Surnaturelle Nature (partie 2) : Les Parents
Le trio décide de se cacher derrière le hangar pour surveiller la lumière qui descend du chemin, par pures précaution et sécurité combinées.
Ils plissent les yeux pour essayer d'y voir plus clair. Le peu de choses qu'ils réussissent à distinguer au loin dans cette espèce de brouillard ou de brume ne les rassure pas vraiment...
Il y a cinq ou six silhouettes qui marchent lentement en procession les unes derrière les autres. Mais ce ne sont pas des silhouettes normales...
Elles sont certes humanoïdes mais très difformes, comme gonflées par quelque chose, bouffies...
Cela est inquiétant. Le trio déglutit à distance. Ils sentiraient presque la dangerosité émaner de ces êtres à distance. Le brouillard qui les entoure finit par les faire disparaître après quelques mètres.
Les trois amis se regardent, un peu apeurés et ne sachant pas quoi faire à présent, quand soudain ils entendent au loin des cris...
Des cris d'agonie et de terreur mêlées...
Le sang dans les veines des trois amis se glace instantanément...Ces hurlements viennent du hall principal...
Clara s'accroupit par terre. Elle est déjà terrifiée par l'obscurité ambiante mais là, ces cris, c'est trop pour elle.
-On ne va jamais s'en sortir...murmure-t-elle.
-Ne...Ne dis pas n'importe quoi ! On va s'en sortir je suis sûr ! lui dit Djack en lui mettant la main sur l'épaule.
Feelis, pragmatique, réfléchit alors à voix haute :
-On devrait essayer de trouver des survivants comme nous. On a trouvé que des silhouettes étranges et terrifiantes, et...Un corps. Sinon on est seuls.
-Et le gars que j'ai...Enfin, là-devant, avant...fit Djack en baissant la tête.
-Et lui il avait l'air encore différent. Ses yeux étaient vitreux.
-J'ai vu...
-On va où ? demande Clara, appréhensive.
-Je...Pas là-bas...dit Jack en désignant de son index la zone du grand hall.
-Allons voir le puits. Au cas où il y aurait encore de l'eau, décide Feelis.
Les trois amis se dirigent vers le puits dont l'entrée, qui était déjà un peu cachée auparavant, est maintenant envahie par les plantes, des feuilles et des amas de sortes de racines s'emmêlent.
Avec sa houe, Feelis dégage le tout et les trois amis se retrouvent alors face au puits. Il n'a presque pas changé si ce n'est que le bord des pierres vers l'intérieur du puits semble recouvert d'une substance un peu gélatineuse.
Les amis se penchent au-dessus du puits. Les parois sont tapissées de cette même eau visqueuse qu'ils ont déjà vu avant à la rivière, ce qui fait que le puits a l'air plus petit, plus serré qu'auparavant. Les quelques plantes qui s'enroulent autour du puits ne pénètrent pas dedans. Passé, deux mètres de profondeur, on ne voit quasiment plus les pierres du puits mais seulement l'eau visqueuse et...
-Ah !
Clara hurle alors que les trois amis ont sursauté.
Des yeux.
Il y a des yeux au fond du puits.
Ils brillent et les observent.
-Vous...Vous êtes les nouveaux ? bredouille la personne au fond du puits avec une voix chevrotante.
En plus d'avoir déjà eu la peur de leur vie en voyant des yeux les observer du fond de ce puits, les trois amis sursautent encore une fois en constatant que cette personne avait pu leur parler.
-Euh oui...finit par lâcher Feelis encore très surpris. Que...Qu'est-ce qui s'est passé ici ?
-Je...C'est compliqué...Je...Je comprends pas tout non plus...
La voix de cette personne était saccadée, haletante, elle reprenait souvent sa respiration et elle avait l'air d'hésiter ou de chercher ses mots. Elle avait l'air très peu rassurée, comme effrayée par une entitée inconnue qui dépasse l'entendement. Ils reconnaissent vaguement ses traits, ils l'ont croisée à quelques reprises dans le camp sans trop pour autant aller lui parler.
-En premier lieu, on va t'aider ! fit Feelis toujours prêt à aider son prochain. On va te sortir de là !
-N...Non ! s'écrie la personne du fond du puits en recroquevillant légèrement son échine. Je...Je suis bien ici. Il me protège. Je suis en sécurité, tout va bien...
-Il qui ? demande Djack en sondant le puits au mieux de son regard.
-Mon Parent. Le puits.
-Ton Parent ? C'est quoi un Parent ?
La personne semble alors stresser soudainement pour aucune raison apparente.
-Je...Je ne sais pas...Je ne comprends pas tout non plus c'est...C'est dur à expliquer d'accord ? Un Parent est là pour nous protéger. Mon Parent, c'est ce puits. Il me protège, je suis en sécurité ici...
