- Sophie ! À l'aide !

Ce cris venait de pas très loin ! Je commence à courir le plus vite possible en criant :

- Ne vous inquiétez pas les gars ! J'arrive !

C'est alors que je débouche dans une petite clairière où le soleil arrive tant bien que mal à filtrer entre les branches des arbres. Ce que je vois me glace le sang. Un ours brun gigantesque se dresse devant mes deux camarades. Il a de la bave au coin des lèvres et grogne sauvagement. L'ours ne m'a pas encore sentit... ça me donne un avantage ! Il faut que j'agisse vite !

Soudain, l'ours se dresse sur ses pattes arrière et pousse un hurlement sauvage. Puis, il martel le sol de ses pattes avant tellement fort et tellement près des deux garçons que ceux-ci tombent au sol. Je retiens un hurlement, il ne faut pas que l'ours me remarque. Celui-ci s'avance vers les deux garçons d'un pas menaçant. Vite ! Il faut que je fasse quelque chose ! Mais quoi ? Je ne peux tout de même pas affronter un ours seule, si ?

- Julien je t'en pris ! Oubli ta haine et aide moi ! Pour le bien de la mission !

Un silence me répond. L'ours se cabre. Il va s'abattre sur Hugo ! Je hurle, tant pis pour la discrétion :

- Hugo, attention !!!

Celui-ci roule sur le côté juste au moment où l'ours s'abat sur le sol.
L'ours se tourne subitement vers moi. Il m'a repéré ! Il s'avance vers moi à pas lents et menaçants. C'est alors que Julien daigne enfin parler dans ma tête :

- Surtout il ne faut pas que tu lui montre que tu as peur ! Dis le aux autres !

- Franchement c'est plus facile à dire qu'à faire...

- Dis le aux autres !

L'ours s'avance toujours vers moi en grognant, la bave au coin des lèvres. Je ne recule pas et garde la tête haute. Je respire profondément. Je n'ai pas peur, je n'ai pas peur ! Je cris :

- Les gars ! Il ne faut surtout pas que vous montriez votre peur à l'ours !

Anthony hoche la tête, suivit de Hugo. L'ours s'est cabré devant moi. D'une seconde à l'autre, il va s'abattre sur moi. Je n'ai pas le droit de fuir ! Je retiens ma respiration et ferme les yeux, attendant que la mort vienne me chercher.

- Eh ! Sale bête ! Par ici !

C'est la voix de Hugo ! Il... il m'a sauvé... j'ouvre les yeux juste à temps pour voir les pattes de l'ours s'abattre sur Hugo...

- Hugo ! Noooooooon ! cri Anthony.

L'ours se tourne alors vers lui en montrant les crocs.

- Julien ! C'est une catastrophe ! Aide nous je t'en pris !

- Vous avez quoi comme objet pour vous défendre ?

- Juste des foutus bouquins de botanique !

- T'as pas ton tel pour faire de la lumière ?

Je réfléchis quelques secondes. Mais oui ! La lampe torche de Hugo ! Ça fera très bien l'affaire !

- Oui ! J'ai une lampe !

- Il faut que tu éblouisse l'ours avec ! C'est le seul moyen pour vous de fuir !

- D'accord... j'y vais !

- Sophie ? Fais attention à toi d'accord ?

- Promis !

Je cours vers le corps inanimé de Hugo tandis que Anthony distrait l'ours, la tête haute. Il faut que je me dépêche !

Je m'empare de la lampe qui est tombé au sol en même temps que Hugo. Au même moment l'ours se cabre. Je n'ai plus que quelques secondes pour agir avant que Anthony subisse le même sort que Hugo.

Je m'élance alors vers Anthony et me met devant lui, tel un bouclier. Juste avant que l'ours abatte ses pattes sur moi, j'allume la lampe torche que je dirige vers les yeux de la bête. Celle-ci pousse un couinement pitoyable et tombe à la renverse, aveuglé. Elle se roule au sol, les pattes sur les yeux. Cette scène m'aurait presque fait rire si le corps de Hugo ne gisait pas derrière l'ours... Je me tourne vers Anthony :

- Vite ! Partons d'ici avant que l'ours ne reprenne ses esprits !

Nous nous dirigeons vers le corps de Hugo. Anthony le soulève tant bien que mal et le calle sur son dos, en mode sac à patates. Puis, on se met à courir comme si notre vie en dépendait, ce qui est d'ailleurs le cas...

