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- - - - - PDV Jarod - - - - -

2 semaines plus tard

Confortablement installé sur le canapé, redevenu un simple divant puisqu'Eerika dort à présent avec moi en haut, je prends une gorgée de mon café, la belle blonde à mes côtés est callée contre mon torse, avec un chocolat chaud. Enfin, il y a plus de chantilly qu'autre chose, mais elle adore ça. Si je ne l'arrêtais pas, elle pourrait en manger des tonnes. Et sa silhouette demeure tout de même svelte.

Notre idylle ressemble à une romance d'adolescents. Nous restons collés l'un à l'autre chaque jour, allant systématiquement dans un nouveau magasin d'Helsinki pour ramener des décorations de Noël. La maison ressemble à un véritable village, entre les petits trains de partout, les maisons en pain d'épice, le sapin décoré de mille étoiles, les chaussettes à la cheminée, les guirlandes sur tous les murs. Un vrai marché de Noël rien que pour nous ! Mais mon coeur est tellement réchauffé de voir Kalle si émerveillé. Je le vois un peu plus que ce que j'aurais espéré. Tous les soirs, Mallaury et Fritz m'accordent un petit moment père/fils, Eerika est là une fois sur deux, mais j'ai l'impression de renouer tellement de liens avec lui. 

La semaine dernière, il a accepté qu'on fasse un tour en grande roue afin de contempler les décorations de la ville. Un moment court mais riche en émotion. Il n'a pas arrêté de poser son doigt sur la vitre de la cabine pour être que je ne loupe aucune illumination. Son amour pour le chocolat chaud est revenu, rien que pour ça il s'entend à merveille avec ma chère Eerika, et je pense que tous les jours, nous avons droit à de nouveaux biscuits. Quoi que, voilà plus de trois jours que personne n'a mis la main dans une pâte. 

Noël arrive dans une dizaine de jours, et tout est prêt. J'ai pu récupérer les cadeaux que Kalle a vu dans certaines vitrines, parce que son voeu formulé à ce célèbre homme habillé en rouge, il va être compliqué à réaliser. Et j'appréhende beaucoup ce moment, je ne sais pas comment mon fils va réagir.

? : - Papaaaaaaa !!! 

Je tourne légèrement la tête pour croiser le regard vairon d'Eerika. Nous regardons pourtant les informations à la télévision, et personne n'a parlé de son père.

Jarod : - Tu as entendu comme moi ?

Eerika : - Mmh oui, peut-être un enfant qui se promène dans la rue et...

Elle n'a pas le temps de finir sa phrase que la porte d'entrée s'ouvre à la volée. Pourtant, j'étais persuadé de l'avoir fermée à clef ! Je manque de renverser mon café alors que je me redresse, voyant une petite tête brune filer dans la cuisine.

Jarod : - Mais... Kalle ?! T'es pas en route pour l'école ?!

Je repère mes beaux-parents sur le perron, essouflés au plus haut point. Je dépose mon mug sur la table basse, caressant les cheveux d'Eerika au passag et vais à la rencontre des grands-parents de mon fils.

Jarod : - Que fait-il ici ? Toutes les affaires dont il a besoin sont chez vous, non ? 

Mallaury : - Oui, sauf qu'on a zappé quelque chose de la plus haute importance...

Je fronce les sourcils, sans comprendre. La voix de Kalle me parvient de la cuisine.

Kalle : - Papaaaaa, ils sont où les cookies qu'on a fait hier ?!

Jarod : - On était chez le marchand de barbe à papa, hier. On a pas fait de gâteaux, ils ont été mangés depuis longtemps. Pourquoi tu veux des gâteaux ?

Kalle : - J'en ai besoin ! C'est la kermesse de l'école aujourd'hui, j'ai dit à la maîtresse que j'apportais les supers cookies de Noël d'Eerika ! Tout le monde attend de les goûter !

J'écarquille cette fois les yeux.

Jarod : - Quoi, la kermesse ?! Déjà ?! Mais elle n'était annoncée que pour le quinze décembre, et c'est demain ! 