-Tout le monde a un...Un Parent ici ? demande Clara tremblante.
-Je...Je crois ? Sans Parent, on perd peu à peu son esprit et on devient fou et agressif. Ça se voit dans les yeux.
Les trois amis se regardent mutuellement. Ils pensent alors à l'homme qui momtait la garde devante hangar. Il avait des yeux blancs, vitreux. Est-ce qu'il serait...
-On va mourir, on ne sait même pas si on peut partir...sanglote presque Clara bientôt à bout de nerfs.
-Je...Je ne sais pas non plus...halète la personne au fond du puits. Tout s'est passé si vite...Je...Je comprends pas bien ce qui se passe non plus...Mais...Vous n'avez pas l'air infectés. Vous avez peut-être une chance...Une chance de partir.
-Comment ? s'exclame Feelis. La route est bloquée, on est coincés ici !
-Je...Vous devez...Je...Allez voir le Grand-Parent.
-Qui ?
-Le...Le Grand-Parent. Il vit dans une chapelle en ruine plus haut que le camp...Il...Il faut emprunter un petit sentier à droite des dortoirs pour s'y rendre.
Malgré sa peur, Clara avait tout de même une bonne mémoire.
-Il...Il n'y avait pas de chemin quand on a visité le camp l'autre jour...C'est...C'est vraiment sûr qu'il y a un chemin là-bas ?
-Oui, confirme la personne toujours blottie au fond de son puits. Mais...Vous aurez besoin d'une amulette pour passer...L'amulette que les hommes de Marie ont autour du cou pendue à un cordon.
-Les...Les hommes de Marie ? répète Djack interloqué.
-Oui. Vous les avez sûrement vus se déplacer. Ils sont...Gros. Et bouffis. Très difformes...Et presque toujours à plusieurs...Vous ne les avez pas vus ?
-Si...finit par bredouiller Clara avec de la peur nettement discernable dans sa voix tremblante.
-Faites attention, ne les approchez pas de trop près...Ils sont dangereux...
-Ça, on avait deviné...murmure Djack avec une pointe d'ironie.
-Maintenant, partez ! Partez ! Vous devez réussir à partir, vous avez encore une chance ! Allez voir le Grand-Parent !
-On...On doit vraiment te laisser là ? soupire Feelis, peiné.
Le jeune homme supportait très mal l'idée de ne pas pouvoir aider quelqu'un...
-Laissez-moi ici. Moi je suis en sécurité. Pas vous. Partez ! Dépêchez-vous d'aller voir le Grand-Parent ! s'exclame la personne avant de s'enfoncer dans les sortes de chairs des parois du puits, disparaissant dans les profondeurs du puits protecteur.
-Mer...Merci ! lance Clara avant de tourner les talons.
C'est tout ce qu'elle avait trouvé à dire et en effet, il n'y avait pas grand-chose d'autre à dire à quelqu'un qui allait rester au fond de ce puits.
Le trio, avançant avec précautions mais une certaine rapidité furtive tout de même, avance alors dans ce brouillard étrange et ils prennent le petit chemin de terre battue pour aller vers les dortoirs.
-Vous...Vous pensez réellement qu'on va s'en sortir ?
-Il faut y croire, Clara ! dit Feelis avec force dans la voix.
-D'accord...
-Vous croyez qu'on va trouver un homme de...Un homme de Marie avec une amulette dans le dortoir ? les interroge Djack, un peu anxieux de cette situation incertaine.
-Possible. Ou peut-être pas. Mais j'espère ne pas à avoir à me battre avec l'un d'entre eux, ils m'ont donné la chair de poule tout à l'heure...frissonna Feelis en croisant ses bras musculeux.
-Vous...Vous pensez quoi du fait que c'est les hommes de Marie ? demande Clara en soupirant.
-Ça...Ça fait bizarre, admit le garçon aux cheveux bouclés. Mais...Mais cette personne n'avait aucune raison de mentir non ?
-Effectivement, confirme Feelis.
-Ah !
Clara s'est exclamée avec surprise quand un lapin blanc un peu sale passe entre ses jambes avec rapidité. Il a l'air tout mignon quoique un peu apeuré.
-Regardez...Un cerf...murmure Djack en désignant au bout du chemin le grand animal majestueux avec ses bois dressés vers la cîme des arbres.
Et alors se passe...Une chose incroyable.
Le cerf se baisse quand le lapin arrive à sa hauteur et là, un trou béant apparaît sur le flanc de l'animal. Un trou étrange, un trou perturbant, un trou...Surnaturel...
Le lapin alors sautille jusqu'au cerf et...Saute dans le trou dans le flanc du cerf !
Le trou se referme alors et le cerf, après un bref regard à ses spectateurs, tourne les sabots et s'en va lentement dans la forêt.
-Je...J'hallucine...bredouille Clara avec une peur grandissante.
