XLVI-JOIES D'ETE, TOURMENTS D'AUTOMNE
Pour illustrer ce chapitre, une photo du triangle amoureux issu de la série truculente How I met your mother, et avec un blond et un brun aussi !
Alors, plutôt team Ted-Robin ou Barney-Robin ?
;-)
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Automne 2004.
Les jours, les semaines passèrent, et Matt était tombé follement amoureux de la jolie brune. Il ne pouvait plus se passer d'elle, et l'avait même convaincu de nous accompagner pour la suite de la tournée. Pour être honnête, cette perspective ne m'enchantait guère. Je ne saurais dire pourquoi, mais quelque part au fond de moi était tapi un sentiment indéfinissable, une angoisse sourde qui me mettait en garde contre le magnétisme de la jeune femme. Je ravalais mes appréhensions cependant et n'émettais aucune objection. Matt était si euphorique à l'idée de l'avoir à ses côtés, pour rien au monde je n'aurais voulu l'en priver.
L'été touchant à sa fin, au terme de trois mois d'une idylle passionnée avec son amoureux, la belle nous avait quitté pour reprendre ses cours de droit à l'université. Matt s'était montré très affecté par cette séparation, mais avant son départ, la jeune femme lui avait laissé entendre que leur histoire n'était pas terminée pour autant. Notre ami l'avait raccompagné jusqu'à l'aéroport et nous était revenu sur un nuage, le sourire béat et des étincelles dans les yeux. A ce stade, il n'y avait plus l'ombre d'un doute sur les sentiments du chanteur pour la belle Italienne. Il en pinçait vraiment pour elle.
Bref, une belle histoire d'amour se dessinait entre eux. Des propres dires de Matthew quand il en parlait, il vivait avec sa princesse un véritable conte de fées. Et je le croyais sur parole.
Un putain de conte de fées ...
Etant son plus vieil ami, j'aurais dû me réjouir de sa bonne fortune. Mais ce n'était pas le cas. Il était amoureux et le criait sur tous les toits, grand bien lui fasse. Ses déclarations enflammées dégoulinantes de guimauve m'insupportaient.
Mais ne vous méprenez pas. Si extérieurement je raillais le côté "fleur bleue" de Matt, en réalité je ne comprenais que trop bien ce sentiment nouveau qui embrasait son cœur. Car un même émoi faisait vibrer le mien. Une renversante succession de notes sucrées, épicées, acidulées, dont la combinaison forme le feu d'artifice émotionnel propre à l'amour.
Oh que oui ! Je saisissais parfaitement ce que mon compagnon pouvait ressentir. C'était comme si son cœur et le mien s'étaient jumelés au fil du temps, deux rouages d'une même horloge condamnés à subir le même sort au même moment ... Etait-ce notre destin ?
Toutefois, je me gardais bien de dévoiler ce que j'éprouvais. Matt avait seulement remarqué un manque d'entrain vis-à-vis de sa relation naissante, et il me le reprochait à juste titre. Mais comment se montrer enthousiaste ? Alors que, dès l'instant où votre ami embrasse sa bien-aimée, vous avez si mal qu'il vous semble que vos entrailles se sont transformées en un énorme tison rouge et brûlant ...
Vous l'aurez compris ; j'étais tombé malade d'amour pour la jeune Italienne. Une étincelle discrète avait surgi dans mon cœur cette nuit d'été dans la moiteur du bar italien, et l'avait réchauffé peu à peu, la flamme croissante se nourrissant en silence de toute sa substance. Avant que je ne le réalise pleinement, l'organe n'était plus que braises incandescentes, dévoré de la même passion que le cœur de Matt. Et tandis que le chanteur parlait déjà de se trouver un cocon en Italie pour sa belle et lui, un étau brûlant enserrait ma cage thoracique et m'étouffait à petit feu.
L'amour est décidément un sentiment bien étrange ; un architecte impétueux qui peut indifféremment élever les plus beaux ouvrages ou bien tout détruire autour de lui. Les liens de fraternité entre moi et Matt allaient-il résister à ses assauts ? Pour la première fois de ma vie, je doutais. Secrètement, j'étais rongé d'une jalousie dévorante envers mon ami qui empoisonnait nos relations, mettant à mal notre amitié et compromettant jusqu'à l'équilibre même de notre groupe. Je me détestais, je haïssais le pouvoir qu'avait cette femme sur moi et qui conduisait à une telle situation ... Je le savais, il devenait urgent d'agir ; de ce triangle amoureux, il ne pouvait ressortir que deux vainqueurs.
