❥ Chapitre 17
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- - - - - PDV Eerika - - - - -
J'adresse un sourire à Jarod qui peine à faire bonne impression. Il a beau avoir appris à camoufler ses émotions, je sais reconnaître un humain qui souffre. Et c'est clairement le cas ici. Parmi les plus dures épreuves de la vie, le deuil en fait partie. Dire adieu pour toujours une personne que l'on aime reste une chose difficile et injuste pour moi. Pourquoi avoir créé l'homme si c'est pour le faire mourir ? Je ne comprends pas le Créateur, chez nous, au Pôle Nord, cachés de toutes personnes non nées parmi nous, nous ne disparaissons pas avant d'avoir atteint nos mille ans au moins. L'espérance de vie chez les humains est de cent ans au grand maximum, et peu d'entre eux y parviennent.
Jarod : - Eerika, je ne pense pas que...
Eerika : - Fais-le pour Kalle. Viens, je reste auprès de toi. Tu dois combattre tes propres peurs.
Je m'attends à ce qu'il rechigne à nouveau et me contredise, mais il n'en fait rien. Ses paupières se ferment durant plusieurs minutes, je patiente tranquillement pour lui laisser tout le temps nécessaire de se reprendre. Je recule d'un pas lorsqu'il me regarde à nouveau de ses beaux yeux. Peut-être est-ce parce qu'il porte son treillis, mais il est au centre de l'attentino de la gent féminine. Qu'importe la tranche d'âge de la femme qui passe à ses côtés, il se fait détailler de la tête aux pieds. Est-il conscient de son charme ou y fait-il abstraction volontairement ?
Au fond de moi, je ne parviens pas à le voir triste. Cela m'étreint quelque peu le coeur, pourtant je viens seulement de le recontrer. J'ai aidé bon nombre de personnes, et cette volonté de faire de mon mieux me traverse pour la première fois. Je ne veux pas le décevoir, j'ai l'impression qu'une petite voix en moi me pousse à rester auprès de lui afin qu'il arbore un sourire radieux. Ainsi, il sera encore plus beau... Les paroles de Valterri remontent tout à coup dans mon esprit et je les chasse d'un mouvement de tête, attirant ainsi l'attention de Jarod.
Jarod : - Tout va bien ?
Eerika : - On ne peut mieux ! Viens, une bonne boisson chaude te fera du bien.
Voyant qu'il hésite, j'attrape son bras pour l'inciter à me suivre. Nous passons plusieurs maisonnettes avant de nous arrêter devant celui débordant de tasses de toutes les couleurs. L'homme dans le petit chalet nous sourit chaleureusement, avant de devenir blême lorsqu'il remarque mon accompagnateur.
? : - Bonté divine. Jarod Harding..., articule-t-il difficilement.
Je me tourne vers le beau brun, celui-ci soupire légèrement avant de saluer le noble marchand.
Jarod : - Mitar, bonjour.
Mitar : - Voilà longtemps que nous n'avons pas eu de tes nouvelles... Comment vas-tu ? Et le p'tiot ?
Visiblement mal à l'aise puisqu'il balance sur chacun de ses pieds par intermittence, Jarod met du temps à répondre. Le dénommé Mitar en profite pour me détailler sous toutes les coutures.
? : - Ca doit faire quoi... Un an, et une autre se pavane déjà à ton bras. N'as-tu pas honte ? ajoute brusquement une voix féminine.
Je découvre une autre femme, sûrement la femme de ce Mitar. Je fronce les sourcils lorsque je l'entends s'adresser de la sorte au militaire.
Jarod : - J'ai fait mon deuil. Aada est au paradis, et je pense avoir le droit de vivre sans me priver. C'est une... amie.
Jarod a hésité sur ce mot, mais que peut-il dire de plus ? Que je suis une connaissance rencontrée il y a quelques jours, et qui essaie de l'aider à surmonter sa peur de se retrouver dans un lieu où il allait avec sa défunte femme ? Ce serait trop bizarre, bien que ma présence ici ne soit que temporaire, le temps que Kalle et lui retrouve un bon esprit de Noël.
? : - Un an, Jarod ! Bon sang, Aada était apprécié par tant de monde, et toi... Tu l'as lâchement abandonnée !
Je sens une légère pression au bas de mon dos. Je constate que le beau brun me pousse légèrement pour passer à un autre cabanon. Il ne va pas se défendre ? Il va laisser cette... mégère lui parler comme ça ?!
Jarod : - Bonne journée, Mitar.
Mon sang ne fait qu'un tour. Je connais peu Jarod, si ce n'est pas du tout. Mais du peu que j'ai pu voir, et du peu qu'il a montré ses émotions lorsqu'il parle de son fils, je ne crois pas qu'il a abandonné sa femme. Je ne suis pas née de la dernière pluie, j'ai parfaitement compris à quoi il faisait allusion quand il a parlé de trahison venant de sa femme. Et c'est à lui qu'on manque de respect ? J'attrape une tasse que je balance sans ménagement au sol, fusillant la femme du regard. Plus personne autour de nous ne parle, le bruit sec de la procelaine s'étant brisé ayant jeté un blanc autour de nous.
