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Nuit d'ivresse 2

Quelques jours encore, quelques promenades dans les jardins, quelques discussions amicales... Le temps passa lentement et Javert se remit doucement de ses blessures. Il fut de plus en plus question d'un retour à la maison pour terminer la convalescence. Javert hochait la tête sans rien dire, un sourire amusé traînant sur les lèvres.

Revenir à la maison, non, retourner à son poste d'officier de police, certainement...

Cet après-midi-là, Valjean était entrain de se préparer pour partir à l'hôpital. Il avait déjà mis sa veste et s'emparait de son manteau lorsque Cosette vint le chercher avec un grand sourire.

« Regarde qui est là papa.

- Ma chérie ? »

Un rire amusé ponctua cette question et une silhouette massive apparut dans l'entrée de la maison.

« Merci, madame la baronne, » lança la voix grave et profonde que Valjean avait appris à apprécier.

Javert !

Javert était là. Il était vêtu d'un uniforme flambant neuf. L'inspecteur Javert !

« On t'a laissé sortir ?

- On n'a pas eu le choix. Je suis capable de reprendre le travail.

- Vraiment ?

- Sans problème. Vous m'accompagnez pour ma patrouille, monsieur le maire ?

- Avec plaisir, inspecteur. »

Cela faisait écho à des années en arrière, des patrouilles sous le ciel de Montreuil, un maire et son chef de la police, épaule contre épaule, remplis de haine et de méfiance. Là, c'était Paris, le froid de l'automne s'annonçait dans la bise qui soufflait les feuilles des parcs, dans la pluie glacée qui mouillait les pavés des rues.

Javert marchait d'un pas assuré. Il était heureux de sa toute nouvelle liberté. Valjean se tenait à ses côtés, ne pouvant s'empêcher de l'examiner. Plein d'appréhension.

« Une pincée de tabac ?, proposa le policier.

- Je ne prise toujours pas.

- Une fille ?

- Javert !

- Alors un verre d'alcool ?

- Durant le service ?

- A vrai dire, je n'ai pas encore repris le service. Je serais de nouveau l'inspecteur Javert demain.

- J'en suis content. »

Javert souriait tout en poursuivant sa route. Puis enfin, il se tourna vers Valjean et lui avoua ce pour quoi il était venu.

« Je voulais te remercier Valjean, dit-il abruptement.

- Me remercier ?

- Pour avoir vu en moi un ami. Pour ton soutien à l'hôpital. Je... »

Javert se troublait, baissait la tête. C'était étrange de voir cet homme si sûr de lui ne plus trouver ses mots. Valjean posa sa main sur l'épaule de l'inspecteur en souriant :

« Ce fut un plaisir. Allons boire ce fameux glace.

- Je connais un mastroquet qui en a un bath. Il accepte même de servir les cognes.

- Il y en a qui refusent ?

- Non, ils n'ont pas le droit mais ils pissent dans le picton. L'urine tourne le vin. Je le sais, j'ai déjà goûté.

- Javert ! Tu m'as tellement manqué. »

Un verre suivi d'un autre. L'après-midi finissait, le soir tombait, la nuit s'annonçait nuageuse et humide... Javert avait posé son chapeau sur la table, ouvert les premiers boutons de son uniforme, retiré le collier de cuir. Cela lui donnait un côté débraillé qui le rajeunissait. Le cabaretier connaissait l'inspecteur mais il le dévisageait avec attention. Une pointe d'incrédulité, voire de peur dans les yeux.

« Tu ne lui as pas dit ?, demanda Valjean.

- Quoi ?

- Que tu es en vie !

- Laisse-moi profiter de ce plaisir d'être ressuscité. J'adore affoler les gens ! »

Un verre suivi d'un autre. Le cabaretier avait apporté un repas simple, du pain, de la charcuterie. Il était l'heure de partir. Mais aucun ne bougeait, perdu dans leur conversation.

Montreuil. Toulon. Paris. Paris. Montreuil. Toulon. Surtout Toulon. Valjean racontait dix-neuf ans de haine et de douleur. Javert se faisait l'avocat du diable, expliquant pourquoi les doubles chaînes, pourquoi le mitard, pourquoi le fouet... Cela faisait grincer les dents de l'ancien forçat mais Javert opposait à ses cris de colère les noms de ses collègues morts, tués par des forçats révoltés.

