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Je ne pense qu'au couronnement. Cette dernière étape qui devrait signer notre fin dans ces abominables Jeux, mais qui n'est en vrai qu'une façade. Encore une mascarade où nous apparaîtront vêtus de nos plus beaux attraits pour satisfaire le Capitole. Mais il m'est impossible de ne pas m'y présenter.

La nuit n'a jamais été aussi longue : entre les paroles de l'interview qui hantent encore mes pensées et la peur qui me ronge petit à petit, je n'ai pas réussi à fermer l'œil. Je suis restée devant la fenêtre qui m'ouvre vers le Capitole, cette ville que je hais mais qui me fascine à la fois. Étrange n'est-ce pas ? Le soleil se lève et baigne de lumière notre petit monde. Je me lève lentement, sans vraiment savoir quoi faire.

J'aimerais voir cette ville même si elle m'en donnera tout le loisir quand je reviendrais tous les ans, j'aimerais voir ces gens s'affairer à l'entrée du stade pour nous voir, et en même temps la peur me laisse clouée sur place.

Je ne mange même pas, j'attends simplement l'échéance, le moment où on m'appellera pour aller me faire préparer, pour « me faire belle ». On me passera au jet, on étalera toutes sortes de crèmes et lotions sur mon corps que je n'y prêterai même plus attention. Mes cheveux seront brossés, lavés et coiffés pour me donner un air civilisé. Mes yeux seront maquillés. Je ne serais plus moi-même. Ce sera un masque.

Comme prévu, Alya m'appelle et je subis toutes les étapes prévues, puis j'attends Soleyman, comme lors de notre première rencontre. Cette fois-ci la peur du public et de Snow m'a complètement ravagée, mes doigts en tremblent.

Il arrive, aussi solennel que d'habitude, avec cette même house sur son bras. J'ai l'impression de vivre la même scène en boucle, j'ai l'impression que les Jeux ne sont pas finis, que ce n'est qu'un début, que je vais retourner sur ce char devant tout le monde aux côtés des autres. C'est impossible. Je le sais bien.

Il me fait découvrir son nouveau bijou, et je l'enfile sans trop de sentiments. Mes épaules sont découvertes et la robe couleur crème s'étale jusqu'à mes genoux de manière étoffée. Mes cheveux sont simplement bouclés et tombent délicatement dans mon dos. On ne m'a jamais présenté aussi simple, mais pourtant, c'est comme ça que je me sens le mieux.

Je suis escortée par deux pacificateurs à la sortie de la salle vers un hall assez lointain, à en juger la douleur qui commence à survenir dans mes pieds et je découvre que Chris est déjà sur place, avec Camille, et ils discutent agréablement. Je ne fais aucun bruit pour ne pas les déranger, je vois que le courant passe bien entre eux, et je ne risquerai rien pour gâcher ce moment de bonheur de mon ami.

Je remarque qu'il est lui aussi habillé d'un costume blanc, et la robe de Camille est quasi similaire à la mienne ; à la différence de ses épaules qui sont elles couvertes. Quelques minutes plus tard arrivent Lily et Lara, elles aussi habillées de blanc. Croient-ils vraiment que c'est en nous faisant revêtir cette couleur de la paix qu'ils l'auront ? Ils veulent juste nous faire passer pour des enfants innocents qui ne pensaient qu'à leur survie durant cet acte de rébellion. Ils n'assument pas.

Des pacificateurs nous encadrent, un par un, pour former une petite escorte, bien alignée. Nous sommes rangés dans l'ordre des districts comme ils l'ont ordonné, et nous avançons en cortège, lentement et sans un bruit dans le couloir qui suit la porte du hall. La pente est douce, et une douce lumière inonde peu à peu le couloir, jusqu'à l'envahir entièrement, tout comme les acclamations bruyantes du public. Nous sommes sur le balcon de Snow.

Cinq sièges ont été disposés face à la foule en liesse, et les pacificateurs nous abandonnent à l'entrée pour que nous nous installions. Le président Snow n'est pas encore présent, la boule déjà présente dans mon ventre grandit de plus en plus. Moins d'une minute après notre arrivée, la personnalité tant attendue, jeune et en pleine vigueur de l'âge prend place, encore plus acclamé. Il ne nous accorde pas un regard.

