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XIV-CONFIDENCES

- Je ne répondrais pas à cette question ... Fais-je outrée. Vous dépassez les bornes, ça ne vous regarde pas.

- Allons ... Insiste Matthew avec un sourire. C'est juste un jeu, c'est vous même qui l'avez dit. Et puis je suppose que certains de vos patients vous dévoilent des épisodes de leur vie autrement plus affligeants que ce que je vous demande, non ?

- Oui mais ce n'est pas vous le praticien, ni moi le patient !

- Pardonnez-moi, mais c'est vous qui avez lancé l'idée de poser des questions à tour de rôle, pas moi ! Vous me répétez sans cesse que tout ce qui est dit ici reste confidentiel, qu'il est important de s'ouvrir à l'autre pour instaurer une relation de confiance, et bla bla bla ... Et dès la première question d'ordre personnel, vous abandonnez la partie ? Quel bel exemple pour vos patients ...

Je croise les bras et le toise avec courroux. Son toupet commence à m'agacer sérieusement et je suis à deux doigts de le faire déguerpir de mon bureau. Mais mon devoir de médecin se rappelle à moi à temps, et je ravale ma colère à grand peine.

- C'est bien dommage ... Renchérit le chanteur, faussement dépité. Les choses commençaient à devenir intéressantes. Donc cela signifie que vous n'obtiendrez pas de confidence de ma part non plus ... C'est vraiment ce que vous souhaitez ?

Je soupire, excédée. Il a raison encore une fois. C'est moi qui ai lancé ce défi ridicule, il en joue et je ne peux le lui reprocher. Connaissant le personnage, j'aurais dû me douter que le fil de ses questions nous mènerait jusque-là. Il est doté d'une prédisposition étonnante pour mettre ses interlocuteurs dans le plus grand embarras.

- Alors ? Insiste-t-il, moqueur.

Ma fureur gronde de plus belle tandis que mon patient fanfaronne. Quelle que soit ma réponse, il obtiendra ce qu'il veut, c'est-à-dire me déstabiliser pour couper court à mes investigations. Sans doute espère-t-il me voir renoncer, me jugeant bien trop prude pour répondre ... Mais je ne tiens pas à lui donner cette joie.

- Alors, laissez-moi réfléchir un instant. Je gronde en le foudroyant du regard, et évaluant les possibilités dans le même temps.

Matthew me dévisage en haussant un sourcil, amusé. Tout ceci ne représente manifestement qu'un divertissement sans conséquence pour lui. Il ne saisit pas la gravité de la situation. Cependant s'il se refuse à collaborer pour la mise en place d'une thérapie, je me verrais obligée de demander son hospitalisation, comme l'a évoqué Edward quelques jours plus tôt. Et même si une part de moi se dit qu'il mériterait bien un tel sort, je ne peux me résoudre à une extrémité aussi radicale. Derrière cette effronterie de façade est enfouie une profonde souffrance. Il la dissimule habilement, mais elle est bien là et le ronge peu à peu. 

Néanmoins et je ne saurais dire pourquoi, si je tiens à employer tous les moyens à ma disposition pour lui venir en aide, l'hospitalisation reste la toute dernière option à envisager à mes yeux. J'ai le sentiment qu'elle aurait sur lui un effet plus néfaste encore que de ne pas agir. S'il pouvait me confier ce qui s'est vraiment passé ce fameux soir de juin, j'y verrais plus clair sur le protocole de soins à adopter ...

- Si je réponds à une telle demande, vous avez conscience que vous ne pourrez plus vous dérober à mon interrogatoire par la suite ... Fais-je d'un ton ferme. Nous sommes d'accord ?

Le sourire railleur de Matthew s'estompe peu à peu tandis qu'il pèse mes mots. Il hésite tout à coup, et ne semble plus très sûr de vouloir participer au jeu des confessions ... Au bout d'un moment cependant, la curiosité l'emporte et il acquiesce en silence.

Après un dernier regard noir dans sa direction, j'ouvre mon carnet laissé de côté sur mon bureau et en déchire une page vierge. Je m'empare de mon stylo et le tiens un instant en suspens au dessus du feuillet. Puis à contre-cœur, j'inscris quelques mots.