Nous arrivons enfin à la lisière de la forêt. Mais plus personne n'est là... ils sont partis sans nous !

- Je propose qu'on fasse une pause ici... suffoque Anthony.

- Oui, bonne idée.

J'aide Anthony à poser son meilleur ami au sol. Celui-ci pousse un gémissement et ouvre les yeux.

- Je... je suis mort ?

- Non tu n'es pas mort Hugo. le prévient Anthony.

Le blond me regarde avec un sourire.

- Tu n'as rien Sophie. Je m'en serais trop voulu s'il t'avait eut à ma place...

- Tu m'as sauvé la vie Hugo. Je te remercierais jamais assez pour ça...

- Je ferais tout pour toi Sophie. Pas besoin de me remercier...

- Je pourrais au moins faire quelque chose pour toi ?

- Continue d'exister Sophie. C'est la seule chose qui me ferais plaisir.

J'ai les larmes aux yeux. Il est en train de m'avouer son amour alors qu'il sait très bien que ce n'est pas réciproque... C'est vraiment le gars le plus courageux que j'ai jamais rencontré. Je me penche vers lui et dépose un très léger baiser sur son front. Puis, je me lève et m'éloigne des deux jeunes hommes. Il faut aussi que je remercie Julien pour son aide...

- Julien ? t'es la ?

- Oui...

- Je voudrais m'excuser et te remercier...

- T'as pas à t'excuser So. C'est moi qui suis con...

- Ça, je suis d'accord avec toi ! Mais même malgré ta rancoeur tu nous as aidé et pour ça je te dis mille fois merci !

- Une seule fois ça suffit So ! Et puis c'est normal de t'aider, je suis là pour ça !

- Oui mais... t'étais en colère.

- Pour une raison tellement débile que, quand j'y repense, je me fou de ma propre gueule ! Comment je peux me faire pardonner ?

- Euh... laisse moi réfléchir...

Je réfléchis quelques instants avant de trouver une réponse évidente.

- Je veux que tu me construise un jacuzzi !

- A vos ordres princesse ! Bon ! Je dois y aller. A plus et surtout fais attention à toi So.

- Ouais t'inquiète ! Tchao !

Bang !

Je souris. Les deux personnes qui me détestaient m'ont pardonné...

Je retourne auprès des garçons. Hugo s'est redressé en position assise mais son visage est crispé par la douleur. Cette douleur c'est de ma faute si il l'éprouve... Si j'avais fais plus attention, l'ours ne serait pas venu vers moi et donc Hugo ne se serait pas sacrifié...
Soudain, une question germe dans mon esprit :

- Pourquoi cet ours vous a attaqué les garçons ?

Les deux jeunes hommes se jettent un regard. Anthony acquiesce donc Hugo prend la parole :

- Ben en fait... Anthony a touché à son ourson...

- Quoi ?! Mais... c'est complètement débile !

- J'ai voulu lui empêcher de le faire mais c'était déjà trop tard...

- Je comprends mieux pourquoi cette ourse était en colère...

Soudain, des bruissements de feuilles coupent notre discussion. D'un même mouvement nous nous tournons vers le bruit. L'ourse nous a-t-elle retrouvé ? Je m'empare de la lampe torche au cas où. C'est alors que Mme Echier sort de la forêt en grommelant suivit des autres élèves.

Quand elle nous voit, le visage de la prof s'illumine d'un sourire qui disparaît aussi vite qu'il est venu, laissant place à une colère noire. Elle se dirige vers nous comme une furie.

- Je vous avez dis de ne pas trop vous éloignez !!! Ça fait des heures qu'on vous cherche !!

Aucun de nous trois ne répond. En même temps, elle n'a pas posé de question... Soudain, Mme Echier voit Hugo très mal en point.

- Oh mon dieu ! Mais qu'est qu'est-ce qui vous ai donc arrivé ?!

Je jette un regard aux deux autres. Doit-on dire la vérité à la prof ? Anthony acquiesce à ma demande silencieuse. Je me racle donc la gorge pour tout raconter à la prof :

- Hum ! Ben en fait... on s'est fait attaquer par un ours...

Mme Echier nous regarde d'un air horrifié.

- Ne vous inquiétez pas les jeunes ! Vous êtes en sécurité maintenant ! Aller ! Rentrons à l'université, on a tous bien mérité un peu de repos !