« Genlain. Genlain avait une femme et trois enfants. Il était honnête et droit. A quatre, ils se sont mis à le bastonner. Il a mis trois jours à mourir de ses blessures.

- Javert..., rétorqua Valjean, menaçant. Sorel a été laissé dix heures en plein soleil après une flagellation. Dix heures ! Il est mort d'une fièvre cérébrale due à l'insolation.

- J'ai tenu une heure ! J'aurai pu mourir !

- Je n'étais pas là ! Tu serais sûrement mort de ma main.

- Jean-Le-Cric !

- Le Pharaon !

- Comment avons-nous pu survivre à tout cela ? »

Valjean fit tomber la veste. Javert salua le courage du geste en levant son verre très haut. Un sourire moqueur sur les lèvres. Il faisait chaud dans l'estaminet et les consommateurs commençaient à arriver. C'était la nuit. Cosette devait s'inquiéter. On se mit à rire, à chanter, à se parler fort. Et les deux hommes se sourirent, correctement avinés, mais encore un peu conscients des convenances. Des prostituées arrivaient à la chasse aux clients.

« Il me manque encore quelqu'un à mon tableau de chasse, lança tout à coup Javert.

- Qui ?

- Montparnasse. »

Cela dégrisa un peu Valjean qui contempla Javert, les yeux clairs étaient redevenus un désert glacé.

« Javert. Tu sais qu'il n'y est pour rien.

- Je sais. Jondrette me l'a dit, Azelma me l'a dit, ce fils de pute de Gueulemer me l'a dit.

- Alors pourquoi tu le veux ?

- Le dernier relent de Patron-Minette. Il empeste la ville comme le loup empeste une forêt. Je sens son odeur à chaque instant.

- Javert, le chien de chasse. Tu chasses les criminels à l'odeur ?

- Cela m'est arrivé, reconnut Javert. Certains sont tellement sales et hideux que leur odeur est trop forte pour ne pas être notée. »

Cela fit rire Valjean et arracha un sourire des lèvres fines du policier. Ça y était, Valjean avait réussi à mettre de la familiarité dans ses relations avec Javert.

« Un chien de chasse..., » répéta Valjean, avec bienveillance.

Et puis... Et puis les convenances commencèrent à être oubliées. Javert avait trop bu, Valjean avait trop bu. Pour une fois, les deux avaient trop bu et leurs yeux brillaient trop fort. Ils ne se quittaient pas du regard.

« Pardon, monsieur, rétorqua Javert avec suffisance. Je suis un chien-loup. Un loup des Asturies aux dires de ma mère.

- Un loup des Asturies ?!

- Tu ne connais pas cette légende ?

- Tu ferais un magnifique loup, c'est vrai. »

Puis Javert sursauta. Il fixait les yeux de Jean Valjean. Le vieux forçat avait des yeux d'un bleu profond, magnifique. Il ne les avait jamais remarqués. Enfin pas vraiment. Pas comme ça. Valjean ne se rendait compte de rien. Il souriait, perdu dans le gris métallisé des yeux de l'inspecteur.

« Que dit cette légende ?, demanda Valjean.

- On raconte dans les Asturies que parfois dans les portées de loups se trouve un chien. Un chien-loup. Et que la mère doit le tuer à la naissance sinon le petit allait détruire ses frères et sœurs, ses père et mère. Je suis ce chien-loup car je n'ai pas hésité à chasser ceux de ma race.

- Ce n'est pas une jolie légende et tu n'es pas dangereux.

- Tu es gracié aujourd'hui, mais si nous revenions un an voire un peu plus en arrière ?

- A l'époque...tu étais dangereux, c'est vrai... »

Une fille vint tout à coup s'asseoir sur les genoux de Javert, glissant doucement ses mains sur sa nuque. Consciente que l'homme, déjà saoul, pouvait se révéler un client potentiel, malgré l'uniforme. Il se laissa cajoler puis ferma les yeux lorsque la fille posa ses lèvres sur les siennes, il força la bouche à s'ouvrir pour lui et lui donna un baiser profond. Une danse entre deux langues. La fille défit le ruban retenant les cheveux de l'inspecteur pour les caresser et une vague grisonnante, soyeuse glissa sur les épaules de Javert. Valjean les regardait, abasourdi. Puis Javert la chassa d'un geste, montrant son uniforme. Un peu tard peut-être.

« Tu te trompes de micheton, ma jolie punaise. Essaye plutôt mon vis-à-vis.

