Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 15


Ben et moi avion été directement à la maison, sans détour. Dans un côté de mon esprit, je n'arrêtai pas de me répéter : des chasseurs, des policiers, des gens qui me reconnaissent. Ce soir est peut-être mon dernier jour sur terre. C'est trop dangereux. Non, je dois partir tout de suite. Je n'aurais jamais dû venir.

D'un autre côté, j'étais tellement heureux d'avoir retrouvé Ben, malgré cette dernière partie totalement imprévue, que j'étais incapable d'envisager que le danger soit réel. Je me sentais immortel, même bien plus que je ne l'étais déjà.

Nous étions de l'autre côté de la rue, à regarder la maison. De ce que je voyais, il n'y avait personne dehors, mais il pourrait aussi bien y avoir des gens à l'intérieur.

- Eh bien, on y va ? dit Ben. C'est bien pour ça que t'es venu.

- Oui, répondis-je platement. Mais je ne suis pas sûr si c'était vraiment une bonne idée.

Je levais les yeux vers lui. M'attendant à le voir regarder la maison, je fus presque étonné de voir que c'était moi qu'il regardait.

- Plus je te regarde et plus je trouve que t'as changé, dit-il.

- Je pourrais te retourner le même commentaire. J'étais plus grand que toi, avant.

- Hé, j'y peux rien, j'ai pas encore fini de grandir. Attends-toi à me voir taper les deux mètres.

- Non, je ne le verrai pas, soupirais-je. Allons-y.

Je regardai des deux côtés de la route, puis traversai la rue avant que Ben ne se décide à continuer la conversation. Dans la cour devant la maison, il y avait une pancarte « à vendre », et rien que la regarder m'achevait. Je la retirais et la mise coucher dans l'herbe pour que personne ne puisse voir ce qu'il y a d'écrit dessus, puis m'avançai vers la porte d'entrée.

- J'ai balancé cette pancarte un million de fois, au moins, dit Ben.

- Merci.

Je m'arrêtai encore une fois devant la porte d'entrée. Le paillasson devant la porte avait disparu. Qui sait combien de choses sera différente, à l'intérieur.

- Ça va aller, dit Ben en me pressant l'épaule. C'est la première étape d'un renouveau.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Quand tu auras accepté... ce que tu as à accepter, plus rien ne t'empêchera de rester ici et de reprendre la vie là où tu l'as laissé.

- Ben ! m'énervais-je en me retournant vers lui. Je ne peux pas rester et reprendre la vie, comme tu dis.

- T'es encore plus pessimiste que dans mes souvenirs. Je crois que je préfère l'autre Jayden.

- L'autre est mort dans cette maison, dis-je en serrant les poings, rivant le regard sur la porte d'entrée. Je ne suis plus du tout le même. J'ai hâte que tu le comprennes.

Sans répondre, Ben tourna la poignée de porte, prêt à changer le sens de la conversation. Mais la porte resta fermée. Il poussa un long soupir.

- J'avais complètement oublié que la porte est verrouillée.

Je repoussai sa main de la poignée, puis ouvrit la porte. J'entendis le cling du verrou qui se brise, mais je n'en fis pas attention. J'entrai dans la maison, Ben me suivant de près.

- Comment t'as fait pour ouvrir la porte ? demanda Ben.

Je ne répondis rien, trop estomaqué par ce que je voyais devant moi. Tous les meubles, effet personnel, même les photos sur les murs qui m'avaient hantée pendant ses dix mois... avaient complètement disparu. La maison de mon enfance n'était plus qu'une coquille vide, et ça me brisait le cœur.

Je baissai les yeux, essayant de penser à autre chose. Je pris une grande inspiration, avant de dire, tout bas :

- On se tient exactement là où mon père est mort. C'est le seul que j'ai vraiment vu mourir. Je jouai à cachecache avec mes sœurs. J'étais caché là (je levais le doigt en direction de ce qui était la salle à lavage, droit devant, mais la porte était fermée.) Les autres sont tous morts dans le salon. Quand j'ai regardé, elles étaient déjà mortes.

Ben me pressa l'épaule, et je m'avançai dans le salon. Ce n'était plus qu'une pièce vide et banale, et je sentais les larmes me monter aux yeux.

