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Les trois étapes pour perdre la raison. (14)

J'espère que mon hurlement va porter ses fruits mais il n'amène aucune réaction. Je ne rapporte pas le plateau et me contente de le pousser dans un coin. Je n'ai pas tenu une heure avant de me jeter dessus et de tout engloutir, honte à ma résistance face à la nourriture. Seulement, je suis toujours seule et je commence à me sentir sale mais je ne peux envisager de me déshabiller et finir matée par un détraqué.

Alors je rentre dans la petite pièce et fouille chaque centimètre carré du regard sans rien remarquer de particulier. Je me suis même aidée du tonneau, qui passe tout juste dans l'ouverture de la porte, pour inspecter le plafond, la douchette et les néons. Rien de rien. Je retourne dans la salle de béton bredouille, en tirant ce fichu tonneau de malheur qui pèse une tonne. Au moins je m'occupe, je me dis en soupirant de tristesse.

Quand on est résolu à pousser un tonneau en étant satisfait car c'est «mieux que rien», c'est qu'on a franchi la première étape pour perdre l'esprit. L'ennui est un puissant syndrome, mais le pire, c'est le manque d'activité. Celui-ci peut pourrir une personne en très peu de temps.

Je passe alors le reste de l'après-midi, tant qu'il reste un brin de lumière naturelle, à inspecter la grosse pièce aux murs si hauts que je ne pourrai pas correctement les vérifier. Pourtant, ici je vois clairement des caméras. Une dans chaque coin de la pièce et une cinquième qui semble tourner à trois-cent-soixante degré qui est au plafond au centre de la pièce. Elles sont vraiment volumineuses et difficiles à manquer.

Finalement, je me persuade qu'il n'y en a pas dans les sanitaires, mais veille seulement à bien fermer la porte. Je n'ai même pas de savon mais je prends la meilleure douche de mon existence. Et j'use visiblement tout le ballon d'eau chaude comme je sens le froid piquer ma peau, remplaçant le liquide brûlant.

Cette petite étape de normalité m'aide vraiment, jusqu'à ce que je me rappelle qu'il n'y a pas de serviette et qu'il n'y a que ma pile d'habits sales qui m'attende. Finalement, je prends mes habits sauf mon long pull et mon manteau et les jettent sous le jet d'eau froide. Je les presse, les essore et les réimbibe d'eau, puis recommence.

Quand je finis cette petite lessive improvisée, je suis presque émue. Pour la première fois depuis trente-six heures, j'ai fait quelque chose d'utile ! Je suis même déjà à moitié sèche, même si mes cheveux gouttent encore dans mon dos. Je prends mon pull et je l'enfile, contente qu'il m'arrive à mi-cuisses. Mieux que rien mais pas suffisamment couvrant pour être vraiment à l'aise. Ma boule d'habits détrempée dans les mains, je retourne dans la grande salle et je les couche par terre dans le coin qui me parait le plus propre... en fait c'est propre partout, alors je me contente de m'éloigner de mon lit. J'étire mon t-shirt aux longues manches sur le béton, puis mon jean troué et ma paire de collants verts.

J'ai une brève pensée pour mes sous-vêtements, qui eux sèchent suspendu maladroitement au lavabo. Hors de question de les mettre en vue des caméras. Puis ensuite... je passe le reste du temps à attendre. Lorsque la nuit commence à tomber, le claquement caractéristique du métal m'apprend qu'un nouveau plateau-repas m'attend. Machinalement, je vais le chercher mais découvre une grosse masse posée sur le sol. Je tâtonne par terre pour être sûre de ne rien manquer : cette fois-ci, pas de plateau mais un sac relativement rigide. Peut-être parce que j'ai réquisitionné les deux uniques plateaux disponibles ?

