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XCVI- DE VIEILLES CONNAISSANCES

- Je suis désolé, mon vieux. Il y a bien longtemps qu'il ne travaille plus ici.

Désenchanté, j'adresse un sourire crispé à mon interlocuteur en guise de remerciement.

- Et qu'est-ce que vous lui vouliez, à Chris ? interroge l'homme en croisant ses bras noueux recouverts de tatouages.

- Er ... Rien de particulier, bredouillé-je gauchement en évitant son regard inquisiteur. Je ... Nous sommes de vieilles connaissances du lycée.

- Ah oui ?

L'individu détaille ma silhouette avec insistance, marquant une pause sur mon front en sueur, puis une autre sur mes mains secouées de tremblements que je m'empresse de dissimuler dans mes poches. Il me fixe d'un air songeur quand soudain, son regard s'illumine.

- Mais attendez, vous n'êtes pas le gars avec lequel il s'est brouillé, il y a quelques années ? Mais oui, je me souviens ! C'est vous, le musicien complètement shooté ! Chris m'a beaucoup parlé de vous à l'époque, et ...

Mal à l'aise, je prends congé sans attendre la suite et laisse mon interlocuteur en plan sur le seuil de sa boutique. En proie à une nausée grandissante, j'arpente le trottoir et me fraye un chemin parmi les badauds, les yeux rivés sur le goudron humide. En dépit de ma fuite précipitée, je peux encore sentir le poids du regard suspicieux de l'homme dans mon dos, et c'est avec soulagement que je tourne enfin dans une rue adjacente pour lui échapper.

Tu n'es qu'un imbécile, Matt ... me blâmé-je intérieurement tout en fendant la foule. Qu'espérais-tu donc, en venant ici ?

Après la visite de Gordon, il y a de ça quatre jours, une idée insensée germa dans mon esprit et ne la quitta plus ; il n'y avait qu'un seul moyen de me libérer des cauchemars et des pertes de mémoire qui me torturaient : reprendre contact avec mes anciens compagnons de scène. Cette obsession en tête, je profitais donc de chaque absence de Carla pour passer l'appartement au peigne fin, en quête du moindre indice qui me permettrait de retrouver leur trace. Comme je le redoutais après des années sans aucune nouvelle de leur part, la tâche se révéla ardue mais après de longues heures de recherches, mes efforts furent récompensés lorsque je mis la main sur un vieux carnet d'adresses. Le calepin contenait toutes les coordonnées du réseau de connaissances que je m'étais forgé lorsque j'étais musicien et par bonheur, je découvris que les noms de Dominic et Christopher y figuraient eux aussi, suivi d'un numéro de téléphone pour le premier et d'une adresse pour le second. Surexcité par cette trouvaille, je me précipitai aussitôt vers le téléphone du séjour, mais une fois devant l'appareil, une indicible angoisse me paralysa et je restai un long moment les yeux fixés sur le combiné, sans parvenir à composer le numéro du batteur. A l'issue de longs atermoiements, je décidai de me rendre à l'adresse renseignée en face du nom de Chris, jugeant qu'une confrontation directe serait plus convaincante qu'une prise de contact téléphonique. Ma résolution prise, il m'avait néanmoins encore fallu deux jours pour trouver le cran de m'y rendre.

Je fronce les sourcils à ces souvenirs et presse le pas pour rejoindre Camden High Street, l'artère principale du quartier populaire située non loin de l'adresse du tatoueur que je viens de quitter. Glacé, je remonte le col élimé de mon manteau et sillonne le trottoir en direction de la station de métro. En dépit de la bise hivernale qui sévit sur la ville, une population hétéroclyte composée de touristes et d'habitants du secteur emplit la célèbre avenue jalonnée de bars, de boutiques de mode, ou encore de souvenirs à l'effigie du drapeau anglais. Mais l'atmosphère joyeuse environnante ne suffit pas étouffer la morosité qui s'est emparée de moi au terme de l'échange infructueux qui vient de se produire. L'une des deux seules pistes que je tenais jusqu'ici s'avère être une impasse et désormais, il ne me reste plus qu'un bout de papier griffonné d'un numéro et planqué au fond de ma poche sur lequel miser mes espoirs. Et encore. Si l'ex-batteur n'a pas changé de numéro, depuis le temps ...

