La raison, vaincue
J'ai mal... Tellement mal... Après tant de mois, la douleur a ressurgit une nouvelle fois. Et dire qu'avant, j'ignorais qu'il était possible d'avoir le cœur littéralement brisé, comme je l'ai aujourd'hui. Quand bien même, nous sommes à présent en février 2020.
Séraphin, c'est le prénom que j'ai répété d'innombrable fois quand le courage me manquait. C'est son prénom. Séraphin était probablement la seule personne capable de me faire trembler, moi, Mélissa, de toutes parts avec un seul geste ou mot.
Dans un premier temps, je m'étais farouchement opposé à l'attirance que je ressentais pour sa personne, jusqu'au jour où mon cœur a vaincu ma raison. Après avoir été torturé par ma conscience, j'ai fini par accepter l'entièreté des sentiments que j'avais à son égard. Je savais pourtant jusqu'au plus profond de mon être que ce n'était pas quelqu'un de fréquentable. Je savais aussi, pertinemment, qu'il ne recherchait des filles que le plaisir charnel – chez les filles en général, puis chez moi, lorsqu'il m'a fait ses premières avances dont je n'aurais jamais eu la force de rejeter.
Un frôlement de phalange contre le voile de mes collants, mon souffle aussitôt coupé, ses caresses du bout des doigts sur ma cuisse, perdant progressivement de leur furtivité jusqu'à mes tremblements incontrôlables que je tentais de cacher, sans doute vainement : je me souviens de tout.
Je me souviens de la fois suivante, où son bras est passé autour de mon bassin pendant que nous marchions dans un couloir désert. Les papillons avaient investi une seconde fois mon bas-ventre – une sensation à laquelle je ne m'habituerai et ne me lasserai jamais. Je me rappelle parfaitement qu'arrivés dans les vestiaires, il avait posé ses deux mains sur chacune de mes hanches. Plus il agissait, plus je le désirais et plus je prenais peur. Son enjôlement me faisait succomber, mais je ne devais pas y céder, jamais complètement.
Plusieurs jours plus tard, Séraphin me demanda de lui avouer, de lâcher les mots que mon cœur lui criait. J'ai résisté – seulement pas nervosité – avant finalement d'obtempérer. J'étais amoureuse de lui. J'attendis une réponse de sa part mais il se contenta que d'un « Il faut que je réfléchisse ». Puis, dès que l'occasion s'est présentée, il m'a attirée dans une ruelle discrète. Je l'ai suivi, choisissant le risque à la raison.
Le moment qui s'en découla n'est pas un souvenir : je le vis encore aujourd'hui. Sans savoir comment, je m'étais retrouvée contre un mur et quand je voulais l'esquiver, il me ramenait face à lui. Je ne pouvais et ne voulais pas lutter. Il ferma ses paupières et rapprocha légèrement son visage et attendit ensuite que je vienne vers lui. Je pris mon courage – nécessaire à mon attitude casse-cou. Gardant les yeux bien ouverts, je posai mes lèvres contre les siennes. Ses bras vinrent m'enlacer tandis que les miens restaient ballants, n'osant pas le serrer contre moi. Il m'avait toujours semblé si inaccessible... Et le toucher me provoquait une sensation si magnétique que je ne pouvais le faire. Je l'aimais, corps et âme. Ce qui fut notre petit instant d'éternité dû prendre fin.
Nous commencions à remonter la petite ruelle quand il m'attrapa et me souleva. Instinctivement, je me raccrochai à sa nuque comme à une bouée de sauvetage. Il me portait dans ses bras comme un bébé... ou presque. Le bras sur lequel je reposais était affublée d'une main baladeuse, s'aventurant sous ma jupe. La mine épaisseur de mon sous-vêtement me dit craindre qu'il puisse sentir une humidité naissante. Il ne tenta pas le diable en allant plus loin et me reposa sur mes pieds. Au bout de la petite allée, il me réclama à deux reprises des baisers que je lui ai aussitôt accordés.
« Voilà, tu as ta réponse. » me lâcha-t-il avant que nous nous tournions tous deux vers des directions opposées. Chacun rentraient chez soi et, en chemin, j'appelai une vielle amie qui m'interrogea sur mes fréquentations amoureuses. Je lui expliquai que justement, je venais de me mettre avec un garçon... Mais pouvais-je vraiment dire cela ainsi ? J'en doutais.
Bien que ce qui venais de se produire ai étiré un sourire euphorique et béat sur mon visage, la réponse de Séraphin n'en était pas vraiment une. Elle n'était pas claire et je n'étais pas idiote : je savais qu'il ne cherchait que du plaisir avant de sûrement me laisser tomber. Par ailleurs, dans le passé, il avait déjà proposé à mon amie de faire des sexfriends... Si le désirais tant mais que je me torturais pour ne pas céder à son charme, c'est parce que je n'avais pas foi en une relation avec lui.
Et peut-être aurais-je dû écouter ma raison avant que tout cela ne se produise car je m'attachais dangereusement à lui et tout ce qu'il était, même (et surtout) son côté le rendant si peu fréquentable. J'avais accordé trop d'importance à des détails qui me permettait de justifier mes folies. Je savais par exemple que tout comme moi, Séraphin aimait lire. J'ai voulu percevoir une personne sensible derrière cette allure d'homme insaisissable. C'est là ma grande erreur... C'était de ma faute, si j'avais espéré être particulière à ses yeux. C'était de ma faute, d'avoir laissé mes sentiments éclore quand ma raison les repoussait.
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