Mallaury : - Hmm, non, c'est aujourd'hui, Jarod. On voulait s'arrêter au supermarché du coin, mais Kalle a hurlé que ça se verrait si c'était du tout préparé, et pas du fait-maison. Alors... Nous voilà !

J'avise l'heure sur ma montre et je secoue la tête.

Jarod : - Bah là, je sais pas par quel miracle je vais me débrouiller pour terminer ça à temps !

Eerika : - Je peux aider, si vous voulez...

J'embrasse son front, tout en trotinant vers la cuisine.

Jarod : - Non non, je dois gérer ce défi moi-même !

Je la laisse faire entrer Fritz et Mallaury, même si je ne les porte toujours pas dans mon coeur, je ne suis pas aussi cruel pour les laisser se frigorifier dehors. Je me précipite devant les fourneaux, allume le four, prends un tablier que j'enfile et commence à sortir les ingrédients nécessaires à la préparation de cette pâte à gâteaux.

Kalle : - Tu fais quoi, papa ?

Jarod : - Je vais faire tes cookies, on a une heure devant nous, c'est jouable !

J'ouvre les placards et sors tout ce que je trouve. Je ne cuisine déjà pas d'ordinaire, mais alors sous le coup de la pression, je ne sais pas ce que cela va donner !

Kalle : - Papa, il n'y a pas d'avoine dans les cookies. Arrête, tu vas faire n'importe quoi !

Jarod : - Mais non, je me suis trompé alors, c'est ce pot que je voulais !

J'extirpe le bocal de raisins secs, faisant ricaner Mallaury et Eerika que j'entends dans mon dos.

Mallaury : -Je crois que nous allons tous mettre la main à la pâte, qu'en dis-tu Kalle ? Comme ça, tout sera prêt pour l'école à temps !

Totalement ravi par ce que vient de lui dire sa grand-mère, Kalle vient donner un tablier à tout le monde, Fritz venant près de moi.

Fritz : - Je ne suis pas doué de mes mains. Tu as une bière ? Je vais aller voir le match de base-ball à la télé.

Ben putain, on peut dire qu'il met sa pierre à l'édifice, lui ! Je lui désigne le frigo d'un mouvement de menton, alors que ma belle blonde vient se glisser devant moi pour prendre un autre bocal.

Eerika : - C'est celui-ci qu'il faut.

Jarod : - De la poudre d'amande ? Mais, tes cookies sont aux pépites de chocolat !

Eerika : - Et aux noix de macadamia aussi, donc, j'ai besoin de différents ingrédients. Tu sais quoi, prépare le glaçage, ce n'est pas sorcier. Kalle et moi, on s'occupe de la pâte, Mallaury de la confection des petites boules. On va y arriver !

Je la laisse totalement faire, elle est plus à sa place dans la cuisine que moi. J'ai l'impression d'être un véritable novice, alors que j'habite ici ! Je la contemple littéralement, je suis un faible face à elle, c'est le cas de le dire. Je reprends rapidement mes esprits avant de venir prendre le sucre et de l'eau pour faire le glaçage. Je commence à remplir un bol, mais plus je touille, moins ça ressemble à la consistance voulue.

Jarod : - Hum, c'est censé prendre au bout de combien de temps ?

Mallaury : - De quoi, le glaçage ? Instantanément quand tu mélanges l'eau avec, pourquoi ? 

Jarod : - Ah non, j'ai pas dû mettre assez de sucre, alors.

J'empoigne le paquet, mais c'est Kalle qui me bondit sur le bras pour m'empêcher d'en verser dans ma préparation.

Kalle : - Mais nooooon ! C'est pas du comme ça qu'il faut, mais celui qui ressemble à de la neige.

Perplexe, je lance un regard perdu à Eerika qui remplit la pièce de son rire cristallin.

Eerika : - Il a raison... Utilise le sucre glace, ça fonctionnera mieux. Le sucre semoule, tu peux le laisser sur le plan de travail, on va l'utiliser.

Bordel, quelle idée de faire plusieurs sortes de sucre, aussi ! Comme si c'était nécessaire ! Je prends cette fois les bons ingrédients, réussissant à faire une prépaation épaisse et collante. 

