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LXXXV-CARLA, MON HEROÏNE

Un bruit sourd me réveille brusquement. Je me redresse, mais le mouvement me déséquilibre et je suis précipité dans le vide. La chute est brève et ma hanche cogne une surface dure, provoquant une décharge douloureuse qui se propage dans tout le bassin. Je me soulève tant bien que mal en grimaçant, les yeux louchant sur un rempart de tissu jaune moutarde dressé devant moi.

Le canapé. J'ai dû m'assoupir après m'y être blotti, et je viens de glisser de l'assise.

- T'es encore là, toi ! Mais qu'est-ce que tu fous ici, put### !

Une voix rauque s'élève depuis le couloir. Ahuri, je tourne la tête vers l'entrée et aperçois la silhouette fluette d'une femme vêtue de noir, campée sur le seuil du séjour. Visiblement, ma présence ici l'importune. Elle se montre fort contrariée et me fixe d'un regard tout sauf amical.

Le ton agressif de la nouvelle venue ne me plaît guère, et me rappelant subitement que "je" suis censé être le locataire des lieux, je m'apprête à me rebiffer en lui retournant la question sur le même ton, quand quelque chose me frappe. Je considère son visage avec stupeur, incapable de prononcer un mot. En dépit de cernes bleutées qui ourlent ses yeux rougis, elle est d'une beauté rayonnante et singulière. Mais ce ne sont point ses traits parfaits qui me laisse sans voix.

- Ben alors, t'as perdu ta langue ? raille-t-elle. C'est quoi, cet air de merlan frit ?

- C-Carla ?!

Le nom est sorti de ma bouche dans un gargouillis inintelligible. Il a surgi de mes souvenirs sans crier gare, comme un boomerang retournant inopinément à son propriétaire, alors qu'il avait été oublié.

- Qui veux-tu que ce soit d'autre ? Rétorque l'Italienne dédaigneusement. Tu crois que tu as encore beaucoup d'amis qui voudraient prendre le thé avec toi ? T'es vraiment à l'ouest ...

Je ne réponds rien, encore sous le choc. Je n'ébauche pas un mouvement, mais à l'intérieur, c'est le grand chambardement. Des images du passé émergent anarchiquement depuis les replis de ma mémoire. Je sens mon cœur se gonfler de joie, mon âme se revitaliser à la vue de la jeune femme. Des fragments de vie -s'étaient-ils égarés dans les synapses de mon cerveau ?- affleurent et mon esprit se téléporte des années en arrière, avec elle dans mes bras, lors de notre première nuit d'amour. Mon sang bouillonne et je ressens à nouveau la fougue qui m'habitait à cet instant.

- Je t'ai pourtant dit de foutre le camp d'ici tout à l'heure, Matt ... Grommèle-t-elle, indifférente à mes états d'âme. J'en ai marre que tu passes tes journées à glander, je suis la seule à ramener le fric ici !

- Carla ... c'est bien toi ?

Les mots sont sortis distinctement, cette fois. Et tandis que je l'examine attentivement, la mémoire me revient. Bien sûr, comment ai-je pu l'oublier ! Celle qui a ravi mon cœur dès le premier regard, et qui a illuminé ma vie. C'est d'ailleurs pour la partager avec elle, que j'ai cessé de cohabiter avec Clark et décidé d'emménager dans cet appartement.

Je la contemple avec une excitation mêlée d'angoisse, plongé dans mes souvenirs. Le film de notre histoire repêché de l'oubli se déroule simultanément derrière mes yeux. Mais en dépit de tout ce que je me remémore sur notre couple, inséparable depuis les trois dernières années, une sensation troublante m'assaille. La conviction inexpliquée de l'avoir perdue à jamais ... Et que mes retrouvailles avec elle ici sont le fruit d'un miracle auquel je ne croyais plus.

L'émotion qui me comprime la poitrine est indescriptible, je ne puis résister plus longtemps. Je me lève et me précipite vers elle.

- Qu'est-ce qui te prend ! proteste-t-elle alors que je l'étreins. Lâche-moi, Matt !

Tout à la joie de la revoir, j'ignore ses plaintes et glisse mes doigts sur sa peau comme si je manipulais le plus précieux des trésors.

- J'ai cru que je ne te pourrais plus jamais te serrer contre moi ... soufflé-je dans ses cheveux, la voix vibrante d'émois.

Mais la jeune femme ne l'entend pas de cette oreille. Elle se débat entre mes bras et me repousse de toutes ses forces. Il s'ensuit une lutte pendant laquelle je tente de la raisonner en l'agrippant par les épaules, mais l'Italienne est enragée et elle me griffe le visage sans vergogne. La joue brûlante, je relâche ma prise, qui en profite pour me labourer le torse de coups de poings.

- Carla, bon sang, arrête !

J'attrape ses poignets fermement. Stoppée dans son élan, elle gesticule pour se dégager, mais je tiens bon.

- C'est quoi ton problème, connard ?! rugit-elle, échevelée. Je t'ai déjà dit que j'avais plus envie de ça, entre toi et moi ! Quand tu seras capable de me ramener un peu de poudre, on en reparlera !

Abasourdi par le surcroît d'agressivité dont elle fait preuve, je la libère sur le champ.

Mais qu'est-ce qui se passe ici, put###, je deviens fou ...

Il y a une minute pourtant, en retrouvant brutalement mes souvenirs perdus, j'étais persuadé qu'elle était celle que j'avais recherché pendant des mois, porté par la force d'un amour profond. Alors pourquoi une telle réaction de sa part ? Qui donc est cette femme qui me rejette avec une telle hargne ? La mémoire me joue-t-elle des tours et n'est-elle pas celle que j'aime ? Ou est-ce le manque d'héro qui me fait délirer ...

Tous deux plantés l'un en face de l'autre, nous nous fixons sans un mot, en chien de faïence. Après quelques instants à me défier du regard, sans doute rassurée de me voir me tenir coi, l'Italienne hausse les épaules et se détourne. Je la suis des yeux tandis qu'elle s'éloigne dans l'entrée et se penche pour récupérer un cabas abandonné sur le sol. Puis, sans m'accorder plus d'attention, elle file devant moi et se dirige vers le canapé.

Je me sens désemparé. Que suis-je censé faire ici, à présent ? Je suis perdu, au beau milieu de ce salon dont l'atmosphère m'est à la fois familière et inconnue. Aux côtés d'une femme que j'adore, mais qui a pris le parti de m'ignorer. J'ai l'impression d'être coincé dans un monde hostile et sans espoir, un monde que j'ai cherché à fuir désespéremment par le passé. Parcourant les lieux d'un regard morne, les extrémités glacées, je plonge mes poings serrés dans mes poches.

Mes sourcils se froncent imperceptiblement, lorsque quelque chose s'immisce entre mes doigts et attire mon attention, me distrayant un temps de mes tourments.

J'extirpe un morceau de papier de mon vêtement et y jette un bref coup d'œil. Il est noirci de phrases manuscrites et raturées. La prose semble être le brouillon d'un poème ... d'une chanson ? Un texte de mon cru, visiblement. Je reconnais mon écriture. C'est étrange, je ne me croyais plus capable de produire de telles paroles depuis fort longtemps. Je m'attarde sur les dernières strophes.

"... Hold me
Our lips must always be sealed

The night has reached its end
We can't pretend
We must run
We must run
It's time to run

Take us away from here
Protect us from further harm
Resistance !"

Un frisson me traverse l'échine. Les mots résonnent en moi de façon terrifiante.

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