Chapitre 33
J'avais ouvert les yeux depuis quelques minutes déjà, mais j'étais tellement sonné que je commençais tout juste à comprendre ce qui se passait.
J'étais étendu en position d'étoile à même le sol. Non, en fait, je crois que j'étais plutôt dans un lit. Le plafond blanc au-dessus de ma tête me disait vaguement quelque chose. Des ombres bougeaient autour de moi, peut-être des policiers expliquant mon crime et mes droits, mais je n'en avais pas l'impression.
- Anou, t'es là ? marmonnais-je, la bouche pâteuse.
J'entendis des chuchotements, mais j'étais encore trop étourdis pour en comprendre le sens. Quelqu'un s'avança pour entrer dans mon champ de vision, alors que j'avais toujours le regard orienté au plafond, et je vis une forme floue, avec plein de couleur.
- Je suis là, dit-elle.
Je tournai la tête pour croiser ses yeux, me demandant pourquoi c'était une voix de fille. Anou m'avait déjà dit qu'il savait changer de sexe, il m'avait aussi dit qu'il n'aimait pas vraiment le faire. Mais quand les formes devinrent moins flou et que je vis mieux où j'étais, je compris. Ce n'était pas Anou qui était devant moi. C'était Anik.
Je sursautais sous le coup de la surprise, me mettant assis et regardant tout les visages autours de moi. De l'autre côté du lit, il y avait Marcus, les bras croisés et les sourcils froncés. Au pied du lit, il y avait cinq ou six des autres vampires habitant cette maison, celle que j'avais habité pendant plus de dix mois, avant que je ne tue l'un d'entre eux.
Marcus mit une main ferme sur mon épaule et me poussa pour que je retombe coucher sur le lit. Je me laissais faire, mais je sentais la panique me monter. Qu'est-ce que je foutais ici ? Et où était Anou ?
- Alors, Jayden, tu vas nous dire ce qui t'es arrivé ?
Je tournais les yeux vers Marcus, qui souriait de plus en plus à chaque seconde. C'était à croire qu'il était contant de me revoir. J'avais pourtant l'impression que son bonheur était dû à quelque chose d'autre de totalement différent.
- Je te réponds si tu me dis d'abord pourquoi je suis ici.
Marcus sourit encore un peu plus, montrant maintenant les dents. Moi, je ne souriais pas du tout.
- On t'as retrouvé pas trop loin d'ici, inconscient dans un champs en bordure de la route. J'ai décidé de te ramener, avant que tu ne meures en succombant à tes blessures. Parce que t'en a tout un tas.
- Et il y avait un chat, avec moi ?
Cette fois, Marcus éclata de rire pour de bon, entrainant avec lui tous les autres vampires dans la pièce. Ça y est, j'étais ici depuis deux minutes, et j'avais déjà hâte de repartir.
- Oui, un petit chat gris. Il avait l'air tout aussi amoché que toi, sa fourrure était bourrée de sang. Il s'est enfuit quand il nous a vu approcher.
Je savais bien qu'Anou n'aimait pas les inconnus, mais qu'il se soit enfuit, me laissant seul, ça me faisait mal. Il m'avait vraiment abandonné, lui qui passait son temps à me dire qu'il m'aimait ? Au moins, maintenant, je savais que j'avais raison ; Anou ne m'a jamais aimé.
Je le savais, c'était évident. En plus que Laura m'avait averti. Mais je sentais tout de même les larmes me monter aux yeux, réalisant que j'avais perdu un ami, peut-être pour toujours. Le meilleur de tous les amis que je n'aurais jamais pu avoir. Même, peut-être... meilleur que Ben.
- Eh bien, je suis ici, maintenant, dis-je en détournant le regard, ne voulant pas montrer à Marcus ni aux autre que j'étais à deux doigts de pleurer. Qu'est-ce que tu vas faire de moi, maintenant ? Me laisser partir, ce serait gentil.
- Et pourquoi on serait gentil avec toi ? dit Marcus en riant un fois de plus. Tu crois qu'on a oublié que t'a tué Quirin, peut-être ?
- Et tu vas me dire que t'as jamais tué personne, toi, peut-être ? m'écriais-je en lui lançant un regard noir.
- J'ai jamais tué mon meilleur ami, ni le meilleur ami d'un ami, ça c'est certain.
