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Chapitre 23

J'étais déjà bien assez troublé comme ça, que Sarah découvre que je suis un vampire - non que j'ai été le plus normal possible avec un très grand échec visible, il fallait qu'elle découvre la vérité et sois vague comme ce n'est pas possible -, je n'avais pas besoin en plus que, tout juste cinq minutes plus tard, Céline débarque dans ma chambre au pas de course, les yeux rougit, mais les joues bien secs, comme si elle se retenait de pleurer, mais qu'elle ne pourrait plus résister très longtemps.

Je me faisais petit dans mon coin, les couvertures remontées jusqu'au nez. Je n'avais rien fait qui justifiait une envie de pleurer aussi intense, à ce que j'en sais, mais j'avais tout de même une grande impression que c'était à cause de moi.

Pitié, faites que Sarah n'ait pas parlé ! Pitié, pitié, pitié !

- Jayden, dit lentement Céline, toute sa concentration à contrôler sa voix. Est-ce que tu as vu ton ami Ben, dernièrement ?

Sur le coup, je ne savais plus quoi penser. Ça n'avait rien à voir avec Sarah qui aurait vendu la mèche, parfait. Mais ça avait plutôt à voir avec... Ben.

- Oui, je l'ai vu cette nuit, avouais-je en me redressant dans le lit. Pourquoi, qu'est-ce qui a ?

Céline secoua la tête et poussa un grand soupir. Elle ne put retenir une larme de couler au coin de son œil.

- Viens, suis-moi.

Elle se retourna et sortit de la chambre, et je sautai en bas de mon lit pour la suivre au pas de course.

- Qu'est-ce qu'il a, Ben ? demandais-je encore, la suivant de près dans l'étroit corridor. Qu'est-ce qui se passe, dis-moi !

Je me sentais sur le bord de la crise de nerfs. Ou même, pire, la crise de meurtre. Je sentais déjà mes mains qui tremblaient, je devais fermer les poings à m'enfoncer les ongles dans les paumes pour les en empêcher.

- Céline, s'il te plait...

Mais au même moment, nous arrivâmes dans l'entrée, où nous attendait déjà Henry, Sarah, et Sylvie, la mère de Ben. Cette dernière avait apparemment déjà pleuré toutes les larmes de son corps et ne semblait plus avoir assez d'énergie que pour une seule chose ; me pointer du doigt.

- Ben m'avait dit que t'étais revenu, dit-elle lentement, les lèvres tremblantes. Il disait aussi que t'étais jamais parti, du coup, je l'avais pas cru. Mais cette fois, c'était différent, je le voyais bien.

Je hochai la tête, redoutant la suite. Sans même connaitre encore la fin de l'histoire, rien que l'ambiance me donnait envie de pleurer avec eu. Quelque chose était arrivé à Ben, c'était évident.

- Il a disparu toute une journée pour revenir hier soir, c'est là qu'il m'a dit que t'étais revenu. Mais que t'étais un monstre, et que tu l'as tué.

Sylvie eu un petit rire, comme voulant signifier « comment aurait-il pu faire tout ça, s'il était mort ? ». Elle ne semblait même pas prendre au sérieux ce qu'elle disait elle-même.

- C'est ce qu'il a dit, puis il est allé dans sa chambre. Je l'ai laissé tranquille, j'ai pas insisté ! Eh bien, ce matin, quand je suis allé le voir... je l'ai trouvé mort dans son lit.

J'étais totalement figé. Mon cerveau tout entier venait de sombrer dans une cuvette de toilette, ne laissant plus qu'un grand trou noir. Sylvie s'était déjà retournée, prête à repartir, quand je trouvai enfin la force de secouer la tête.

- C'est pas possible, dis-je, la voix tremblante.

