❥ Chapitre 1
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- - - - - PDV Jarod - - - - -
Mon cœur bat à tout rompre lorsque j'observe le légiste tirer le tiroir où est apposé l'étiquette "Aada Harding". Je prends une inspiration quand il agrippe délicatement ce drap immaculé posé sur un corps amaigri, avant de le soulever afin de me permettre de découvrir ma femme, livide et sans vie. Malgré la maladie, elle gardait toujours un semblant de sourire, elle se maquillait systématiquement à l'heure des visite pour que Kalle la voit en pleine forme. Je reste stoïque, ne pipant mot, alors que je détaille chaque trait de son délicat visage.
Docteur : - Prenez le temps qu'il vous faut. Je suis dans la pièce d'à côté.
Je hoche simplement la tête pour répondre au médecin, et au moment où j'entends le battant de la porte se fermer, je lève une main pour glisser lentement mes doigts le long de ses mèches blondes. J'adorais lui prodiguer de telles caresses quand elle était angoissée. Ca avait le don de l'apaiser quasiment instantanément. L'amour a dépassé la haine, je ne lui tenais pas rigueur de son adultère, néanmoins cela a refroidit mon palpitant qu'elle a au creux de la main depuis que nos regards se sont croisés pour la première fois. Je ne pleurerais pas, je le sais, même si je suis dévasté à l'intérieur. J'ai fait taire mes sentiments depuis bien longtemps, la banquise est chaude à côté de moi.
Je dépose un léger baiser sur son front froid, posant le mien contre sa peau blanchâtre. Je reste silencieux, profitant de la douceur de ses cheveux sur la pulpe de mes doigts. Même des mois coincée dans cet hôpital, elle parvenait à garder une chevelure soyeuse. Elle me disait que c'était pour notre fils, pour qu'il ne voit pas qu'elle s' enfonçait chaque jour un peu plus dans sa tombe. Mais en réalité, je suis persuadé que c'était pour ce putain de coach. Intérieurement, elle espérait qu'il revienne, qu'il redonne l'éclat qu'elle a perdu avec moi dans son regard émeraude. Des prunelles vertes dont Kalle a hérité.
Est-ce que ma femme m'aimait toujours ? C'est une question qui demeurera sans réponse, seule elle pouvait éclairer ma lanterne. Si elle m'a trompé, c'est qu'elle avait besoin de combler un manque en elle. Était-ce le manque de présence masculine ? De soutien ? De relations sexuelles ? J'ai tenté de la faire parler, mais tout ce qu'elle m'a dit, c'est qu'elle avait commis une erreur. Elle avait succombé au charme de cet enfoiré parfaitement conscient de sa situation familiale parce qu'elle se sentait seule. Mais je suis certain que ce n'était qu'une partie de l'iceberg. Son amour pour moi a dû s'estomper au fil du temps. Quelle femme saurait se contenter de la présence de son mari uniquement une semaine dans l'année ? Aucune.
Quelque part, je me sens coupable. Non pas de sa mort, non pas de la situation acutelle. Mais c'est moi qui l'ai poussée dans les bras d'un autre. Je m'en veux plus qu'à elle. Peut-être que les choses auraient été différentes si ce cancer ne l'avait pas emportée. Kalle aurait toujours sa mère, et un beau-père. Quant à moi... Je me serai défoncé sur le terrain. Plus que d'habitude. C'est l'unique façon que j'ai pour calmer mes nerfs. Je suis tranquille à première vue, j'encaisse beaucoup, mais j'ai besoin de vider mon sac comme toute personne normale.
Jarod : - A présent, tu es en paix. Compte sur moi pour que Kalle ne manque de rien... Je suis désolé de ne pas avoir été plus présent...
