2 : 𝙻𝚊 𝚛𝚎́𝚊𝚕𝚒𝚝𝚎́ 𝚍'𝚞𝚗𝚎 𝚏𝚘𝚛𝚎̂𝚝 𝚊𝚒𝚖𝚎́𝚎
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Un jour particulièrement chaud, et où le Père était parti, Jannot sortit de la maison. Le Père était de voyage pour deux jours, et une joie intense prenait le petit garçon. Enfilant sa salopette, de hautes chaussettes ainsi que des chaussures elimées, il finit par farfouiller dans un tiroir de sa commode. Pour compléter sa modeste tenue, il enfila une vieille casquette sur ses épais cheveux roux. Le petit garçon se mit à descendre les escaliers à toute allure, riant et souriant à des anges imaginaires. Prenant les clés cachées dans le bol de l'entrée, il s'exclama tout haut « Le petit pain ! » puis retourna sur ses pas en direction de la cuisine. Un énorme couteau reposant sur le plan de travail, il le prit, trancha une part et l'enfourna dans sa bouche. N'oubliant pas le fromage fraîchement préparé, il s'en découpa également un morceau, prit une pomme et une seconde tranche de pain qu'il emballa dans une besace en se murmurant « Petit pique-nique fait mon capitaine ! ». Il reprit donc son chemin initial, courant dans la maison et fonçant vers l'entrée qui ne lui résista pas bien longtemps.
Heureux comme un oiseau amoureux, Jannot riait et riait tant, en roulant l'herbe dodue à ses pieds, qu'il faillit s'étouffer de joie. Il aimait sentir la caresse chaude du soleil sur sa peau constellée d'étoiles. Rien ne pouvait le rendre plus heureux que ces journées où liberté ne faisait plus qu'un avec lui. Mais Jannot avait ses petites habitudes.
Tournant à droite à la sortie de la Maison, et sans un regard pour la demeure isolée, Jannot traversa l'épaisse forêt verte. Bientôt, la forêt fit place à un épais champ et le petit garçon s'enfonça ainsi dans cet amas jaune d'oeuf, comme il aimait se dire. Il aurait bien aimé y faire une sieste, cependant, aujourd'hui il était pressé. Traversant le champ avec rapidité, il se retrouva dans une prairie, où à l'orée la forêt était de retour. Jannot se mit à courir, et à bout de souffle, arriva à l'endroit tant désiré.
Un haut chêne se dressait devant lui, dont l'origine était ouverte sur une petite tanière. Dedans s'y distinguait une fourrure rousse presqu'aussi vive que les cheveux du garçon, puis bientôt un petit animal sortit de la tanière et sauta au visage de Jannot.
« Capitaine Finch !, cria le garçon, Tu m'as tant manqué ! Alors Madame Finch a fait les enfants ? Tenez, je vous ai ramené de la viande séchée... J'ai dû économiser beaucoup de mes repas mais quand je te vois capitaine je me dis que c'était vraiment la meilleure décision. »
Un grognement accueillit son débordement de joie et Jannot se mit à rire aux éclats en lançant parfois de petits « Enfin, enfin petit capitaine... Pas si vite ! Gardes en pour ta dame et comporte-toi en gentleman, enfin ! »
Après de petits jeux, et l'adaptation avec les bébés renards, qu'il nomma Pucelle et Bleu, Jannot s'allongea sur la mousse, contemplant le ciel et caressant d'une main l'un des renardeaux.
Il était gros comme un champignon,
Frêle, délicat, petit mignon,
Et jaune et vert comme un perroquet
Avait un bon caquet,
Jean de la Lune, Jean de la Lune.
Les notes légères du garçon s'envolaient et tourbillonnaient avec grâce dans l'air moite matinal. Et même si la lune n'était plus visible, Jannot la sentait dans son cœur. Alors il chantait pour elle, ainsi que pour la famille Finch sur laquelle il veillait depuis quelques temps.
Deux heures avaient passé. Jannot devant quitter ses amis, il sortit son pique nique de sa besace et commença à déjeuner sur le chemin de son petit endroit magique. Après quelques minutes de marche, un petit lac apparut à la vue du rouquin, bordé de roches et d'arbres. S'asseyant sur une roche plate surplombée d'un arbre recourbé, de telle sorte à faire un protège-soleil, Jannot termina son repas. Rotant et s'apprêtant à faire une sieste, il enleva sa casquette et ses chaussures, puis ferma les yeux.
« Salut !, dit une petite voix.
Jannot, effrayé, sursauta en hurlant, ne comprenant pas d'à qui pouvait bien être cette voix puisque celle du Père était beaucoup plus grave.
─ Heho, reprit la voix, Je suis là ! »
Levant les yeux, Jannot aperçut un mouvement provenant de derrière une roche. La jeune personne sortant finalement de sa cachette de fortune, le garçon put enfin voir ce à quoi il avait affaire. Il s'agissait d'une jeune fille à la peau noire dont les cheveux épais se dressaient tels une masse sombre de nuages d'orage. Elle le fixait de ses deux grands yeux bleus, et lui adressait un sourire éclatant en parfait contraste avec sa peau obscure. Une petite robe à froufrous blanche était portée par la petite fille, éclateur accentuée par de hautes chaussettes jaunes et de petites ballerines blanches. Dans ses cheveux un nœud tout aussi jaune se dressait sur le côté. La petite intruse, un sourire malicieux sur les lèvres, se rapprocha à vive allure.
« Tu es muet ? Ou bien sourd ? Diantre maman m'avait dit que les simples d'esprit sont in-cro-ya-ble-ment agaçants !, le visage de la jeune fille avait pris une expression ennuyée, Parle nigaud ! Je te l'ordonne. Un peu de volonté ne tue pas, enfin !
Mais en Jannot se bousculait beaucoup trop de choses ; l'incrédulité, la stupeur et la peur face à cette chose en face de lui.
Il n'était pas... seul ? Avec le... Père ? Qui était-elle ? Qu'était-il lui ? Elle ne semblait pas étonnée, ni choquée ? Alors pourquoi... ? Beaucoup trop de pensées contradictoires naissaient dans sa tête, et tout ce que Jannot put faire fut d'ouvrir, puis fermer sa bouche, plusieurs fois, sans dire ne serait-ce qu'un mot.
─ Je crois qu'une douche s'impose, mon cher. Je déteste les débiles en tout genre. Tu es un grand gaillard, non ? Alors agis en tant que tel au lieu de me regarder comme ça !
En effet, Jannot dépassait la petite fille d'une bonne tête, mais la langue bien pendue de cette dernière compensait l'affaire.
La fille, agacée que ce mignon garçon sembla se moquer autant d'elle, le poussa de la roche où elle l'avait rejoint. Un bruit sonore se fit entendre alors que les eaux claires l'attrapaient et qu'il s'enfonçait dans la pénombre.
Mais cela eut l'effet escompté et Jannot sembla sortir de sa transe. Nageant à la surface il réussit à articuler trois misérables mots mais semblant porter toute la stupeur du monde.
─ Qui es-tu ? »
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