Eerika : - Là, maintenant les passants sont captivés par votre stand, allez-y, criez, faites scandale, puisque c'est le regard des autres que vous voulez attirer en criant comme une poissonnière !
Je lui ai à priori cloué le bec. Jarod se penche vers moi, son souffle se répercute sur ma joue. Je sens aussitôt le rouge me monter au visage, être si proche d'un homme, d'un humain aussi séduisant surtout, je n'en ai aucune l'habitude !
Jarod : - Eerika, j'ai pas besoin de ça...
Eerika : - Je sais ! Mais là, c'est complètement injsute ! De prétexte qu'une femme est morte, tout le monde à le droit de t'en porter pour responsable ? Elle l'a trompé amèrement, sans aucun état d'âme, et il resté auprès d'elle ! Alors, on appelle toujours ça un lâche ? C'est vous qui devriez avoir honte, madame ! Faites attention, leur vin chaud est périmé, j'ai retrouvé un asticot à la surface de ma boisson !
Je m'éloigne sans plus attendre avant que mon nez ne se mette à clignoter d'un rouge éclatant. Rudolf a de qui tenir, c'est moi qui l'ai créé. Alors que lui, il s'en sert pour guider l'atellage du père Noël, moi je ressemble à un clown lrosque je suis hors de moi. Et cette femme odieuse m'a mise en pétard ! Je m'éloigne de cette allée, le fait d'être au centre de l'attention ne me plait pas du tout. Je bifurque près d'une maisonnette où une odeur de jus de pommes à la cannelle titille mes narines. Je souris béatement au vendeur qui me sert un verre, mais je n'ai pas le temps de lui tendre un billet qu'une main plus imposante le fait à ma place. Je souffle sur le haut de ma boisson chaude afin de la refroidir, ne quittant pas Jarod des yeux.
Eerika : - Merci, mais il ne fallait pas. J'ai de l'argent.
Jarod : - Je n'en doute pas. Tu as un sacré tempérament aussi. Je pensais que c'étaient les femmes qui avaient besoin d'un chevalier en détresse, et non l'inverse... Merci de l'avoir remise à sa place.
Eerika : - Les époques changent ! Tu n'allais vraiment rien lui dire ? Un tel manque de respect est inacceptable !
Jarod : - Oh, tu sais, c'est une amie de Mallaury, ma belle-mère. Disons que la langue de vipère, j'ai appris à l'ignorer. Son mari est une crème, mais elle... Un furoncle serait plus approprié pour la décrire. Je ne vais que très rarement au front avec les personnes... Surtout les toxiques comme cette femme.
Eerika : - Tu parles de la femme de Mitar ou de ta belle-mère ?
Jarod : - Oh, deux personnes quasiment similaires !
J'émets un petit rire, remarquant avec plaisir que Jarod étire un rictus. En coin, certes, mais c'est un début. Je prends une petite gorgée, savourant pleinement les effluves contre mon palais. Je dois bien l'avouer, les boissons chaudes ici sont d'un délice !
Eerika : - J'aimerais bien que tu me parles d'elle.
Flânant à présent entre les autres passants, mon regard se pose sur chaque décoration que je découvre sur des petites étagères. L'ambiance de Noël est présente dans ce marché, sans aucun doute. La mélodie que j'entends résonner est un autre signe de cette période, j'adore !
Jarod : - De qui, Mallaury ?
Eerika : - Non, ta femme. Aada, c'est ça ?
Un soupir me répond. Je n'insiste pas, l'une des preuves qu'un deuil a été parfaitement établi est le fait que l'on parvient à parler de la personne défunte. Je voulais le tester, mais s'il n'est pas prêt, je ne le forcerai pas.
Jarod : - Il n'y a pas grand chose à dire... Elle était mon premier amour, mais visiblement, nous n'étions pas destiné à finir ensemble.
Il parvient tout de même à me répondre. Je hoche la tête tout en continuant de siroter mon jus de pommes chaud.
Eerika : - Parce que la mort vous a séparés ?
Jarod : - Non, sa maladie était... compliquée à gérer, mais je me suis juré de rester à ses côtés. Elle me poussait tout le temps à accepter les missions que mon sergent-chef me donnait... Bon sang, comment fais-tu ça ? Je ne te connais que depuis... quelques heures et tu arrives à me faire parler ! Quel est ton secret ?
Eerika : - Je suis une oreille attentive, tout simplement. Et ne change pas de sujet, continue.
Il attend quelques instants, avant de reprendre son récit. J'écoute attentivement sans jamais l'interrompre.
