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IX-PRISE DE BEC

- Tiens, on ne s'arrête pas devant l'entrée principale, aujourd'hui ?

- Heu non. Je rétorque, l'air de rien. J'ai demandé au chauffeur de nous déposer à l'arrière du bâtiment. Il y a une petite entrée plus proche du service où l'on se rend.

Matthew m'observe en silence. Puis il finit par hausser les épaules et reporte de nouveau son attention sur le paysage, par la vitre de notre véhicule.

Je soupire discrètement. Après m'être coordonné avec l'hôpital, j'ai effectivement demandé au chauffeur de modifier son itinéraire et de pénétrer dans l'enceinte par l'entrée destinée aux livraisons, située à l'arrière de l'hôpital. Suite aux derniers articles parus dans la presse, je crains que l'entrée principale de l'établissement ne soit cernée par les journalistes en quête du cliché qui leur rapportera le jackpot. Je veux à tout prix éviter cela à Matthew.

La voiture longe lentement l'allée gravillonnée, et je contemple le grand bâtiment qui se dresse devant nous. Il a traversé plusieurs siècles et a subi les outrages du temps. La construction, dont la façade paraît déjà vieillotte lorsqu'on y accède par l'entrée principale, revêt un aspect encore plus miteux en la découvrant par l'autre côté. De longues fissures lézardent le crépi grisâtre qui recouvre les murs. Des plaques entières du revêtement sont tombées par endroit, révélant la pierre du parement originel. On a colmaté les brêches ici et là avec de l'enduit blanchâtre, défigurant la surface de grandes balafres. L'aspect à la fois imposant et misérable de la bâtisse lui donne des airs de vieille dame malade qui aurait racommodé grossièrement son corps abîmé.

Une fois garé juste devant un escalier de granit qui jouxte un grand portail de bois, nous descendons du taxi et en escaladons les marches, chacun perdu dans ses pensées. Matthew n'a pas ouvert la bouche depuis que nous avons franchi les grilles du parc et je sens qu'il est tendu. Je sonne deux ou trois fois à la porte, et l'on nous ouvre enfin. Nous nous enfonçons dans les entrailles du bâtiment, au travers d'un dédale de couloirs immenses et austères. Arrivés au secrétariat, j'ai à peine le temps de nous présenter qu'on nous conduit déjà dans une petite pièce meublée de quelques fauteuils, d'une table basse et d'un distributeur de boissons chaudes. Sans doute une salle de pause pour les soignants.

- Tu restes avec moi pendant la séance, n'est-ce pas Dom ?

La voix de Matthew me parvient dans mon dos, mal assurée, alors que je consulte les choix de boissons du distributeur. Je me retourne vers lui. Le semblant d'aplomb dont il faisait étalage jusque-là s'est évaporé. Il est resté planté devant la porte, et me fixe avec un regard anxieux.

- Oui, bien sûr. Ne t'inquiète pas Matt, ça va bien se passer.

Je m'assieds sur l'un des sièges et désigne un second d'un geste à l'intention de mon ami. Il me rejoint, mais à peine prend-il place dans le fauteuil que quelqu'un ouvre la porte.

- Bonjour messieurs, je suis le docteur Berthelet.

Matthew et moi échangeons un regard. Vraisemblablement, le docteur Simmons a déjà effectué le transfert de son dossier à l'un de ses confrères. Une consœur, en l'occurence.

*  *  *

Je dévisage les deux hommes installés de l'autre côté du bureau. Après m'être brièvement introduite auprès d'eux, le premier d'entre eux, celui aux cheveux blonds et au regard charmeur, s'est présenté comme l'ami de mon patient. Il me sourit de toutes ses dents, puis se lance dans un long monologue pour me rapporter les événements survenus durant leur concert en juin dernier.

