PDV Sophie :

La semaine sans cours est passé à une vitesse folle. C'était super de ne rien faire et de faire la grasse mat tous les matins ! Mais ces temps sont terminés...

Actuellement, on est dimanche soir et je suis allongée sur mon lit  en train de broyer du noir. Demain, il va falloir que je retourne en cours... Et je n'en ai aucune envie... J'ai juste envie que cette mission s'arrête... Je l'avoue, j'ai envie de rentrer chez moi, j'ai envie de voir les visages de John et de Julien... Je suis littéralement en train de déprimer...

Le lendemain matin, je vais en cour. Dans les couloirs qui mènent à l'amphithéâtre, je marche en traînant des pieds tel un zombie. J'arrive devant la grande porte en bois et entre dans la grande salle en soupirant.  Quand j'arrive au milieu de la salle pour prendre les escaliers, tous les élèves qui sont présents commencent à m'acclamer :

- Sophie ! Sophie ! Sophie ! Sophie !

Quoi ? Mais... qu'est ce qu'ils leur prend tout à coup ?! Ils continuent de m'acclamer tandis que je monte dans les gradins pour me trouver une place.

- Sophie ! Sophie !

Ça commence à devenir gênant... Mais pourquoi m'acclament-ils à la fin ?! Je rougis. Soudain, une voix familière m'appelle :

- Sophie ! Par ici !

Je tourne ma tête vers celui qui m'a appelé. Anthony. Dieu merci ! Je me précipite vers lui. Les élèves m'acclament encore et la prof n'est toujours pas arrivée... Je m'assois à côté d'Anthony.

- Sophie ! Sophie !

J'aimerais vraiment disparaître six pieds sous terre...

- Tu sais pourquoi ils m'acclament ?

- Euh... Hugo et moi ont leur a raconté tes exploits avec l'ours...

- Ah... d'accord... je comprends mieux.

Il me fait un sourire désolé tandis que la prof entre enfin dans la pièce. Quand les élèves voient la prof, ils se taisent petit à petit.

Le cour commence, toujours aussi intéressant (notez l'ironie). Hugo n'est pas là, je ne sais pas si il va pouvoir venir avec la blessure qu'il a...

La sonnerie retentit alors que j'étais sur le point de m'endormir.

- Tu viens avec moi voir Hugo ? me demande Anthony.

- Oui bien sûr.

Je descends en compagnie du garçon chatain. Sur le chemin, je croise le regard de Cristal. Celui-ci est rempli d'un profond respect. Maintenant que j'ai sauvé Anthony d'un ours, je ne risque plus de me faire tabasser ! Je souris.

Nous attendons, dans la salle d'attente de l'infirmerie, que l'infirmière nous autorise à entrer. Le silence est lourd mais, ni moi ni Anthony n'avons envie de le briser. Soudain, mon ventre émet un gargouillis sonore. Anthony me regarde, choqué et j'éclate de rire. Il ne met pas longtemps à me rejoindre dans mon euphorie. On m'a toujours dit que mon rire était contagieux...

Soudain, l'infirmière, une femme d'une cinquantaine d'années avec des cheveux châtains grisonnants, entre dans la salle d'attente en gromelant :

- C'est bon les jeunes. Vous pouvez y aller.

Anthony se lève et entre dans la pièce, je lui emboîte le pas.

Dans l'autre pièce, tout est blanc et rempli de lit. J'aperçois Hugo debout au milieu de la pièce.

- Alors comment tu vas aujourd'hui Hugo ? demande Anthony.

- Super bien ! D'ailleurs l'infirmière veut que je retourne en cours cet aprèm...

Il fait une grimace en disant cette dernière phrase. Le pauvre... Il pensait qu'il allait encore rater une journée de cours ? Et ben non ! Anthony tapote l'épaule de son meilleur ami avec un sourire. C'est ce moment que choisit mon ventre pour émettre, encore une fois, un énorme gargouillis.

- Je crois que Sophie a faim... on ferait mieux d'aller manger... tu viens avec nous Hugo ?

- Oui. L'infirmière m'a dit que je pouvais m'en aller.

Nous prenons donc, tous les trois, le chemin de la cantine.

Le reste de la journée se passe comme une journée normale. D'ailleurs, c'est la seule journée normale que j'ai passé depuis que je suis ici...

Là je suis dans mon lit. J'essaie de trouver le sommeil pour la journée de demain. Mais je n'y arrive pas... Je me pose une question : comment finir cette mission ? Certes, j'ai réussis à gagner la confiance d'Anthony mais après, je fais quoi ? Je m'invite chez lui, comme ça, sans raison ? Non, ce serait trop suspect... Je pourrais faire croire à son père qu'on doit faire un exposé, Anthony et moi ? Non, Anthony le nierait... Quoi d'autre y a-t-il comme solution ? Je soupire. C'est peine perdue de trouver une solution... autant attendre une chance inespérée...

J'étais sur le point de m'endormir quand des éclats de voix me parviennent aux oreilles. C'est celle d'Anthony. Il a l'air d'être au téléphone car je n'entends que sa voix. De la lumière me parvient de l'autre côté du mur. Je me lève de mon lit et monte sur mon bureau précipitamment. Par le trou, je peux apercevoir Anthony faisant les cent pas, téléphone à l'oreille. Je tends l'oreille pour entendre de quoi il parle :

- Mais non papa, j'te jure ! Elle a faillit mourir pour nous sauver de cet ours !