- Et je veux un vrai fantasme, hein ... Je l'entends murmurer. Pas un succédané ...

Je relève la tête et le fusille du regard. Le chanteur est hilare. De mauvaise grâce, je tends le bout de papier qu'il saisit d'un geste théâtral, avant d'y consacrer son attention. Il hausse brièvement les sourcils, et ses lèvres s'étirent en un large sourire. Puis ses prunelles se braquent à nouveau sur moi et ne me quittent plus. Mes joues deviennent brûlantes, je me sens toute nue sous son regard. Cependant, je m'oblige à ne pas ciller et maintiens le menton levé dans sa direction.

- En tout cas, je n'avais pas tort en déclarant que vous étiez "propre sur vous". Enonce-t-il après un long silence. Votre écriture scolaire et sans aucune fantaisie en témoigne. Mais je n'avais pas vraiment raison non plus ...

Il s'interrompt un instant et m'enveloppe d'un regard grivois.

- Je dois dire que vous êtes bien plus ouverte d'esprit que je le pensaisEt surtout bien moins sage, ce que je viens de lire me ferait presque rougir ... Enfin, ce serait le cas si je n'étais pas moi-même totalement dévergondé.

- Ne vous réjouissez pas trop vite, c'est à moi de reprendre en main l'entretien maintenant. Fais-je avec humeur.

- Ne soyez pas fâchée, docteur ! Rétorque-t-il en retrouvant son sérieux. Dans ma bouche, c'était un compliment.

  - J'imagine, oui. Fais-je, en le dévisageant songeusement. Mais n'oubliez pas que vous aviez promis de répondre à mes questions.

- Je sais, oui ...

- Il est important pour moi d'avoir votre version des faits pour mieux comprendre ce qui vous est arrivé. Insisté-je, comme pour me justifier.

- Oui, je suppose.

Une extrême lassitude s'empare du chanteur tout à coup, ternissant l'éclat pétillant de ses yeux. Il sait ce que je m'apprête à lui demander, visiblement. Alors sans plus attendre, je formule ma requête.

- Racontez-moi ce qui s'est passé cette nuit-là à Wembley, Matthew.

*  *  *

Le dictaphone dans une main, mon regard se perd dans le vide. La séance avec mon patient s'est achevée il y a un quart d'heure et de sombres pensées tournent sans fin dans ma tête. Mon doigt s'est figé juste au-dessus du bouton d'enregistrement de l'appareil. Je n'arrive pas à me résoudre à consigner mes conclusions.

Matthew a parfaitement joué le jeu suite à ma demande. Il a montré quelque réticence au départ, mais il a rapidement lâché prise et m'a rapporté tous les événements qui se sont déroulés ce soir-là. Au fur et à mesure qu'il avançait dans son récit, les conjectures se sont enchaînées dans mon esprit. Affichant la plus grande bienveillance, j'ai pris grand soin de ne pas l'interrompre alors qu'il me détaillait tout ce qu'il avait vécu. La peur d'une catastrophe imminente, les visions fugaces de sa "fiancée" en danger, la sensation que sa véritable existence lui avait échappé et qu'il vivait une mascarade depuis maintenant trois mois, avec une multitude de détails changés par rapport à sa vie antérieure à l'incident du concert, ses crises d'angoisse nocturnes ...

A chaque nouvel élément recueilli, je dressais peu à peu l'éventail des critères pronostiques.

Confusion entre réalité et imaginaire ... Délire hallucinatoire ... Amnésie dissociative ... Voire trouble dissociatif d'identité ...

A l'issue de l'entretien, je me suis bien gardée d'émettre un premier avis cependant. Au contraire, j'ai tenu des propos apaisants en annonçant que nous avions franchi une étape importante dans le processus thérapeutique et que la suite s'annonçait prometteuse. Si bien que lorsque Matthew m'a serré la main avant de prendre congé, il semblait libéré, affichant un sourire reconnaissant. Une profonde affliction m'a noué l'estomac.

Et encore maintenant, ce sentiment persiste. Car je sais bien ce que tous les symptômes qui ont fait surface aujourd'hui impliquent. Ils sont en effet assez préoccupants pour nécessiter la surveillance et la prise en charge complète du patient. Et donc une hospitalisation nécessaire.

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