Sylvie se retourna vers moi, les yeux vides, comme si elle regardait au-delà du visible ; comme si le fantôme de Ben serait là, derrière moi, et dirait « allez, maman. Si tu m'aimes, défonce-moi la tête de ce taré. »

- Il s'est ouvert les veines avec un couteau, dit-elle tellement bas qu'il serait bien possible que je sois le seul à l'avoir entendu. Ce n'était pas la première fois. Mais cette fois... je suis arrivé trop tard.

Puis Sylvie sortit de la maison, sans au revoir. Céline se précipita à sa suite, probablement pour la prendre dans ses bras et lui faire comprendre qu'elle n'est pas seule. Mais moi, là-dedans, je l'étais. OK, je n'ai pas un rôle aussi important que sa mère, dans la vie de Ben, mais personne n'aura envie de me prendre dans ses bras et de dire « ce n'est pas de ta faute, ne l'écoute pas. Tu n'as rien à voir là-dedans. » Bien sûr, personne ne se donnerait cette peine puisque, au contraire, c'est de ma faute. J'ai tué Ben, je l'ai sauvé, et là, il s'est tué, une fois de plus. Apparemment, Ben n'est pas du genre à apprécier les secondes chances.

Un mouvement attira mon attention, et je me rendis compte que j'étais resté figé ainsi, devant la porte, depuis de longues minutes, les yeux baignés de larmes et la bouche entrouverte, à trembler comme si je revenais d'un séjour en antarctique. C'était Sarah, qui avait mis une main sur mon épaule. Un peu plus loin derrière, Henry était là, ne sachant visiblement pas quoi faire de moi.

- Ça va aller ? demanda-t-elle doucement.

J'essayai de répondre, mais je n'y arrivai pas. Je secouai lentement la tête de gauche à droite, à plusieurs reprises.

- C'était pas ta faute, dit Sarah. C'était un...

Même elle, elle ne parvenait pas à le dire. Un suicide, voilà ce que c'était. J'ai vu des tas de morts, ces derniers temps, mais ça... c'était un niveau de plus.

- Lâche-moi, parvins-je à dire.

- Jayden...

- Lâche... moi.

Henry s'avança d'un pas, mit les mains sur les épaules de sa fille, puis recula d'un pas, forçant Sarah à le suivre. Aussitôt libérer, je me précipitai dehors. Céline et Sylvie n'étaient plus là, ainsi que la voiture de cette dernière. Surement que Céline avait proposé de la reconduire, Sylvie n'étant pas en état de conduire.

- Jayden ! entendis-je dernière moi. Qu'est-ce que tu fais ?

Je me retournai pour voir Henry, deux mètres plus loin. Sarah l'avait suivi, me regardant en fronçant les sourcils. Elle était surement en train de se demander pourquoi je ne tombai pas en poussière au soleil, mais je me fichai royalement de ce qu'elle, ou son père pouvaient penser de moi.

- Je suis resté ici beaucoup trop longtemps, dis-je en secouant la tête. Il est temps que je parte.

Je me retournai vers la rue. De l'autre côté, il y avait une autre maison, appartenant autrefois à un gars qui avait été mon ami, avant de déménager je ne sais plus où. Moi aussi, il était temps que je parte.

- Jayden ! cria encore Henry. Reviens ici, allez ! Jayden !

Sarah rejoignit les cris, mais je me mis à courir, aussi vite que je le pouvais. Je n'avais aucune idée où j'allais, je me contentais de suivre ma route. Tant pis pour les fantômes de ma famille. Tant pis pour Sarah. Et tant pis pour Ben. J'ai déjà passé beaucoup trop de temps ici. Tout ce que je voulais, pour l'instant, c'était de mettre le plus de distance possible entre Miska et moi. Mais au bout de tout juste deux ou trois minutes, je n'y tenais plus. Je tombai à genoux dans le fossé au bord de la route, près d'une petite maison protégée par quelques dizaines de sapins minuscules, me roulait en boule, et pleurait la mort de Ben.

