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IV-SAUVÉ PAR UN PAPILLON

Je commence à avoir le tournis, comme si j'étais ivre. Ma vue se brouille, et je ne distingue plus qu'un vague bourdonnement qui me parvient depuis la foule. Je suis dans un état second. Cette chanson fait-elle partie de notre repertoire ? Comment pourrais-je jouer une musique que je ne me souviens même pas avoir écrit ?

Tout à coup, une voix aux intonations pressantes retentit à mon oreille et me ramène sur Terre, m'arrachant brutalement à ma torpeur.

- Bon sang Matt, mais qu'est-ce que tu fous ? Commence à chanter !

Désorienté, je tourne la tête dans sa direction. Le visage de Christopher est penché tout près du mien, tandis qu'il continue à jouer sa ligne de basse.

C'est alors qu'un déclic se produit en moi. Pas celui qu'escomptait Christopher, manifestement. Mais tant pis, il faut que je réagisse et me sorte de là. Instinctivement, j'empoigne ma guitare et entame fébrilement les premières notes de Butterflies And Hurricanes.

- Non Matt, pas celle-là ! Fait Chris à mes côtés, affolé. On l'a déjà joué !

Mais d'un bond, je m'éloigne de lui et m'obstine à répéter le même accord. Le jeu de batterie et la mélodie du clavier dans mon dos forment un ensemble cacophonique avec les sons que produisent ma guitare mais je m'obstine, et ils cessent enfin de jouer.

Ignorant le silence de mort qui pèse sur le stade à présent, je m'approche du micro et chante les premières paroles avec ferveur, me forçant à garder les yeux fermés, hermétique à tout ce qui m'entoure.

Change,
Everything you are
And everything you were
Your number has been called
Fights, battles have begun ...

Peu après, j'entends enfin mes comparses entamer le morceau à leur tour, soulagé. Les sonorités se superposent harmonieusement tandis que je débute le second couplet. La tachicardie qui comprimait douloureusement ma poitrine un peu plus tôt se mue alors en battements plus apaisés.

J'entonne le refrain et me perds dans la musique, délivré. Totalement imperméable à la consternation manifeste du public qui hésite encore à nous accompagner, et de mes compagnons, sidérés ...

* * *

Cherchant à éviter le regard inquisiteur de mes amis, je m'enfonce dans mon siège et garde les yeux rivés sur mes pieds, croisés devant moi. A peine le concert - ou le désastre devrais-je dire - achevé, Tom nous a pris à part avec Chris et Dom, et nous a enfermé dans la loge, loin des autres membres du staff.

- Matthew, je ne peux pas te laisser continuer à dire des choses pareilles, ce que tu nous racontes dépasse l'entendement ! S'écrie Tom, abasourdi.

Je reste muet, les yeux toujours baissés.

- Tom a raison, comment peux-tu avoir tout simplement "oublié" l'existence de toutes les chansons d'un album, Matt ... Poursuit Chris d'un ton soucieux. J'avais raison de m'inquiéter, tu vois. Cette chute tout à l'heure est plus grave que tu veux bien l'admettre ...

- Ou alors tu t'es camé en cachette, et tu nous racontes n'importe quoi pour donner le change, Renchérit Tom sévèrement.

- Je vous répète que je n'ai rien consommé ! Et je n'ai jamais entendu parler de cet album dont vous me parlez, "Black Holes ..." ! Si j'avais composé ces chansons, je m'en souviendrais ! On n'a jamais travaillé sur un quatrième album, je sais ce que je dis. Je veux bien croire que je pourrais oublier beaucoup de choses sous le coup d'un choc, mais pas ça ... pas notre musique ...

- Matt, cesse de nier l'évidence. Interrompt Chris. Tu n'as pu jouer aucun de nos derniers titres en deuxième partie de concert et même les fans n'en revenaient pas ! Surtout quand tu as occulté Knights of Cydonia pour interpréter une seconde fois Time is Running Out à la place, certains nous ont sifflé ... Tu les as entendu toi-même !

- Oui, et tu peux être sûr qu'on va avoir droit aux gros titres demain, dans les médias ... Déclare Tom, dépité. Puis il ajoute en haussant la voix et en esquissant un grand geste de la main. Je vois ça d'ici : "Matt Bellamy boude son dernier album et rejoue deux fois les vieux singles de Muse dans le même concert ! Etait-il bourré, shooté, ou les deux à la fois ? Les paris sont ouverts !"

Je pince les lèvres et serre les poings, mais ne proteste pas. En mon for intérieur, je lutte contre une profonde angoisse qui me ronge. Comment tout cela est-il possible ? C'est un mauvais rêve, je vais me réveiller bientôt ...