- Mais on est pas ami. Et Quirin était pas mon ami.
- Forte connaissance, alors ?
Je haussais les épaules en serrant les dents, puis sautais en bas du lit pour faire face à Marcus. Deux secondes de silences tendus, puis je lui enfonçais mon poing en pleine figure, ou plutôt j'essayai, car il attrapa mon poignet, me fit retourner, et il plaqua mon bras derrière mon dos, le déboitant presque. Je hurlais de douleur, réalisant que j'étais vraiment très faible, là tout de suite. J'avais besoin de sang, après les balles et les chocs électrique que je m'étais pris, mais il est clair que Marcus ne voudra pas m'en donner.
- Qui veut frapper la pignãta en premier ? dit Marcus en me secouant par le bras.
L'un des vampires se détacha de la bande, levant une batte bien haut, un grand sourire au visage.
- Tu vois, gamin, dit Marcus en se penchant à mon oreille, on est peut-être loin des yeux de la justice, c'est pas pour autant qu'il ne faut pas payer pour nos crime. Un meurtre, c'est, quoi, vingt-cinq ans de prison ?
Je ne répondis rien, essayant de me dégager, mais il me tenait vraiment fort, et je n'avais aucune chance. Puis le premier coup vint, dans les côtes, et je grognais sous la douleur en me penchant par en avant, mais du fait que j'étais pencher, le deuxième coup me frappa le front bien fort, m'étourdissant.
- Non, non, pas la tête ! dit Marcus, toujours en train de rire. Faudrait pas qu'il perde connaissance, ce serait moins drôle ! Vise plus bas !
Les vampires répondirent en riant, puis le troisième coup vint plus bas, même un peu trop, directement où ça fait le plus mal, et les larmes coulèrent de mes yeux sous la douleur. Les vampires éclatèrent de rire encore une fois, bien contant de me faire souffrir.
Chacun des vampires y passa, riant à me regarder souffrir, ajoutant quelque insulte à chaque coup. Même Anik y passa, la dernière. Mais puisqu'il n'y avait plus personne après elle pour s'amuser, elle ne se gêna pas à viser la tête. Elle, ce n'était pas des insultes, qu'elle disait, mais des cris de guerre, comme au karaté.
Quand elle eut terminé, elle laissa la batte à quelqu'un d'autre, puis me tint par les bras pour pas que je tombe – j'avais vraiment besoin d'être soutenu, où j'allais tomber, et vas savoir quand je me relèverais, pour sûr, pas cette semaine. Marcus pris mes mains derrière mon dos et les attacha par des menottes, qui semblait pourtant beaucoup plus large et plus solide, puis ouvrit la porte de la chambre et m'entraina dehors, aidé par Anik. Mes pieds trainaient au sol et ma tête pendait mollement sur mon torse, les yeux papillonnant, lutant pour rester conscient. Puis Marcus ouvrit une autre porte ; la cave. C'était des escaliers, et Marcus et Anik m'y poussèrent sans ménagement. Je dégringolais les escaliers à toute vitesse, mais je n'avais même pas encore toucher le sol que je perdais déjà connaissance.
Quand j'ouvris les yeux, j'avais tellement mal partout que je jugeai préférable de ne pas bouger, ne serait-ce qu'un tout petit peu. Je ne rappelais pas avoir eu un jour plus mal que maintenant, et j'aurais donné cher pour un petit voyage à l'hôpital. Mais je savais bien que l'hôpital n'y pourrait rien pour moi ; ce qu'il me fallait, c'était du sang. Mais autre que moi, dans cette cave, attaché à l'un des poteaux de soutien dans la pièce grande et pratiquement vide, il n'y avait aucun être vivant, particulièrement aucun humain. Mais j'étais tellement désespéré que si j'aurais pu mettre la main sur une souris, ou n'importe quoi contenant du sang, j'aurais été bien contant. J'étais tellement faible que j'avais l'impression qu'un garçon de douze tout ce qu'il y a de plus ordinaire serait plus fort que moi, désormais. Moi qui était sérieusement plus fort que Louis Cyr, avant...
J'avais aucun moyen de compter le temps. Seulement, je savais que c'était très, très longtemps après mon réveille que la porte en haut des escaliers s'ouvrit et que Marcus les descendit. Il avait une main sur la ridelle, l'autre tenant une poche de sang à moitié vide.
