Anou

Je ne suis pas Éden, mais il m'arrive de guérir assez rapidement, moi aussi. Un méchant m'avait tiré une balle dans la patte, et ça avait fait très mal de la retirer – c'était Éden qui l'avait fait... avec ces doigts ! -, mais une semaine plus tard, je ne ressentais déjà plus rien. Alors, ensuite, on avait recommencé comme avant ; faire le tour du monde en voiture. Enfin, Éden, lui, il dit que la terre est ronde, et que de toute façon, ce n'est pas possible d'en faire le tour en voiture, car il y a des océans, mais je ne le croie pas. Quand même, le monde ne peut pas être si grand que ça !

Depuis que la maison a explosée, ce qui remonte à dix ans déjà – Éden dit deux ans, mais je suis sûr qu'il s'est passé beaucoup plus de temps que ça -, il ne s'est pratiquement rien passé. Un méchant de temps en temps, mais Éden les tues. Si on croise d'autre vampire, il les tue aussi. Il aime beaucoup tuer des gens, c'est assez bizarre, mais je fais avec. Et encore plus bizarre : il a une amie chasseuse. Je n'arrive vraiment pas à comprendre ce qu'il lui trouve. Là, tout de suite, il parle au téléphone avec elle, ça fait un petit moment déjà. Et moi, pendant ce temps, je suis étendu sur le canapé de la vieille maison de Miska – on y est revenu il y a quelque jour, un entre-deux voyage, comme dit Éden.

Une dizaine de minutes en plus passèrent avant qu'Éden ne termine l'appelle avec sa chasseuse, qu'il entre à nouveau dans la maison et vienne s'asseoir à côté de moi sur le canapé. Il avait l'air tendu, mais il est toujours tendu.

- Ça faisait un moment qu'il ne s'était rien passé, dit-il. Mais là, il va se passer quelque chose. Ce soir même.

Je changeais de forme pour être en mesure de lui répondre, mais il continua avant même que je ne dise quoi que ce soit :

- On va avoir des invités. Quatre, en fait.

- Des invités ? répétais-je sans comprendre. Qu'est-ce que tu veux dire ?

- Il faut que j'aille chercher quatre personnes et que je les ramènes ici. Et puis... (il prit une grande inspiration tout en levant les yeux pour croiser les miens.) T'as le droit de partir pour les prochains jours, je t'obligerais pas à rester. Parce que l'un d'entre eux, apparemment... sais parler au fantôme. Alors, je vais aller chercher la clé. Peut-être qu'il pourrait m'aider. Je sais que t'aime pas les fantômes... Et tout autant les inconnus...

- Je reste, dis-je en m'appuyant sur son bras. Mais si des fantômes se ramène, là, tu ne me verra plus.

- C'est ce que j'ai dis, soupira-t-il. Il y aura des fantômes.

- Ok... Eh bien, je fais le trajet avec toi, mais dès qu'on sera arrivé ici, la, tu me verras plus ! Et t'as pas intérêt à dire à tes invités qui je suis.

- T'as pas à t'inquiéter pour ça, tu sais bien que je ne te trahirais pas. Mais il faudrait y aller maintenant, ou on va les manquer. Et tu sais comme j'aime tuer des chasseurs, je voudrais pas manquer une occasion !

Éden se leva et je le suivis jusqu'à la voiture. Pendant qu'il conduisait, je vérifiais dans le coffre à gant que tout était là ; ces deux pistolets, deux de plus encore qu'il a voler à des chasseurs, et même une grenade – aussi prit à un chasseur.

J'ai toujours trouvé Éden assez particulier, mais ce qui me fait rire, surtout, c'est comment il est devenu un tueur professionnel, alors que moi... il ne s'est jamais rendu compte que c'est moi qui ai tué Ben.