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LXXXVII-LA LUEUR D'UN PHARE

Planté devant moi au beau milieu du cabinet, mon chef me dévisage tristement, quand une mélodie retentit et nous fait tous deux tressaillir. Je reconnais la sonnerie de mon téléphone portable, oublié dans la poche de ma veste. Sous le regard d'Edward, je traverse le bureau jusqu'au porte-manteaux et décroche à la quatrième sonnerie, sans même prendre le temps de consulter l'écran de l'appareil.

*Bonjour Zoey, c'est Gordon.*

- Gordon ?! Oh ... Bonjour.

Je lance un coup d'œil embarrassé à Edward qui n'a pas bougé d'un pouce, avant de lui tourner le dos, contrariée. L'identité de mon interlocuteur m'a échappé et je m'en veux de cette imprudence. Aux yeux d'Ed, mes rapports avec son collègue sont quasi-inexsitants et se limitent à des salutations polies.

*Er ... Hem ! Je venais juste aux nouvelles ... Comment allez-vous, ce matin ?*

- Bien, merci. répliqué-je à voix basse.

La question du professeur me laisse perplexe. L'homme ne m'a pas habitué à de telles attentions jusqu'ici. Si, en le cotoyant ces derniers temps, j'ai détecté chez lui une certaine forme de sollicitude envers Matthew et moi-même, il s'est toujours montré avare en effusions. Après lui avoir communiqué mon numéro de téléphone suite à la découverte de son secret, nos échanges se sont limités à me tenir informée des progrès concernant la programmation de sa machine, et de l'assistance de Matthew au sous-sol auprès de lui.

J'omets de lui en faire la remarque toutefois, la présence d'Edward dans mon bureau empêchant toute allusion de la sorte. Un silence gêné s'installe entre mon interlocuteur et moi, jusqu'à ce qu'il se décide à reprendre la parole.

*Bien ... Je voulais simplement m'assurer que vous ayez bien récupéré suite aux événements de la nuit passée. Votre départ précipité juste après notre expérience m'a un peu inquiété. Je sais combien une séparation peut être éprouvante ...*

Mon cœur s'emballe à ces mots, une vive émotion m'envahit. Cependant, si l'obligeance du professeur me touche, son élan d'empathie tombe au plus mal. J'aimerais pouvoir m'éloigner d'Edward afin d'être plus libre de lui exprimer mes états d'âme, mais cela m'est impossible.

- C'est fait, maintenant. énoncé-je prudemment.

Je marque une nouvelle pause, cherchant mes mots. Depuis le début de la communication, j'ai pris soin de tourner le dos à mon chef, mais je devine sans peine le poids de son regard posé sur moi.

*Vous me semblez bien courageuse Zoey, me voilà rassuré.* Déclare Gordon d'une voix un peu moins tendue à l'autre bout du fil.

Je n'ajoute rien et ferme les yeux, priant pour que la conversation se termine là, mais mon correspondant semble d'humeur confidente car il renchérit de plus belle.

*Je tenais aussi à vous faire mes excuses à propos de ma brusquerie, la nuit de notre rencontre dans le sous-sol ... L'homme lâche un petit rire nerveux. Je ne connaissais pas vos intentions, alors ... On n'est jamais trop prudent avec les intrus, n'est-ce pas ? Hem ... Enfin bref, je voulais que vous sachiez que je vous suis extrêmement reconnaissant, à vous ainsi qu'a votre patient.*

Je lève un sourcil, étonnée.

- Vraiment ? Mais pourquoi ?

*Eh bien, contre toute attente, votre venue s'est révélée un véritable miracle pour moi. Pour être honnête, lorsque vous vous êtes introduits dans mon bâtiment, cela faisait un bon moment que j'avais suspendu la configuration de ma machine. Je procrastinais, incapable de me décider si je devais mettre ou non à exécution mes intentions de partir. Je n'arrivais pas à me résoudre à bouleverser une nouvelle fois ma vie. Mais j'ai pu faire connaissance avec votre ami, et nous nous sommes trouvés pas mal de points communs. Il a été très affecté par les voyages interdimensionnels tout comme moi, ce sont des épreuves qui rapprochent. Et sa détermination, ainsi que les espoirs qu'il fondait dans mon invention m'ont insufflé l'impulsion qui me faisait défaut.*

- L'impulsion ? Vous voulez dire que vous allez vraiment partir, vous aussi ?

Je distingue du coin de l'œil un mouvement à mes côtés, et une alarme se fait entendre en moi. Mais, ébranlée par les révélations de Gordon, je me concentre sur ses paroles, oubliant toute prudence.

* Bien sûr, je ne vous ai pas caché mes intentions de reprendre les voyages interdimensionnels ! Pourquoi aurais-je construit cette machine, sinon ?*

- Oui ... Vous avez raison.

Je me mords la lèvre, bouleversée. Avec le départ de Matthew et le gouffre qu'il a laissé derrière lui, ce détail m'était sorti de l'esprit. Mais à présent, l'annonce des intentions de Gordon me catastrophe. Je réalise que je ne veux pas que le docteur quitte notre dimension à son tour. Si l'idée ne m'avait pas gêné outre mesure lorsqu'il l'avait évoqué lors du récit de ses aventures, aujourd'hui, il en est autrement.