D'habitude, je peux oublier ma soif, mais là, c'était bien plus qu'une simple soif. Quand je vis le sac, j'en oubliais aussitôt la douleur que je ressentais un peu partout sur mon corps et je me contorsionnais pour essayer de me détacher, grognais sous l'effort, essayant d'attraper le sac de sang pour le boire. Marcus, lui, une fois les escaliers dévalés, se planta devant moi, les bras croisés, sans me donner le sac. Il m'observait simplement, comme s'il essayait de deviner s'il valait mieux me le donner ou le garder pour lui. À la simple idée qu'il pourrait le garder pour lui, j'en avais les larmes aux yeux, essayant deux fois plus fort de me dégager, sans y parvenir.
- Tu le veux ? demanda Marcus, son petit sourire aux lèvres, en secouant légèrement le sac.
Je hochais vigoureusement la tête, essayant toujours de ma dégager, sans y parvenir. Marcus s'agenouilla devant moi, dix centimètres nous séparant à peine. Il leva le sac pour que je le voie bien ; j'arrivais presque à le toucher du bout de ma langue, tellement il était près de mon visage.
- Tu le veux ? Alors dis le mot magique.
J'aurais bien voulu. Je lui aurais dit s'il te plait, je vous en prie, tous ce que vous voudrez, mais je n'arrivais pas à émettre la moindre syllabe. C'était un truc qui m'arrivait parfois, quand j'étais sur les nerfs ou particulièrement triste ; j'en devenais sérieusement muet. J'essayais, pourtant, j'y mettais tout mon cœur à l'effort. J'étais prêt à tout pour avoir se sang. Il me demandait trois mots, aussi simple que ça, et je n'y arrivais pas.
Alors, j'éclatais en sanglot, plus fort qu'avant, le front sur les genoux. Marcus ne comprenait visiblement pas mon problème, car il abaissa le sac ; je le sentis au mouvement de l'air.
- Hé, calme toi, je te demande pas la lune, seulement de dire s'il te plait.
Je ne répondis rien – même si j'aurais voulu, je n'aurais pas pu. Je n'étais déjà rien avant ; Marcus avait réussi à me réduire à un moins que rien. Un moins que rien dont les seuls amis qu'il arrive à se faire sont soit mort, soit blessé, soit partie. Un moins que rien emprisonné dans une cave pour vingt-cinq ans, comme pour payer un meurtre, pour un sale vampire qui n'en valait vraiment pas la peine.
En fait, s'il y avait bien quelque chose que j'étais, c'était un lâche, parce qu'il fallait toujours que je me mette à pleurer pour tout. J'étais un sans cœur, parce que j'avais entrainé des gens dans ma vie pourrit, comme Ben, Sarah, Henry et Céline, comme les type de l'armés dont j'avais tiré dessus, tous ces gens que j'avais tué alors que c'était surement des gens bien. J'étais un cinglé, pour les voix dans ma tête, ne rien ressentir pour mes meurtres, et complètement à l'opposé de la normalité, pour être mort et devenu un vampire à douze ans, être gay et amoureux d'un chat, gaucher et allergique aux noix !
- Bon... calme toi, un peu, dit Marcus. Jayden, arrête de pleurer, là...
Ces gentils conseils me firent pleurer encore plus fort, et le pire, c'est que je ne savais même pas pourquoi. Au bout d'un moment, Marcus perdit patience, il me prit le visage d'une main, les doigts dans une joue, le pouce dans l'autre, et me força à lever la tête. Ce simple mouvement suffit à me remettre les idées en place, et même à retrouver ma voix ;
- C'est comme ça que l'autre vampire m'avait retenu, marmonnais-je difficilement, ses doigts me bloquant la mâchoire. Pour me forcer à boire son sang, après que je l'eu trancher la gorge avec l'un des couteaux de cuisine de ma mère. Je crois qu'au début, il voulait simplement me tuer, mais il a dû trouver que me transformer, c'était beaucoup plus drôle. Même qu'il riait très fort, à ce moment-là. Ce vampire-là, il était totalement cinglé. Je crois qu'il ne m'a pas seulement transformé, il m'a aussi donné de sa personnalité.
Marcus me lâcha, comme sous le choc. Il eut un moment de silence, avant de répondre ;
- Tu ne m'avais jamais raconté ça.
- Pourquoi je l'aurais fait ?