Tandis que le jeune homme continue à débiter son récit, mes yeux se portent instinctivement sur mon second visiteur. Le contraste entre les deux personnages est saisissant. Si son compagnon se montre particulièrement volubile et enjoué, l'homme qui fait maintenant l'objet de mon attention ne bouge pas d'un poil. A peine assis, il s'est éteint, et je n'ai pas entendu le son de sa voix depuis le début de l'entretien. Il s'est détourné en direction de la porte-fenêtre et me dissimule en partie son visage tandis qu'il se perd dans la contemplation du parc.

Tout dans sa posture m'adresse un message éloquent. Il ne désire pas prendre part à la conversation et la boycotte. Je comprends mieux pourquoi il a lourdement insisté pour que son ami l'accompagne quand j'ai proposé qu'il vienne seul dans mon bureau, tout à l'heure.

Je fronce les sourcils. Il faut que je remédie à cela. Je reporte mon attention sur le dénommé Dominic qui me détaille à présent comment lui et ses amis prennent en charge le quotidien de leur camarade.

- Très bien monsieur Howard, je vous remercie pour tous ces détails. Le coupé-je brusquement. Tout ceci est très instructif.

Pris au dépourvu, l'homme me décoche un sourire crispé pour toute réponse.

- Toutes ces informations me sont précieuses et j'aurais certainement besoin de votre aide par la suite ... Fais-je avec un signe de tête dans sa direction. Mais pour lors, je vais vous demander de nous attendre dans la salle attenante.

- C-Comment ? ... Mais non, il reste !

Je tourne les yeux vers l'auteur de l'objection. Mon patient s'est réveillé, il est dans tous ses états à présent.

- Il est toujours resté avec moi jusqu'ici ... Renchérit-il en implorant du regard son ami.

- Je comprends, monsieur Bellamy. Mais j'ai besoin de m'entretenir avec vous seul, dans un premier temps.

- Ecoutez, Intervient le jeune homme blond. Je peux peut-être me reculer dans le fond de la pièce, et -

- Non, monsieur Howard ! J'interromps en me levant et contournant le bureau. Je suis désolée, ça ne va pas être possible. Je vous prie de nous attendre à côté, ce ne sera pas très long ...

Ce faisant, je me saisis du bras de l'homme et l'invite à sortir de la pièce d'un geste autoritaire.

- Vous pouvez vous servir un café pendant ce temps. J'ajoute avec un petit sourire. Et puis il y a des revues ...

Il se retourne vers son acolyte qui est resté assis, tandis que je l'entraîne fermement vers la porte.

- Matt ! Heu ... On se revoit tout de suite, et -

Je ne lui laisse pas le temps de finir sa phrase et referme la porte sur lui. Je reprends place à ma table de travail en jetant un coup d'œil à mon patient. Il s'est tendu, les mains crispées sur son fauteuil et le visage fermé. Il échappe à mon regard en gardant les yeux baissés.

Tout en l'observant, je me remémore les paroles d'Edward un peu plus tôt. "... Il est sujet au délire paranoïde ..." L'angoisse qu'il affiche en ce moment même semble aller dans le sens de ce diagnostic. Il me considère comme quelqu'un de dangereux, visiblement. Si c'est le cas, il faut que je sois d'autant plus prudente dans mes propos. Essayons d'instaurer un climat plus serein.

- Votre ami est quelqu'un de très loquace. Fais-je pour engager la conversation.

Aucune réaction. Mon interlocuteur fixe ses pieds, les mains agrippées à ses accoudoirs. Il va finir par les arracher, s'il continue à se cramponner dessus comme ça ...

- Et il a l'air de prendre bien soin de vous. J'ajoute avec douceur. Il y a une profonde amitié qui vous lie, ça se voit. C'est rare de nos jours ...

Ses lèvres s'étirent brièvement en un sourire discret, mais il garde les yeux rivés au sol.

- Je vois que vous êtes réticent à démarrer la conversation, et c'est tout à fait normal. Vous ne me connaissez même pas.

J'intercepte un coup d'œil furtif de mon interlocuteur.

