Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Jeanne

Le lendemain, Valjean fut là à la première heure. Il reprit la veille, son chapelet entre les doigts et glissant les perles de jais noir une à une au gré des prières consacrées.

« Le chapelet de M. Madeleine, murmura une voix faible non loin de lui.

- Dieu du Ciel ! Javert ! »

Valjean se jeta sur l'inspecteur. Il était si tôt que Valjean était le seul visiteur de Javert. Pas de M. Chabouillet, pas de Vidocq ou de collègues de Javert. Valjean avait vu l'inspecteur Leroux et d'autres policiers se relayer au chevet de l'ancien garde-chiourme. Manifestement, Javert était sinon apprécié, du moins respecté.

« Valjean... »

Mais l'ancien forçat ne voulut pas faire la même erreur une deuxième fois, il contint son impatience et s'efforça d'être calme et posé.

« Comment vous sentez-vous inspecteur ?

- Que de formalités ! L'affaire est si mauvaise ? »

Un souffle, un rire, une grimace de douleur.

« Comme si tu l'ignorais ! Mais tu vas me dire que tu as eu pire à Montreuil, n'est-ce-pas ?

- Non. Pas cette fois. »

Valjean nota la voix rauque et sèche et servit un verre d'eau au policier. Il y avait une carafe d'eau sucrée sur la table de chevet. Une manière de redonner un peu de force au blessé. On arrivait à le faire survivre grâce à cette eau sucrée et un peu de bouillon. Doucement, Valjean souleva le torse de Javert, le calant contre lui puis il l'aida à tenir le verre. Effrayé de le voir dans cet état.

« Je vais te chercher un médecin.

- Je sais. Laudanum.

- Mais tu souffres ! Tu dois prendre de la drogue pour calmer la douleur !

- Pas avant de t'avoir parlé. »

Nouvelle prise de souffle. Javert laissa claquer sa tête en arrière et ferma les yeux. Douleur intense. Pour qu'il la montre ainsi.

« J'y vais !, s'écria Valjean, affolé, prêt à partir de la chambre.

- Attends !, » lâcha le policier.

Des gouttes de sueur coulaient le long de son front, se perdant dans les favoris, glissant au-milieu des larmes. Javert pleurait ?

« Regarde le dossier Jeanne. Dans mon bureau.

- Explique-moi !

- Pardonne-moi ! »

Javert se mordit la lèvre jusqu'au sang sous la souffrance et Valjean s'échappa enfin. Il courut dans l'hôpital à la recherche d'un médecin.

On chassa l'ancien forçat. Valjean n'avait plus le droit de venir, ni personne d'autre d'ailleurs. L'état du policier était très grave. On restait évasif. Infection ? Septicémie ? Rechute ?

En tout cas, on empêcha quiconque voulant voir l'inspecteur d'accéder à sa chambre, même le préfet de police.

Valjean courut jusqu'à la rue Cloche-Perce. Il demanda à voir le bureau de Javert. C'était la même pièce, bien ordonnée, comme rue Petite-Sainte-Anne. Valjean découvrit aussitôt le dossier Jeanne.

Un dessin d'une vieille femme s'étalait en première page, suivi d'une adresse :

Jeanne Dumars, 24, place de la Croix Saint-André.

C'était tout. C'était le monde pour Valjean. Il reconnut les yeux de Jeanne. Il les aurait reconnus entre mille.

Il se précipita place de la Croix Saint-André...

Il examina les lieux avant de se présenter. Trente ans étaient passés. Il avait vieilli, il avait failli... Puis il vit une vieille femme revenir du marché, un lourd panier à son bras et un enfant accroché à sa main. Tout sourire. Elle se dirigea vers la maison numérotée 24 et y entra...

Il ne put s'en empêcher, il s'approcha et frappa à la porte.

La vieille femme l'ouvrit, son panier encore pendu à son bras. Elle leva la tête, elle le vit et son sourire disparut.

« Jean ?