-Je...Moi aussi, renchérit Djack une goutte de sueur perlant sur son front.
-Soit on a une hallucation collective tous les trois...Soit on a bien vu ce qu'on a vu...
Un silence s'ensuivit.
-Venez, on doit continuer à avancer. Je voudrais pas me retrouver nez à nez avec les hommes de Marie qu'on a vus avant, qui reviennent au dortoir...
Les trois amis arrivent devant le grand bâtiment en bois aux fondations de pierre. Ils se dirigent sur le côté droit, comme indiqué par la personne dans le puits, mais aucun chemin en vue, seulement des buissons touffus et des arbres serrés, accompagnés de murs de lianes. Ils finissent alors par se recentrer sur le dortoir.
Ils y voient une fenêtre brisée. Ils regardent à l'intérieur.Il fait trop noir pour y distinguer quoi que ce soit...Feelis prend alors un petit caillou par terre et le lance dans la pièce qui devrait être normalement le grand hall commun du dortoir. Pas un bruit, pas de réaction...
Djack se munit alors de son téléphone et active la lampe de poche. Il la dirige vers le centre de la grande pièce.
Quelques silhouettes informes se massent en tas au pied du tronc central du dortoir. Clara déglutit. Elle n'aimait pas ça du tout, le noir, ces masses qui avaient l'air d'être des gens couchés...
-On entre ? chuchote Djack.
-On entre ! confirme Feelis en enjambant la fenêtre là où le trou dans la vitre cassée se présente à eux. Il va bien falloir si on veut récupérer une amulette !
-Ces gens...Dorment ? demande Clara quand ils approchent des silhouettes à pas de loup.
Là où reposent ces gens, on a arraché le parquet avec semble-t-il une certaine violence. Ils sont couchés pour la plupart sur le flanc directement sur le granit brut du sol de la fondation du dortoir. Il n'y a aucun son, aucune réaction, et pas de mouvement non plus...
-Ils sont morts. Tous morts...annonce gravement Feelis la tête baissée.
Les amis regardent à présent plus attentivement autour d'eux. Leurs yeux s'habituent peu à peu à l'obscurité de la pièce et il y a quelques bougies qui accompagnent les défunts autour du pilier central. Les murs auparavant couverts de posters et d'affiches concernant le camp ont été arrachées, laissant voir le bois et la pierre derrière eux, des lambeaux de papier restant encore visibles sur quelques tronçons de murs.
Ils regardent au cou des corps près du pilier mais rien. Pas d'amulette autour de leur cou ou sur leur poitrail.
Soudain, un mouvement attire leur regard. Un oiseau, un petit moineau ou quelque chose comme ça, vient de se poser à l'autre bout de la pièce par rapport à la fenêtre brisée, sur une marche d'escalier en bois. L'escalier qui monte à l'étage des lits.
Puis, à leur grande surprise, l'oiseau fait quelques brefs mouvements de tête sur le côté, leur indiquant du bec le haut des escaliers.
Puis il s'envole par la fenêtre. Ils sont encore en train de se demander s'ils ont halluciné collectivement quand Djack propose subitement :
-On devrait monter. Il y a peut-être des gens qui dorment et on pourrait essayer de subtiliser une amulette.
Clara tremblote, elle n'a pas froid mais elle a peur...Feelis resserre sa prise sur son arme et leur déclare :
-Allez-y. Moi je reste en bas au cas où les autres hommes de Marie reviennent ici. On ne sait jamais.
Clara est tétanisée de devoir monter à l'étage où il semble faire encore plus noir qu'en bas mais Djack acquiesce et la tire avec lui.
Les deux amis montent alors tout doucement les marches, laissant derrièr eux Feelis montant la garde devant la porte principale. Ils atteignent prudemment le seuil de l'étage et aperçoivent, étant encore dans l'escalier, une immense masse se dresser au milieu de la pièce. Les lits n'ont pas bougé et cette silhouette remplit tout l'espace restant, montant jusqu'à environ trois mètres de haut, proche du plafond du bâtiment...
Djack et Clara écarquillent les yeux. Leurs regards se croisent. La masse énorme et sombre semble assise et ne bouge pas, elle a l'air...Endormie ? En tout cas ils l'espèrent...
-On fait quoi ? chuchote très doucement Clara.
Djack répond par gestes. Il désigne son propre cou d'un doigt avant de pointer ce qui semble être la nuque de cette chose en face d'eux. Clara regarde et à la faible et vacillante lumière des bougies parsemant la pièce, elle semble voir un cordon sur cette silhouette.
-On attaque par surprise ? propose Djack en chuchotant, en montrant sa houe dans sa main.
Clara hoche la tête en déglutissant.
Et c'est là que les deux amis montent les escaliers et s'élancent sur cette immense masse informe, toutes armes levées !
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