Je prends les poignées dans les mains et dépose le sac, qui est une sorte de cabas pour faire les courses, tout près de la couverture où je m'assois pour ne pas me geler les fesses sur le béton du sol. Là, je prends tout mon temps pour détailler le contenu de cette petite merveille, comme si quelque chose de vraiment intéressant allait m'arriver, enfin.

J'écarte les bords et sans regarder à l'intérieur, comme de peur de trop me spoiler pour la suite, je plonge ma main directement dedans. Je touche une surface douce, grosse et cylindrique, percée d'un large trou. Je reconnais rapidement le rouleau de papier toilette, ravie de sa présence.

Je suis vraiment contente de trouver un rouleau de papier toilette. Peut-être vais-je en faire mon Wilson, comme dans «seul au monde» ? Je n'ai toujours pas fini l'unique rouleau qui se trouve dans les sanitaires, mais j'avoue que cela est un confort bienvenu. Je trouve aussi un gros morceau de savon de Marseille solide, je vais pouvoir retrouver une odeur de propre et enfin laver pour de vrai mes vêtements.

Le reste des découvertes est plus intéressant car il s'agit de nourriture. Quelques fruits, bananes, pommes et oranges. Deux paquets et chips, plusieurs lots de sandwiches roulés dans du papier aluminium. Je soupire de soulagement en voyant qu'au moins, il n'y a pas de mayonnaise dedans. Le reste, ce sont des cochonneries à grignoter : même du chocolat ! Mais vu la quantité de nourriture qu'il y a, je ne sais pas combien de temps je suis censée vivre avec ces rations car c'est bien ce dont il s'agit : des rations.

J'ai l'agréable surprise de découvrir un autre objet au fond du sac : une serviette blanche, pas vraiment grande ni douce, pourtant elle me fait l'effet d'un peignoir de luxe. Je me penche au-dessus du sac avec l'espoir d'avoir oublié quelque chose. Rien.

Et ainsi se succèdent de longues journées.

Je franchis alors la deuxième étape qui m'entraîne vers ma chute. Celle d'attendre, sans parvenir à trouver de but à celle-ci. Trois jours sont passés. J'ai rangé exactement dix-huit fois mes rations. Je change sans arrêt l'endroit et la manière de les disposer, puisque je n'ai que ça à faire de mes journées. Mes habits sont maintenant parfaitement propres. J'ai même lavé la housse de ma couverture, c'est pour dire que je manque d'inspiration.

Pourtant, ce qui me mène à perdre les pédales, ce n'est pas seulement le fait que je n'aie rien à faire de mes journées. Après tout, je fais en sorte de fractionner mes repas et de grignoter le plus longtemps possible pour combler le vide des jours qui passent. J'ai fait quelques siestes, aussi, même si elles me rendent encore plus amorphes. J'ai aussi essayé le sport, zigzagué entre les poteaux est un peu amusant mais le faire seule, c'est plutôt pathétique.

Rapidement, j'en ai eu marre. Persuadée que le psychopathe était parti, j'avais essayé de lancer l'objet le plus lourd en ma possession, soit la brique de savon, en direction d'une des petites fenêtres en haut des murs. Il est plus difficile qu'on ne le pense de lancer un objet aussi haut... et encore plus de bien viser. Résultat des courses : je n'ai plus que quatre petits morceaux de savons et ils sont tous ratatinés, en plus.

Je sens la troisième et dernière étape m'envahir lors de ma cinquième journée dans ce taudis, ou peut-être que cela fait plus longtemps, je ne le sais plus. Ce qui me fait perdre définitivement patience, ce n'est pas l'ennui, ce n'est pas l'attente dont je ne trouve pas de sens. Non, ce qui me fait perdre la raison à m'en arracher des poignées de cheveux bruns, ce sont deux choses : la solitude et l'isolement.

Je deviens encore plus cinglée que Tom Hanks dans «seul au monde». Quand je pense que j'étais persuadée d'être l'une de ces personnes avec un mental d'acier qui ne se démontent jamais, comme je me trompais !

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