- Bonjour Jeanne. »

Le panier tomba, les pommes roulèrent, l'enfant accourut, il avait peur. La vieille femme se jeta dans les bras de Jean Valjean. Il la retint, l'empêchant de tomber. Puis elle se recula pour le gifler de toutes ses forces. Une colère la prenait, une vieille colère, vieille de quarante ans.

« Jean ! Imbécile ! Voler un pain ! Ne pouvais-tu pas m'en parler avant ?

- Oui, ma Jeannette. »

L'usage du surnom fit pleurer la vieille femme et bientôt Valjean la rejoignit dans les larmes. Ils se serraient fort dans les bras l'un de l'autre.

« Mon Jean, mon Jeannot... Une vie sans toi...

- Je suis désolé, Jeanne. Tellement désolé. Désolé...

- Mon petit Jean... »

L'enfant s'était approché, surpris, inquiet. Il regardait ces deux adultes pleurer comme des enfants.

« Grand-mère ?, » demanda une petite voix, pleine d'angoisse.

La vieille femme se reprit, reculant doucement, ne lâchant pas les bras de son petit frère. Son petit frère de plus de soixante ans. Valjean caressa doucement la joue de sa sœur, sa chère grande sœur, essuyant une larme qui se perdait dans les rides.

« Tu es si belle, ma Jeannette.

- Menteur, mon Jean. Mon Jeannot. »

Et ils rirent, un peu fous. Valjean se redressa et aida sa sœur à se relever.

« Comment es-tu là ?

- Un ami m'a donné ton adresse. »

Javert ! Un ami ! Valjean ne put s'empêcher de sourire en songeant à cela.

« Béni soit cet ami ! Mais où est-il ? Je voudrais le remercier. Viens boire du thé ! Mon Jean ! Et manger du gâteau. J'ai fait une tarte aux pommes. Comme tu les aimais. Jean ! »

Il n'y avait aucun moyen de s'échapper à l'étreinte de la vieille femme. Elle tenait fermement les mains de Valjean, l'amenant à la table, lui servant une part de tarte, une tasse de thé bien chaud, préparant le miel, le sucre...ne sachant quoi lui donner pour lui faire plaisir. L'enfant, toujours surpris, tournait autour de sa grand-mère, l'aidant de son mieux, un peu perdu.

Valjean le regarda enfin, maintenant qu'il était assis, comme le patriarche de la maison.

« Qui est-ce ?

- Le petit dernier de Pierre.

- Pierre ?

- Mon dernier. Jean ! Tu as volé un pain pour lui. »

Valjean sentait son cœur se briser, de joie, de douleur...

« Il a survécu. Dieu en soit remercié.

- Tu l'ignorais ?

- Je ne sais rien de vous. On m'a parlé de toi, seule à Paris avec un enfant. Je n'ai jamais rien su de vous. »

La vieille femme semblait choquée. Une vie sans savoir !

« Ton arrestation a été terrible, Jean, mais elle nous a sauvés.

- Sauvés ?

- Le curé de Faverolles s'est enfin intéressé à notre sort, ainsi que le maire. On a placé les enfants dans des familles de la région. Je suis partie à Paris pour trouver du travail et j'ai emmené le petit dernier. Pierre.

- Aucun n'est mort ?

- Aucun, à l'époque, mon Jean. Aujourd'hui, le temps a passé. Certains vivent toujours, certains habitent encore autour de Faverolles. Julien est devenu élagueur, comme papa et toi, il est marié et a un fils, Lise est mariée à un fermier de Crèvecoeur, elle a eu cinq enfants, Marie a épousé un marchand ambulant, je ne sais jamais où elle est mais elle est heureuse de cette vie de gitan, Michel est marié et tient une auberge dans le sud, il n'a pas d'enfant. Mais d'autres sont morts. Ma petite Catherine est morte en couches il y a des années, quant à Jean, il est mort il y a dix ans maintenant. Accident de chasse. Il me reste Pierre, ici, à veiller sur moi et son petit dernier est sous ma garde. Hein mon petit Paul ?

- Oui, grand-mère. »

L'enfant reconnaissait les noms, l'homme si vieux assis à table devait être un ami de la grand-mère ?