Matthew parti pour toujours, la présence de Gordon à mes côtés n'en devient que plus vitale à mes yeux. Il demeure le dernier acteur de l'histoire extraordinaire que j'ai vécue avec la rockstar. Et son obscure machine, l'unique dispositif qui me rattache encore à l'être aimé que j'ai perdu. Si le professeur disparaît à son tour, il ne me restera plus rien. Plus un seul temoin de notre aventure, plus aucun moyen de rejoindre Matthew. Et l'incroyable secret qui me lie à mes deux partenaires deviendra bien lourd à porter sur mes seules épaules. Ce sera comme demeurer la dernière représentante d'une espèce en voix d'extinction.

Mes émotions sont irrationnelles. Des caprices puérils. En mon for intérieur, je suis consciente qu'il est vain de m'accrocher à l'espoir fou de traverser les dimensions à la recherche de Matthew ; il s'agirait là non seulement d'une quête risquée mais surtout vouée au désastre, maintenant qu'il a retrouvé sa fiancée. En fait de retrouver le goût de la vie, je le rendrais malheureux à son tour. Mais comment ne pas y songer malgré tout ! Savoir qu'il existe une alternative à mon malheur rend mon fardeau moins lourd à porter. Et si aujourd'hui, il n'est pas dans mon intention d'utiliser la machine de Gordon, l'idée reste tapie dans mon cœur et me raccroche à la vie, comme la lueur ténue d'un phare au milieu d'une mer démontée. 

Je brûle d'exposer mes arguments pour convaincre le professeur de renoncer à son projet, mais je m'abstiens. Le moment n'est pas opportun pour débattre de ces considérations. 

- C'est intéressant, mais ... Je suis occupée pour l'instant, docteur. lâché-je en adressant un bref coup d'œil à Edward. Je vous rappelle un peu plus tard.

Je prends poliment congé du professeur puis glisse mon téléphone dans ma poche, redoutant la question qui ne tarde pas à venir.

- Ainsi donc, tu connais Gordon ? interroge Edward d'un ton intrigué. Je ne te savais pas si proche de lui ...

- "Proche" est un bien grand mot. rétorqué-je avec un sourire piteux.

- Il a tout de même ton numéro de téléphone.

- Heu ... Oui. bredouillé-je, déconcertée. Je le lui ai communiqué il y a quelques temps ... pour le travail.

- Le travail ? s'étonne mon chef. A quelle occasion ? Si je me souviens bien de ta réaction lors de votre rencontre à la fête costumée, cet homme ne t'inspirait rien d'autre qu'une profonde crainte et tu cherchais à le fuir. Or quinze jours plus tard, j'apprends que vous avez échangé vos numéros et que vous êtes devenus les meilleurs amis du monde, s'enquérant des nouvelles l'un de l'autre.

Mon pouls s'accélère, l'angoisse irradiant dans mes veines.

- Il s'agissait d'un léger différend entre nous ce soir-là, c'est tout.

Le regard d'Edward s'assombrit aussitôt.

- Tu ne crois pas qu'il serait temps de me dire toute la vérité, Zoey ? Tu es une excellente psychiatre mais tu ne sais pas me mentir. Tes petites cachotteries à propos de Matthew, le brutal changement dans ton comportement ... Tout cela cache quelque chose de grave. Un secret que tu ne veux pas me dévoiler mais que tu partages avec le professeur Cumberbatch, visiblement.

- Mais ... non, je -

- Tout ceci me fait penser à cette requête étrange dont m'a fait part Gordon à propos de ton ex-patient. poursuit Edward en se frottant le menton songeusement. Il a organisé des entretiens avec lui au sein de son unité à plusieurs reprises cette semaine, pour un projet obscur dont il n'a pas voulu me préciser les détails. Je me demande d'ailleurs si ces entretiens ne sont pas à l'origine des troubles récents qui affectent le chanteur. Car depuis hier soir, ce dernier se trouve dans un état d'agitation extrême contrairement aux dernières semaines. Il soutient qu'il n'est pas malade, ni amnésique. Il exige même d'effectuer des tests pour le confirmer. Et j'avoue que ses propos m'amènent à réfléchir. Il semble tellement différent de l'homme à qui j'avais affaire jusqu'ici quand il s'exprime ! J'ai l'impression d'être en face de quelqu'un d'autre.

La peur me tord l'estomac. Je n'avais pas songé à l'éventualité qu'Edward se pose des questions au sujet de la guérison "miraculeuse" de son patient. Mais il est clair que les doutes qui l'habitent mettent en danger les activités clandestines de Gordon. Levant les mains vers lui, j'entreprends de le rassurer mais il ne me prête aucune attention, plongé dans ses conjectures.

- ... Et toi aussi d'ailleurs, j'ai remarqué qu'à l'instar de Matthew, tu t'es souvent absentée du service ces derniers jours, ajoute-t-il, le visage tourné vers la baie vitrée, sondant les profondeurs du parc. Notre assistante m'en a fait la remarque hier soir. C'est vraiment curieux. Cela voudrait dire que ...

- Ed, ne va pas t'imaginer quoi que ce soit ... le coupé-je.

Mais mon interlocuteur n'écoute pas. Il s'est interrompu, la mine sombre, tandis qu'une révélation s'impose à lui.

- Zoey, rassure-moi. lâche-t-il en tournant les yeux vers moi. Ne me dis pas que Gordon et toi avez monté la tête à ce pauvre bougre au point de le convaincre qu'il n'était pas malade ?

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