A l'issue d'un combat acharné contre mes sentiments, je m'étais donc résigné à être le grand perdant. Depuis lors, dès que la jolie brune rejoignait son amoureux, je supportais sans renâcler les démonstrations de tendresse du couple. Ma fièvre était toujours intacte, son parfum, sa grâce féline, tout en elle me rendaient fou. Mais j'étais décidé à la contenir jusqu'à ce qu'elle s'étouffe d'elle-même, et me contentais de caresser la jeune femme du regard, me nourrissant de son fantasme quand elle n'avait d'attentions que pour Matt. C'est ainsi qu'au fil des semaines, des relations apaisées s'étaient bâties sur ces nouvelles fondations, certes bancales mais qui tenaient bon. Pour combien de temps ?
Contre toute attente, c'est Chiara elle-même qui apporta la réponse. Je ne sais si ce sont mes œillades énamourées, ou les retentissements sonores dans ma poitrine dès qu'elle approchait de moi qui en ont été la cause mais à un moment, j'ai décelé un changement dans l'attitude de la jeune femme à mon égard. Elle se montrait plus proche. Plus affectueuse. Et au devant de telles attentions, en dépit de mes récentes résolutions, la flamme de ma détermination devint vacillante.
Je sais ce que vous allez dire ; et Matthew ? Notre profonde amitié n'aurait-elle pas dû supplanter tout le reste ? Sans doute oui, dans un monde idéal. Néanmoins je vous le demande ; comment ne pas être usé à la longue, de vivre aux côtés de celle que vous aimez, et d'éteindre un brasier sans cesse attisé et qui vous consume jusqu'à la moelle ?
C'est ainsi qu'à l'approche de l'hiver, à mesure que les jours s'écourtaient, une dangereuse complicité croissait entre Chiara et moi. Et sans surprise dans le même temps, la relation entre l'Italienne et Matt se dégradait. Les nerfs toujours à fleur de peau, elle lui reprochait tantôt sa bienveillance ou sa brusquerie, son bavardage ou ses silences, ses sourires trop ou pas assez sincères ... Et tous deux se chamaillaient sans cesse.
Au fond de lui, Matthew sentait bien que quelque chose ne tournait plus rond. Mais plus il cherchait à être aux petits soins avec sa belle, plus cette dernière se sentait étouffer et l'envoyait ballader. Inexorablement, il la perdait et cette perspective, bien qu'il se refusa à l'envisager un seul instant, le rendait fou. Et moi de même. Fou de joie de la voir se détourner de lui pour moi. Et misérable de m'en réjouir autant.
Les semaines passèrent bon an, mal an, jusqu'à ce soir à la fin décembre, où nous nous étions réunis avec la bande chez Chris, pour les fêtes de fin d'année. Chiara nous avait rejoint depuis seulement deux jours, qu'une dispute éclatait déjà au sein du couple. Matt avait annoncé son désir de s'installer avec elle, ce qui avait mis l'indomptable Italienne dans une colère épouvantable. Si bien que le chanteur meurtri avait fini par enfiler son manteau et était sorti en ville pour se calmer les nerfs.
Mais ce départ précipité n'allait pas jouer en sa faveur. En effet, à mon grand désarroi, Chiara en profita pour se réfugier dans ma chambre en prétextant le besoin de se confier à moi. Je la vois encore aujourd'hui, effondrée sur mon lit, en larmes. Je me souviens m'être senti très mal à l'aise, partagé entre le désir de la consoler et mon dévouement envers mon ami qui me l'interdisait. Et plus que tout, je redoutais ce qu'elle pourrait m'avouer. Tiraillé, je la laissai pleurer un long moment, n'osant l'approcher. Puis entre deux sanglots, elle commença à s'épancher. Un flot de paroles décousues, où elle confessait qu'elle se détestait et se sentait indigne de l'affection sans borne que lui portait Matthew. Et alors que je l'assurais du contraire, elle se jeta dans mes bras et vida son cœur de ce qui lui pesait tant.
Ce ne fut pas une surprise pour moi lorsque d'une voix chevrotante, elle me révéla être tombée amoureuse de moi. Ceci, je le soupçonnais déjà depuis quelques temps. Mais son second aveu me laissa pantois. Contrairement à ce que la part de moi un peu trop vaniteuse s'était imaginée, je n'avais rien du preux chevalier conquérant de l'âme tout entière de sa belle, non.
La réalité était bien plus pathétique que cela. La passion qu'elle me vouait n'avait en rien étouffé l'amour qu'elle éprouvait pour Matt, et son cœur battait aussi fort pour lui que pour moi.
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