« Mon Paul, voici ton grand-oncle. L'oncle Jean.

- Le bagnard ? »

L'enfant était émerveillé. Valjean eut une grimace de souffrance. Forcément, on devait se référer à lui sous ce vocable. La grand-mère sourit tristement.

« Oui, Paul. L'oncle Jean, le bagnard.

- Tu as réussi à t'échapper ? »

Impressionné, l'enfant se rapprochait, la peur s'était envolé. Doucement, il grimpa sur les genoux de Jean Valjean.

« Je me suis échappé, on m'a repris, je suis libre aujourd'hui. Je suis gracié.

- Dieu soit loué !, lança la grand-mère, les larmes coulant à nouveau.

- Ce sont les policiers qui t'ont arrêté ?, reprit l'enfant, examinant avec attention le vieil oncle Jean. Lui un bagnard ?

- C'est leur travail.

- Ce sont des salopards !

- PAUL !, » cria la grand-mère, fâchée.

Cela fit rire Valjean. Javert était un salopard, mais en même temps il ne faisait que son devoir. Il n'avait passé sa vie qu'à le faire et à le faire de son mieux.

« C'est leur travail, petit Paul. Où est ton père ?

- Papa est au travail. Il répare des maisons.

- Pierre est charpentier. La vie a été dure, mon Jean, mais nous avons tous survécu.

- Oui..., sourit Valjean.

- Et toi, mon Jean ?

- J'ai une fille, admit Valjean. Non deux !, se corrigea-t-il aussitôt.

- Pourquoi ne me l'as-tu pas amenée ?

- Je voulais être sûr que c'était toi.

- Ton ami aurait pu se tromper, c'est vrai. »

Non Javert n'aurait pas pu se tromper, mais Valjean avait été si impatient.

Valjean se releva, abandonnant le thé, le gâteau et, un peu affolé, il cria :

« Je vais te l'amener, maintenant, ne bouge pas ! Je reviens !

- Jean ! Attends ! Nous avons bien le temps.

- Ne bouge pas d'ici ! »

Avant de partir, Valjean saisit les mains de sa sœur et les embrassa avec effusion. Puis il fila chercher Cosette. Il prit un fiacre et offrit une fortune pour rouler à toute allure dans les rues de Paris. La jeune baronne, appliquée à lire tranquillement dans son fauteuil, vit entrer son père dans le salon des Pontmercy, échevelé et essoufflé. Elle se leva précipitamment, aussitôt inquiète.

« Papa, qu'y a-t-il ? Est-ce l'inspecteur ?

- Non. Non. Viens ma Cosette.

- Où ?

- Je t'en prie, viens.

- Mais papa... Explique-moi !

- Où est Marius ? Il doit venir aussi ! MARIUS ! »

Valjean hurlait, la voix de Jean-Le-Cric résonna dans la maison si bourgeoise et si calme des Pontmercy-Gillenormand.

Le baron de Pontmercy apparut, affolé.

« Qu'y a-t-il ?

- Viens, fils. J'ai quelqu'un à vous présenter.

- Papa ! Tu nous inquiètes, » s'écria Cosette, alarmée.

Mais Valjean ne dit rien de plus, il entraîna tout le monde dans le fiacre qui les attendait. La jeune femme était enceinte, son ventre s'arrondissait doucement, il fallait être prudent.

Le voyage fut court et Valjean se révélait un homme d'action. Il saisit la main de sa fille et posa l'autre sur l'épaule de Marius de Pontmercy.

Enfin, devant le 24, place de la Croix Saint-André, il eut un instant d'incertitude. La porte s'ouvrit aussitôt, avant même qu'il ne frappe, on avait du entendre le fiacre, l'attendre avec impatience. C'était le petit Paul qui ouvrit pour faire entrer tout le monde.

« Grand-mère a fait du thé et du café. Elle a sorti toutes les confitures et du pain. Elle voulait faire des omelettes mais je lui ai dit d'attendre.

- Tu as bien fait Paul, » répondit Valjean en souriant.