- Toi aussi, t'es mort dans le salon, celons ce que j'ai compris. T'as été le dernier à mourir. T'aurais essayé de le tuer avec un couteau... mais il aurait retourné l'arme contre toi. Il t'avait tranché la gorge.

- En quelque sorte, marmonnais-je.

J'avais envie de lui raconter la vraie histoire : que c'était moi qui lui avais tranché la gorge, sauf que ce type, c'était un vampire. Et la raison pourquoi je suis là, ce n'était pas parce que j'étais réincarné, mais parce que ce type était un vampire et qu'il m'avait contaminé. Si je n'étais pas revenu avant, c'était parce que j'étais ailleurs.

- Bon, eh bien, t'es là, dit Ben. Qu'est-ce que tu voulais faire ici ?

- Je n'en ai aucune idée. C'est mes rêves qui me disaient de venir.

- T'as encore des rêves, même après la mort ?

- S'il te plait, Ben, arrête avec ça ! soupirais-je. Je vais dans la chambre de mes parents, c'est là que commence le rêve à chaque fois. Heu, reste ici, OK ? Je veux y aller seul.

- Attends, prend ça.

Je me retournai vers lui pour voir ce qu'il me tendait ; son téléphone cellulaire, en mode lampe torche. Je le pris, fermai la lumière en lançant un regard lourd de sens à Ben, puis parti en direction de la chambre. J'avais oublié qu'il faisait trop sombre pour lui pour y voir clair. Ç'aurait dû être pareil pour moi, puisqu'il n'a toujours pas compris ce que je suis vraiment, et c'est tant mieux. Je n'avais pas envie qu'il le découvre, mais je n'avais pas envie de mentir ni de jouer la comédie. S'il s'avance vers moi et dit « est-ce que t'es un vampire ? », je crois que je vais simplement dire oui, sans plus.

Arrivé à la chambre de mes parents, il n'y avait rien. Rien du tout, même pas de lit. Je m'avançai vers la penderie et ne fus pas étonné de la voir totalement vide. Par contre, j'étais en colère contre la personne qui l'aurait vidé. En colère contre plein de choses.

Qu'est-ce que j'espérais trouvé ici ? Il n'y a rien ! En désespoir de cause, je m'assis tout au fond de la penderie, comme dans le rêve. Au bout de quinze secondes, je commençai vraiment à me sentir ridicule. Ne sachant quoi faire de plus, je pris le téléphone de Ben et composait le numéro de Laura. Ce sera au moins une chose de fait. Laura répondit à la quatrième sonnerie.

- Allo ? marmonna-t-elle.

- Je te réveille ?

Elle eut un moment de silence, pendant que j'imaginais qu'elle se disait un « oh non, pas lui ! » silencieux.

- C'est pas grave, fini-t-elle par dire. Comment tu vas ?

- Bien... Je voulais juste te laisser savoir que je suis encore en vie, pour l'instant. Et puis... Je suis désolé, pour hier. Tu m'en veux pas trop ? Je t'ai pas trop fait mal ?

- Oh, ça va, t'inquiète pas pour ça. C'était pas de ta faute.

- La faute de ce que je suis, soupirais-je.

- Oh, ça va, Jay, t'en fais pas. T'es pas le premier à qui ça arrive, et tu seras pas le dernier.

- Mouais... Bah, je suis désolé.

- Merci bien, mais là, je veux dormir. Il est une heure du matin. On se parle une autre fois, OK ?

- OK.

Puis elle raccrocha. Je me sentais toujours autant mal que la fois où je l'avais poussé pour qu'elle atterrisse sur sa table basse. En soupirant, je fermai le téléphone et le glissai dans ma poche, puis me relevai et sortie de la penderie. C'était inutile de rester ici et de faire patienter encore plus Ben.

Je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais, mais je ne l'ai pas eu. La seule chose que j'ai trouvé, c'est une maison vide, à vendre. Ça aurait pu tomber plus mal : la maison aurait pu être vendue. J'aurais fait comment pour entrer s'il y avait eu des gens ?

- Heu... Jayden ? entendis-je depuis le salon.

- Ouais, j'arrive, soupirais-je.

J'allai vers le salon, la mine basse. S'il n'y avait rien, est-ce que mes cauchemars continueront pour toujours ? Ou le simple fait d'être venu sera suffisant pour les faire taire ?

