Chapitre 17 : le vrai visage
Cheryl, précédée d'une trentaine de lycéens, venait de sonner à la porte d'Archie.
- Qu'est-ce que... commença à dire Archie.
- Non mais c'est quoi ce bordel ? s'exclama Veronica, remontée. Cheryl, aux dernières nouvelles, on ne t'a pas invitée alors tu peux repartir par le même chemin dont tu es venue. Et ça vaut pour tes copains aussi.
- Tu es sûre ? sourit Cheryl. Regardez ce qu'on vous apporte.
Cheryl se décala sur le côté pour laisser passer quatre gars assez costauds qui portaient des énormes fûts de bière. Je ne les connaissais pas personnellement mais il me semblait qu'ils étaient dans l'équipe de football avec Archie.
- Alors ? reprit Cheryl. Avouez que votre soirée manque cruellement d'ambiance.
La rousse n'avait pas tout à fait tort. Il était vrai qu'à part discuter debout en petits groupes, cette soirée n'avait rien de grandiose. D'un côté, c'était évidemment ce que Jughead préférait. Mais bordel, pourquoi Cheryl s'était-elle sentie obligée de venir ruiner la fête ? J'espérais sincèrement que ça n'allait pas me retomber dessus, parce que je lui avais clairement dit que je ne voulais pas de son aide.
- Bon, qu'est-ce que vous en pensez, les gars ? nous demanda Archie en fixant les fûts d'alcool.
- Plus on est de fous, plus on rit, dit timidement Kevin.
- Faîtes comme vous voulez, j'm'en fous un peu, marmonna Jughead avant de disparaître dans une autre pièce.
Il n'en fallut pas plus à Cheryl et ses amis pour entrer. Ils apportèrent donc la bière et d'autres divers alcools, ainsi qu'une table de mixage afin de pouvoir mettre de la bonne musique. Je parvins à me frayer un chemin parmi la foule qui avait envahit la maison d'Archie et je tirai Cheryl par le bras en protestant :
- Mais qu'est-ce que tu fous ? T'es sourde ou quoi ? Je t'avais dis que je ne voulais pas que tu viennes saboter cette soirée !
- Détends-toi, Jen, murmura-t-elle. Je suis là pour m'amuser, rien de plus, alors ne te tracasse pas. Après, si Jughead n'aime pas sa fête, c'est parce qu'il est bizarre. Il n'a qu'à être un peu plus normal. Tout lycéen normalement constitué rêverait d'une fête comme celle-là.
Les paroles de Cheryl me firent bouillir : je détestais qu'on dise de Jughead qu'il n'était pas normal. Il était différent, certes, mais à mes yeux c'était un grande qualité.
- Il est comme il est ! m'exclamai-je en essayant de garder mon calme. Je te jure que s'il se passe quelque chose, tu risques de m'entendre.
- C'est noté ! rigola-t-elle comme si elle ne m'avait même pas écouté. Bon, sur ce, je vais m'amuser.
Et elle me laissa en plan. Putain, je n'aimais pas du tout la tournure que prenaient les évènements. De toute manière, la simple arrivée d'une trentaine de lycéens dont Jughead ignorait l'existence avait réussi à gâcher sa fête. Mais au fait, où était passé Jughead ? Je scrutai les environs mais je ne le vis pas. Heureusement, Archie m'informa qu'il l'avait vu partir en direction du garage. Ce dernier ne s'était pas fait prié et avait déjà avalé deux verres de bières d'une traite. Quoi qu'il en soit, je me rendis donc au garage : effectivement, la porte était grande ouverte et la lumière était allumée. Cependant, Jughead ne semblait pas seul car j'entendis des voix, une conversation ou plutôt une dispute. Sans me faire voir, je me mis à écouter ce que les voix disaient.
- Tu t'es sentie obligée de m'organiser une fête pour prouver à tous que tu es la meilleure des petites amies ! s'exclama Jughead. Mais devine quoi ? Je ne suis pas comme tout le monde, je ne participe pas aux grandes beuveries et orgies qui sont à la mode, tu vois.
- Juggy, je te jure que je pensais que ça te ferait plaisir. Archie m'a dit que tu n'avais jamais eu de fête d'anniversaire alors j'ai pensé qu'il était temps de remédier à cela, geignit Betty. Je voulais simplement te faire plaisir ...
- Et bien la prochaine fois, abstiens-toi, gronda-t-il. Tu veux toujours montrer que tu es parfaite, mais regarde-moi, bon sang ! Je t'ai l'air parfait ? Je ne pense pas. Je suis bizarre, je n'ai pas de maison, pas de famille qui tienne la route et je suis tout sauf la copie conforme d'un lycéen classique.
- Je m'en fiche, Juggy, se mit à pleurer Betty. Je suis bien avec toi et contrairement à ce que tu penses, je n'ai rien à prouver à personne, je...
- Tu es bien avec moi ? répéta Jughead. Et tu ne serais pas mieux avec Archie ? Je te rappelle que je ne suis que ton second choix, parce que je sais que tu placeras toujours Archie en première position.
- Comment peux-tu dire ça ? sanglota à nouveau Betty, mais cette fois-ci de colère.
En tout cas, c'était sûrement très égoïste et méchant de ma part, mais leur dispute me faisait jubiler de l'intérieur. Tellement jubiler que lorsque Betty sortit du garage en trombe sans que je ne m'y attende, un immense sourire était dessiné sur mon visage.
- Qu'est-ce que tu fous là ? cria Betty à mon attention. Ça te fait plaisir, n'est-ce pas ? Mais ne te réjouis pas trop vite, Jughead et moi, c'est loin d'être fini.
- Alors ça y est, fini les faux sourires et les politesses déguisées ? J'attendais ce moment depuis un certain temps, dis-je en essayant de paraître la plus sûre de moi possible.
Ça avait l'air de l'énerver, ce qui me fit encore plus apprécier le moment.
- J'essayais d'être polie, vois-tu, d'avoir un minimum de pitié envers toi étant donné que Jughead t'avait laissé tomber. Et tout ça, parce que je lui avais suggéré.
- Ah oui, et tu penses que ça va durer combien de temps ? Je te parie que dans moins d'une semaine, on se reparlera totalement comme avant, voire encore plus. C'est impossible que l'on reste séparés, ajoutai-je pour l'énerver davantage.
J'étais prise d'une poussée d'adrénaline. Depuis le début, Betty jouait les miss parfaites et faisait comme si ma relation avec Jughead lui importait peu. Et là, à présent, elle était en train de craquer et c'était peut-être un peu sadique, mais j'adorais cela. De toute manière, une dispute entre Betty et moi était inévitable, et je m'étais tant de fois imaginé le scénario dans ma tête, mais j'étais loin de deviner que ce serait Betty qui déclencherait les hostilités, et encore moins à l'anniversaire de Jughead. J'étais donc bien déterminée à faire tout mon possible pour la pousser à bout. D'ailleurs, cela semblait marcher car je la vis serrer les poings tellement fort que ses jointures en devinrent blanches. De même, étant tellement prise par cette conversation quelque peu houleuse, je n'avais pas remarqué que Jughead nous avait rejoint, ainsi qu'un petit groupe d'invités qui venait de se former.
Toutefois, Betty ne fit pas attention à la foule et répliqua avec un léger sourire :
- Tu ne comprends dont pas ? Je me fous que Jughead et toi vous reparliez dans un futur proche. Tout ce que je retiens de cette histoire, c'est que Jughead m'a choisie à toi. Quand je lui ai dis d'arrêter de te parler, tu penses qu'il a hésité ? Pas une seule seconde.
- Bon, les filles, ça suffit, dit Jughead, embêté. Cette conversation ne mène à rien et est totalement inutile.
- Ah ouais ? fis-je à Betty en ignorant totalement la remarque de Jughead. Mais réfléchis trois secondes. Si tu es si exceptionnelle et unique que tu le dis, pourquoi être jalouse de mon amitié avec Jughead ? Pourquoi si peu de confiance envers Jug ?
Soudain, Cheryl vint se placer à ma droite. Je n'avais aucune idée depuis combien de temps elle était là, mais je savais que ce n'était pas bon signe.
- Et surtout, Betty, dit Cheryl d'un ton mauvais, si Jughead tenait autant à toi, pourquoi aurait-il avoué à Jenna qu'il en était amoureux ?
Et là, il y eu un blanc. En fait, en regardant autour de moi, je me remarquai que la fête s'était totalement stoppée et que désormais, Betty, Cheryl, Jughead et moi étions l'animation de la soirée. Personne n'osait bouger, pas même Veronica, Archie ou Kevin.
Et merde, pourquoi Cheryl avait-elle dit cela ? C'était ce qu'il fallait à tout prix éviter parce que tout d'abord, je n'étais pas censée en parler à qui que ce soit, et ensuite parce qu'il ne fallait pas que Betty soit au courant ! Bien sûr, je m'en fichais qu'elle le sache, mais je savais que ça mettrait Jughead dans la merde.
Je me retournai donc vers Cheryl et jurai à voix basse :
- Putain, mais qu'est-ce qu'il t'a pris de...