Si je n'étais pas revenu, si je n'avais pas croisé Ben au cimetière, si ces salops de chasseurs ne s'étaient pas pointés, il serait toujours en vie. On en est arrivé là pour des décisions que moi, j'ai prises. Tout ce qui n'allait pas, chez lui, c'était moi. C'était moi, qui aurais dû mourir, pas lui. Pourquoi faut-il toujours que ce soit les autres qui meurent pour moi ? Je ne le mérite pas ! Personne ne le mérite moins que moi. Si seulement j'avais encore mon pistolet, là tout de suite...

Un bruit de klaxon me fit sursauter et je levais la tête pour voir que, sur la route, à plus de trente mètres, un van noir était là, avec un type à côté de la portière, me regardant avec intérêt. Il sortit quelque chose de sa poche, appuya dessus, puis retourna s'assoir derrière le volant.

- Jayden.

Je sursautai encore une fois, au moins deux fois plus haut, et me retournais pour me retrouver face à face avec Henry. Il m'avait suivi avec sa voiture, Sarah était dans le siège passager. Je m'essuyai rageusement les yeux, puis croisait le regard d'Henry.

- Qu'est-ce que tu me veux, toi ?

- Viens dans la voiture.

Il ne le dit pas d'un ton apaisant, dans le genre que j'avais vraiment besoin, sur le moment, accompagné d'une longue étreinte. Non, il l'avait dit d'un ton dure, comme si, lui aussi, comme tous les autres, était convaincu que j'avais tué Ben de mes mains.

Je secouai la tête et reculai d'un pas.

- Je suis pas fait pour vivre dans ta petite maison, Henry, dis-je, la voix dure comme du béton. Tous ceux qui m'approchent meurent, au cas où t'aurais pas encore remarqué. Peut-être que je vais finir par blesser gravement Sarah, comme j'étais déjà assez bien parti. Peut-être que c'est toi que je vais tuer, on sait pas ! À moins que les types qui sont venus pour me tuer soient déjà en chemin, et qu'ils ont le temps de me tuer avant que je le fasse en premier.

- T'es cinglé, dit Henry en secouant la tête et reculant d'un pas.

- Tu crois ? Alors, dis-moi si j'hallucine. Tu les vois, ceux qui sont déjà arrivés, et qui attendent encore les renforts ?

Je levais le doigt en direction du van, où le conducteur regardait attentivement la scène tout en parlant dans un talkiewalkie. Derrière lui, d'autres van arrivaient. De l'autre côté de la rue aussi, il y avait déjà deux vans d'arrêté. Ils avaient bloqué tous les issus, formant un cercle contenant Henry, Sarah et moi. Voilà pourquoi aucun chasseur ne s'était pris à moi, hier. S'il y en avait déjà sur place, ils attendaient les renforts. Ils se rendent compte, enfin, que ce n'est pas parce que je suis coincé dans le corps d'un gamin maigrichon de douze ans qu'ils peuvent se permettre de me sous-estimer.

C'était moi, la cible, mais je le voyais venir : je serais le seul à sortir de cette histoire indemne.

- Viens dans la voiture toute de suite, Jayden, ou je te jure...

- Ils veulent me tuer, moi, pas vous, dis-je, les poings serrés. Pas de mouvement brusque et il y aura pas de balle perdue.

Henry ouvrit la portière arrière de la voiture, passa ses bras autour de moi et me projeta dans la voiture. J'atterris coucher sur le ventre, tout mon long sur la banquette, et Henry claqua la porte derrière moi. Je le vis contourner la voiture pour aller se mettre derrière le volant.

- S'il te plait, fait pas ça, dis-je, sentant les larmes se remettre à couler le long de mes joues. J'ai pas envie que vous mourez pour moi.

- Je mourais comme j'en aurais envie, dit Henry en se retournant pour me lancer un regard noir. Si c'est en te protégeant, toi et Sarah... je mourrais heureux.

Henry se retourna pour croiser le regard de Sarah, mais elle l'ignora, se penchant pour ce rapprocher de moi.

- C'est comme dans Supernatural ? demanda-t-elle.