- Je vais tâcher de remédier à cela. Comme je vous l'ai dit, je m'appelle Zoé Berthelet. Mais tout le monde ici prononce "Zo-ey". A l'anglaise. Donc après des années passées en Angleterre, j'ai pris l'habitude de me présenter en énonçant directement "Zoey". Je crois même que je l'écris avec cette orthographe, parfois. Et vous ? Vos proches utilisent peut-être un surnom pour vous appeler ?

Les deux yeux sont braqués sur moi, désormais. Je n'avais pas remarqué jusqu'ici, mais leurs iris rayonnent d'un bleu intense. Et puis, cet homme a une façon de me fixer sans ciller, c'en est troublant ... Après quelques secondes de ce traitement, j'ai même l'impression qu'il va finir par m'hypnotiser. C'est à mon tour d'être destabilisée, alors je brise cet échange soutenu la première.

- Matt. Lâche-t-il enfin entre ses dents. Mes amis m'appellent Matt.

Je réfrène un petit sourire, mon regard toujours à l'abri du sien. Je viens de gagner un point, il commence déjà à s'ouvrir un peu.

- Alors si vous le permettez, je peux peut-être vous appeler ainsi. Répliqué-je d'un ton avenant en levant les yeux. Et bien sûr, vous aurez le droit de m'appeler Zoey, échange de bons procédés.

- Je ne tiens pas à vous appeler par votre prénom. Et vous n'êtes pas mon amie.

Je le vois se renfrogner.

- C'est vrai. Je concède. Disons cependant que nous allons partager des conversations sur des sujets intimes, donc -

- Ca, c'est vous qui le dites. Moi, je n'ai pas l'intention de partager quoi que ce soit avec vous.

- Je ne vous forcerais en rien, rassurez-vous. Rétorqué-je d'un ton apaisant. Mais je m'interroge alors sur votre objectif ici, dans ces murs, si vous ne souhaitez rien partager.

- Si je pouvais être ailleurs ... Marmonne-t-il.

- J'imagine que vous préféreriez vous passer de mes services, bien sûr. Mais je parlais plutôt de vos souhaits concernant votre santé et votre bien-être. Comme l'a dit votre ami, vous êtes dans un état de souffrance mentale. Et vous aimeriez aller mieux, je me trompe ?

- Parce que vous pensez être capable de me soulager de mes souffrances ?

- Bien sûr ! Je suis là pour cela justement, et -

- Et vous croyez peut-être qu'avec vos airs condescendants, vos bonnes manières et votre petit tailleur bon chic bon genre, vous allez parvenir à comprendre mes problèmes, à "me" comprendre, moi ?!

- Mais je ... heu ... Je bredouille, stupéfaite.

- Est-ce que vous connaissez ma musique, madame Ber-theu-ley ? Demande-t-il de but en blanc, sans me laisser le temps de répondre.

- Comment ?

- Vous m'avez bien entendu. Je vous demande si vous sauriez me citer une seule chanson que j'ai composé ... Avez-vous seulement écouté un titre de Muse ?

- Oh ... Hem ... A la radio oui, ça a dû arriver ...

- Ne vous fatiguez pas, j'ai saisi. Vous prétendez vous intéresser à moi, vous vous enorgueillissez de pouvoir m'aider en décryptant ce qui se passe dans ma tête, et vous n'avez même pas pris la peine de lire ce que j'écris pour des milliers de gens depuis des années ...

- Mais non, détrompez-vous ! Je n'ai pas eu le temps de -

- Vous voulez savoir ce que je pense, tout de suite ? Coupe-t-il d'un ton cinglant. Je vais vous le dire. Nous sommes en train de perdre notre temps, tous les deux. Et moi contrairement à vous, je préfère ne pas le gâcher en palabres inutiles.

Les yeux étincelant de colère, il se renfonce dans son siège et croise les bras en un geste qui signifie que la conversation est close. Je le dévisage, bouche bée. Il semble que je me sois un peu trop vite réjouie tout à l'heure, je me dois de corriger.

Un point pour lui.

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