Arrivé au salon, je relevai la tête, regardant pendant un instant par la grande fenêtre. Normalement, il y aurait eu des rideaux, mais là, les rideaux faisaient partie de tout le reste qui n'était plus dans cette maison. Par contre, mon attention fut vite détournée de la fenêtre, car dans l'autre coin du salon, Ben était coincé dans les bras d'un gars que je reconnus tout de suite pour ne l'avoir vu que pendant quelque minute : Charlie. L'un des chasseurs. Il tenait Ben bien serré dans ses bras, un pistolet sur la tempe, mais Ben souriait.

- C'est la deuxième fois en une heure que je me fais menacer d'un fusil, dit-il. Pas à dire, c'est le meilleur rêve que j'ai jamais fait !

- Et si c'était pas un rêve ? répondit Charlie. Et si c'était la réalité ?

- Alors, je suis dans la merde.

- Pas vrai, Jay ? dit Charlie en relevant la tête vers moi. Quelqu'un va mourir ce soir, et j'ai pas spécialement envie de tuer ton ami. Il a l'air gentil.

- Eh bien lâche-le ! m'écriais-je.

J'essayai d'avoir l'air courageux, mais en fait, j'avais rarement eu aussi peur. S'il fallait que Ben meure... je ne sais pas ce que je ferais.

- Dans ce cas, tu vas faire ce que je te dis. Recule lentement, jusqu'au mur derrière toi.

Je n'avais pas envie de reculer. J'avais envie de, au contraire, lui sauter dessus et de faire de lui mon repas. J'en tremblai tellement j'avais la rage. Mais il fallait que je pense à Ben. Si je ne fais pas ce qu'il veut, Charlie pourrait tuer Ben, comme il est arrivé trop tard pour sauver ma famille, et qu'il s'est dit : « oups ! Tant pis ».

Je reculai vers le mur, mais avant de le toucher, je sentis des mains m'attraper. Évidemment que Charlie n'était pas venu seul ; il veut mettre toutes les chances de son côté. Je voulus tourner la tête pour voir qui me tenait, mais je préférai ne pas m'essayer, puisque je sentais derrière ma nuque le canon d'un pistolet, prêt à tirer.

- Je peux avoir un décompte ? demandais-je. Genre : trois, deux, un, et ensuite on me tire ? Ce serait la moindre des choses, puisque là, vous avez un net avantage.

- Je crois plutôt qu'on est à armes égales, dit Charlie. OK, on a deux pistolets et un otage. Toi, t'es super fort et super rapide. Contente-toi de ça. Trois !

En fin de compte, mon avantage, ce fut que Charlie était persuadé d'avoir gagné d'avance. Oui, il visait Ben, mais il n'était pas vraiment prêt à le tirer. Le temps qu'il se rende compte que quelque chose n'allait pas, il eut à peine de temps de mettre son doigt sur la détente, que j'avais déjà usé de mon avantage, comme l'avait si bien dit Charlie : super force et super vitesse.

Quand l'autre type me tira dessus, j'avais sauté, du fait qu'il n'avait pas tiré dans ma tête, mais au bas de mon cou. Je ne sais pas si c'était le fait que je suis résistant, ou si c'était l'adrénaline, mais je ne sentis rien du tout. Puis je m'étais retourné vers le type, l'avais empoigné par le cou, puis l'avais lancé de toutes mes forces contre Charlie, qu'il heurta de plein fouet. Ce type était énorme, il devait faire au moins deux mètres de haut, mais je l'avais lancé aussi simplement qu'un oreiller.

Ben eu à peine le temps de dire « Wow ! » que je me précipitai vers lui pour lui prendre la main et le forcer à courir aussi vite que possible pour qu'on sorte d'ici. J'avais déjà ouvert la porte quand j'entendis un coup de feu, et je poussai Ben pour le protéger. Dans la précipitation, j'avais trébuché et, je ne sais pas exactement comment ni pourquoi, mais la balle s'enfonça bien profond dans ma fesse.

- Charlie, je vais t'enfoncer une bombe dans le cul, un de ces jours, tu vas voir ! m'écriais-je à plein poumon.

