu puisses dire ça quand la personne avec qui tu t'es mariée et ton fils ne sont pas considérés comme normaux, rétorqua Hoseok avec un sourire amer.

Il se leva calmement et attrapa le bras de Yoongi avec douceur pour lui dire de le suivre. Ce dernier ne se fit pas prier. Tout ce qu'il demandait, c'était quitter cette pièce dès que possible.

Jiwoo appela son frère d'une voix triste, mais n'essaya pas de l'arrêter. Sa mère resta silencieuse, évitant leur regard.

Si Yoongi avait d'abord pensé que la famille du garçon était sympathique, le contraire s'offrait maintenant à lui. Hoseok était comme lui ; il avait une relation compliquée avec sa mère, même si les raisons étaient différentes. Il avait toujours sa sœur, au moins...

Yoongi n'avait personne.

La porte de la chambre se ferma. Dès que ce fut fait, il remarqua les larmes qui coulaient le long des joues du garçon. Stupéfait par la soudaineté de la chose, il ne sut pas quoi faire et paniqua un peu. Il regarda autour de lui, cherchant les mouchoirs, et dès qu'il les trouva, il en prit deux et sécha ses joues humides avec douceur.

Hoseok se pencha légèrement vers la main qui essuyait son visage, acceptant avec reconnaissance ce qu'il faisait. Il tremblait un peu, sûrement sur le point de fondre en sanglots.

Yoongi se sentait mal pour lui. Il ne savait pas exactement pourquoi le garçon avait dit de telles choses, ni quels étaient ces handicaps dont sa sœur avait parlé, mais ce qu'il s'était passé lui faisait de la peine. S'il l'avait détesté parce qu'il pensait que c'était une personne heureuse, à présent, il le regrettait.

Ils étaient les mêmes. Tous deux étaient en train d'étouffer. Hoseok supportait simplement mieux la douleur, ce qui le rendait capable de sourire.

Hoseok était fort.

— Tu veux savoir pourquoi elle a dit ça ? demanda ce dernier d'une voix rauque.

On aurait dit qu'il pouvait fondre en larmes à n'importe quel moment.

— Tu peux me le dire si t'en as envie, mais je ne ressens pas spécialement le besoin de le savoir, répondit Yoongi sans le regarder directement dans les yeux.

En réalité, la curiosité le rongeait, mais il ne voulait pas le forcer. Il n'en avait pas le droit. De plus, il ne voulait pas le voir pleurer plus.

Hoseok acquiesça, un faible sourire sur les lèvres. Il essuya ce qu'il restait de ses larmes avec sa manche. Il était évident qu'il ne voulait pas en parler et son aîné respectait totalement sa décision.

— Hyung, je sais que ça peut paraître déplacé, mais... Je peux te faire un câlin ? souffla-t-il d'une voix faible, lui jetant un regard hésitant et timide. J'en ai un peu besoin, là...

Yoongi déglutit, un peu réticent. Il fut pourtant incapable de refuser.

Il ouvrit ses bras et laissa le garçon se blottir contre lui. Il les enroula même autour de lui pour lui frotter doucement le dos. Encore une fois, il faisait quelque chose qui n'était pas vraiment le genre de Min Yoongi, mais il s'en fichait.

Ce n'était pas grave.

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