- Non, » fit Valjean, affolé.

Mais la fille se releva des genoux du policier et vint tester ceux de Valjean, docile et souriante. Tentatrice. Elle était encore jeune et agréable à regarder. Dix-sept ans ? Valjean était tellement gêné qu'il rougissait. Et puis il était vrai que la fille était tentante. Petite diablesse, elle le caressa à-travers ses vêtements, avant de lui embrasser le cou. Valjean voulait la jeter sur le sol et s'enfuir en courant. Il avait trop bu.

« Pourquoi ?, lança Javert indifférent, en buvant son verre. Tu n'aimes pas les jeunesses ?

- Javert ! Je t'en prie.

- C'est quoi ton nom ma toute belle ?, demanda le policier à la prostituée, ignorant royalement Valjean et ses supplications.

- Marie, répondit la fille en jouant de ses cils.

- Un nom prédestiné. Mon poteau est un timide. Tu seras gentille ?

- Oui, monsieur l'inspecteur. C'est quoi son petit nom ?

- Jean, » répliqua Javert.

Puis la gamine murmura doucement « Jean » dans le creux de l'oreille de Valjean avant de poser ses lèvres sur celles de l'ancien forçat, le forçant à lui céder. Valjean voulait s'opposer mais les lèvres, les caresses, l'alcool, lui faisaient perdre la tête. Il y avait longtemps. Des filles de ferme, du foin odorant... Javert contemplait le tableau qu'ils formaient, la fille et le forçat, avec un regard insondable.

« J'ai une amie, » jeta la fille au policier.

Un rire sans joie accueillit cette proposition.

« Sois à ton turbin, la fille. J'allonge la monnaie. Je lui fais un cadeau. Un cadeau de cogne et de mouchard. »

Puis Valjean se reprit enfin et repoussa la fille :

« Non, mademoiselle, je vous en prie. Je... »

La prostituée rit follement et Javert ne put s'empêcher de l'imiter.

« Pas de chance, « mademoiselle ». Il va te falloir chasser ailleurs cette nuit. Et si tu pouvais rendre sa bourse à mon compagnon, je pourrais oublier de t'emmener au poste. »

Un sourire incertain, la fille glissa sa main dans son corsage et en sortit une bourse que Valjean reconnut avec stupeur comme étant la sienne. Javert la prit et remercia avec un sourire approbateur.

« C'est bien, la punaise. Tu as des doigts d'or. Tu devrais aller voir Vidocq. Il a toujours besoin de mouchards et de gens habiles dans son Bureau. »

La fille ne dit rien, elle attendait, vaguement inquiète.

Javert sortit un Napoléon de sa poche et la jeta à la jeune voleuse. Elle s'en saisit au vol.

« Pour tes baisers la fille. Tu embrasses bien. Tu arrives même à faire perdre l'esprit. »

Une rapide révérence, un sourire moqueur et la fille se dirigea vers une autre table où elle rejoua la même scène. Bientôt assise sur d'autres genoux, elle tentait de faire d'autres poches.

Valjean voulait vomir. Et en même temps, la fille avait été gentille et le désir était encore présent dans ses tripes. La salle principale du cabaret était presque vide. Des servantes nettoyaient, quelques clients dormaient sur les tables, attendant d'être jetés dehors par le patron...et les deux hommes étaient toujours là.

Javert se tenait à sa table, calme et tranquille, impassible. Valjean assis en face de lui, se sentait fatigué et honteux.

« Pourquoi ?, demanda simplement Valjean.

- Nous avons trop bu, Valjean. Viens, je vais te ramener chez toi. Ta fille doit s'inquiéter.

- Pourquoi Javert ? »

Une poigne le saisissait et serrait le bras avec force. Javert grimaça. Le bras droit était douloureux.

« Partons, Valjean. La nuit est vieille et le chemin est long jusque chez toi.

- Javert !

- Et je ne veux pas d'une scène. Je suis inspecteur de police, tu te souviens ? »

Valjean le lâcha, subitement conscient de ce qu'il faisait. Javert frotta son bras avec douceur.

« Pardonne-moi, je suis désolé. Je...

- La force de Jean-Le-Cric ! Tu aurais pu me tuer, c'est vrai. Mais tu étais au mitard quand cette révolte a eu lieu et je bénis le Ciel que ces imbéciles n'aient pas pensé à aller te chercher. Ou qu'ils n'en aient pas eu le temps.