- Dans mon cas, c'est les Winchesters qui sont les méchants.

- De quoi vous parlez, vous ? s'écria Henry. Il faut qu'on trouve comment sortir de là.

- Eh bien, si je pouvais simplement sortir, ils vont me tuer, et ça finit là, dis-je en baissant les yeux. S'ils ne l'ont pas encore fait...

Je relevai les yeux pour regarder dehors toutes les vans qui nous encerclaient. Dans la plupart, ils étaient deux, un au volant, l'autre, dans le siège passager, était à moitié sortie par la fenêtre, nous pointant avec leurs pistolets. Mais aucun d'eux ne tirait.

- Ils ne veulent pas tuer d'innocents, dis-je, ne pouvant m'empêcher de rire. Ah, ouais, c'est comme ça que vous fonctionnez ? m'écriais-je, ayant tout de même des doutes qu'ils puissent m'entendre. Vous êtes tous des tarés !

L'un d'entre eux tira, et le parebrise craqua, un énorme rond blanc se formant dans le milieu, alors que Sarah laissait échapper un énorme hurlement. Si la vitre n'avait pas été là, cette balle se serait enfoncée dans ma tête. Si seulement !

- Comment on sort de là ? demanda Sarah, les larmes aux yeux.

J'ouvris la bouche pour répondre, mais au même moment, d'autres coups de feu se firent entendre. Cette fois, par contre, il ne toucha rien ; c'était des coups en l'air, pour attirer notre attention. Comme s'ils ne les avaient pas déjà !

La personne qui avait tiré s'avança, se détachant de la foule, et je reconnus aussitôt Charlie. Toute envie de me laisser mourir disparut d'un coup ; j'avais envie, au contraire, de le tuer sur-le-champ.

- Jayden ! s'écria-t-il, s'avançant tranquillement vers la voiture, un M16 sous le bras. Sors de ton trou !

Je m'élançai vers la portière, prêt pour la guerre, mais je sentis une main sur mon épaule, et je me retournai vers Henry.

- Je t'interdis de sortir, dit-il, la voix grave.

- T'inquiète pas pour moi, je suis assez rapide pour sortir de la trajectoire d'une balle. Et puis, si je meurs, ce sera une bonne chose. J'ai déjà tué je ne sais plus combien d'innocents, dont un hier soir seulement. Je te le dis, si je veux affronter la mort, c'est mieux pour tout le monde de me laisser y aller. OK ?

Henry ne répondit rien à ça, et je sortis de la voiture. Je m'avançai à la rencontre de Charlie, qui releva son M16 sur son épaule, me pointant en souriant.

- Prêt à mourir ?

- On me dit ça à chaque fois, et je suis encore là, dis-je en haussant les épaules. Mais cette fois, je le vois bien que je suis cerné. Alors tu pourrais au moins les laisser partir ? Ils n'ont rien à voir là-dedans.

- Une fois que tu seras mort, je les renverrais chez eux, promis.

- Je veux pas qu'ils voient.

- Ça vient au même, ils ne s'en souviendront pas, dit Charlie avec un clin d'œil.

Sur le coup, tout un tas de souvenirs me revint en même temps : Ben disant m'avoir vu dans un cercueil, Sarah disant que mon nom n'était pas sur la pierre tombale, policier numéro un qui me tire dessus en m'accusant d'avoir tué policier deux et trois, et policier numéro quatre qui n'est au courant de rien... et Marcus disant que les chasseurs ont « une pierre qui peut effacer et modifier n'importe quel souvenir ». Alors... ça existerait vraiment ?

Puis je réalisais que c'était un très mauvais moment pour me perdre dans mes pensées, car Charlie, sans attendre que je répondre quoi que ce soit, appuya sur la détente. Je roulais sur le côté et aucune balle ne me toucha, mais tous les autres chasseurs formant le cercle qui m'entourait éclatèrent tout de même de rire, comme quoi ce n'était qu'un spectacle pour eux. Mais moi, tout ce que j'entendais, c'était Henry et Sarah qui criaient, derrière moi.