J'empoignai Ben, le portant à moitié, et couru aussi vite que possible, sans destination particulière. Mon but, pour le moment, c'était de partir au plus vite d'ici.

- Stooop ! cria Ben au bout d'un moment.

Je m'arrêtai de courir et le lâchai, mais lui s'effondra carrément à plat ventre sur le sol. Nous étions à l'autre bout de la ville, où les arbres devenaient plus présents. Un peu plus loin dans cette direction et c'était le bout du monde, comme je l'appelai avant. La plage, donnant sur l'atlantique.

- Je suis vraiment désolé, grognais-je en m'appuyant contre un arbre, cherchant avec les doigts la balle qui s'était enfoncée dans ma fesse sans aucune honte, malgré qu'il fallût avouer que c'était vraiment insultant. J'aurais pas dû te laisser me suivre, c'était trop... arg !

J'avais trouvé la balle, mais plutôt que de tirer, j'avais appuyé dessus, l'enfonçant encore un peu plus creux. Je passai un doigt de chaque côté pour l'attraper, grimaçant sous la concentration. La balle glissait entre mes doigts à cause du sang, mais au bout de vingt longues secondes pendant lesquelles Ben ne faisait que me regarder bouche bée, je parvins enfin à la retirer, et je la lançai rageusement au loin.

- Trop dangereux, achevais-je en soupirant. Il va me falloir un nouveau pantalon...

Ben hocha timidement la tête pendant que je m'attaquai à la balle que j'avais dans le dos, juste sous le cou.

- Mais qu'est-ce que t'es ? demanda-t-il, me regardant toujours avec de grands yeux.

Je soupirai en secouant la tête, mais regrettai aussitôt mon geste : bouger la tête alors que je cherchai une balle dans mon cou, ce n'était pas recommandé.

- Est-ce que ça te fait mal, au moins ?

- Assez.

Je trouvai la balle du bas de mon cou et la retirai, poussant un soupir de soulagement. Je me sentais moins lourd, du coup.

- Une nouvelle garde-robe tout entière en fait, marmonnais-je. (Je levais les yeux vers Ben, qui maintenant, grimaçait en regardant la balle que j'avais toujours dans la main.) Qu'est-ce que je fais de toi, maintenant ? Les chasseurs te connaissent, je sais pas s'ils vont te laisser tranquille, puisque t'es normal, ou s'ils vont te kidnapper pour m'avoir...

- J'ai pas trop envie de me faire kidnapper, dit Ben. Mais... je suis pas en plein rêve, hein ? Sinon, eh bien... c'est vraiment trop fou !

- Les rêves sont fous, soupirais-je. Moi, je fais le même depuis dix mois...

- Je parle de moi, là ! s'écria-t-il. Mon rêve ! Et là, j'en suis persuadé, c'est pas un rêve ! C'est la réalité ! Pas vrai ?

- Oui, c'est la réalité, dis-je en baissant les yeux.

- La réalité, répéta Ben, comme si c'était un concept qui lui échappait. Donc, je me suis réellement fait menacer deux fois par un fusil, dans la même soirée... Wow pour moi. Et puis... tu t'es vraiment fait tirer dessus deux fois, et c'est tout juste si t'as grimacé. Wow pour toi. Je veux savoir ! Qu'est-ce que t'es ?

- Ben, crois-moi, tu veux pas savoir...

- Je te dis que si ! S'il y a bien une chose que je veux, là tout de suite, c'est de savoir ce que t'es !

- Bah allé, devine, grognais-je. Un loup-garou, peut-être ? C'est pas toi qui affirmais que t'avais un cousin qui était un loup-garou ?

- J'y ai jamais cru. Il le disait lui-même pour plaisanter... Et puis, celons les légendes, les loups-garous sont chauds. Et toi, t'es glacé. Pas vrai ?

J'affirmai d'un grognement, n'ayant même pas envie de participer à la conversation. Mais puisque nous n'étions que deux, je n'avais pas vraiment le choix, à moins que, en plus de tout le reste, Ben ai pris l'habitude de se parler tout seul. Où il en était rendu, ça ne m'étonnerait pas.

- Je crois plutôt que t'es un vampire. Je trouve que tu y ressembles.