Jarod : - Aada me soutenait. J'avais intégré l'armée au début de notre relation, je voulais faire ça depuis que j'étais gamin et elle m'a toujours poussé à suivre mes rêves. Je faisais de même avec elle, je l'appelais tous les soirs... J'ai pu assister à la naissance de Kalle, j'ai été là quand elle était allitée en raison de sa grossesse à risque... J'ai toujours été là, mais je pense que mon absence lui a fait du mal. Son cancer prenait de plus en plus d'ampleur, et elle avait besoin d'une épaule sur laquelle se reposer. Chose qu'elle a faite avec son coach, que j'ai frappé d'ailleurs. Il s'est pointé à l'enterrement.
Je m'étrangle presque.
Eerika : - C'est une blague ? Mais quel toupet !
Jarod : - Oh, il a été invité par mes beaux-parents. Parfaitement au courant de la tromperie d'Aada, évidemment.
Eerika : - Bon sang, mais tout s'explique ! Je comprends maintenant ! En fait, Mallaury et Fritz veulent à tout prix garder Kalle avec eux pour avoir le dernier souvenir de leur fille sous leur toit ! Et ils te le font payer, alors que chacun de vous avait sa responsabilité. Oui, tu n'étais pas là, mais Aada te poussait à continuer l'armée. Comment aurais-tu pu deviner qu'elle était malheureuse au fond d'elle ? Tu n'es pas devin, c'est incensé de ne pas comprendre cela !
Sans que je ne m'y attende, deux larges bras s'enroulent autour de moi. Je reste figée, ne sachant pas quoi faire. Jarod vient de nicher son visage dans mon cou, s'étant totalement voûté en avant en raison de la tête de plus qu'il fait par rapport à moi. Au bout de plusieurs secondes, je caresse gentiment son dos de ma main libre, l'autre tenant mon verre de jus de fruits.
Jarod : - T'es la première à comprendre ma situation... Et tu n'es dans ma vie que depuis... Putain, mais d'où tu sors, Eerika ?
Je ne peux retenir un sourire étirer mes lèvres.
Eerika : - Du Pôle Nord. Mais je ne veux pas que tu t'énerves une énième fois envers moi, je pérfère quand tu te confies. Cela me permet de comprendre un peu plus la situation. Tu n'as pas à t'en vouloir pour quoi que ce soit.
Il se reprend soudainement, comme s'il venait de percuter ce qu'il venait de faire. Il me relâche comme s'il s'était brûlé, grattant nerveusement l'arrière de son crâne.
Jarod : - Pardon, je me suis légèrement emballé...
Eerika : - Je ne suis pas anti-câlin, c'est rien. Je suppose qu'après tout ce temps sans être soutenu, c'est compliqué. Tu... Tes parents sont partis vers un monde meilleur également ?
Jarod : - Oh, non, ils habitent seulement très loin d'ici. Je ne vais pas les déranger avec mes histoires de beaux-parents... Je saurais me débrouiller, avec ton aide. Tu me l'as promis.
Son regard est plongé dans le mien. J'acquiesce lentement, lui tendant mon petit doigt autour duquel il vient enrouler le sien.
Eerika : - Je tiens toujours mes promesses, Jarod.
Nous finissons par nous relâcher complètement, avant de poursuivre notre promenade. Mais j'ai soudainement l'impression d'avancer seule, et je remarque que j'ai raison en me retournant, voyant le militaire arrêté devant un stand de vêtements. Je le rejoins sans plus attendre, fixant les différents pulls qui ont l'air de l'intriguer.
Eerika : - Quelque chose t'intéresse ?
Mais aucune réponse. Je lève les yeux sur lui, son visage est froid, son regard figé. Je pose ma main sur son biceps, mais il ne bouge toujours pas.
Eerika : - Jarod ?
Jarod : - On venait tout le temps ici, à chaque Noël... Pour nous en acheter un, et un à Kalle. C'était... une tradition...
Sa voix s'étrangle dans sa gorge. Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'il s'éloigne dans la direction opposée.
Eerika : - Hé, mais ! Jarod !
Sauf qu'il semble ne pas m'entendre. Ou bien il m'ignore totalement. Lui qui est persuadé d'avoir fait son deuil, sa réaction me prouve que non. Peut-être qu'il a fait le deuil de son amour pour Aada, mais pas de sa présence. Du moins, il souffre encore de certains souvenirs. Je tente de le rattraper, mais ses longues jambes le font avancer bien plus vite que moi. Je joue des coudes pour passer entre les autres personnes, finissant par retrouver l'entrée de la place centrale. Le militaire n'est plus qu'à quelques pas de son véhicule, mais c'est tout autre chose qui m'interpelle. Une voiture lui fonçant droit dessus, il n'a pas regardé avant de traverser !
Eerika : - Jarod !!!
Mon ton affolé le fait se retourner, son attention se focalise aussitôt sur la route, mais le choc est inévitable. Je me précipite sur le beau brun, le téléphone déjà à la main, le numéro des urgences composé.
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