L'enfant les guida jusque dans la salle à manger. Paul n'avait pas menti. La table était couverte de tasses, de tranches de pain, deux tartes étaient déjà découpées et une théière fumait sur le poêle. Jeanne s'affolait dans la pièce, sortant ses plus belles serviettes de table, celles brodées au nom de son mari, décédé depuis si longtemps.

Enfin, elle vit son frère accompagné d'une jolie jeune femme enceinte et d'un jeune homme, tout aussi beau. Elle posa sa main sur sa bouche et s'approcha, les larmes aux yeux.

« Ce sont tes petiots, mon Jean ?

- Voici ma fille, Cosette et son mari, Marius.

- Ils sont beaux, mon Jean. Et tu vas être grand-père ?

- Oui, ma Jeanne. »

Valjean rayonnait, puis il présenta leur tante à Cosette et à Marius. Cosette fut tellement heureuse de trouver un membre de la famille de son père qu'elle saisit les mains de la vieille femme avec joie. Les deux femmes se serrèrent dans leurs bras. Puis Jeanne Dumars entraîna tout le monde jusqu'à la table, d'autorité, elle servit le thé, distribua des serviettes, donna des parts de gâteau. Elle s'assit à côté de Cosette, lui posant mille questions sur sa vie, l'écoutant raconter comment se déroulait sa grossesse, contente de donner des conseils. Une matriarche.

Marius écoutait, ravi de cette rencontre. Lui non plus n'avait pas de grande famille, un grand-père, une tante, un beau-père et voilà qu'on l'étourdissait à lui parler d'oncles, de tantes, de cousins, de cousines... Même s'il n'était là que par alliance, la sœur de Valjean le traitait comme le fils de ce dernier. L'après-midi se passa ainsi, entre les rires et les larmes. Valjean se raconta, un peu, expliquant les grandes étapes de sa vie, se taisant sur les grands drames, passant sur le bagne, s'attardant sur Montreuil et sur le couvent du petit Pic-Pus, oubliant les barricades pour arriver à aujourd'hui... Assez souvent le nom de l'inspecteur Javert se mêla à son histoire. Un ennemi devenu peu à peu un ami. La vieille femme questionna puis elle fut attristée d'apprendre qu'il s'agissait de cet ami, malade à l'hôpital. Il avait réussi à retrouver sa piste. Un bon policier tout compte fait.

Le soir vint. Il fallait rentrer, tout le monde était parti sans prévenir personne et M. Gillenormand et sa fille risquaient de s'inquiéter. Valjean demanda à sa sœur de venir vivre avec lui, elle lui rit au nez et répondit qu'il avait une vie à lui et elle aussi. C'était un peu tard pour vouloir les lier davantage. Valjean accusa le coup et fut un peu atterré.

D'autorité, la vieille femme invita tout le monde au déjeuner du dimanche, histoire de rencontrer le reste de la famille.

Cosette accepta avec empressement.

Valjean se contenta de cela, un compromis, on se verrait une fois par semaine... Il embrassa fort sa sœur avant de partir, caressant les cheveux blancs de Jeanne.

« Et ta femme, Jean ?, souffla-t-elle.

- Elle est morte ma Jeanne, mentit Valjean dans un simple murmure.

- Tu es encore très beau, mon Jean. Veux-tu que je te trouve une femme ? »

Il rit, sincèrement amusé.

« A Faverolles, tu voulais déjà me marier ma Jeannette.

- J'aurai du être moins égoïste et le faire. Te forcer à prendre la place de mon époux était une mauvaise action.

- Ce n'était pas égoïste. J'étais l'aîné de la famille.

- Mon Jean... Tu reviendras ?

- Bien sûr, ma Jeanne. Maintenant que je t'ai retrouvée. »

Ils se lâchèrent enfin. Une vie vécue l'un sans l'autre, ils avaient vieilli...

Valjean ne dormit pas cette nuit-là. Il ne réussit pas à manger non plus. Il passa de longues heures, à se promener dans le jardin, à regarder les étoiles, à songer à Faverolles, à sa sœur, à la vie, à Javert. Encore et toujours Javert.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro