De nombreuses semaines sont passées depuis la fin de la mission. Je me sens bien et je suis heureuse aux côtés des jumeaux.

Julien nous a avoué qu'il faisait du théâtre et nous sommes allé le voir à de nombreuses représentations. J'avoue qu'il est vraiment doué.

John, quant à lui, s'est beaucoup amélioré en cuisine. Il arrive maintenant à réussir son omelette à tous les coups. Mais bon... on sait tous que, sans Marguerite, il n'y arriverait pas ! Mais personne ne lui dit pour ne pas le vexer.

D'ailleurs, en parlant de Marguerite, celle-ci sort avec John et s'est très bien intégrée à notre famille malgré les nombreuses taquineries de Julien. On s'entend très bien elle et moi.

Là, je suis devant la télé et je mange des chips. Il est 14h et on a toujours pas mangé le repas de midi. Je meurs de faim !

Mais, comme c'est l'anniversaire de Julien et le sien, John veut préparer quelque chose de spécial pour le dessert. D'ailleurs, en parlant de Julien, celui-ci arrive dans la salle et vient s'asseoir à mes côtés sur le canapé.

- Joyeux anniversaire !

Je lui saute dessus et l'embrasse à pleine bouche. Le garçon bascule et se retrouve allongé sous mon poids. Il se met à rire et me repousse.

- Je peux plus respirer, So. Tu m'étouffes !

Je ris et me redresse, le laissant se relever. Il me dépose un léger baiser sur les lèvres et se concentre sur la télé.

- Tu regarde encore ce ramassis de conneries ?

Je hausse les épaules.

- C'est juste pour me détendre et me changer les idées.

C'est vrai que, quand je ne fais rien, des centaines de pensées obscures viennent noircir mon cerveau. Dans ces moments, je pense à Hugo, à Anthony. Je fini toujours par faire une crise de panique. Heureusement que Julien est la...

Julien me prend dans ses bras et nous continuons à regarder ''les lycéennes des temps modernes'' jusqu'à ce que John appelle enfin pour manger :

- À table !

J'éteins la télé et me précipite dans la salle à manger en traînant Julien derrière moi. Je m'assois à ma place, à côté de Marguerite et Julien prend sa place en face de moi.

Nous dégustons les pâtes bolognaise préparées par John et Marguerite. Je dois avouer que c'est un délice. Je m'en ressers une deuxième puis, une troisième fois.

- Tu devrais garder de la place, So. On a préparé un super gâteau pour le dessert !

Un gâteau ! J'espère qu'il sera bon !

- T'étais pas obligé de te compliquer la vie frérot.

- Bien sûr que si ! C'est notre anniversaire ! Ça se fête !

Julien sourit et hausse les épaules.

- Si tu le dis.

Je regarde les assiettes de chacun. Elles sont toutes vides. Qu'est ce qu'on attend pour servir le gâteau ? Je me met à taper sur la table en chantonnant :

- Le gâteau ! Le gâteau ! Le gâteau ! Le gâteau !

Marguerite me suit dans mon délire. Les jumeaux se mettent à rire et John se lève. Il va chercher le gâteau dans le frigo et le pose sur la table. Il est au chocolat. Mes yeux pétillent d'envie.

- Sophie, sers toi, t'as l'air d'en mourir d'envie.

Je ne me fais pas prier. Je me sers la plus grosse part possible, en coupe un morceau et l'enfourne dans ma bouche. Je le mâche lentement et donne mon verdict :

- Délichieux !

Je remet un morceau dans ma bouche. Je termine ma part en moins de temps qu'il me le faut pour le dire. J'aimerais en reprendre mais il n'en reste plus.

Je soupire et tourne la tête vers l'horloge au-dessus du frigo. Il est presque 16h ! Je tourne mon regard paniqué vers Julien et le préviens :

- Julien ! Il est presque l'heure !

Il fais les gros yeux, tout aussi paniqué que moi. John, lui aussi, se met à réagir :

- Quoi ?! Déjà ! Vite ! On va être en retard ! Il faut pas que tu sois en retard Juju ! Tu es la vedette !

On se lève tous les quatre en même temps et nous nous précipitons dehors. Nous monttons dans la voiture, Marguerite et moi derrière, et les garçons devant.

John démarre le véhicule et roule à fond jusqu'à la salle de spectacle. Julien sort alors de la voiture et court jusqu'au bâtiment. Il doit se préparer. Je souris en le voyant courir.

Nous sortons de la voiture calmement et nous dirigeons, nous aussi, vers la salle de spectacle.

Nous nous asseyons aux premières loges sur les sièges qu'on avait réservés pour l'occasion.

Au même moment, le rideau s'ouvre et la pièce commence.

***

La pièce est presque terminée. Julien a bien joué, comme d'habitude mais j'ai remarqué qu'il forçait moins sur sa voix. C'est bizarre, lui qui aime en faire des tonnes...

Le voilà de retour sur scène pour sa dernière tirade. Il se dresse royalement devant nous et commence son discours. Ses gestes s'incorpore parfaitement avec ce qu'il dit. Il est vraiment excellent !

Alors, quand il commence à faire des grimaces en se se tenant la gorge, je trouve ça normal. C'est seulement quand sa voix se transforme en gémissement de douleur que je comprends que quelque chose cloche.

Je fronce les sourcils et jette un regard à John. Celui-ci regarde son frère, horrifié. Il se lève alors et monte sur la scène.

- Le spectacle est terminé !

À ce moment là, Julien tombe sur le sol. Je pousse un cri d'effroi. Qu'est ce qui est en train de se passer ? Je ne comprends plus rien ! Marguerite est dans le même état que moi.

Je me précipite sur la scène pour aider Julien tandis que Marguerite appelle les pompiers. Quelque chose de grave est en train de se passer...

- John ? Qu'est ce qu'il se passe ?

Mon frère tourne un regard humide vers moi. Il est en train de pleurer ?

- Sophie... Il faut appeler les pompiers...

- Marguerite est en train de le faire... tu peux me dire ce qu'il se passe ?

- Ce n'est pas a moi de t'en parler... tu demanderas à Julien quand il sera réveillé...

Je me sens rassuré. Alors, il va se réveiller ?

Les gens quittent peu à peu la salle avec des murmures inquiets. Les pompiers arrivent quelques temps plus tard et embarquent Julien sur un brancard.

Le voir se faire emmener comme ça me fend le coeur. Pourquoi John refuse t-il de me dire ce qu'il se passe ? Nous montons tous trois dans la voiture et John fonce à l'hôpital.

***

Nous attendons dans la salle d'attente depuis à peu près une heure. Je suis dans un stresse total.

John est étrangement silencieux et Marguerite est à ses côtés. Moi, je fais les cent pas. J'en ai marre d'attendre. Je veux savoir si mon copain va bien. Je ne m'en remettrais pas s'il devait lui arriver quelque chose. Je l'aime trop pour le perdre.

J'essaie tant bien que mal de me rassurer mais, quand je vois John dans cet état, je me dis que ça ne peut être que grave. Je porte ma main à ma bouche et commence à me ronger les ongles.

Enfin, le médecin arrive. Il a le visage neutre. Il s'approche de nous et nous fait un sourire de politesse.

- Votre frère s'est réveillé.

- On peut aller le voir ? je demande.

- J'y vais en premier Sophie. Je dois lui parler. me coupe John.

Le docteur hoche la tête et emmène John dans la chambre d'hôpital de Julien.

Des larmes de panique apparaissent au bord de mes yeux. Je ne veux pas les laisser couler.

Marguerite pose une rassurante sur mon épaule. Je lui lance un regard, elle me fait un sourire. Je sers les dents pour ne pas pleurer et je détourne le regard.

Il faut que je reste forte. Il ne faut pas que je pleure. Si ça se trouve, ce n'est rien de grave et on en fait toute une histoire pour rien. Je prie pour que ce soit ça... Mais, au fond de moi, je sais que c'est grave. C'est ce qui est horrible... Je me remet à faire les cent pas en me rongeant les ongles.

Soudain, John sort de la chambre. Il a le visage triste et les yeux humide et rougis. Il a pleuré... J'acours vers lui avec un regard interrogateur.

- Alors ? Il va bien ?

- Il t'attend, Sophie. Il veut te parler.

Je me tais, stressée. John va rejoindre Marguerite et la prend dans ses bras.

Mon coeur s'accélère quand je prends le chemin de la chambre de mon copain. J'entre dans la pièce sans frapper et aperçois Julien, allongé dans son lit en robe de chambre d'hôpital. Cette image me fend le coeur.

Je m'avance vers lui, doucement. Quand il me voit, il me fait un sourire triste. Il me prend fermement la main et me dit d'une voix rauque :

- Je vais tout t'expliquer.