4 : 𝙿𝚎𝚝𝚒𝚝 𝚊̀ 𝚙𝚎𝚝𝚒𝚝 𝚞𝚗 𝚙𝚛𝚘𝚏𝚒𝚕 𝚜𝚎 𝚍𝚎𝚜𝚜𝚒𝚗𝚎
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Vers le début de l'après-midi, Jannot et Agathe quittèrent la Maison. On aurait pu les prendre pour deux petits garçons, opposés tous les deux. L'un, aux cheveux couleur coquelicot rouge pétillant du printemps, aux lourds habits sombres, et l'autre à la peau sombre et aux vêtements d'un blanc éclatant.
Face à l'inconfort que sa robe aurait présenté dans la situation, Jannot avait prêté à Agathe ses vêtements. Étant donné qu'il portait presque tout le temps les mêmes habits, il lui restait une bonne partie de vêtements propres inutilisés. Dont par miracle un ensemble blanc marin, au plus grand bonheur d'Agathe.
Le chemin s'échappant sous leurs pieds, Agathe laissa libre court à ses pensées, observant à la dérobée ce mystérieux individu qui l'accompagnait. Deux pas en arrière, elle regardait la haute silhouette, par rapport à elle, se frayer un chemin, se mouvoir avec grâce comme s'il ne faisait qu'un avec les plantes. Il semblait dans une autre temporalité, comme déconnecté, mais tant de tendresse se dégageait de lui qu'on ne pouvait se méfier ou le repousser.
On ne pouvait que lui tendre les bras pour embrasser sa personne ou bien lui tourner le dos afin de ne pas voir son air implorant.
Se méfier de lui semblait inconcevable.
« Jannot... Avec qui est-ce que tu vis ?
Le garçon ne répondit pas tout de suite, puis commença doucement.
─ Le Père. Qui d'autre ?, puis Jannot se souvint de sa découverte. Ah oui... Je comprends ta question. Ça me paraît logique.
─ Tu es en train de me dire que... Tu n'as jamais vu d'autres gens comme toi ? Que tu n'es jamais sorti de cet endroit ? Mais... C'est complètement fou !, la stupeur prenait aux tripes Agathe qui mesurait l'ampleur de ces paroles.
─ Je ne vois pas en quoi. J'ai toujours écouté le Père, et il ne m'a jamais emmené avec lui quand il partait travailler...
─ Mais enfin Jannot ! S'il travaille c'est forcément pour des gens ou avec des gens ! Comment tu as pu ne pas comprendre...
Le garçon fronça les sourcils. Il réfléchissait intensément, et malgré la face paisible qu'il affichait son coeur martelait sa poitrine.
─ Avec des gens... Je me suis jamais interrogé sur le travail. Je pensais que c'était juste de longues marches dans la forêt. Mais il est vrai qu'à ma radio j'en ai entendu parler... De ce travail !
─ Tu as une radio ? Mais comment est-ce que t'as pu penser être seul ? Tu t'es jamais demandé qui avait créé cette radio ? D'où provenaient les voix que t'entendais dedans ?
Hélas, ce genre d'interrogations n'avait jamais traversé l'esprit de l'enfant. Muet face à toutes ces questions, Jannot fut bien heureux de trouver une échappatoire en la famille du capitaine Finn.
─ Oh ! Regarde je te présente la famille Finch. Capitaine Finch, une nouvelle amie encore un peu inconnue.
La fille à la peau ébène oublia momentanément toutes ses interrogations pour faire face à de petits renards à la fourrure plus rousse qu'une flammèche. Approchant une main hésitante de leur corps, tremblant légèrement, elle posa délicatement un doigt sur le dos du patriarche.
─ Tu peux y aller franchement, il est vraiment doux.
Et en effet le petit animal des bois, se laissait caresser, ronronnant sous les passages de la petite main.
─ Tu... T'occupes de lui ?, interrogea Agathe, impressionnée. Elle n'avait jamais vu de vrais animaux en pleine liberté. Bien qu'elle avait insisté pour avoir un cheval à la campagne.
─ Oui. Une fois je me suis endormi derrière le lac, sous des buissons. Il avait commencé à pleuvoir, mais je ne me réveillais pas. Capitaine Finch est alors arrivé, et avec ses petits coups de langue m'a réveillé alors que la pluie commençait à être de plus en plus forte. Si il n'avait pas été là j'aurais pu me retrouver sous l'eau. Souvent le lac monte à cause des fortes pluies.
La petite fille buvait ses paroles, tout en continuant à caresser l'animal.
─ Mais pourquoi Capitaine Finch... Moi je l'aurais appelé Jacob. Il a une belle tête de Jacob. Et Finch c'est laid. Beurk.
─ Capitaine Finch est un vaillant marin qui a dompté de nombreuses mers dans les Aventures du Capitaine Finch, il a réussi à maîtriser son tempérament et à devenir quelqu'un d'honorable ! »
Voyant son héros ainsi critiqué, Jannot avait rougi, s'était chauffé et légèrement enflammé. Personne ne pouvait penser ainsi du capitaine Finch selon lui, alors les paroles de Agathe et son air complètement blasé, l'étonnait énormément.
La jeune fille, inconsciente de ce qu'elle suscitait, était retournée à son émerveillement face aux petites bêtes qui étaient apparues. Elle éternua et continua à caresser le minuscule bébé quand un choc sourd se fit entendre à leur droite.
« T'as entendu ça ?, demanda Agathe.
─ Cours ! »
Attrapant sa main, Jannot se mit à courir à grandes enjambées, sautant par dessus des pierres. Le souffle court, Agathe suivait mais trébuchait beaucoup trop. Elle finit par s'écraser la tête la première dans de la boue et Jannot la tira, en panique face à ce qui les poursuivait. Les yeux sombres et des larmes menaçant de couler, Agathe tentait de maintenir la cadence.
Après une course qui sembla interminable, les deux enfants s'accroupirent dans l'herbe.
« On doit encore courir. Allez lève toi...
─ N-non... J-j'en peux plus... T-temps mort.
─ Allez...
─ Je... Vais... Mourir. »
Jannot prit alors le bras de la fille, la relevant, il se baissa de dos, devant elle, et mit ses mains par terre. Monte murmura-t-il. Agathe pleine de boue, écouta Jannot le coeur à bout de souffle. Et une fois bien cramponnée au garçon, ce dernier repartit sans perdre de temps.
Le temps semblait s'écouler au ralenti, mais la peur d'Agathe était bien réelle. Qu'est-ce que Jannot voulait qu'ils fuient ainsi comme ça ? Qu'est-ce que cette forêt avait qui le retenait ?
Ses pensées fusaient dans sa tête pendant qu'elle tentait de ne pas glisser, ses bras accrochés au cou de Jannot.
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