Non loin de la station métropolitaine de Camden Town, une cabine téléphonique jalonne le trottoir et attire mon attention. Instinctivement, je freine l'allure. Mes doigts recroquevillés sur le morceau de papier froissé, je fais halte à bonne distance de l'habitacle rouge brique, en proie à une angoisse grandissante qui m'étrangle. Le souvenir amer de l'ultimatum lancé par Dominic avant de couper les ponts sept ans auparavant me revient brusquement, et la simple idée que mon ex-meilleur ami puisse me rejeter une nouvelle fois m'est insupportable. La perspective de ce coup de fil et ce qu'il pourrait engendrer me terrifie, plus encore que l'affrontement avec Chris.

Accablé de remords, je réalise à présent ce que je n'ai jamais voulu admettre, par fierté, ou par bêtise ; mon ancien compagnon me manque terriblement. Je sens au fond de moi le trou gigantesque qu'il a laissé avec son depart, une faille qui se nourrit peu à peu de toutes mes forces. J'ai désespérément cherché à la combler avec le temps mais la fracture du passé est toujours là, une blessure gardée cachée comme un secret honteux.

Contrairement à ce que j'ai reproché à Chris et à Dom à l'époque, je suis conscient d'avoir ma part de responsabilité dans l'éclatement de notre trio. J'ai refusé de les écouter et j'ai préféré fuir. Depuis tout ce temps, je ne m'étais jamais autorisé à avouer ce constat à quiconque. Ni à Clark, ni à Carla. Pas même à moi. Et à la lumière de cet aveu, la découverte de ce foutu carnet d'adresse prend une autre dimension. De toute évidence, il ne s'agit pas seulement de mettre un terme aux troubles récents qui m'affligent. La vérité est bien plus pathétique ; l'existence de ce carnet a fait naître dans mon esprit un nouvel espoir. Une idée folle qui pourrait bien achever de me détruire. Mais qui a aussi, en l'espace de quelques jours, défait l'étau implacable qui enserre continuellement ma poitrine ... La promesse d'un repentir. Une amitié recouvrée entre mon ex-partenaire et moi. Un voeu si cher à mes yeux ...

Mes doigts se contractent douloureusement sur une structure gelée et surpris, j'ouvre les yeux. Je realise alors que je me tiens juste devant la cabine, une main crispée sur le montant de la porte entr'ouverte. Je laisse échapper un profond soupir, et songeur, j'observe la buée dense qui se matérialise sur la surface vitrée. Il faut que je reste prudent ; je fonde bien trop d'espoirs dans cette prise de contact, et ma déception risque d'être à la hauteur de cette chimère ; vertigineuse. Un frisson me traverse. Plus j'y songe et plus l'éventualité d'une seconde rupture avec mon ami me remplit d'effroi.

Ceci étant dit, quels risques encouré-je véritablement ? Pourrais-je connaître pire situation que celle que je vis aujourd'hui ? L'existence que je mène ne m'apporte aucune joie, elle est un fardeau qui rend la mort elle-même plus douce. Tout ce qui me rendait vivant a disparu avec la perte de mes deux compagnons et de nos aspirations communes, voilà des années. Quant à Carla, que j'ai aimé avec tant de passion, elle appartient à un rêve que nous avons tous deux torpillé il y a bien longtemps. Lentement, notre amour s'est étiolé, et il ne subsiste aujourd'hui que de la rancœur et du mépris dans nos cœurs.

- Je n'ai plus rien à perdre. marmonné-je entre mes dents, la poitrine gonflée d'amertume. J'ai déjà tout laissé filer comme un con ...

Ma décision est prise ; je suis résolu à ne pas fuir cette fois, quoi qu'il arrive. Sans plus d'hésitation, je m'engouffre à l'intérieur de la cabine. Et alors que je décroche le combiné et compose le numéro inscrit sur le bout de papier, ma main ne tremble plus.

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