- Une heure c'est ça ?

- Une heure de bastonnade et de flagellation. J'ai perdu conscience plusieurs fois et on me ranimait avec de l'eau salée.

- Comment cela a-t-il fini ?

- Tu as oublié Le-Cric ?

- J'étais au mitard ! Je ne me souviens pas de cette révolte.

- Les gardes ont pris d'assaut la cour, ont sauvé les survivants et ont fusillé les mutins. Je m'en suis chargé personnellement.

- Tu n'étais pas à l'hôpital ?

- Après ! Rien ne m'aurait empêché d'avoir la vengeance ! Même à demi-mort, je me serais vengé ! A l'époque, j'ai osé appelé cela la justice ! Tu vois, Valjean, j'ai changé, j'ai compris, je n'ai que rarement travaillé pour la justice et la loi mais surtout pour la vengeance et la vindicte. Aujourd'hui, je sais ce que je vaux, ce que je suis et... »

Javert se tut, comme s'il allait trop en dévoiler.

« Je ne vaux pas grand chose, » ne put-il s'empêcher d'ajouter.

L'alcool le rendait bavard.

« Javert, tu ne devrais pas dire cela.

- Je suis né de la gouttière et je ne l'ai jamais quittée, quelque soit l'uniforme que je porte. Autant le savoir et l'accepter.

- Cette fille ?

- Un cadeau Valjean. Pour toi. »

Javert eut un sourire qui ne se refléta pas dans ses yeux. Voilà pour le malaise. Il fallait rester deux amis, un point c'était tout ! Deux hommes, âgés, avec une vie derrière eux faite de confrontation et de poursuite, de haine et de peur, cela seul comptait !

« Un cadeau ?, répéta Valjean.

- Nous avons trop bu ce soir. Au moins les esprits sont calmés. Allons marcher dans les rues de la ville. Il fait nuit. Peut-être y a-t-il des étoiles ce soir ?

- Patrouiller la nuit ?

- J'aime patrouiller la nuit... Bientôt, je n'aurai plus le droit de patrouiller la nuit, voire de patrouiller seul.

- Pourquoi ? »

Un sourire ironique apparut sur les lèvres fines de l'inspecteur. Valjean avait tellement de mal à comprendre Javert.

« M. Chabouillet a donné des ordres, M. Gisquet me les a martelés. Tous les officiers sont au courant. Je dois être accolé à un collègue. Je ne dois plus sortir seul et surtout pas la nuit. Je ne suis pas libre de mes mouvements. On me muselle et on m'attache.

- On n'a peut-être pas tort, non ?

- Peut-être, » admit Javert.

Le policier se redressa, remettant de l'ordre dans sa tenue. Il vacillait un peu. Il avait trop bu, il n'avait pas cessé de boire. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas dépassé ses limites. Ce soir était un de ces soirs.

Est-ce que Montparnasse était sur son territoire ?

Valjean le suivit lorsqu'ils quittèrent l'établissement. Javert claqua plusieurs pièces sur le comptoir en lançant, menaçant :

« Pour le désordre, pour l'alcool, pour le silence.

- Bien entendu, monsieur l'inspecteur. »

Un hochement de tête. Ils se retrouvèrent dans la rue.

Javert entraîna Valjean dans la nuit. Ses bottes martelaient toujours le sol, un pas martial, un peu saccadé ce soir. Il ne permit pas à son compagnon de saisir son bras. Ils marchèrent épaule contre épaule comme à l'aller.

Ce soir, Javert était farouche et Valjean se méprit pour la raison. Ce n'était pas à cause de la fille, ce n'était pas à cause de l'infamie d'avoir désiré une prostituée, c'était à cause de ses satanés yeux bleus...mais cela Valjean ne le savait pas...

Devant la porte des Pontmercy, Valjean se retourna, subitement inquiet :

« Tu ne veux pas dormir ici, ce soir ? Il est tard et il y a une chambre d'amis.

- Merci, Valjean. Mais je pense que je vais vomir incessamment sous peu, ce serait inconvenant de le faire sur le tapis précieux d'un ancien baron de l'Empire.

- Javert... »

Valjean eut un rire désespéré.

Un geste vers un chapeau décoré d'une cocarde blanche et Javert disparut dans les rues. Sous la pluie, dans le froid, vers tout ce qu'il devait éviter pour conserver sa santé...

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