Et soudain, je fus couper par la main de Betty qui vint claquer sur ma joue gauche. Bordel, elle m'avait vraiment giflé ?
- Mais ça ne va pas ? s'exclama Jughead légèrement en colère à l'intention de Betty.
- Tu comptes réellement prendre sa défense ? s'énerva Betty. Après tout ce qu'elle nous a fait ?
Mon sang ne fit qu'un tour et je me jetai sur Betty mais malheureusement quelque chose me stoppa. Archie venait de m'agripper les bras et malgré toute la volonté que j'y mettais, je ne pus me séparer de son étreinte.
- Lâche-moi, criai-je à l'intention du roux.
- Calme-toi, Jenna, c'est inutile de s'énerver pour ça.
- S'énerver pour ça ? Elle m'a giflée, tu penses que je vais rester sans rien faire ? Lâche-moi !
Betty, quant à elle, avait fait quelques pas en arrière et me regardait d'une manière étrange. en fait, j'avais l'impression qu'elle regrettait son geste, comme si elle était choquée d'elle-même, de ce qu'elle venait de faire. En regardant autour de moi, je vis que tous les visages étaient tournés vers Archie et moi. Je devais avoir l'air d'une folle alors je repris mon calme et Archie se décida enfin à me lâcher.
- Mais Jenna, tu saignes ! s'écria Cheryl. Tu as du sang sur la joue ?
- Quoi ? Ce n'est pas possible, cette folle n'a pas pu m'ouvrir la joue avec une simple baffe.
Je passai ma main sur ma joue gauche. Effectivement, il y avait un peu de sang, pourtant je ne comprenais pas, je n'avais pas l'impression d'être ouverte et je ne ressentais aucune douleur à part la brûlure que la gifle m'avait infligée.
- Attends, murmura Cheryl en examinant ma joue. Ce... ce n'est pas ton sang. Tu n'as aucune plaie.
D'un coup, Veronica saisit le poignet de Betty et la força à ouvrir sa paume.
- Oh mon Dieu ! s'écria la brune. Est-ce que tu t'es fait ça toi-même ? Avec tes ongles ?
Betty regarda à gauche, puis à droite. Elle ne semblait pas savoir où donner de la tête, comme si aujourd'hui, son masque était en train de tomber devant une quarantaine de personnes. Contre toute attente, elle s'enfuit en courant. Tout le monde semblait surpris de cette réaction.
- Qu'est-ce que vous avez ? cria Veronica à l'intention des lycéens que nous ne connaissions pas trop. Vous comptez admirer le spectacle encore longtemps ? La fête est finie, vous pouvez partir.
Voyant qu'ils ne savaient pas vraiment s'ils devaient écouter Veronica ou pas, Cheryl poursuivit :
- Vous êtes sourds ? Allez, reprenez votre bière et partez !
Cette fois-ci, les lycéens écoutèrent. Ils retournèrent dans la maison d'Archie, prirent leur musique et leur alcool et fichèrent le camp. Il ne restait donc que Jughead, Archie, Veronica, Kevin, Cheryl et moi.
- Bon, je vais chercher Betty, soupira Jughead.
Il n'avait pratiquement pas prononcé un mot durant notre dispute, et je me demandais ce qu'il en pensait. Quoi qu'il en soit, pourquoi est-ce qu'il allait retrouver Betty ? Pourquoi est-ce qu'il ne restait pas avec moi ?
- Sérieusement, Jug ? m'exclamai-je. Après qu'elle m'ait agressée, tu vas la voir ?
- Elle ne l'aurait pas fait si Cheryl ne lui avait pas dis que je ressentais quelque chose pour toi ! Et crois-moi, ce n'est pas moi qui suis allé cafter auprès de Cheryl, alors il me semble assez évident que c'est ta faute.
Etait-ce une blague ? Tout était en train de me retomber dessus.
- Tu plaisantes ? criai-je. Attends, ce n'est pas mon problème si tu sors avec Betty mais que tu n'arrives pas à être attaché à elle comme tu devrais l'être. Je n'ai rien demandé, moi ! Et je n'ai de comptes à rendre à personne non plus, donc laisse-moi te dire que c'est ton problème et que ce n'est en aucun cas ma faute !
Jughead se sentit certainement un peu idiot car il répondit piteusement :
- Je... tu as raison. Mais bon, il faut quand même que j'aille chercher Betty.
- Jughead Jones, m'écriai-je, je te jure que si tu t'en vas pour aller la voir, tu peux me dire adieu.
Il sembla hésiter une seconde, puis il me tourna le dos et partit.
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