- Laisse-les partir maintenant ! m'essayais-je encore. Il pourrait...

Charlie m'interrompit d'une autre salve et je sautai pour m'éloigner de la trajectoire.

- T'es cinglé ! criais-je.

Charlie éclata de rire aussi surement que ses acolytes, comme quoi c'était déjà une évidence. Il continua à tirer, et tout en évitant la trajectoire, j'essayai de m'approcher de lui, mais ce n'était pas facile. Si j'arrivais à faire deux pas, l'un des chasseurs dans les rangs s'essayait de me tirer une balle en pleine tête. J'avais l'impression de danser sur une chorégraphie que je ne connais pas, mais si je fais une erreur quelque part, je meurs. Et je suis nul en danse.

Une balle me toucha l'épaule et je perdis l'équilibre, tombant sur les fesses alors que Charlie, contant de lui, ajusta son fusil sur son épaule pour bien viser ma tête.

- Stop !

C'était Henry. Je risquai un regard dans sa direction et vis qu'il était sorti de la voiture et s'avançait droit vers Charlie. La peur m'envahit, encore pire que l'idée de me faire tirer dessus par un crétin avec son M16, et je me relevai aussitôt. Tous les chasseurs dans le cercle levèrent leurs armes pour me viser, alors que Charlie abaissait son arme pour se mettre face à Henry, un grand sourire au visage.

- Laissez-le tranquille, je vous en pris ! dit Henry, les mains en l'air. Ce n'est qu'un gamin !

- C'est ce qu'on croyait aussi, répondit Charlie avec un petit sourire en coin. Sauf qu'il a tué quatre d'entre nous. Alors, je préfère ne pas le sous-estimer. J'ai apporté beaucoup de mes amis, cette fois.

Des cris et des rires fusèrent dans le cercle, et je risquais un regard vers ses visages, maintenant qu'ils ne semblaient pas avoir envie de me tirer dans la minute. Ils étaient près d'une trentaine, tous chacun d'eux me surveillant pour s'assurer que je ne tente rien. Puis je reconnus Laura dans les rangs, et je me figeai totalement, droit devant elle, sans plus donner aucune importance à la conversation entre Henry et Charlie. Contrairement à tous les autres, Laura ne souriait pas, savourant la future victoire. Elle semblait plutôt me lancer un regard noir, son pistolet pointé sur ma tête comme tous les autres. Puis elle secoua la tête de gauche à droite, très lentement, surement que j'étais le seul à l'avoir remarqué. Elle ajusta sa prise sur son pistolet, puis je me rendis compte qu'elle ne me visait pas, pas exactement. Elle semblait me viser, les autres n'y verraient rien, mais moi, étant la cible, je le voyais : elle visait au-dessus de ma tête.

Elle ne faisait que jouer la comédie. Elle était toujours de mon côté.

Pour faire bonne mesure, je me retournai, choisissant une personne au hasard dans la foule pour le dévisager de la même manière, avant de reporter mon attention à Henry et Charlie.

Henry criait, ce foutant visiblement que Charlie tenait un M16 et qu'il semblait atteindre les limites de sa patience. Je levais les mains en l'air et risquai un pas dans leur direction.

- Henry, dégage de là ! criais-je à mon tour.

- Ouais, Henry, retourne te cacher ! dit Charlie. Ça te regarde pas, tout ça. (Charlie se retourna pour me dévisager, toujours avec son petit sourire en coin.) T'avais raison, j'aurais dû les laisser partir depuis le début. Il est vraiment rabat-joie, ce type !

- Bah allé, laisse-les partir ! S'il te plait !

- Je n'irais nulle part ! s'écria Henry. Vous pouvez dire ce que vous voudrez, je ne partirais nulle part sans mon filleul !