Marcus ne trouva rien à y répondre. Le silence soudain me fit remonter les larmes aux yeux, va savoir pourquoi. Je sentais que j'allais encore perdre ma voix, alors je marmonnais un s'il te plait, puis fermais les yeux et appuyais mon front contre mes genoux, encore une fois.
- Allez, lève la tête.
J'obéi, ne sachant quoi faire de plus, et Marcus m'aida à boire le sang qu'il y avait dans le sac, alors que j'avais toujours les mains attachées dans le dos, et le corps entier autour d'un poteau. J'avais vidé le sac en un rien de temps, et je ne me sentais pas plus fort et pas moins étourdis qu'avant. Ce n'était pas quelque chose pour me donner de la force, après tout, juste quelque goutte pour que je ne meurs pas de soif.
- T'as raison, dit Marcus au bout d'un moment. Désolé, mais c'est un fait, lors de la transformation, tu acquiers aussi un peu de la personnalité de l'autre.
Alors voilà pourquoi Ben s'est suicidé. Avoir un petit morceau de toi dans sa tête, n'importe qui se serait tourné vers le suicide.
Je me mis à pleurer encore une fois. Marcus, tout comme la voix, avaient parfaitement raison.
- Je paris que toi, t'as pas de voix dans ta tête, dis-je, la voix tremblante.
Marcus ouvrit la bouche, puis la referma. Ses yeux s'agrandirent comme des billes, et je me rendis compte trop tard que j'étais vraiment en train de m'enfoncer.
- Tu entends des voix ?
Je haussais timidement les épaules, détournant le regard vers un coin du mur derrière lui. Je n'arrivais plus à empêcher mes lèvres de trembler.
- Qu'est-ce qu'ils disent ?
- Tout un tas de trucs, marmonnais-je. Au début, c'était la voix de mes parents, ou de mes sœurs. Mais depuis que je suis partie, c'est plutôt la mienne, comme si je me parlais à moi-même. (Je levais timidement les yeux vers Marcus, qui ne savais visiblement plus quoi penser de moi.) Je suis un dangereux cinglé, ça, tu le sais déjà. Pourquoi tu me retiens prisonnier ? Pourquoi tu ne veux pas me tuer, plutôt ? (Les larmes recommencèrent à couler de mes yeux, mais je tenais bon.) S'il te plait... tue moi, Marcus.
Pour toute réponse, Marcus me donna une gifle bien forte, ma tête pivota et cogna contre le poteau, faisant résonner un grand bang ! qui se répercuta sans doute dans toute la maison. Marcus aura au moins réussi à quelque chose ; j'étais bien sonné. Du coup, j'oubliais totalement quel était le sujet et pourquoi je sentais mes joues mouillées, même qu'est-ce que je foutais ici, attaché à un poteau. Tout ce qui me venait à l'esprit, c'est que Marcus venait de me frapper. Alors, plutôt que pleurer, comme c'était la seule chose que je faisais depuis près de dix minutes, je me mis à crier de rage :
- VA TE FAIRE FOUTRE, MARCUS !
Marcus s'agenouilla à nouveau devant moi, se mettant à nouveau à ma hauteur, et me gifla encore une fois, peut-être deux fois plus fort. Un deuxième bang, je sentis carrément mes pensées se retourner dans mon cerveau. Ce que j'avais subitement oublier me revint en tête, et Marcus m'attrapa par le collet de mon teeshirt, me forçant à me redresser. Il semblait aussi en colère que si c'était moi qui venait de le frapper deux fois de suite.
- T'as fait des trucs débiles, Jayden, c'est certain, mais tu mérites pas de mourir.
- Mais je suis cinglé !
- Non, tu es toi !
- Qui sais ce que je risquerais de faire sur un coup de tête, hein ? Tu sais, quand Laura m'a aidé à me sauver des chasseurs, elle m'a chaudement conseillé de tuer tous les vampires que j'allais croiser ! J'espérais que c'était pas parce que le premier que j'avais croisé était un dangereux fou que tous les autres l'étaient aussi, mais voilà, ils le sont tous, toi le premier ! Toute les fois où vous m'avez insulté, que vous m'avez frappé... tu penses sérieusement que j'en avais besoin ? C'est ce qui m'a poussé à bout, quand j'ai tué Quirin !
Cette fois, se fut Marcus qui en resta bouche bée. Le temps qu'il trouve quoi y répondre, je continuais déjà :
- T'as déjà eu des enfants, Marcus ? J'espère que non, parce que t'aurais fait un très mauvais père.
- Je te considérais comme un fils, pour moi.
- Donc tu peux me croire quand je te dis que t'es pitoyable. Mon père, mon vrai père, il s'appelai Frederick, et il n'a jamais porté la main sur moi, jamais. Même quand je faisais des trucs débiles, malgré tout beaucoup moins débiles que ces derniers temps, tu sais ce qu'il me disait ? D'apprendre de mes erreurs. Parce que, de toute façon, l'erreur est humaine. Mais bon, peut-être que je devrais accorder un point à ta méthode, puisque je ne suis plus humain.
- Je n'ai jamais vraiment eu de fils, à part toi. C'était une erreur, ce que je t'ai fait, je ferais mieux à partir de maintenant.
- Tu vas me détacher ?
Marcus gigota, mal à l'aire. Ouais, malgré ses mots gentils, il n'avait pas du tout l'intention de faire de lui un père meilleur. De toute façon, il avait l'air trop jeune pour être mon père, il faisait tout juste vingt-cinq ans. Mais bon, pas moyen de savoir, il avait peut-être deux-cent-cinquante ans.
- Il te reste vingt jours à passer ici, d'abord, dit-il. Il faut quand même que tu payes pour ce que tu as fait à Quirin. C'était un meurtre, c'est pas des paroles en l'air qui va arranger ça.
- Vingt jours ? répétais-je, étonné. Je croyais que t'avais dit vingt-cinq ans.
- Bien sûr que non, j'ai dit qu'on restait vingt-cinq ans en prison pour un meurtre. J'ai jamais dit que je ferais la même chose à toi. Mais c'est vrai que je m'y suis inspirer, parce que t'es ici pour vingt-cinq jours. T'en a déjà passé cinq ici, dont quatre inconscients après les coups à la tête que t'as donnés Anik.
Je hochais la tête en baissant les yeux.
- Vingt jours, alors. Et ensuite ? Tu vas me laisser libre de faire ce que je veux, et aller où je veux ?
- Totalement. Je peux même te promettre, cette fois, que si tu veux partir d'ici, et j'en doute pas après ce qu'on t'as fait, tu seras libre de partir. Et si, par hasard, tu veux rester, je te promet aussi que plus personne ne te rabaissera, d'aucune manière.
- J'arrive pas à comprendre comment tu fais pour être méchant et gentils en même temps, marmonnais-je.
Marcus sourit, comme quoi c'était une bonne blague. Il semblait avoir totalement oublier tout ce que je lui avais dit avant, ou bien il avait choisi de l'oublier.
- Je te conseil quand même de rester, dit-il. Je pourrais essayer de t'aider, pour tes... heum... tes petits problèmes.
- Genre, les voix que j'entends ? Le fait que je sois cinglé, et tout ça ?
Marcus émit un petit bruit de gorge bizarre, une sorte de grognement. C'était surement sa façon de dire oui.
- Je suis pas trop doué pour tout ça, tu comprends, mais rien que le fais d'avoir un ami avec toi pourrait déjà te faire beaucoup de bien, j'en suis persuadé. T'as pas à rester seul tout le temps.
J'aurais voulu répondre : « j'ai testé, et c'est pire », mais je me retins. Je n'avais pas à mentionner Anou, avec qui mes voix revenaient toute les heures, pratiquement.
- Je vais y réfléchir.
Marcus souris encore une fois, puis se releva, donnant une petite tape amicale sur ma cuisse au passage.
- Vingt jours, c'est pas si long que ça. Tu peux endurer sans problème.
Puis il me tourna le dos et remonta les escaliers. Arrivé devant la porte, il se retourna pour me regarder une dernière fois, me faisant un petit sourire timide, puis passa la porte. Il ne s'était retourner pendant tout juste deux secondes, j'avais surement mal vue, un reflet de lumière puisque la porte était ouverte, peut-être, mais ses yeux rouges semblaient briller un peu plus qu'en temps normal.
Puis je me souvins qu'il ne pouvait y avoir de reflet, puisqu'il n'y avait aucune source de lumière dans cette maison. Alors, c'était de l'eau. Marcus avait les larmes aux yeux pour moi.
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