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XVI-BLACK SWAN ...Heu... CAB

- C'était cool, non ?

- M'oui ...

- Tu t'en es vraiment bien sorti, Matt ! On a bien fait de programmer plusieurs journées de sessions, je suis sûr que tu vas retrouver la mémoire en rejouant notre répertoire ... J'ai l'impression que ça commence déjà à revenir, non ?

Je hoche la tête timidement pour ne pas les décevoir. Chris et Dom m'entourent et nous descendons les escaliers qui mènent au rez-de-chaussée du studio de répétition londonien, loué pour la semaine. Les deux hommes jubilent et s'auto-congratulent de nos performances et notre cohésion retrouvée. Je peine à partager leur joie mais j'arbore un sourire de façade toutefois, que j'espère suffisamment convaincant pour éviter de nouveaux assauts de sollicitude de leur part. Nous venons de passer une bonne partie de la journée à interpréter plusieurs morceaux du quatrième album de Muse. Et contre toute attente à l'issue de cette première séance, mon moral est au plus bas. Ces répétitions m'ont laissé un sentiment désagréable au creux de l'estomac.

Durant toute la semaine passée, alors que je me familiarisais avec l'idée de rejouer nos dernières chansons, un espoir inattendu m'avait ranimé. J'avais besoin de me convaincre que mes deux compagnons de route avaient raison, et que si je me consacrais de nouveau à ma musique, la mémoire me reviendrait enfin et ce cauchemar qui durait depuis d'interminables semaines prendrait fin. Je me suis même surpris à prier au fond de mon lit ces derniers soirs, pour que le souvenir de la vie que je connaissais et qui m'avait été ravie en juin dernier n'existât jamais, et que je réalise que cette épreuve n'était qu'un long et effroyable rêve ... A force de m'en persuader, j'y croyais fermement ce matin lorsque nous avons tous les trois investi le studio, gonflés à bloc. Trop sans doute. Et la déception n'en est que plus âpre à présent.

Après une journée à chanter les paroles dont je suis censé être l'auteur, à jouer encore et encore les airs de guitares que j'ai composés, jusqu'à tout connaître sur le bout des doigts ... Absolument rien n'a changé. Ni la certitude ancrée que je n'ai jamais écrit ces musiques. Ni le sentiment que ma propre existence m'est parfaitement étrangère. C'est à se cogner la tête contre les murs. Une profonde amertume me révulse et les larmes me brûlent les yeux ... Je fixe mes pieds pour échapper au regard de mes amis et qu'ils ne remarquent pas le désespoir qui m'écrase. Fort heureusement, ils continuent à bavarder comme si de rien n'était. Ils se mettent même à rire, et l'optimisme écœurant qu'ils manifestent m'insupporte. Je voudrais pouvoir m'enfuir sur le champ, les laisser en plan et partir loin de cette ville ...

- On fait livrer des pizzas chez toi, Dom ? Propose Chris alors que nous sortons du bâtiment.

- Bonne idée ! On passera notre commande depuis la voiture, répond Dom en montrant un véhicule garé en double file qui nous attend, un peu plus haut dans la rue.

Nous arpentons le trottoir et passons devant un kiosque à journaux. L'éditorial du Daily Telegraph placardé sur la devanture attire mon regard. Je m'assombris en apercevant le gros titre du journal, qui évoque encore une fois la démission de Tony Blair de sa fonction de premier ministre, effective depuis maintenant plusieurs semaines. Cette nouvelle a occupé la première place dans les actualités durant tout l'été.

Je connais ce personnage. A l'instar de tous mes compatriotes britanniques, son nom m'est parfaitement familier. Mais il m'évoque tout autre chose que le monde de la politique, et c'est justement ça qui me chagrine. Je me souviens, lorsque j'étais tombé sur l'article d'un journal que Dom avait abandonné sur la table il y a deux mois, alors qu'il venait de me recueillir chez lui. J'avais failli m'étouffer avec mon café en lisant ce même nom, et en découvrant que l'homme faisait partie du gouvernement. Sa photographie à la une était encore plus éloquente. Aucun doute possible, il s'agissait bel et bien de l'individu que j'avais rencontré l'année qui a suivi la sortie d'Absolution, lors du festival estival de Reading & Leeds en 2004.

Mais il n'était pas premier ministre alors. Loin de là. Il était chanteur, guitariste, et membre du fameux groupe de rock anglais Ugly Rumours. Tout comme Muse, son groupe était à l'affiche du festival et ils avaient répété à un emplacement proche du nôtre, ce matin-là. J'ai toujours les images en tête des quatre musiciens qui nous avaient proposé de partager une bière, à l'issue des répétitions. Nous avions discuté des similitudes de nos carrières respectives. Tony, qui avait fondé le groupe dans les années soixante-dix, nous avait d'ailleurs glissé quelques anecdotes intéressantes sur la rançon du succès qu'ils avaient connue à leurs débuts, peu après avoir quitté le collège où ils étudiaient le droit.

De ce fait, lorsque j'ai découvert dans les actualités que le même homme démissionnait de son troisième mandat de premier ministre, et qu'il avait embrassé sa carrière politique dès l'obtention de son diplôme, je suis resté hébété devant l'article, ne pouvant me résoudre à croire ce que je lisais. Comment pouvais-je avoir rencontré la même personne trois ans plus tôt lors d'un concert, en blouson de cuir et une guitare à la main ... C'est totalement surréaliste.

