Voyage
Un voyage à-travers l'Océan Atlantique était un long voyage ! L'Océan Atlantique était un océan difficile, fougueux et versatile. Il a ses humeurs, ses tempêtes et ses remous. Le voyage durait trois mois. Il pouvait en durer six !
Dieu merci ! Javert et Valjean ne passèrent que trois mois à bord du Jeanne-Marie. Les deux hommes marchaient sur le pont de concert et observaient les eaux. Ils étaient calmes et discrets, ne dérangeant pas le travail des marins.
Ils étaient toujours corrects et ne se touchaient jamais. Accoudés au bastingage, ils attendaient de voir apparaître les côtes de la France.
« J'ai apprécié de travailler à restaurer des bateaux, avoua une fois Valjean. Si on oublie le fouet et les argousins, bien entendu. »
Cela provoqua un rire chez son compagnon et leurs mains se frôlèrent.
« J'ai rêvé il y a longtemps d'entrer dans la marine, lança Javert.
- Qu'est-ce qui t'en as empêché ?
- Mon passeport jaune. »
Valjean ne répondit pas. Javert le gitan !
Il y eut tellement de jours. Tellement de nuits. Javert commençait à être connu des passagers et des marins comme l'homme au perroquet. Thénard sur son épaule, Javert se promenait avec Valjean sur le bateau.
Et Thénard hurlait ses imprécations en argot.
« Tu sais François, avec ta couleur de peau et ton perroquet, tu ressembles à un pirate ! Il ne te manque que la boucle d'oreille.
- Tu la veux ? »
D'un geste habitué, Javert sortit d'une des poches intérieures un fin anneau brillant et le glissa à son lobe d'oreille.
« Alors le birbe ? Satisfait ?
- Tu ne connais pas le langage des pirates ?
- Je ne suis pas resté assez longtemps à leur contact pour apprendre. A part quelques insultes. »
Javert se pencha vers Valjean et doucement dans le creux de l'oreille, il lâcha quelques horreurs dans un langage mâtiné de créole et d'espagnol. Valjean ne comprit pas mais la proximité de Javert le fit rougir.
« Qu'est-ce que cela veut dire ? »
Javert se mit à rire si fort que cela attira les regards des autres passagers.
Des jours et des jours. Javert ne fit pas d'autres crises, la douleur s'estompait dans ses poumons. Il était encore jeune et ardent. Il forçait Valjean à le suivre, chaque nuit. Chaque nuit.
Et le vieux forçat était trop heureux de lui obéir.
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