Chapitre 7: corrigé
Il y a une longue minute de silence assez gênant, je dois dire. Le visage pourtant assez bronzé de Samira pâlit en moins d'une seconde. Ma mère, elle se tenait sur l'embrasure de la porte un regard vide vers le frigo (je sais que c'est beau un frigo, mais au point de le contempler pendant une minute). Ce silence commence à faire lourd sur la minuscule cuisine. Je sais très bien qu'elles attendent toutes les deux unes réactions de ma part. Elles attendent juste un signe de moi. N'importe lequel tant que je réagisse, c'est l'importance pour elle. Il y a juste un petit problème. C'est que je ne réagis pas. Les minutes passent, les secondes s'effacent l'une après les autres dans l'oublie et je ne réagis toujours pas.
À vrai dire, je ne sais pas trop comment réagir. Bah oui ? Si quelqu'un peut m'aider qu'il le fasse maintenant. Voici la question (qui est tout simple):
COMMENT RÉAGIR QUAND TU APPRENDS QUE TON PÈRE VIENT DE RÉAPPARAÎTRE DANS TA VIE QUAND TU NE LA JAMAIS VUE ?
Eh ouais ! Je crois que c'est la question la plus dure que l'on m'ait jamais posé (Sauf si on compte la fois ou en CP on m'a demandé de combien font 2+2. Maintenant, je sais que cela fait 5, vous pouvez m'applaudir).
Donc je suis cloué sur ma chaise à regarder mon assiette avec mon gratin qui commence sérieusement à refroidir. Génial ! Déjà que l'idée de savoir que mon père à appelé ici dans ma maison me donne une envie soudaine de vomir. Mais en plus, il ose nous appeler le jour où l'on mange des GRATINS DAUPHINOIS!!!! À cause de ce crétin, je ne peux déguster ce délicieux gratin dauphinois. Sniffe. Pourquoi????????????
Je regarde avec tristesse mon gratin qui est maintenant aussi froid qu'un glaçon. Je vois que Samira et ma mère me regarde maintenant avec insistance. Je crois que c'est le moment de réagir. Je pousse un long soupir.
-Eh bien ! Murmurais-je d'une voix tremblante. C'est... Hum... Quelque chose.
Ma mère lève les yeux au ciel avec l'air de vouloir dire, un peu logique. Ouais, bah, désolé de ne pas savoir, comment réagir.
De toute manière, tu ne sais rien faire.
Pardon ? Comment ça, je ne sais rien faire ! Bien sûr que si je sais faire des choses !
Ah oui ? Vas-y cites moi 4 choses que tu sais faire.
Heu... Hum... Eh bien.... Je sais.... Allumer la lumière des toilettes !
Non mais je rêve ! Allumer la lumière des toilettes ! Tout le monde sait la faire. Tu n'as pas autre chose ?
Si bien sûr. Je sais aussi....heu....ah..... Faire des pâtes !
Oui, des pâtes. Tu veux dire des pâtes trop cuite et avec aucun goût.
Ouais, mais je connais la recette. C'est déjà ça. Je sais aussi faire.......... Oh et puis tu m'énerves à me poser des questions piège. La, je te rappelle que je suis un état de choc ! On me parle de mon père ! La personne que je ne connais pas, mais qui est très importante dans ma fabrication. Sans lui, je n'existerais pas.
Un peu logique.
-Alice tu m'entend ? Dit ma mère en secouant sa main juste sous mes yeux.
Je sursaute et faillis tomber à la renverse.
-Oui quoi ?
-Tu as entendu ce que je viens de dire ?
Je secoue la tête négativement. Elle pousse un soupir et s'installe en face de moi.
-Écoute chérie, commence-t-elle.
Aie mauvais signe quand elle commence une phrase par : "écoute chérie", cela veut dire que ce qu'elle va me dire ne va pas du tout me plaire. Je suis sur mes gardes.
-Ton père... Comment dire... ne connaît pas ton existence.
......................................................................
OK!!! Tout va bien ! Comment je dois la prendre cela ?
Comment je dois réagir au fait que ma mère m'avoue que mon père ne sait pas que j'existe ?
COMMENT? Du fait que si peut-être il avait su mon existence je serais peut-être une fille normale avec une mère et UN père. S'il avait don de mon existence, je ne serais peut-être pas sans présence masculin. Que j'aurai pu avoir un père pendant 14 ans d'existence (ce qui est déjà long).
Non OK. Alice, il ne faut pas que tu rêves. Peut-être qu'il aurait su mon existence et il ne serait jamais venue pour autant. AHHHH!! Je ne sais pas moi!! CA M'ÉNERVE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Je suis énervé, car je commence sérieusement à m'énerver. Oui, cela n'a aucun sens, mais cela m'énerve quand même. OH purée de pommes terre. Calme toi Alice.
Respire. Inspire. Respire. Inspire. Respire. Inspire. Respire. Inspire.
TA GUEULE LA VOIX IMAGINAIRE DE MON PUTAIN DE CERVEAU!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Eh, c'est bon calme toi, c'était juste pour t'aider.
J'ignore la voix et continue mes exercices de respiration. Samira pose doucement une main sur mon épaule pour essayer de me détendre. Je vois très bien qu'elle et ma mère commencent sérieusement à s'inquiéter de mon manque de réaction. Mais à vrai dire, je ne peux rien dire. Je ne pense même pas pouvoir ouvrir ma bouche de peur d'exploser. C'est comme si on m'était le feu à l'intérieur de moi-même et j'ai l'impression de péter un câble.
Rectification: TU ES en train de péter un câble.
Je ne t'ai pas demandé de la fermer toi ? Alors je vais le répéter une bonne fois pour toute :
SI TU SORS ENCORE UN MOT, J'EXPLOSE TA TRONCHE, COMPRIS ?
Je soupire de soulagement en voyant que ma petite voix ne répond pas.
-Alice chérie, ça va ? Lance tranquillement Samira.
Je hoche lentement la tête. Même si ceci est un mensonge, ma mère ne réplique pas pour une fois. Je pense sincèrement qu'elle aussi est en train de péter un câble intérieurement. Il y a juste Samira qui à l'air détendu et calme comme si tout était normal. Ce qui, bien sûr, n'est pas du tout le cas. Au contraire. Ce n'est pas du tout normale que mon père qui ne connaît pas mon existence appelle ma mère après 14 ans de disparition. Ce n'est pas du tout logique. Pourquoi a-t-il appelé d'ailleurs ? Je lève la tête vers ma mère.
-Il voulait quoi ?
Elle hausse les épaules vaguement gênée.
-Il veut vendre l'appartement qu'on avait pris lorsque l'on sortait ensemble. Vu qu'on a payé en commun cet appartement, il a besoin de mon autorisation de le vendre. Donc il va prendre rendez-vous chez le banquier la semaine prochaine pour que l'on se rencontre et que l'on se met d'accord sur le prix. Murmure-t-elle d'une voix blanche.
Samira pose la question à laquelle je pensais tout bas :
-Tu vas lui dire pour Alice ?
Ma mère ré-hausse les épaules.
-C'est à Alice dans décidés.
Pour le moment, je préfère ne pas choisir maintenant et plutôt de mettre mon gratin dauphinois dans le micro-onde.
Signé :
Une fille qui vient juste de péter un câble intérieurement.
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