Snow entame un discours, sur les vainqueurs, leurs rôles et leurs fiertés. Toutes ses paroles sont minutieuses et choisies avec des pincettes, il ne fera pas un pas de biais, et à travers celles-ci tente d'apaiser le peuple qui s'accroche à un espoir de rébellion.

Puis il se retourne enfin vers nous. Je n'ai rien entendu, ma peur m'a enveloppé dans une bulle sensorielle qui m'empêche d'entendre quoique ce soit d'autre que ma voix intérieure, mais quand je vois les autres vainqueurs se lever, je fais de même, un peu perdue, avant de retrouver mon ouïe.

Cinq enfants débarquent avec les couronnes. Ils sont insouciants et ne connaissent rien de la vie, leur sourire nous rappelle qu'il reste un espoir de renaissance. Une première couronne est déposée sur les cheveux bruns de Lara, puis la seconde sur moi. Je ne croise pas son regard bleu, je l'évite et fixe un point au loin pour éviter à tout mon corps de trembler comme une feuille. Contrairement à tout ce que les autres peuvent penser, je ne suis pas forte.

La petite fille qui portait ma couronne se positionne à mes côtés et tient ma main, comme on a dû lui demander. Mais je sens sur moi son regard pesant. Retenant une larme de rage à l'égard de Snow, je me retourne pour la voir. Ses yeux bleus brillent d'une lueur intense ; on dirait de l'admiration, je regardais mon père de cette manière.

- Je voudrais être aussi courageuse que toi, me chuchote-t-elle.

Je ne peux rien lui répondre. Je ne suis pas courageuse, on m'a forcé à le faire croire. Et il n'y a rien de bien à être courageux. De dernières acclamations s'élèvent de la foule en feu et nous pouvons enfin quitter cette mascarade inutile. Alors que je m'apprête à rejoindre mes appartements par le plus rapide des moyens, Lara m'attrape le bras. Tous les autres étaient déjà arrêtés. Sans aucune explication, nous prenons l'ascenseur, et la fille du Un enfonce son doigt sur le numéro 12.

Nous débarquons dans les appartements, mais la plus âgée du groupe n'y prête pas longuement attention, et déterminée se dirige vers le fond du couloir. Où veut-elle bien aller ? Une fois une petite porte de verre poussée, nous voilà tous les cinq au grand air, en haut d'une terrasse surplombant le Capitole et notre résidence.


J'avance doucement, à la suite des autres, et nous découvrons avec émerveillement le paysage comme s'il était nouveau. Cependant, la réalité revient rapidement, et une tension s'installe entre nous. Chris s'assoit dans un coin, accompagné de Camille, et je fais de même, collée à la vitre qui nous empêche de tomber brutalement dans le vide ; quoiqu'une autre sécurité doit exister, ça serait trop simple pour les tributs du Douze de mettre fin à leurs jours.

Après avoir longtemps contemplé l'horizon ensoleillé, je remarque que Lara a rejoint Chris et Camille, et que Lily est dans la même posture que moi, seule. Je me lève avec difficulté en voulant garder ma robe intacte et me dirige vers la plus jeune de notre groupe. Elle ne me remarque que lorsque je m'assieds à ses côtés, et je ressens un mouvement de recul de son côté ; je la comprends, et pourtant j'aimerais qu'elle réfléchisse à mes actions. Nous gardons le silence pendant un moment, jusqu'à ce que je le brise, avec prudence.

- C'est bizarre de se dire que c'est beau, non ? Ils sont cruels, vils, mais ils sont beaux.

- Ouais, affirma-t-elle avec peu de conviction.

- Je ne sais même pas comment on peut faire pour contempler ça comme la plus belle chose que nous n'ayons jamais vu. On y reviendra tous les ans.

- Ce n'est pas la plus belle chose que j'ai jamais vu, répliqua Lily.

- Moi non plus. L'océan est bien plus fascinant.

- Si tu voyais les plaines du Neuf, le blé au vent, c'est magnifique, s'ouvra-t-elle en fixant l'horizon.

