Surprise, j'écarquillai les yeux. Mon corps se raidit mais je ne reculai pas la tête pour autant, assaillie par une foule de souvenirs.

"Je suis avec Lena dans la cour de récréation du collège. C'est le matin et nous attendons l'arrivée de nos amies. Nous sommes deux semaines après que j'aie accepté de sortir avec Thomas.

Lou et Hélène arrivent et nous nous disons bonjour. Soudain, je vois Thomas et son meilleur ami, Pierre qui m'appellent en faisant de grands signes. Ils sont sur le grand arbre qui se trouve au milieu de la cour. Je m'excuse auprès de mes amies et me dirige vers eux, Lena sur les talons.

" Salut Adèle, salut Lena, nous dit Pierre.

-Salut, dis-je avant de me tourner vers Thomas."

Je m'approche de lui et lui prends la main. Mais, au lieu du petit bisou sur la joue habituel, il pose timidement ses lèvres sur les miennes. D'abord surprise, je me détends rapidement. Quand on se sépare, Thomas et moi rougissons jusqu'aux oreilles. Hébétée, je n'arrive pas à arrêter de sourire stupidement.

D'ailleurs, Pierre et Lena aussi ont l'air surpris. Pendant cinq secondes, nous nous regardons tous sans rien dire. Puis Pierre, n'y tenant plus, éclate de rire et Lena s'exclame.

"Eh ben !"

Elle éclate de rire à son tour, mais je n'y fais pas attention. Je serre la main de Thomas dans la mienne et l'embrasse à nouveau."

Je reculai violement en repoussant à la fois Thomas et les souvenirs. Effrayée, je le regardai en essayant de calmer ma respiration qui était bien trop rapide à mon goût. Quand je parlai, les mots se mélangèrent dans ma bouche.

"Je... Nous... On ne peut pas ! On n'a pas le droit Thomas... Je ne peux pas la trahir... Pas à nouveau..."

Je me levai rapidement sans prendre le temps de voir sa réaction et attrapai mon sac à dos. Je fourrai ma lettre à l'intérieur et descendis du rocher sans un regard vers Thomas. Une fois en bas, toutes mes forces me lâchèrent, et j'éclatai en sanglots.

                                                                  ***

Lorsque j'arrivai devant chez moi, j'avais cessé de pleurer. Je regrettais un peu d'avoir réagi aussi brusquement, mais je devais à tout prix empêcher que ça se reproduise.

Je remarquai avec surprise, garée devant chez moi, une voiture qui n'y était habituellement pas. Un petit sourire se dessina sur mon visage et tous mes problèmes s'envolèrent dans un coin de ma tête, relégués à plus tard. J'aurais reconnu cette petite Clio bleue entre mille !

"Papa ! Justine ! m'écriai-je en me précipitant à l'intérieur de la maison."

Dès qu'elle me vit, le regard de ma soeur s'illumina. Elle se précipita vers moi et me serra contre elle.

"Adèle ! s'exclama t-elle. Tu m'as trop manqué !"

Ma soeur s'éloigna un peu de moi et son sourire s'élargit encore.

"Toi aussi, Juju, lui dis-je."

Elle rit et secoua ses beaux cheveux bruns. Ses magnifiques yeux verts brillaient. En la regardant rigoler, je me rendis compte à quel point nous étions différentes, que ce soit nos physiques ou nos caractères. Elle était brune, et moi blonde. Elle avait les yeux verts alors que les miens étaient couleur chocolat. Elle avait toujours été très populaire, alors que moi, j'étais assez timide et préférais rester avec mes amis plutôt que d'aller voir les filles populaires. Et, si elle était le portrait craché de ma mère, je ressemblais plus à mon père, en plus féminin, évidemment. En revanche, nous avions le même nez, et les gens riaient souvent de notre façon de le fronçer quand nous étions contrariées.

Je me tournai vers mon père, qui souriait à pleines dents et me précipitai dans ses bras. J'inspirai profondément, ravie de pouvoir sentir à nouveau son odeur -un mélange de feuilles d'automne et de chocolat (N.D.A. : Cherchez pas, je vais trop loin dans mon délire des fois...

😂😂😂).

"Comment ça va mon poussin ? me demanda-t-il."

Je grinçai des dents.

"Papa ! Je t'ai déjà dit au moins cent fois d'arrêter de m'appeller comme ça ! C'est vraiment trop ridicule ! Mais, sinon... Ça va pas trop, en ce moment, vous savez...

- Qu'est-ce qu'il y a ? s'alarma ma soeur."

Les larmes me montèrent aux yeux. Toute ma joie de les retrouver venait de s'envoler... Ils ne savaient pas, pour Lena...

"Je... Vous ? Demandez à maman, bredouillai-je finalement avant de m'enfuir dans me chambre en claquant la porte."

                                                                 ***

Mon père et ma soeur étaient partis en Suisse pendant deux semaines car ma soeur avait été qualifiée pour le concours Européen de danse classique. Elle avait toujours été douée, et personne ne savait d'où elle tenait ça : mon père, ma mère et moi étions raides comme des piquets !

Elle avait obtenu un très bon classement au concours, et j'étais contente pour elle. Justine et moi nous étions toujours bien entendues, mais nous avions évidemment des disputes de temps en temps, comme tous les frères et soeurs.

J'étais vraiment heureuse de les voir revenir, et je savais, bien sûr, que ce n'était pas de leur faute si ils n'étaient pas au courant pour le suicide de Lena, mais je ne me sentais pas assez forte pour tout leur expliquer. Pas encore. Je n'avais moi même pas encore tout assimilé...

Quelqu'un toqua à la porte et je sursautai légèrement.

"Qui c'est ? demandai-je surprise.

-C'est Justine... On peut discuter un peu ?"

Je grognai. je n'étais pas sûre d'en avoir envie.

"J'ai apporté des bonbons, ajouta-t-elle, une note de malice dans la voix."

Un sourire en coin apparut sur mon visage et je lui ouvris la porte. Décidément, ma soeur me connaissait beaucoup trop bien ! Justine me sourit tristement et elle s'assit à côté de moi sur mon lit. Elle avait l'air de retenir ses larmes.

"Maman m'a tout expliqué. Je suis vraiment désolée. Tu, sais, je l'aimais bien, moi..."

Je ne répondis pas. De toute façon, qu'aurais-je pu répondre ? Que moi aussi, je l'aimais bien ? Je me contentai donc d'hocher la tête. La tristesse m'envahit à nouveau et Justine me prit dans ses bras. Je n'empêchai plus mes larmes de couler et me laissai aller dans les bras de ma soeur. Elle se mit à me bercer avec une grande douceur, comme si elle craignait de me briser. Peu à peu, ma vue brouillée par les larmes s'assombrir et, quelques minutes plus tard, je dormais d'un sommeil de plomb...

Voilà ! J'espère que ça vous plaira... Ce chapitre et le suivant sont un peu courts, désolés, avant ce n'en était qu'un seul, mais je l'ai séparé en deux, ça me paraissait mieux...

Bisous !

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