- Alors il n'y a pas eu de quatrième album, c'est ce que tu penses ? Et tu vas me soutenir que tous ces titres-là, ça ne ressemble pas à du "Muse" ? Insiste Dominic en poussant à fond le volume de son téléphone. Et ce n'est pas ta voix qui chante sur cette musique non plus ?

Il se lève du canapé, s'approche de moi et me tend l'appareil. Alors que son visage n'est plus qu'à une vingtaine de centimètres du mien, nos regards se croisent. Une lueur traverse ses yeux et je ressens une vive pointe au coeur. Ce que j'y lis me fait mal ... De l'inquiétude, de la compassion. Mais aussi les doutes et le soupçon. Pense-t-il lui aussi que j'ai abusé des stupéfiants ?

Après une hésitation, je me saisis enfin de son téléphone. Une application musicale est ouverte et j'entends jouer l'air d'un morceau intitulé Supermassive Black Hole. Même si les sonorités sont différentes de celles de notre troisième album, je ne peux nier qu'il s'agit bien de ma voix, et de notre musique aussi ... Cependant ces paroles, cet air ne me rappellent rien. Je n'ai jamais composé cette chanson. Il y a vraiment de quoi devenir dingue.

La mélodie retentit depuis le haut parleur du téléphone, seul éclat de vie dans le silence de la pièce. Tout le monde s'est tu, ils me scrutent comme une bête de foire, à présent. Ils espèrent sans doute une réaction de ma part. Une illumination soudaine, ou quelque chose comme ça. Ils vont être déçu, car rien ne me vient ...

Impassible, je continue à fixer l'écran. Et plus particulièrement l'image représentant la jaquette de "notre" album. Je me penche et plisse les yeux, concentrant toute mon attention sur la petite icône, ce témoignage d'un passé mystérieusement effacé. Et c'est à cet instant précis qu'un "remous" se produit en moi. Une sensation bizarre, désagréable même. L'impression que quelque chose se déplace dans mon crâne ...

Une bête.

Je tique imperceptiblement. Je ne peux détacher mon regard de l'image sur l'écran et pourtant je suis conscient que c'est justement elle qui provoque ce remue-ménage à l'intérieur de ma tête. "L'insecte" farfouille, gratte et creuse frénétiquement dans mon cerveau ... Provoquant une gêne de plus en plus lancinante, jusqu'à en devenir insupportable, et -

- Matt ! Tu vas bien ?

L'éclat de voix est tout proche et j'ouvre les yeux brusquement. Dominic s'est agenouillé juste devant moi et me dévisage d'un air soucieux. Je réalise alors que je retiens ma respiration et que tous mes muscles se sont bandés sous la douleur.

- O- oui. Je bredouille dans un soupir, en tâchant de me relâcher.

Soulagé, je constate que l'interruption de mon ami a stoppé la "chose" qui me vrillait le cerveau. Je lui tends le portable et détourne les yeux immédiatement, fuyant son regard perplexe. La peur me tord l'estomac. Mais que m'arrive-t-il, bon sang ?

- Er ... Je suis désolé, mais je voudrais rentrer chez moi, maintenant. Je murmure, les yeux dans le vague. Une extrême lassitude me pèse subitement. J'ai besoin de retrouver ma fiancée, mon lit, et de me-

- Ta ... quoi ?!

Je redresse la tête brusquement. Mes trois compagnons me dévisagent, stupéfaits. Ils échangent un bref regard entre eux, puis reportent leur attention sur moi, dissimulant mal leur nervosité. Un mauvais pressentiment me tenaille.

- Matt ... Commence Chris, d'un ton un peu trop prudent à mon goût.

- Non, non, non ... Je répète, en secouant la tête énergiquement, redoutant le pire. Je ne veux rien entendre ...

- Matthew ! Me coupe Dominic, les mains tendues vers moi, dans un geste réconfortant. Ecoute-nous, on va t'emmener ...

- Non je vais retrouver ma fiancée, je vous dis !

Ma voix se brise. Je refuse d'écouter un mot de plus. Je me suis levé de mon siège et m'éloigne d'eux à reculons, en tâtonnant dans mon dos à la recherche de la porte.

- Mais Matt, réveille-toi ! Tu n'as pas de fiancée ! S'exclame Tom. Tu ne t'es jamais fiancé, et tu n'as même pas de petite amie en ce moment !

Je continue à reculer, je veux fuir cette pièce. Ils se trompent. Ils me trompent ! Tous, ils me mentent.

- Si, j'en ai une ! Je réplique avec véhémence. Elle s'appelle Carla ! Elle attend un enfant de moi, elle est enceinte de cinq mois ... Et elle m'aime !

Je sanglote maintenant. Mes joues sont baignées de larmes. Les trois hommes m'observent sans un mot, impuissants. Leurs yeux trahissent leurs pensées, ils débordent de pitié. Visiblement, ils songent tous à la même chose.

Que je nage en plein délire.

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