- Tu vas faire quoi quand tu vas revenir chez toi ? Tu penses que ce sera comme avant ?

- Rien ne sera comme avant, c'est impossible. On ne peut pas réparer une vie en appliquant un simple baume sur son cœur, lança-t-elle en me regardant cette fois-ci droit dans les yeux.

Je ne sais plus quoi dire. Je n'ose pas répliquer devant son air glacial. Malgré son jeune âge, Lily est tout sauf naïve, rien ne lui échappe ; je me mets même à regretter que sa part d'innocence se soit envolée.

- Tu as de la famille au Neuf ? continuai-je.

- Oui, répond-elle sèchement. Et toi ?

- Aussi. Deux frères, une sœur. J'ai hâte de les revoir.

Cette fois-ci, c'est elle qui ne dit rien. Le vent s'est calmé et ne siffle plus dans nos oreilles, l'autre « groupe » s'est tût lui aussi. Soudain, Lily entama une première note d'un hymne que l'on ne pouvait pas ne pas connaître. « Panem's song », autrement dit une chanson que tous les districts connaissaient depuis leur construction.

« So long, so very long
So long since I've seen my hometown
I'm coming home
Now I'm coming home
I'm coming home to the place I call my own
You're in my soul
I can't explain how much you mean to me »

Elle marque une pause, et son regard se pose sur moi -avec légèreté, comme si la musique avait un effet libérateur sur son être comme elle l'a sur moi- comme pour m'inciter à continuer la chanson.

« Long month, long trying month
Away from home in a foreign country »

Et sans hésiter, Chris enchaîne immédiatement, créant une harmonie entre nous, brisant toutes les tensions que les Jeux avaient instaurées.

« So strange, so very strange
It feels so strange to be back
Here again
Can't wait to see
What happen to my friends, my family »

Et c'est Camille qui prend la suite, toujours dans cette continuité, qui pour une fois nous rapprochait. A chaque nouvelle parole, c'est comme si je les redécouvre ; les mots prennent enfin sens dans mon esprit.

« Oh no, they've gone and make my home the district Six, what's going on ?
Where are all the friends I had, it's all wrong
I'm feeling lost like I just don't belong, give me back »

Camille hésite à continuer, et après un regard amical, Lara s'impose sur la suite de la chanson.

« Give me back my district One.
No one, I blame no one
It's no one's fault that the times have change »

Les habitants de Panem ont l'habitude de remplacer par le nom de leur district, la chanson a été écrite pour former un unisson entre tout le peuple. Lily s'apprête à reprendre la suite, mais est rattrapée sur la première note par Camille, et c'est avec un sourire qu'elles continuent dans une harmonie quasi parfaite. Je regarde la scène, ébahie devant tant de paix.

« Go on, oh life goes on
I'll carry on and turn a new page.
Can't wait to see what's my fate, what's my destiny »

C'est alors que je continue, y mettant tout mon cœur, me rappelant tout ce que j'ai laissé derrière moi et qui me tarde de retrouver.

« Oh no, they've gone and make my home the district Four, what's going on ?
Where are all the friends I had, it's all wrong
I'm feeling lost like I just don't belong, give me back »

Un sourire se distingue faiblement son visage, quand elle continue.

« Give me back my district Nine »

Maintenant, c'est comme si on savait qui allait prendre la suite, une connexion s'est installée au début de la chanson, et une fluidité harmonique nous habite. Chris, en nous regardant tour à tour, continue, toujours dans le rythme.

« Oh no, they've gone and make my home the district Seven, what's going on ?
Where are all the friends I had, it's all wrong
I'm feeling lost like I just don't belong, give me back
Give me back my district Seven »

Dans un dernier souffle, je répète :

« Give me back my district Four »

Et c'est comme un écho qui finit en beauté la chanson, une à une, Camille, puis Lara et enfin Lily, enchaînent et donnent vie à la musique.

« Give me back my district Six »

« Give me back my district One »

« Give me back my district Nine »

Le vent se remet à souffler, mais une paix nous habite désormais. « La musique adoucit les mœurs » disait souvent ma grand-mère. Je ne la croyais pas, mais je crois que je viens d'en avoir la preuve vivante.


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