Chapitre 6: corrigé
-Franchement, votre projet final en anglais n'est vraiment pas logique. Dit ma mère en nous servant de son délicieux gratin dauphinois.
Je lui tends mon assiette l'air affamé. Si vous faites cette tête pendant que ma mère est en train de vous servir à manger l'astuce marche à tous les coups. Elle vous passe trois cuillères en plus que d'habitude. Par contre cela ne marche pas dans l'autre sens. Si vous faites la grimace en voyant des haricots verts et bah elle va quand même vous mettre trois cuillères en plus juste pour vous embêter. Je n'ai toujours pas trouvé d'astuce pour cela, désolé.
-Ah bon ? Dis-je toute contente d'avoir une assiette remplis. Pourquoi ?
Mm..... L'odeur de son gratin me chatouille le nez. C'est tellement bon, je pourrais en manger toute ma vie du gratin dauphinois de ma mère. Je crois que c'est le meilleur gratin dauphinois de la région. Non du monde. Non de la galaxie. Non encore pire de l'Univers. Non...
TA GUEULE. On s'en fout que ta mère fasse le meilleur gratin du monde.
Oui, oui. Bon, c'est bon, j'arrête. Pas la peine de s'énerver coco.
-Sérieusement, dit ma mère en s'asseyant face à moi. Imagines-tu as des filles dans ta classe qui préfèrent les filles aux garçons. Ou vice-versa (comme dans le film!!). Là, ta prof est juste en train de se faire passez pour une homophobe.
-Elle est stéréotypée celle-là. Continue Samira en prenant une bouchée de ce gratin. Pour elle l'amour il n'y a qu'une seule issue, c'est un garçon et une fille point barre. Elle ne croit pas au fait que deux filles ou deux garçons puissent s'apprécier et avoir une relation stable.
Je ne réagis même pas. C'est vrai que vue comme cela ça change tout. Je suis quand même déçu du fait que ma prof d'Anglais que je préfère au collège soit homophobe. C'est décevant et à la fois triste. Je ne m'y attendais pas à celle-là. Pour moi, cette histoire d'homophobe était passée depuis bien longtemps. J'ai l'impression que non.
C'est triste. De voir qu'il y a encore des gens qui sont contre l'idée que deux personnes du même sexe s'aiment. Et de voir qu'ils osent le dire à voix haute, qu'ils osent insulter ces personnes qui ne leur ont rien demandé. Moi, je ne comprends pas tout cela. Pourquoi ne les laissent-ils pas tranquilles ? Ce n'est pas leur vie à eux ! C'est celle des autres. Alors pourquoi critiquer la vie des autres ? Cela ne va rien changer du tout à votre vie ? Vous n'allez pas vous sentir mieux en insultant ds personnes civilisées qui ont peut-être la même nationalité que vous. Vous n'allez pas non plus dire que vous avez fait votre devoir en les excluant de la communauté et en faisant comme des gamins de cinq ans avec un petit nouveau.
Non. Alors occupez-vous de vos affaires avant de critiquer les autres. Car ceux qui critiquent sont souvent les personnes les plus mal placés pour dire cela.
J'allais leur répondre quand soudain le téléphone de la maison se mit à sonner.
Ma mère lève les yeux à ciel en râlant. Elle déteste quand on la dérange et elle est de mauvaise humeur lorsque vous l'a dérangez pendant qu'elle mange. Le moment le plus important de la journée pour tout le monde. Manger. C'est vital pour la vie et c'est un moment de détente chez nous. Ou l'on raconte notre vie sans se faire de soucis de dire des choses qui blessent. Car on est entre famille, avec des personnes qui nous apprécient un minimum et à qui on fait confiance. Donc quand le téléphone sonne, c'est la rupture de ce moment de détente et ça énerve tout le monde. Ma mère se lève pour décrocher.
-Oui allô ?
Un long silence se suit. Même très long silence, je dirais. Ma mère ne fait que hocher la tête et l'on voit son visage blêmir d'avance. Samira repose sa fourchette et se tourne vers maman en lui demandant silencieusement ce qu'il se passe. Mais maman ne répond pas et nous tourne le dos. Au bout de deux minutes de silence (ce qui est très long pour ma mère qui est une vrai bavarde) maman se tourne vers nous.
-Oui très bien à bientôt. Dit-elle sèchement.
J'arrête de manger quand je vois la tête qu'elle fait. Elle n'a pas l'air du tout contente. Même pire, elle est très énervée. Je ne crois ne l'avoir jamais vue dans une telle colère. Au point qu'elle n'arrive à sortir aucun mot tellement elle tremble de rage.
-C'était qui ? Demande Samira d'une toute petite voix.
Maman ne répond pas. Elle a pourtant entendu la question, j'en suis sûr. Elle fait semblant de ne pas avoir entendu. Signe qu'elle est en train de réfléchir. Mauvais signe. Très mauvais signe. Quand ma mère réfléchis en plein milieu d'un repas, cela veut dire que toute la soirée est gâchée, mais aussi que la personne qui a téléphoné était très importante. J'essaye d'avaler un peu d'eau pour reprendre mes idées, mais cela ne fait qu'aggraver mon anxiété.
Soudain, maman se tourne vers Samira et lui dit :
-Personne.
Hum..... Je sais que c'est pas bien de critiquer sa propre mère, mais c'est elle qui nous a appris à ne jamais mentir. Là, qu'est-ce qu'elle est en train de faire ? Nous mentir. Bah voilà, ah qu'il est joli notre monde!
-Maman sérieux, c'était qui ? Suppliais-je.
Elle me lance un regard dur qui me fait froid dans le dos (même si le chauffage est à fond).
-Ton père.
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Signé :
Une fille qui vient d'avoir un arrêt cardiaque.
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