J'aurais certainement pu obtenir plus de permissions... Mais... D'un autre côté, je voulais lui faire payer le fait qu'elle ait brisé nos voeux de mariage. A ma façon, et de façon égoïste, oui. Etre seule toute la journée a dû la faire réfléchir, mais l'a éloignée encore plus de moi. Je n'avais pas le choix, soit c'était ça, soit j'aurais été verbalement éxcécrable avec elle. Et elle ne le méritait pas. Elle en a suffisament bavé, physiquement parlant. Psychologiquement, c'était de sa faute si elle n'allait pas bien. J'ai toujours tout fait pour qu'elle soit heureuse... Elle avait besoin d'argent, je lui en envoyais. Elle avait besoin de moi pour recadrer notre fils rebelle pour son âge, je l'appelais en visio afin de lui venir en aide. Au final, quel est le remerciement ? Ses parents me portent pour responsable, me faisant me sentir comme une merde sous la semelle d'une chaussure.
Jarod : - Je t'aime, Aada. Quand je t'ai demandé ta main... Je savais que tu es étais la bonne. Mon âme soeur. Tu m'as donné Kalle, le plus beau cadeau que la vie peut offrir. Je t'en serai éternellement reconnaissant. Je tâcherai de le rassurer sur l'endroit où tu te trouves, tu peux compter sur moi.
Mais j'appréhende grandement. J'ai déjà du mal à gérer mes propres émotions, je dois à présent apprendre à un gamin de sept ans que sa mère ne se réveillera plus jamais... Ma voix rauque résonne dans cette pièce dénuée d'humanité. Je sais même pas comment fait ce élgiste pour garder un pied dans la réalité. C'est glauque, bordel ! Je reste encore quelques instants avec elle, remettant bien rapidement le drap pour recouvrir son corps. J'ai l'impression d'avoir un trou béant dans la poitrine, je suppose que ce sera l'une des étapes du deuil. Outre le fait de passer par-dessus la perte d'un être cher, je vais devoir faire du tétris avec les morceaux de mon coeur.
Docteur : - Vous avez terminé ?
Je sursaute lorsque j'entends cette voix dans mon dos. Je me retourne aussitôt, posant ma paume contre mon torse.
Jarod : - Vous êtes pas bien, hein !
Docteur : - Je suis désolé, pourtant j'ai fait du bruit en revenant, mais je suppose que vous étiez... perdu dans vos pensées.
Jarod : - Ouais, sûrement. Vous avez de la chance que j'ai pas mon snipe avec moi, je vous aurais dévisagé avec la crosse !
Je le laisse refermer le tiroir, je ne verrai plus son visage, c'est terminé... Elle est partie, après des mois à s'être battue. Ses parents ont déjà tout préparé : cercueil, pierre tombale. Comme s'ils sentaient que le moment allait arriver. Ils n'ont jamais cru en leur fille de toute manière, toujours à la rabaisser, à faire croire que la famille passait avant tout. En réalité, ils voyaient simplement les bénéfices qu'ils pourraient tirer de tout ce qu'Aada faisait. Écrivant depuis plusieurs années, elle a su se faire un nom à travers les réseaux sociaux et les ventes de ses livres sont montées à un point fulgurant. Elle est parvenu à vivre de sa passion, elle pouvait écrire des heures sans voir la lumière du jour, sans s'arrêter, sans boire ni manger. J'étais fier de ce qu'elle faisait. Contrairement à ses proches.
La gorge sèche, je remonte à l'étage où se trouve mon fils. Le moment fatidique arrive, et je ne vais pas pouvoir le repousser plus longtemps. Il a besoin de savoir. Je me dois de le faire, pour Aada, pour lui. Il est fort, je le sais, mais perdre sa mère aussi tôt... Pour un enfant, c'est traumatisant. J'évite superbement la chambre où se trouvait ma femme il y a quelques heures encore, me dirigeant vers la salle de jeux. Au moment où je pousse la porte en verre, c'est le regard de ma mère qui me happe. Un hoquet lui échappe et elle se lève précipitamment pour venir m'enrouler de ses bras frêles.
Maman : - Mon chéri... On est là pour toi, pour vous..., me murmure-t-elle.
Je lui rends son étreinte, bien que je ne sois pas démonstratif de l'affection que je porte à mes parents, je ne peux rester de marbre. Surtout pas aujourd'hui. Ils ont fait le déplacement eux aussi, habitant au Mexique ils ont quelques heures de vol dans les pattes.
