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XCII-HANTE PAR LES RÊVES

Je plisse les yeux, gêné par l'afflux soudain de lumière. M'appuyant sur mes paumes pour me redresser, je constate, à mon grand étonnement, qu'elles rencontrent une surface herbeuse et caillouteuse. Où ai-je donc atterri ? Pourtant, lorsque la torpeur narcotique dans laquelle je me prélassais un peu plus tôt a fini par m'emporter, j'étais bel et bien chez moi, vautré sur le matelas déformé en compagnie de Carla, j'en suis certain ...

Mes yeux s'habituent à la lumière, dissipant mon aveuglement passager. L'environnement sombre et malpropre de notre chambre à coucher s'est évaporé et désormais, une clarté blanche et éblouissante emplit l'espace. Un vaste pâturage brûlé par les ardeurs du soleil s'étire tout autour de moi. Le souffle langoureux d'une brise d'été caresse ma peau, m'enveloppant d'une chaleur réconfortante. Troublé par ce décor inattendu, je me lève avec précaution. Une fois sur mes jambes, je constate avec une surprise mêlée de joie que les mille petits maux qui m'affectent habituellement ont disparu. Plus de picotement dans les muscles, plus de "bestiole" qui fouille dans mon crâne. Mon diaphragme enfin libéré du carcan qui l'oppressait invariablement, je respire à pleins poumons. Un sentiment d'allégresse m'envahit aussitôt. Je me sens bien, guéri de mes souffrances et de mes angoisses. Et même l'absence de Carla ne peut entacher ce constat. Bien au contraire, je réalise que sa disparition constitue un immense soulagement. Une bien troublante sensation, alors que je ne rêvais que de la retrouver quand j'étais séparé d'elle il y a une semaine encore, si j'en crois mes bribes de souvenirs.

Mon regard balaye le champ aux tons vert et or qui s'étend à perte de vue. La pensée me vient que l'on doit être au plus fort de l'été, car l'air est si chaud qu'il floute l'horizon. Mais alors que je pivote sur mes pieds, le tableau se modifie. La grande étendue herbeuse qui ondulait sous la bise légère se métamorphose en une petite clairière, laquelle est encerclée par une forêt de résineux dressés comme des pics. Les herbes à mes pieds ont "grandi", elles frôlent mes genoux à présent. Toutefois, je ne me formalise pas de ce soudain changement de décor. Sans doute suis-je à mille lieux de ma déprimante réalité, voltigeant au gré de mon imagination déliée par les opiacées. Mais qu'importe après tout, je ne me suis pas senti aussi heureux depuis bien longtemps. Un ineffable sentiment de plénitude m'envahit, j'ai l'impression d'être à nouveau vivant ; la sauvage beauté du lieu, la lumière radieuse, l'air embaumé d'effluves de pin, le spectacle entier m'enchante.

Désormais à son zénith, le soleil inonde la petite prairie qui m'entoure de ses rayons chatoyants, poursuivant sa course imperturbable dans l'éther cotonneux du ciel. Je soulève les talons et progresse lentement au milieu de la végétation, les narines saturées de parfums estivaux, accompagné du crépitement joyeux des tiges grillées sous chacun de mes pas. Mais je m'immobilise bientôt. Une ombre vient d'apparaître devant moi, à une vingtaine de mètres. C'est la silhouette d'une femme. Elle me tourne le dos et arpente comme moi les hautes herbes en direction de la forêt toute proche.

Je fronce les sourcils ; cette scène me laisse un goût de déjà-vu. Je suis convaincu d'avoir vécu ce moment à plusieurs reprises auparavant. En outre, bien que je ne parvienne pas à la reconnaître, l'apparence de la jeune femme m'est étrangement familière. Elle est vêtue d'une tunique légère dont le tissu ondule sous la brise, à l'instar de sa longue chevelure sombre. Qui est-elle donc ? J'ai le sentiment que c'est une personne chère à mon coeur, mais je ne parviens pas lui mettre un nom. Tout ceci est bien troublant et je veux élucider ce mystère. Sans attendre, je m'élance vers la silhouette qui a presque atteint l'orée du bois. A mesure que la distance entre elle et moi se réduit, un vent frais aux senteurs musquées provenant des profondeurs ombragées de la forêt me chatouille le visage.

Je suis à deux pas de la silhouette à présent, et je tends le bras pour lui toucher l'épaule quand un détail suspend mon geste. Elle tire sur l'ourlet de sa blouse qui se soulève autour d'elle, et ce geste dévoile l'arrondi prononcé que dessine son ventre. Je me fige, le coeur battant la chamade. Ma mystérieuse inconnue attend un enfant ! Etrangement, cette découverte me perturbe plus que de raison et je me sens tout à coup intimement lié à elle. La sensation de la connaître se renforce encore, et j'ose une intervention en l'appelant timidement.

- Attendez, s'il vous plaît ...

La jeune femme marque un temps d'arrêt. Elle se décide à se retourner et -

Mes dents s'entrechoquent avec un bruit sourd. Mon corps est balloté en tous sens, et tandis que le visage de la promeneuse se dévoile enfin, le décor qui m'entoure se désagrège avant de disparaître dans l'obscurité, avalant du même coup la vision de l'inconnue.