- Ah, mais ton filleul est mort dans cette maison, il y a des mois de ça ! Mais, bon... si tu y tiens vraiment...

Charlie releva son M16, droit sur le cœur d'Henry, et appuya sur la détente. Quatre balles eurent le temps de s'enfoncer dans sa poitrine avant qu'il ne s'effondre au sol. J'entendis en sourdine le cri de Sarah, toujours dans la voiture, alors que Charlie se retournait lentement vers moi. Encore là, il souriait toujours.

- Il voulait pas comprendre, dit-il sur un ton d'excuse.

J'eus l'impression qu'une bulle éclatait autour de ma tête, alors que la réalité me rattrapait. J'oubliai tout le reste, absolument tout, sauf ça. Que Charlie venait de tuer Henry. Et que Charlie s'apprêtait à me tuer, avec la même froideur, devant les yeux de Sarah, et de tous les autres chasseurs qui me regardaient comme ils regarderaient un spectacle.

Je m'élançai vers lui, roulant de côté pour éviter les balles de son M16, un bon pour éviter un des chasseurs dans les rangs qui essaya de me tirer dans la tête, pour arrivait à la hauteur de Charlie, l'attrapant à la gorge et le retournant pour m'en faire un bouclier. Aucun chasseur dans les rangs ne se risqua de tirer, trop peur de toucher Charlie.

- Tirez, vous en faites pas pour moi ! dit Charlie dans un grognement.

Il essaya de se dégager, mais même qu'il faisait près de cinquante centimètres de plus que moi, j'étais toujours le plus fort.

- Ouais, vous en faites surtout pas pour lui ! criais-je à mon tour. Vous cherchez à me tuer parce que je suis un meurtrier ? Et lui, là-dedans ?! Et vous ?

Je croisais le regard de Laura, au beau milieu de mon champ de vision. Elle semblait réellement en colère. Elle était peut-être de mon côté pour l'instant, mais si je tuais Charlie, elle serait prête à me tuer comme tous les autres.

J'entendis un coup de feu derrière moi, et j'eus tout juste le temps de me retourner ; la balle alla directement dans l'épaule de Charlie, qui ne put se retenir de pousser un hurlement. Pour ma part, je souriais de toutes mes dents.

- Arrêtez de me sous-estimer. Je suis trop rapide pour vous, vous le voyez bien !

- Désolé, Charlie !

Je n'eux pas le temps de reconnaitre d'où venait la voix ; pratiquement tous les chasseurs tirèrent en même temps. Je me baissais aussitôt, attirant Charlie au-dessus de moi comme un bouclier.

J'entendis des hurlements, je n'avais aucune idée où était l'utilité. C'est moi qui étais cerné, c'était moi qui étais censé hurler, non ? Ou Sarah. Mais c'était les chasseurs.

C'était un genre de revirement de situation plutôt inattendu. C'était une panthère qui attaquait les chasseurs, déversant la panique dans leurs rangs. Un fauve d'un noir de jaie qui sautait sur des chasseurs au hasard, leur arrachait littéralement la tête entre ses crocs, puis en choisissait un autre. Certains chasseurs s'enfuyaient vers leurs vans respectives, d'autres attaquaient la panthère avec leurs pistolets. Je voyais clairement les balles s'enfoncer dans la chair de l'animal, les giclées de sang en ressortir, mais il ne ralentissait pas.

J'ignorais qu'il y avait des panthères dans ce coin du monde. Et j'ignorais qu'ils étaient aussi résistants que... eh bien, que moi. Ce gros chat était tout aussi bizarre que...

- non... marmonnais-je, avant de sourire toutes mes dents. Pas possible !

Plus aucun chasseur ne faisait attention à moi, alors je me retournais et courrais en direction de la voiture, où Sarah était toujours. J'ouvris sa portière et l'attrapai par le poignet pour l'obliger à se baisser, préférant éviter des balles perdues. Elle était complètement figée, les yeux ronds. Elle ne faisait pas plus attention à moi que les chasseurs ; toute son attention était sur la panthère qui déversait sa colère sur les chasseurs.