Pour toute réponse, je grognai encore plus fort. Je n'avais pas envie de mentir, encore moins envie de dire la vérité, et mimer la réponse par un mouvement de tête affirmatif ou négatif m'enchantai encore moins. Malgré tout, Ben comprit le message. Sa mâchoire se décrocha littéralement, alors qu'il me regardait avec des yeux ronds. J'imaginai assez bien la tête qu'il aurait s'il était dans un dessin animé : la langue roulant jusqu'au sol et les yeux débordant exagérément des orbites. En fait, je n'avais pas besoin de beaucoup d'imagination pour le voir.

- T'es sérieux ? fini-t-il par demander, la voix aigüe comme une sourie. (Il prit mon manque de réaction pour un oui.) Est-ce que... est-ce que t'as déjà tué des gens ? Et but leur sang ?

- S'il te plait, je veux pas en parler.

- Je suis sûr que ça veut dire oui.

Je haussai les épaules en poussant un grand soupir d'impuissance.

- Il faut encore qu'on voie ce qu'on va faire de toi. J'ai peur qu'ils te prennent pour cible pour essayer de m'atteindre...

- Mais c'était qui, eux ?

- Des chasseurs. De ce que j'en sais, certain chassent des vampires, d'autre des loups-garous... Les fantômes, aussi...

- En gros, tout et n'importe quoi.

- Ouep...

- Et ils cherchent à te tuer.

- Ouep.

- Comment on tue un vampire ? Genre, un pieu dans le cœur ?

- Classique, dis-je dans un ricanement. Mais ça m'étonnerait. Mon cœur est totalement hors service. Alors s'il faut qu'il soit perforé par un pieu, je crois que ça ne me ferrait ni chaud ni froid. De ce que j'en sais, c'est la même chose qu'avec les zombies : une balle dans la tête, c'est toujours efficace.

- Les zombies existent ?

- Aucune idée. Surement, puisque tout existe... Bon, arrête de changer de sujet, maintenant, OK ? Il faut que je trouve quoi faire de toi. Si on reste là indéfiniment à parler de n'importe quoi comme dans le bon vieux temps, les chasseurs vont nous retrouver, et ils vont nous tuer. Ou au moins essayer pour ce qui est, je pense... la quatrième fois ?

- Quatrième, et ils t'ont toujours pas eu. J'ai plutôt l'impression qu'ils ne sont pas très fort.

- Contre moi, dis-je en souriant. Pas tellement, non.

- Attention, ou tu vas attraper la grosse tête, dit Ben en souriant à son tour.

- Ça ne risque pas, je peux plus grandir. Et comment veux-tu que je grossisse, si je n'ai rien mangé depuis dix mois ? Arg, merde, arrête de changer de sujet !

- Tu changes de sujet tout seul, je n'ai rien dit !

- C'est pas vrai ! Tu me poses des questions, je me dois bien de répondre ! Maintenant, tais-toi, une minute. Laisse-moi le temps de réfléchir à ce que je dois faire...

- Moi, je crois qu'il serait temps que je retourne chez moi. Pourquoi chercheraient-ils à me tuer, de toute façon ? Je suis cent pour cent normaux. Dans mon corps, du moins. Dans ma tête, c'est une autre hist...

Pow.

Le temps que je rende compte de ce qui se passait, Ben s'effondra au sol, une tache de sang apparaissant sur son teeshirt, au niveau de son nombril. J'étais tellement sous le choc que je ne pensais même pas à lever la tête vers la personne qui avait tiré.

- Il est pas mort, mais la prochaine va la tuer, dit une voix à peut-être cinq mètres derrière moi. C'était pas très malin de ta part de rester là, à découvert. Si tu ne fais pas ce que je te dis, il meurt, c'est clair ?

- O-oui, dis-je d'une petite voix.

- Très bien, alors ferme les yeux, ça va aller vite.

Plutôt de que lui obéir, je me retournai et lui sautai à la gorge. C'était fou comment les chasseurs étaient mou, à croire qu'ils faisaient exprès. Je lui cassais le cou, puis mordais sa jugulaire, presque par habitude, mais je me relevai, le laissant saigner au sol, puis revenais vers Ben, toujours là où je l'avais laissé. Il était blême et grimaçait sous la douleur, la main au-dessus de la blessure, mais sans appuyer, comme quoi ça faisait trop mal pour le toucher.