- ...

- Oui je sais, je m'en rappelle papa !

- ...

- Mais j'te dis qu'elle ne veut de mal à personne ! C'est toi même qui m'a dis que je m'inquiétais pour rien !

- ...

- Tu m'as dis de la tester, c'est fait ! Et je peux te dire qu'elle est inoffensive !

- ...

- Mais si tu m'as dis ça ! Tu te rappelle pas ?!

- ...

- Bon, tu sais quoi ? Laisse tomber ! Je l'inviterais quand même à la fête que tu le veuille ou non ! Aller, à plus !

Il raccroche en grommelant. Soudain, il pose son regard sur le trou en fronçant les sourcils. Merde ! Je me baisse précipitamment. J'espère qu'il ne m'a pas vu...

Je descends du bureau doucement et me rallonge dans mon lit. J'affiche un sourire sur mon visage. La chance inespérée que j'attendais est arrivée très vite tout compte fait ! Anthony va m'inviter à une fête chez lui ! Il faudra que je fasse attention car ce sera sans doute la seule chance que j'aurais...

Le lendemain matin, mon réveil sonne exactement à la même heure que les autres matins. Je me prépare, exactement comme les autres matins. Et je vais en cour, exactement comme les autres matins. Je commence vraiment à me lasser... Heureusement, la semaine prochaine c'est les vacances. Deux semaines de repos avec John et Julien, que demander de mieux ? Et puis il y aura sûrement la fameuse fête d'Anthony pendant les vacances. Et qui dit fête dit aussi la fin de la mission !

L'heure de midi arrive. Je descends les gradins en compagnie d'Anthony, de Hugo et du reste de leur groupe. Ils m'ont tous acceptés sans grogner, même Cristal.

On arrive à la cantine un peu en retard du coup il ne reste que des places à deux ou trois.

- Bon ben, va falloir se séparer... Sophie et Hugo vous venez avec moi ? questionne Anthony.

- Ouais.

- OK.

On abandonne le reste du groupe et on va s'asseoir près de trois parfaits inconnus.

On mange depuis près de dix minutes quand Anthony se racle la gorge pour parler. Il me jette un regard comme si il voulait s'adresser plus particulièrement à moi. Je crois que je sais ce qu'il va me dire...

- Sophie. Je pense que tu sais déjà ce que je vais te dire puisque tu m'as espionné par le trou dans le mur...

Je rougis. Donc, il m'a bien vu hier soir. Génial... moi qui veux me faire la plus discrète possible, c'est raté... Je souris, gênée et invente une excuse :

- J'ai entendu ta voix qui criait -d'ailleurs tu m'as réveillé- je voulais juste voir ce qu'il se passait sans pour autant te déranger !

- Ouais... tu m'as espionné quoi... dit-il, pas convaincu.

- Ben ouais. Si, pour toi, voir si tout va bien c'est espionner, alors ouais, je t'es espionné.

Les deux jeunes hommes lèvent les yeux aux ciel, exaspérés.

- Bref ! Comme tu le sais déjà, j'aimerais t'inviter à une fête chez moi.

- Génial ! Et ce serait quand ?

- De dimanche à lundi, vu que c'est les vacances...

- Super ! J'y serais !

- Génial !

Le reste du repas se fait dans le silence.

Le soir, j'appelle John. Dans la salle de bain, pour ne pas que Anthony écoute ma discussion comme j'ai écouté la sienne. C'est Julien qui répond à la deuxième sonnerie :

- Salut Sophie !

- Hey ! Julien ! Devine quoi ?!

- Euh... La mission va réussir ?

- Oui !! Anthony m'a invité à une fête chez son père dimanche !!

- Mais c'est génial ça !! Attends, je met le haut parleur pour que John entende !

La voix de John retentit à mon oreille :

- Alors ? Qu'est ce qu'il y a de si génial ?

Je lui annonce la super nouvelle.

- Wahou ! C'est génial ! Mais fais attention Sophie... ce sera sans doute ta première et dernière chance... me prévient John.

- Oui, je le sais. Je te promet de faire attention John.

- Tu vois j'ai pas été si mauvais en contrôleur de mission ! s'exclame Julien.

- Non, au contraire Julien, t'as été parfait ! Mais je peux savoir pourquoi c'est encore toi qui a répondu au tel de John ?

- John avait les mains prises alors il m'a demandé de répondre... Mais j'avoue que je n'aurais pas répondu si je n'avais pas vu ton nom sur l'écran. Juste pour le faire chier !

Je rigole tandis que j'entends les deux jumeaux se battre verbalement à l'autre bout du fils. Je les coupe en demandant :

- Et pourquoi John avait les mains prises ?

J'entends le concerné dire :

- Ah ah ! Surprise !

- Bon Sophie, je dois raccrocher. On est occupé comme tu le sais. On se voit vendredi soir !

- Ouais ! À vendredi soir !

Il raccroche. Je souris. Je les aime vraiment beaucoup ces deux là ! Avant cette mission, je pensais que Julien ne m'aimait pas. Je me trompais. Il m'aime peut-être même plus que John...

Je sors de la salle de bain et vais m'allonger sur mon lit, le sourire aux lèvres.