- Je rêve, dit-elle lentement. Dis-moi que je rêve.

- Oh non, tu ne vas pas t'y mettre toi aussi ! m'énervais-je. C'est pas un rêve, tout est réel, ou bien on a les mêmes hallucinations. Y'a vraiment une trentaine de types armés qui ont essayé de me tuer, sans y parvenir. Y'a vraiment une panthère qui s'est ralliée à ma cause pour me donner la meilleure diversion qui peux pas exister. Et... ton père est mort. Je suis désolé, mais il faut vraiment que je te fasse sortir d'ici au plus vite.

Sarah reporta enfin son attention sur moi. Ses yeux n'étaient plus exorbités, mais elle semblait à deux doigts de se rouler en boule et de pleurer son père. Je refermai mon emprise sur son poignet et la secouée vigoureusement.

- C'est pas le moment pour ça ! Il faut que tu partes d'ici, tu comprends ?

Sarah hésita un moment, puis hocha la tête. Elle sauta en bas de son siège, et je me mis à courir, l'entrainant avec moi. J'avais fait à peine cinq pas que je fis face à face avec un chasseur. Sans attendre une seule seconde, il releva sont pistolet sur ma tête, et au même moment, la panthère lui sauta dessus et lui arracha la tête.

- Mais c'est quoi, ce bordel ? cria Sarah.

- J'en sais rien, mais je t'adore, panthère ! criais-je à mon tour.

L'animal tourna la tête vers moi, montrant les crocs. Je reculai d'un pas quand l'évidence me vint : peut importer pourquoi il y a une panthère, je ne vois vraiment pas pourquoi elle serait là pour moi. Mais ensuite, la panthère leva la tête, montrant clairement un collier à son cou. Il y avait une plaque bleue, écrit « Anou ».

- Oh, putain ! m'écriais-je, quand je compris enfin.

La panthère se retourna et continua d'attaquer les chasseurs. Sarah me serra la main ; cette fois, c'était à elle de me ramener à la raison.

- Allez, on court !

Je hochais la tête, puis continuai à courir. Je sortis du cercle des chasseurs et continuai mon chemin sur la route, en direction de la ville. Des policiers pourront surement nous aider. On bien non. De toute façon, comment est-ce seulement possible qu'ils ne soient pas venus plus tôt ?

Cette fois, nous purent traverser près de cent mètres, avant que je n'entende un coup de feu venant de notre direction. Je me laissais tomber à plat ventre au sol, entrainant Sarah avec moi, qui tomba à genou.

- Eh, le vampire ! On n'en a pas fini, avec toi !

Je me retournai pour lui faire face, poussant Sarah derrière mon dos pour la protéger. Elle était plus grande et plus large que moi, surement que je n'étais pas le plus efficace des boucliers, mais c'était déjà mieux que rien. Elle, elle s'en satisfaisait pleinement, car elle me serrait les poignets.

Le chasseur devant moi s'avançait lentement, le pistolet prêt à tirer. Loin derrière, je voyais Anou, le petit chat de gouttière tout maigre, ressemblant maintenant à une énorme panthère, trop occuper avec les autres chasseurs pour nous remarquer. Il ne pourra pas venir nous sauver, cette fois.

- Sarah, va-t'en, dis-je, les dents serrées. Sauve-toi.

- Je... J'irais nul par son toi, bredouilla-t-elle.

- Va-t'en. Tout de suite.

Le chasseur continuait d'avancer, toujours de plus en plus prêt. Je n'osais rien faire tant que Sarah sera derrière moi, me tenant par les poignets, et lui ne semblait pas avoir envie de manquer son coup et de tirer Sarah par inadvertance. Enfin un chasseur qui a du sens. Du coup, j'hésitais à avoir envie de le tuer.

- Allez, Sarah, va-t'en, dit-il nerveusement.