Je ne savais pas quoi faire. J'avais pris l'habitude de ma propre endurance, et j'imaginais sa douleur comme un cure-dent enfoncé dans le nombril. Je pensais un instant à simplement retirer la balle avec mes doigts, mais Ben était tellement blême qu'il semblait sur le point d'évanouir.

- Tu veux... heu... je peux t'emmener à l'hôpital ? bredouillais-je, à deux doigts de la panique. C'est pas trop loin, je peux t'y emmener, ou... j'appelle une ambulance ? Tu veux que j'appelle ? Hé, t'es toujours conscient ? Ben, merde !

- suis là, marmonna-t-il. Et, ouais, j'ai... (il grimaça sous le coup de la douleur, et je sentis les larmes me monter aux yeux.) J'ai pas trop envie de mourir.

- Tu vas pas mourir !

Je passai un bras autour de son cou, essayant de passer l'autre autour de son dos pour le soulever, mais il m'en empêcha aussitôt.

- Stop, stop, stop, stop, merde ! marmonna-t-il.

Je le relâchai aussitôt, à deux doigts de la panique.

- Je... je vais appeler l'ambulance, dis-je, la voix tremblante.

- Non, appel pas. Pas toi...

- Quoi ?

Il parlait tellement bas que j'arrivai à peine à comprendre ce qu'il disait. Je m'approchais un peu plus de son visage pour entendre.

- Je suis pas totalement cinglé, tu sais ? chuchota-t-il. T'es mort. Tu vieilli pas. Mais si... si la police sait que t'es encore en vie, après tout ce temps... tu vas être traqué. Pas seulement par eux. Appel pas, ok ?

- Ben, tu vas mourir, si je les appelle pas !

- Toi t'es mort. Et t'es encore en vie...

Il eut l'air de vouloir ajouter quelque chose, mais la douleur l'en empêchait. Il était tellement blême qu'il semblait sur le point de perdre connaissance. Et pourtant, j'avais parfaitement compris ce qu'il voulait dire. Je me penchai encore un peu plus vers lui, m'assurant de bien comprendre ce qu'il allait dire. Il n'y avait plus que cinq centimètres qui séparaient nos visages.

- Tu veux vraiment... que je fasse de toi un vampire ? demandais-je d'une voix tremblante.

- S'rait chouette, marmonna-t-il. On sera ensemble...

- C'est pas une vie très recommandée ! Tu pourras plus voir ta famille. Et puis, c'est pas garanti que tu survives. On m'a dit que, généralement, personne en dessous de dix-huit ans survit à la transformation !

- Jay, t'as douze ans. Et je le veux... déjà en train de mourir, de toute façon...

- Ben, je peux pas...

Ma voix était trop cassée pour continuer les argumentations, et Ben, de son côté, souffrait trop. Il était réellement en train de mourir, d'une longue agonie. Il avait fermé les yeux depuis un moment déjà, mais là, tout de suite, il semblait réellement mort.

Me maudissant moi-même de mon choix, je me mordis le poignet au sang, bien profond, pour le faire couler. J'ouvris la bouche de Ben et y approchait mon poignet : mon sang entra directement jusqu'au fond de sa bouche. En quelques secondes, il ouvrit des yeux écarquillés, puis trembla comme s'il essayait de se retourner pour vomir, mais je le retenais. Je me sentais atrocement mal, j'en avais les larmes aux yeux, mais je savais que c'était le seul moyen. Et puis non, en fait. Merde, j'aurais dû appeler l'ambulance ! Mais Ben ne voulait pas, et je l'ai écoutée. Sauf que Ben est en train d'agoniser ; il ne peut pas avoir les idées claires, c'est certain. Donc, en gros, c'est de ma faute. S'il meurt, c'est entièrement ma faute.

Les yeux de Ben se révulsèrent, et il perdit connaissance. J'arrêtai de verser mon sang dans sa bouche – de toute façon, mon poignet avait déjà suffisamment cicatrisé pour qu'il ne saigne plus.

Je tournais la tête vers le chasseur qui lui avait tiré dessus, cinq mètres plus loin. D'autres chasseurs vont venir, c'est obligé. Je passais mes bras autour de Ben pour le soulever, puis l'amenai avec moi. Il fallait que je trouve une meilleure cachette.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro