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XX-AUTORISATION DE SORTIE

Je jette un coup d'œil à ma montre. L'inquiétude me gagne chaque minute un peu plus. Pour son premier jour de liberté retrouvée hors de l'hôpital, Matthew est déjà en retard de plus d'un quart d'heure pour notre consultation. Je lui avais pourtant fortement conseillé d'adopter un comportement exemplaire s'il voulait que cette autorisation de sortie exceptionnelle soit reconduite régulièrement. Mais encore une fois, l'homme n'en fait qu'à sa tête. Sa constante désinvolture me fait enrager. En espérant qu'il ne s'agisse 'que' de désinvolture, bien sûr ... et qu'il n'ait pas profité de la première permission accordée par le service pour prendre la poudre d'escampette. Mon estomac se noue à cette éventualité. Mes doigts tambourinent sur mon bureau avec impatience, et de fil en aiguille, mes pensées reviennent tout naturellement aux derniers événements.

A l'issue de l'entretien avec Matthew, au lendemain de son empoignade dans l'épicerie de l'East End, je me suis démenée comme un beau diable pour convaincre Edward de renoncer à l'internement du chanteur. En vain. La gravité de ses agissements ajoutée à la médiatisation de l'affaire ont pesé plus lourd dans la balance que mes arguments.

Après de longues discussions ce jour-là, Matthew a donc été hospitalisé pour une durée indéterminée. Fort heureusement, j'ai réussi à éviter à mon patient le secteur dédié aux malades récalcitrants et il a été intégré dans l'unité d'hospitalisation classique. Mais comme je le craignais, il a très mal réagi à cette réclusion. En dépit des efforts de ses deux amis pour le raisonner, il s'est reclu dans une carapace hermétique, se refusant à toute coopération avec le personnel qui a pris en charge son suivi. Pire encore, il ne réagissait plus à aucune stimulation extérieure, plongé dans une apathie inquiétante.

Si j'ai été affligée d'une telle aggravation de son état dans un premier temps, je réalise aujourd'hui que c'est ce comportement qui m'a permis de convaincre Edward de récupérer mon patient. Les jours suivants l'hospitalisation, je suis revenue à la charge à plusieurs reprises auprès de mon chef pour le mettre en garde, craignant que Matthew sombre dans une mélancolie chronique dont on ne parviendrait plus à l'extirper.

Et mon obstination s'est avérée payante. Après une semaine seulement, Edward a admis que mes craintes se vérifiaient et qu'il serait préférable que je reprenne le suivi médical du chanteur afin de renouer la relation de confiance qui s'était ébauchée entre lui et moi. Mon chef s'est donc imposé auprès du directeur du service des hopitalisations pour que je supervise les soins de Matthew.

Lorsque ce dernier a appris la nouvelle, il s'est aussitôt revitalisé. Il s'est montré plus coopératif et a accepté de reprendre les séances de thérapie, à condition qu'elles soient menées par moi. Enfin, en apparence en tout cas ... Car dans les faits, il est toujours fuyant lors de nos entrevues. Nous en avons eu trois jusqu'à présent, et Matthew est encore réticent pour parler de lui. Le lien naissant entre le chanteur et moi s'est rompu avec ce séjour forcé à l'hôpital. Cependant je garde espoir qu'il soit rétabli. En effet, je remarque qu'à chaque séance, il devient plus loquace.

Ce sont d'ailleurs ces timides progrès qui m'ont permis d'obtenir auprès d'Edward et du docteur Forster, le directeur de l'unité des malades hospitalisés, une première autorisation de sortie. Ce dernier a émis de vives réticences mais j'ai tout de même obtenu gain de cause avec le soutien d'Edward.

Cet arbitrage en ma faveur ne va pas aider pour améliorer mes relations avec Georges Forster ... En effet, le docteur qui m'a toujours considéré froidement en raison de ma proximité avec Edward Simmons, m'a carrément pris en grippe depuis que je m'occupe à nouveau de Matthew, considérant que je marche dans ses plates-bandes en assurant le suivi d'un patient au sein de son propre service. Il émet des doutes quant à ma capacité d'assurer les soins d'un cas complexe comme Matthew, et estime que je ne dois ma position qu'à la complaisance d'Edward vis-à-vis de moi. Je sais qu'il surveille de près la progression de la thérapie que j'ai mis en place, et qu'il sautera sur le premier faux-pas pour me discréditer.

En dépit des risques, je me suis félicitée d'avoir décroché cette permission de sortir pour Matthew. Le chanteur a accueilli la nouvelle avec joie et semblait réellement soulagé de pouvoir quitter l'enceinte de l'hôpital. Après m'avoir chaleureusement remercié, il m'a précisé qu'il comptait passer la journée chez Dominic en compagnie de tous ses amis. A présent, je me ronge les sangs en priant pour qu'il ait tenu sa promesse.

Je retire mes lunettes et me masse les tempes pour apaiser mes tensions. Ces deux dernières semaines ont été épuisantes. L'hostilité de mes collègues de travail depuis que j'interviens au service des hospitalisations, le suivi renforcé de Matthew qui nécessite des entrevues journalières avec lui, ont considérablement bouleversé un planning de travail déjà chargé. Je m'aperçois d'ailleurs que ces chamboulements ont commencé à rejaillir sur mon foyer. Hier soir, une dispute a éclaté entre moi et David, qui m'a reproché d'être trop absorbée par mon travail au détriment de notre vie privée. Même si j'ai refusé de l'admettre sur le coup, j'ai conscience qu'il a raison avec le recul.

Et c'est sans compter les soirées passées à écouter la discographie de Muse. Il y a quelques jours, je me suis procuré leurs deux albums les plus récents, Absolution et Black Holes and Revelations, et je m'isole après le dîner dans le bureau, les écouteurs vissés aux oreilles pour passer en revue toutes les chansons et cerner la personnalité de Matthew.

J'ai tout écouté en boucle durant de longues heures, sous le charme. Le son du groupe déborde tellement d'énergie et d'émotions ... Les chansons racontent souvent la survenue de cataclysmes ou de sombres tourments, mais curieusement la puissance de la musique en communion avec la voix lyrique et suave du chanteur m'ébranle et m'emmène vers un monde d'une plaisante sérénité. L'étrange paradoxe d'une déferlante qui me remue et me caresse à la fois. Et lorsque je décortique les paroles, je découvre avec plaisir que Matthew s'adonne lui aussi à la psychanalyse de la conscience humaine, à sa façon. Avec toute sa sensibilité et son extravagance. Au delà de l'attrait que suscite le chanteur, le dévoilement des replis de son âme me touche profondément.

Je sens un trouble m'envahir. Je divague, comme souvent lorsque je pense à la musique de mon patient. Ou à mon patient tout court d'ailleurs. Et pour être honnête, je crois que j'ai prolongé les écoutes musicales bien plus longtemps que nécessaire, professionnellement parlant. En y songeant, je comprends mieux les reproches de David. La personnalité originale et énigmatique de Matthew me captive, certes. Mais je consacre trop de temps à cogiter là-dessus au détriment du reste, ça tourne à l'obsession. Il faut que je me reprenne et cesse ces écoutes nocturnes ...

Forte de cette résolution, je chausse mes lunettes sur mon nez et m'empare de mon dossier. Concentrée, je me plonge dans les notes griffonnées lors de mes dernières entrevues avec le chanteur.

- Docteur Berthelet ? Votre patient est arrivé.

Je lève les yeux. L'assistante médicale de mon service a glissé sa tête dans l'ouverture de la porte de mon cabinet.

- Oh ! Merci Lena. Vous pouvez lui dire d'entrer.

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