- Matt !

Une voix rugit tout prêt de moi. Je sens deux mains me saisir vigoureusement les bras et l'on me secoue derechef. Contrarié de n'avoir pu découvrir l'identité de l'énigmatique randonneuse, je repousse le trouble-fête d'un geste furieux.

- Mais c'est dingue, réveille-toi, bon sang ! tonne la voix.

J'émerge de l'inconscience, dépité ; les délicieuses sensations de mon rêve se sont dissipées, laissant la place à la réalité cauchemardesque de mon quotidien. La chambre à coucher déprimante, les centaines de lames minuscules qui s'enfoncent mon corps. Me voilà de retour dans l'enfer de mon existence. L'esprit encore engourdi, je me recroqueville dans un coin du lit en papillonnant des paupières. Les contours de mon agresseur se matérialisent tandis que sa silhouette se penche vers moi.

- Eh bien, tu as mis le temps ! s'agace Carla. Ca fait deux bonnes minutes que j'essaie de te tirer du lit !

- Tu ne pouvais pas me laisser dormir ? fais-je mollement en évitant son regard. Je n'ai pas envie de te voir, je faisais de si beaux rêves, loin de toi ...

Je m'interromps, surpris par l'aigreur de mes propos. User de telles paroles, avec ma petite amie qui plus est, n'est pourtant pas dans mes habitudes. Comment puis-je m'exprimer de la sorte avec la femme que je prétends aimer ? Je lance un regard subreptice à ma compagne. Elle se penche près du lit pour ramasser quelques vêtements laissés là, indifférente à mes complaintes.

- Ca, j'imagine bien, rétorque-t-elle tout en s'appliquant à plier le linge sur le lit. Tu es si paresseux, tu passerais tes journées vautré dans les couvertures ... Mais aujourd'hui, il va falloir que tu te bouges un peu et que tu fasses bonne impression ! Si tant est que ce soit possible ...

- Je me demande bien pourquoi ... murmuré-je, perplexe.

- Parce que mon oncle va débarquer ici tout à l'heure ! s'écrie -t-elle avec humeur. Il m'a téléphoné hier pour me prévenir de sa visite et je t'en ai parlé juste après son coup de fil ! C'est incroyable, tu as vraiment le cerveau desséché par les vapeurs d'héroïne ... Mais qu'est-ce que je vais pouvoir faire de toi !

Après mes paroles amères, l'âpreté de son timbre me glace les sangs. Alors, c'est ainsi que vont les choses, entre nous ? Des camouflets, des mots rugueux et dépourvus d'affection, arides comme une terre désertée ... L'image que j'ai gravée dans mon esprit d'une fiancée adorable et de notre idylle parfaite, n'est-elle donc qu'une chimère de plus parmi les rêves délirants qui m'épuisent toutes les nuits ? Cette déconvenue me désespère. Il y a presque une semaine désormais que je me suis réveillé sur ce même matelas, totalement déraciné, ne sachant où j'étais et ce que je faisais là. Depuis lors, des tourments m'accablent sans relâche, dès que je suis assez lucide pour songer à nouveau.

Pour être honnête, c'est un état que je retrouve rarement, préférant m'évader dans la quiétude de mes séances soporifères plutôt que me torturer avec ces considérations. Mais dès que je recouvre quelque capacité de raisonnement, les mêmes questions se rappellent à moi, invariablement. Pourquoi ai-je cette conviction enracinée que Carla est la femme de ma vie, si nos rapports sont aussi détestables que ce qu'ils semblent être ? En outre, le rêve que je viens de faire, sans sa présence et avec une autre femme, renforce cette contradiction. Mais ce n'est pas là la seule ambiguïté. Bien d'autres éléments posent question, si bien que j'en viens à songer que le cocktail des drogues que je m'injecte a affecté ma raison pour de bon.

En dépit de cette hypothèse plus que plausible, une part de moi ne peut s'empêcher de chercher des réponses à tous ces mystères. Pourquoi ce sentiment d'avoir "perdu" Carla pendant des mois, alors que selon ses propres dires, je n'ai pas quitté cet appartement depuis des lustres ? Quelles sont ces images qui surgissent depuis les profondeurs de mon inconscient puis s'évaporent sans que je puisse les saisir ? Des visages étrangers, des endroits inconnus ... Sans parler du cauchemar récurrent qui me met en scène dans une maison obscure avec les mains en sang et la sensation qu'une catastrophe terrible vient de se produire, condamné à ré-entendre inlassablement le même hurlement retentir à l'étage.

Mais plus déroutant, encore. Pourquoi le souvenir de Dominic et Christopher se rappelle-t-il à moi maintenant, si puissant dans ma mémoire que je suis convaincu de les avoir quitté il y a peu, alors que nous nous sommes perdus de vue il y a des années ? Et surtout pourquoi ne puis-je m'ôter de l'esprit l'idée insensée qu'ils ont un lien avec toutes ces étrangetés ...

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