Je l'avais pourtant senti...
narrateur : Mike
Il m'a toujours fait confiance, et inversement, il a toujours eu la mienne. Je me souviendrai à jamais du premier sourire qu'il m'a lancé et de celui que je lui ai rendu. La première fois que nos regards se sont croisés, nous avons tout de suite su, autant lui que moi, que même une simple dispute banale ne serait qu'éternellement imaginaire entre nous. Erwin SMITH, 13e major du Bataillon d'Exploration et fin stratège, m'a toujours partagé ses stratégies ingénieuses pour avoir mon avis avant de les mettre en pratique. Ces exclusivités pour lui répondre un simple « excellent plan, comme d'habitude ! » à chaque fois. Il a beaucoup de flaire et sait pertinemment comment il faut s'y prendre pour accomplir un objectif. Sur le terrain, c'est pareil : si un titan débarque, il sait spontanément quoi faire. Bref, il est remarquable !
Cette fois-ci, c'est à moi qu'il a confié la tâche la plus complexe : escorter les jeunes recrues à la forteresse pour les mettre en sécurité. Des titans ont franchi le mur Rose. Sur le chemin, nous apercevons une horde menaçante de neuf titans. Le reste de mon escouade continue la route avec les jeunes, et moi, je vais tenter seul de tuer –du moins d'éloigner- la horde. En quelques coups de sabres bien placés et quelques déplacements habiles effectués à l'aide de l'équipement tridimensionnel, cinq titans rendent l'âme –s'ils en ont une-. Je pense que c'est grâce à ce talent qu'Erwin me fait autant confiance, et m'a confié cette tâche qui n'est pas des plus faciles. En sécurité du haut d'une ruine d'une maison, je songe à laisser les quatre titans restants en vie. Les jeunes doivent être loin maintenant, ils ne sont donc plus une menace. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que je vais regretter ce choix. Je siffle ma brave monture pour rejoindre mes camarades.
Un déviant poilu d'environ 17m qui déambulait depuis un moment dans les environs sans trop porter d'importance à ma présence, attrape mon cheval et me le lance dessus sans aucune gêne. Un titan aux yeux exorbités profite de ma chute, m'agrippe au vol et me mord une jambe. La souffrance m'est atroce... La sensation de mon fémur qui cède petit à petit sous la pression de ses dents, et de mon sang qui quitte mon corps comme un banc de poissons fuyant face à un requin, est insupportablement douloureuse ! Grande surprise quand le déviant poilu ordonne à mon agresseur d'arrêter. Celui-ci s'exécute un court instant avant de joindre ma deuxième jambe à la première. La douleur doublée est deux fois plus intense... Je n'ai qu'une envie : en finir une bonne fois pour toute... Le déviant poilu, mécontent, serre la tête du plus petit de sa grande main, de sorte à ce que ses yeux soient expulsés de son corps. Je me retrouve à terre, face à un titan de 17m qui parle, conscient qu'il y a trois titans prêts à me sauter dessus autour de nous. Je me sens comme un agneau au milieu d'une meute de loups affamés. Il me pose toutes sortes de questions auxquelles je suis trop terrorisé pour y répondre. Il approche soudainement son énorme main de moi. Pris d'une peur tellement insurmontable qu'elle en devient frustrante, je ne peux que me plaquer ventre contre terre en criant et priant de tout mon être qu'il ne me tue pas. Il ne fait qu'emporter mon équipement tridimensionnel et repartir en me laissant là. Submergé par un soudain excès de courage, je prends un sabre fermement et hurle toute la rage concentrée en moi. Il tourne son visage, lacement et informe simplement les titans qu'ils peuvent se jeter sur moi. Le désespoir et désormais synonyme de mon âme. Les quatre titans s'élancent sur moi et s'attaquent chacun à une partie différente de mon corps.
Je réalise l'erreur que j'avais faite de les laisser en vie, ma respiration se stoppe et mon cœur rate un battement... J'avais pourtant senti que je devais les exécuter ! La douleur est telle que je ne pèse même plus mes mots : je supplie les titans de me lâcher, avec une lueur d'espoir qu'ils m'obéissent. Ha ha ! C'est tout bonnement impossible ! Ils n'ont pas de pitié et encore moins de conscience ! Des souvenirs de mon cher Erwin viennent s'ajouter à la triste chorale. Je réalise que jamais plus je ne pourrai respirer son irrésistible parfum... Que son visage souriant et ses yeux bleus ciel ne sont plus qu'un simple souvenir... J'aimerai tellement, tellement le revoir une dernière fois !! Le prendre dans mes bras et le remercier de tous ce qu'il m'a apportés jusqu'alors ! Mais non, les dernières images qui me sont offertes sont les horribles visages des titans dont les dents sont teintes de mon sang, et les quelques giclées de celui-ci. Et les dernières sensations auxquelles j'ai droit sont les dents des monstres dans ma chair, et non pas le corps parfait du major que j'envie tant...
A ces pensées, je me mets à crier le nom d'Erwin avec un léger espoir qu'il vienne combler mes dernières volontés... Je suis décidément désespéré... Un titan s'écroule soudainement, puis deux, puis trois et enfin le dernier. Les desserrements de chaque mâchoire me font un bien fou mais, les dents laissent place à une hémorragie abondante. Mon corps est à terre, ma vue est floue, mon dernier soupir va être poussé, je le sens. Le visage d'Erwin m'apparaît comme un ange envoyé par Dieu. Ses cheveux blonds –pourtant d'habitude soigneusement peignés- ébouriffés témoignent de la sauvagerie dont il a fait preuve en tuant les titans. Ses yeux bleus débordants de larmes, sont emplis d'inquiétude comme ceux d'une mère voyant son jeune enfant au bord d'un ravin. Non, même une mère ne serait pas aussi inquiète !! Ils témoignent de toute l'affection qu'il avait pour moi. Je suis ravi de voir que mes sentiments étaient réciproques. Il me parle mais je ne l'entends qu'à peine crier mon nom : « ZACHARIUS !! ». Il a pourtant l'air de s'époumoner. Je pousse mon dernier soupir en essayant tant bien que mal d'esquisser un sourire. L'une de mes dernières volonté a été comblée, j'aimerais tant l'en remercier !
« Erwin, tu me parles
mais je n'entends rien...
Désolé,
je suis mort... »
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