Jarod : - Je sais, maman. Vous vous êtes installés à la maison ?
Maman : - Non, ton père et moi avons préféré prendre une chambre d'hôtel. Tu vas avoir besoin de temps pour... Enfin, Kalle et toi devrez vous faire à l'absence d'Aada. Même si, je suppose, vous avez appris à voir ces couloirs vides de toute présence féminine. La pauvre ne quittait plus cet hôpital, elle ne rentrait même plus chez vous...
Un soupir m'échappe. Oui, les rares soirs où j'étais là, j'ai pris l'habitude de ne pas avoir la silhouette de ma femme sous les yeux. Mais ses affaires étaient toujours là. Et un jour ou l'autre, je vais devoir faire le tri. Je ne pourrais jamais l'effacer de nos vies, elle restera éternellement la mère de Kalle. Mais sa présence s'estompera, jusqu'à disparaître. Ce sera inévitable pour pouvoir avancer...
Jarod : - Ouais, mais ça aurait fait du bien au p'tit de vous avoir dans les parages.
Maman : - On est pas loin Jarod. En cinq minutes, on est chez toi. Vous allez devoir vous retrouver.
Je baisse les yeux sur ma mère, sa main moite se pose sur ma joue rasée de près. Je lis une immense compassion dans son regard, mais également une grande tristesse. Elle était proche d'Aada, n'ayant pas pu réaliser son rêve, vivre de sa passion, elle encourageait beaucoup sa belle-fille. Bien plus que sa propre mère.
Maman : - Je sais que tu l'aimais énormément... Si tu as besoin de pleurer, sache que mon épaule est là... Tu es comme ton père, tu détestes afficher tes émotions aux yeux des autres.
Jarod : - L'armée apprend simplement à ne pas exploser quand il y a des pertes dans nos effectifs. Je peux pas comparer ma femme à de simples amis, mais on m'a appris à ne pas m'attacher à des sentiments éphémères.
Maman : - Tu sais que je n'aime pas quand tu parles comme ça... Aada était tout de même ta femme, la mère de ton enfant.
Et elle m'a également fait souffrir, maman. Notre couple n'était pas aussi idyllique qu'on pouvait le faire croire...
Jarod : - Je n'ai pas dit que je n'étais pas affecté par cette perte... Comme tu l'as dit, je ne le montre pas, tout simplement. Mais Aada est parti avec les dernières miettes de mon coeur.
Les yeux de ma mère se gorgent de larmes, tandis que mon père approche, serrant mon épaule dans sa main d'un geste qui se veut réconfortant.
Papa : - Qu'importe ce dont t'as besoin, on est là, fils.
Je le remercie d'un hochement de tête, lorsqu'un hurlement à briser les tympans de tout le monde résonne dans la petite pièce.
Kalle : - PAPA ! T'ES RENTRÉ !!!
Je m'agenouille pour réceptionner Kalle contre moi, le serrant dans mes bras pour profiter de sa chaleur. De son odeur. Il a la même depuis qu'il est bébé... Je ferme les yeux, sentant la présence de mes parents s'effacer. Et en entendant le bruit de la porte dans mon dos, ça me confirme le fait qu'ils nous ont laissé seuls. Je vais devoir me débrouiller avec mes mots. Putain, j'affronte divers ennemis sur le terrain et je suis terrifié à l'idée de parler à mon propre fils !
Kalle : - Tu vas rester combien de temps ? C'est pas encore Noël...
Sa petite voix s'insinue dans tous les pores de ma peau. Il est encré en moi, c'est ma chair, mon sang. Il a pris l'habitude que je ne vienne qu'une fois par an. Et les fêtes de fin d'année, c'est que dans quelques semaines. Je recule légèrement mon buste pour plonger mon regard bleu dans le vert du sien. Ses petites prunelles pétillent d'impatience. Pourtant, la nouvelle que je vais lui donner va immédiatement effacer ce sourire immense ayant étiré ses lèvres rosées.
Jarod : - Pour le moment, je suis là, fiston... Et je vais devoir te parler de quelque chose d'important.
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