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LXX-LE DELUGE DES EMOTIONS

Quelque peu ébranlé par mes propos dans un premier temps, Matthew se reprend vite et chasse l'argument en secouant la tête.

- Non, je ne crois pas que ce détail ait autant d'importance que tu veux bien le dire ... Déclare-t-il avec assurance. J'ai toujours eu une imagination très fertile et je déborde d'idées farfelues à tendance apocalyptique, alors il est tout à fait possible que mes songes ensanglantés ne soient que des affabulations sans fondement.

- Et le sang que tu avais sur tes mains au concert ? Répliqué-je avec agacement. Tu vas me dire que Dominic et Christopher ont affabulé eux aussi ?

- Il n'y en avait pas tant que ça ... Objecte le chanteur d'un ton dubitatif. Il réfléchit un instant puis enchérit. Il est même probable que ce soit une conséquence du voyage interdimensionnel. Il y a bien des gens qui saignent du nez lorsqu'ils se trouvent face à une situation stressante. Or une expérience comme celle-ci a de quoi être stressante, non ?

Je croise les bras sans un mot, la mine renfrognée. La mauvaise foi qu'affiche le chanteur en réduisant en pièce chacun de mes arguments me met hors de moi. Comment peut-il faire preuve d'une telle désinvolture ?

- Je ne comprends pas ta réaction. S'indigne Matthew. Tu n'es donc pas soulagée, ne vois-tu pas la perspective qui s'offre à moi ? L'histoire du docteur prouve que je ne suis pas malade ! Toutes les divergences entre ma vie ici et celle de mes souvenirs ... Ce ne sont pas des hallucinations, j'ai forcément vécu la même expérience que Gordon. Et avec la nouvelle machine qu'il a mis au point, je détiens enfin le moyen de retrouver la réalité que j'ai perdue !

- Et moi, je crois que tu ne veux toujours pas voir la réalité en face ! Asséné-je sèchement. Tu ne considères que ce qui t'arrange et occulte tout le reste ... Comment peux-tu mettre ta vie entre les mains de ce professeur que tu considérais comme un fou dangereux et que tu m'interdisais d'approcher il y a trois jours encore ! Et pourquoi refuser de considérer ces traces de sang ? Souviens-toi, lorsqu'on en a parlé à Gordon, lui aussi était troublé. Il a admis avoir vécu des phénomènes de "rémanence" après avoir traversé les dimensions. Une sorte de persistance ou de résurgence d'un phénomène, même après la disparition de ce qui l'a provoqué. S'il a raison sur ce point, avoue qu'il y a de quoi s'inquiéter, non ? Cela signifierait que tu as vraiment été témoin d'un drame, un crime ou que sais-je dans l'univers d'où tu viens, et que le voyage interdimensionnel a provoqué la réapparition du sang que tu avais eu sur les mains ...

- Cesse ces conjectures ridicules. Grommèle Matthew entre ses dents. Tu ne sais rien du tout et tu inventes n'importe quoi pour me convaincre de renoncer à mon idée ! Tu crois que je ne vois pas clair dans ton jeu ? Tu ne veux pas admettre que tu t'es complètement foirée dans tes diagnostics me concernant, et tu t'obstines à ne voir en moi qu'un cinglé incapable de se remémorer ses propres actes ...

- Quoi ?! Je rêve, c'est ridicule ! Pesté-je en le fusillant du regard. Matt, reprends-toi et ouvre les yeux, bon sang ! Ces voyages recèlent de terribles dangers, tu le sais très bien ! Gordon a perdu la raison, il ne sait plus ce qu'il fait en cherchant à réutiliser sa machine ... Lui et son ami ne maîtrisaient pas leur invention et ils en ont payé le lourd tribut ! Et si tu cherches à reproduire leurs erreurs à ton tour, il en sera de même pour toi, tu le regretteras !

- Mais qu'est-ce que tu me chantes ?! Le musicien explose de rage. Que peut-il m'arriver de pire que ce que je vis aujourd'hui, explique-moi ! J'ai tout perdu, TOUT ! Le monde que je connaissais, la complicité et la confiance de mes amis, même celle que m'accordait notre public ! Et par dessus tout la femme que j'aime, la promesse d'une vie heureuse avec elle !

Il s'interrompt et me toise durement en reprenant son souffle. Mais il ne m'en tient pas rigueur bien longtemps. Bien vite, ses traits se métamorphosent, l'affliction se substituant à la colère. En proie à un profond désarroi, il enfouit son visage entre ses mains.