Jarod : - Et maintenant ?

Eerika : - A Kalle de te dire quelle couleur il souhaite faire...

Je regarde mon fils, son petit index tapotant son menton.

Kalle : - Du vert !

J'ouvre plusieurs tiroirs afin de trouver les colorants alimentaires. Je finis par attraper la boîte qui les contient, mais quand je l'ouvre, je découvre uniquement du bleu, du jaune et du rouge.

Jarod : - Ah non, me dites pas que je vais devoir mélanger je sais pas quoi pour faire du vert ? Ca te va pas, le rouge ?

En me retournant, je constate que deux plaques de boules de biscuits sont déjà prêtes. Mais, c'est pas humain de travailler aussi vite !

Eerika : - Mélange le bleu et le jaune, Jarod. Tu obtiendra du vert.

Je remercie Eerika d'un clin d'oeil, avant de commencer à faire de la chimie. Mettez-moi un flingue en main et je le démonte puis le remonte sans jamais le regarder, mais mettez-moi en cuisine et je suis une catastrophe ambulante.

Mallaury : - Combien de temps, la cuisson ? 

Eerika : - Laissez-moi faire, si vous permettez.

Tout en remuant mon mélange, je me tourne, prenant appui sur le plan de travail. Ma belle-mère est à côté de Kalle, tous deux ont les yeux rivés sur le four qu'Eerika remplit. Quelques secondes seulement passent, et la belle blonde rouvre la porte pour sortir les plaques contenant les cookies parfaitement formés et fumant. Elle les pose sur l'ilot, passant une main par-dessus pour les faire instantanément refroidir. Je ne me lasse aucunement de ce spectacle à couper le souffle. Mallaury est d'ailleurs bouche bée.

Mallaury : - Mais comment... Attendez, aucune pâte ne cuit en seulement trente secondes ! Comment avez-vous fait ?!

Kalle : - Secret du père Noël, mamie. Je t'avais dit qu'Eerika était géniale !

* * * * *

C'est à petites foulées que nous rejoignons l'école, à peine me suis-je garé devant. Nous sommes tous armés d'un plateau débordant d'une trentaine de cookies, on a carburé pour les préparer et au final, nous sommes à l'heure ! Nous arrivons dans le gymnase décoré pour l'occasion, pourvu de sapins et de guirlandes de toutes les couleurs. Rejoignant la maîtresse de Kalle près de son stand, nous déposons les gâteaux aux emplacements vides, avant de saluer le corps enseignant. Chacun nous remercie pour ces merveilles dont Kalle n'arrête pas de parler. J'aperçois du coin de l'oeil qu'Eerika rougit plus que d'habitude, elle est adorable ! Je passe un bras autour de sa taille pour la rapprocher de moi, embrassant sa tempe.

Jarod : - Tu as géré, merci...

Eerika : - Je ne pouvais pas ne pas aider Kalle... Regarde-le, il est loin du petit garçon que j'ai rencontré à l'hôpital... Sa joie de vivre est revenue ?

Jarod : - Il est encore plus joyeux que dans mes souvenirs. Tu sais que je te remercierai jamais assez ?

Eerika : - Oh, tu peux me dire merci en m'embrassant, je suis en manque de tes baisers...

Je souris tout en venant déposer délicatement mes lèvres contre les siennes, savourant son odeur fruitée. Elle sent toujours bon, me donnant constamment envie de croquer sa peau. Un véritable appel aux péchés ! Nous sommes toutefois interompus par un raclement de gorge, et je devine sans peine qu'il s'agit de Fritz. Nous décollons à contrecoeur nos bouches pour regarder mon beau-père.

Jarod : - Oui, Fritz ? 

Fritz : - Je coupe court à votre moment d'euphorie, mais nous sommes attendus au tribunal.

Je dévie les yeux sur Mallaury près de Kalle, avec ses copains, et je reporte mon attention sur mon beau-père.

Jarod : - Nous ? Pour ?

Fritz : - Toi et moi. Cela concerne la garde de Kalle.