Sarah dut se rendre compte de sa nervosité et en venir aux mêmes conclusions que moi, car elle sortit de sa cachette, se mettant cette fois devant moi.

- Je vous interdis, dit-elle, la voix tremblante.

- Dégage de là ! s'écria le chasseur. Tu comprends rien ? Ce gamin, c'est un vampire ! C'est lui, qui est dangereux !

- De ce que j'en sais, c'est vous qui le rendez dangereux !

- Sarah, dis-je, les dents serrées.

- Je te laisse une chance, la petite...

- T'as chance, tu peux te la foutre au cul !

À bout de patience, le chasseur essaya de lui tirer en plein cœur, mais je la tirais contre moi, et la balle ne toucha personne.

- Sérieux, Sarah arrête, bon sang ! Tu vas te faire tuer, comme ton père !

Sarah se figea, et je sus que j'avais visé juste, malgré que ce fût surement un peu rude.

- Va-t'en, je peux gérer.

- Ouais, va-t'en, dit le chasseur.

Mais cette fois, elle était réellement figée, regardant de gauche à droite avec des yeux écarquillés, comme si elle se rendait seulement compte de ce qui se passait. J'essayai de me dégager le poignet, de la pousser, mais elle me serrait fort. Je ne pouvais rien faire tant qu'elle me tiendrait, j'avais trop peur de lui faire du mal, mais si elle restait là, j'avais surtout peur qu'elle se fasse tuer.

Puis j'arrivais au moment où le chasseur, sans plus aucune patience, sortie une petite machette accrochée à sa taille. Je n'avais jamais réalisé qu'il en avait une, et sur le coup, je fus trop surpris pour faire quoi que ce soit. Quand je me décidais de réagir, c'était déjà trop tard, et ça ne comptait plus rien.

Le chasseur trancha net la main de Sarah qui me retenait toujours le poignet, puis la poussa d'un coup de pied pour qu'elle tombe au sol. Sarah, dos contre terre, se roula en boule et se mit à pleurer et crier de douleur, tenant son moignon de sa main valide. Sa main tranchée était toujours agrippée à mon poignet.

- Ç'aurait pu être pire, dit le chasseur avec une grimace de dégout pour Sarah.

Sans plus de cérémonie, il releva son pistolet vers moi et tira. Je l'évitais en me poussant de côté et m'élançais vers lui pour lui sectionner la jugulaire avec mes dents, puis le laissait tomber fesse contre terre, le laissant agoniser. Pour ce qu'il venait de faire à Sarah, celons-moi, il n'en méritait pas moins.

Je le laissais là, s'agrippant à deux mains à son cou, les larmes aux yeux, puis me penchait vers Sarah.

- Ça va ?

Question idiote, mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Pour toute réponse, Sarah se mit à pleurer encore plus fort. Je lançais un regard derrière moi ; tout un tas de chasseurs gisants à terre, certains clairement mort, la tête en moins, d'autre trop blesser pour se relever. Anou était assis au milieu, regardant de tout côté s'il restait d'autre adversaire. J'espérais seulement que Laura aurait été épargnée à ce massacre.

- Accroche-toi, je t'apporte à l'hôpital, dis-je à Sarah, une main sur son épaule.

Elle hocha vigoureusement la tête, puis leva ses yeux embués de larmes vers moi.

- Ma mère va être folle de rage, murmura-t-elle.

Je laissais échapper un rire, puis passais ma main dans ses cheveux pour essayer de la calmer.

- Hey, Sarah, tu m'as pas dit ce que ça voulait dire, ce que t'as dit... Homo Hidu...

- Homo Hirudinea ? marmonna-t-elle en riant. Homme sangsue.

J'éclatais de rire, ce qui était totalement déplacé sur le moment. Tout un tas de cadavres, Sarah amputée, et pour une raison totalement inconnue, une panthère. Et moi, je riais. J'étais sérieusement en train de péter un câble.

- Ça va aller, t'inquiète pas. Ça va aller...

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