- Carla a peut-être accouché de mon enfant aujourd'hui ... Murmure-t-il au bout d'un moment entre ses paumes. D'un geste las, il laisse tomber ses bras entre ses jambes et poursuit d'une voix éteinte. Mais je ne peux même pas partager cette joie avec elle. C'est insupportable, ne pas savoir ce qu'il est advenu d'eux ... Et tu penses peut-être que je peux tout effacer et redémarrer ma vie à zéro, comme si de rien n'était ?

Son regard atone s'égare dans la pièce. Je ne réagis pas, bouleversée par ce que je viens d'entendre. Je me sens terriblement égoïste subitement ... Et fautive de ne pas vouloir l'aider à retrouver sa bien-aimée au lieu de songer à mes propres désirs coupables. Bien sûr, arraché à l'amour de sa vie, il ne voit en cet univers qu'une existence sans perspective, une gigantesque prison. Ma présence et mes attentions n'y changeront rien ...

Ne trouvant pas les mots adéquats, je me contente de le considérer d'un regard chargé de remords. Après un long échange silencieux, Matthew reprend d'une voix plus posée, plus désabusée aussi.

- Excuse-moi Zoey, je ne voulais pas m'emporter contre toi. Je comprends tes craintes, elles sont justifiées. Mais aujourd'hui, j'ai perdu tout ce qui faisait mon bonheur. Alors ne te fais pas de souci pour moi, je ne risque plus rien. Et je n'aurais aucun regret en quittant l'enfer que représente ce monde à mes yeux, même si je me perds à jamais dans les profondeurs de l'univers ...

Je grimace, ses dernières paroles me font l'effet d'un coup de massue. Je considère l'homme qui me fait face, atterrée. Sur le visage qu'il me dévoile à présent, je lis sans peine toute la souffrance qui fait son fardeau quotidien depuis d'interminables semaines. Je vois la tristesse qui creuse ses traits, la lassitude qui assombrit le bleu délicat de son regard, et étouffe peu à peu la flamme de vie que j'adorais voir danser dans ses prunelles lors de nos récentes périgrinations. Et sa propre douleur me terrasse, j'ai l'impression d'être plongée dans les ténèbres d'un précipice sans fond.

- Mais ... Balbutié-je, en proie au vertige. Et nous deux ... ?

Les mots m'ont échappé et leur caractère déplacé me frappe trop tard. Paniquée, je referme la bouche aussitôt, regrettant amèrement cet aveu, priant pour que Matthew n'en ait pas saisi le sens.

- Quoi ?! Il écarquille les yeux. Comment ça, "nous deux" ...

- Non, non, non ... Je marmonne en remuant vivement la tête. Oublie ça, je t'en prie ...

- Zoey, dis-moi voyons ! Me presse Matthew, ignorant mes suppliques. Que signifie ce "nous deux" ? Tu veux dire que ... que ...

Les mots meurent sur ses lèvres et il laisse sa phrase inachevée. Les sourcils froncés, il se contente de me dévisager songeusement, tandis qu'un lourd silence s'installe entre nous.

Un violent coup de sang empourpre mon visage sous son regard pénétrant. Incapable de soutenir ce dernier une seconde de plus, je détourne le mien, m'efforçant de refouler les larmes qui me brûlent les yeux. Je me sens si démunie tout à coup, si pitoyable. Il faut pourtant que je me reprenne sans attendre. Si je veux avoir une chance de rattraper ma bourde et le rassurer, je dois m'empresser de trouver une explication, en évoquant notre amitié par exemple.

Mais les secondes s'égrènent et aucun son ne sort de ma bouche. Je suis si lasse de jouer la comédie, lasse de ravaler mon chagrin au fil des semaines. Je ne trouve plus la force de revêtir le sempiternel masque de la psychiatre bienveillante. Je suis amoureuse de cet homme au point de tout laisser tomber ; mon existence paisible, mon compagnon adorable ... A cet instant précis, je sens que quelque chose se brise en moi, irrémédiablement. Et j'ai l'impression que tout ce qui faisait de moi une personne sensée et réfléchie jusque-là vient de s'écrouler d'un coup, la seule flamme de ma passion s'échappant des décombres de la raison.

C'est alors qu'une fièvre incontrôlable s'empare de moi. Le brasier de mes sentiments échauffe mes sens et je sens monter en moi le désir irrésistible d'enlacer et choyer celui que j'aime. Même si pour cela je dois affronter la cuisante douleur de son rejet.

Qu'importe après tout ? Car comme lui, j'ai tout perdu ... Quelques secondes de frisson, la douce chaleur de sa peau sous mes doigts valent bien une ultime humiliation.

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