Ce jour-là, en proie à une vraie crise de panique, je me souviens m'être juré de ne plus jamais lire un journal. Car si jusque-là j'avais essayé de ne pas m'en effrayer, il ne s'agissait pourtant pas de la première contradiction que je relevais entre mes deux vies avant et après l'incident de Wembley, loin s'en faut. Une foule de faits divers, de détails diffèrent de ce que je connaissais, depuis l'événement du concert. Et à chaque nouvelle incohérence, le choc est plus dur à encaisser, une peur de plus en plus oppressante me tenaille. Celle d'être en train de perdre pied pour de bon ... Une idée terrifiante. Insupportable.

Aujourd'hui, personne n'est au courant de cette histoire. Je n'ai jamais parlé de la vie de rockstar de notre ex-premier ministre à Dom et Chris. Je n'ose imaginer leur réaction si je leur apprenais que j'avais rencontré Tony Blair en train de jouer de la guitare sur la scène d'un festival, et que nous avions bu plusieurs pintes ensemble ...

- Viens Matt, le chauffeur nous attend !

Chris me tire gentiment par la manche. J'émerge de mes pensées et réalise que j'ai insconsciemment ralenti le pas, les yeux toujours rivés sur le kiosque à journaux. Le bassiste m'entraîne à sa suite et je fronce les sourcils, perplexe. Mais que fais-je ici ? Pourquoi est-ce que je perds mon temps à écouter les balivernes de mes amis qui tentent encore de m'endormir ... Je dois me raccrocher à mon instinct qui m'intime de creuser la question de cet hôpital étrange, où l'on me force à me soigner. La clef du mystère se trouve forcément là-bas. Il faut que je reprenne mes recherches coûte que coûte, que je me sorte de cet enfer. Et je sais ce que je dois faire pour y parvenir.

Quelques mètres devant moi, Dom atteint le véhicule et il en ouvre la portière arrière. Une montée d'adrénaline me galvanise, mon cerveau évalue rapidement les alternatives qui s'offrent à moi. Chris s'approche à son tour de la voiture et me lâche le bras un instant pour chercher quelque chose dans sa poche. C'est l'occasion que j'attendais, le moment de leur fausser compagnie. D'un mouvement brusque, je repousse mon compagnon loin de moi et me sauve au courant comme un dératé vers la chaussée.

- Matt ! Mais qu'est-ce que ...

Les cris de Dom et Chris se perdent au milieu des bruits de klaxons et de crissements de pneus qui retentissent autour de moi, tandis que je slalome en traversant la rue, évitant de justesse plusieurs automobiles. Dans mon élan, je rebondis sur le capot de l'une d'elle qui vient de piler devant moi, puis me précipite sur le trottoir d'en face et manque glisser sur les pavés en remontant l'avenue comme une flèche. Je fends la foule, bousculant au passage quelques personnes qui protestent, mais je ne ralentis pas l'allure et poursuis mon sprint encore quelques minutes sans me retourner. 

Hors d'haleine, je m'arrête à un carrefour et risque enfin un coup d'œil derrière mon dos. Personne ne me suit, il semble que je les ai semé. J'en profite pour reprendre mon souffle un instant, quand mon regard se pose sur un cab londonien, garé juste en face de moi. Le chauffeur prend sa pause visiblement, il lit un journal derrière son volant en croquant une pomme.

Damn it ! 

En tournant la tête vers la rue, j'aperçois au loin deux silhouettes familières qui se frayent un passage au milieu de la foule dans ma direction. Sans plus d'hésitation, je me précipite dans le taxi et fais claquer la portière derrière moi.

- Emmenez-moi loin d'ici, s'il vous plaît ! Je m'exclame à l'intention du chauffeur.

Il se tourne vers moi, affolé. L'homme entre deux âges porte un turban, il est indien.

Shit ! Il ne comprend pas ce que je lui dis, ou quoi ? Songé-je, paniqué.

- Roulez, c'est urgent ! Je vocifère, en sortant mon portefeuille de ma poche pour le brandir sous son nez, et en faisant signe de démarrer. Please !

- Okay, okay, fait enfin le chauffeur en jetant de côté son journal.

Le cœur battant à tout rompre, je pivote vers la vitre arrière et aperçois mes deux amis qui se ruent vers le véhicule en gesticulant et jouant des coudes autour d'eux. Ils ne sont plus qu'à quelques mètres, je suis foutu ...

Un bruit de moteur retentit dans l'habitacle et la voiture démarre enfin dans un soubresaut. Avec un immense soulagement, je vois les deux silhouettes rapetisser à travers le pare-brise, tandis que le taxi s'éloigne d'elles en trombe.

- Alors mister Bellamy, où se rend-on comme ça ? On est en retard pour un concert ? Ou pour un rendez-vous à l'hôpital Bethlem peut-être ?

Je me retourne vivement. Le chauffeur m'observe dans le reflet du rétroviseur intérieur. Il est tout excité, ses yeux pétillent de malice. Je pince les lèvres, contrarié. Contrairement à ce que je pensais, l'homme maîtrise parfaitement notre langue. Et il est aussi à jour en ce qui concerne les dernières actualités people londoniennes ...

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