Les jours suivants se déroulèrent à peu près bien. James n'oublia pas son carnet de tickets de métro, il se familiarisait avec le trajet pour le lycée et avec les bâtiments, les classes, les profs, les gens, et incroyable, il se faisait plus vite qu'il ne pensait à l'accent des français ! Il entendait de mieux en mieux la langue et arrivait à décomposer les mots plus facilement qu'à son arrivée.

Malgré ça, il avait fait face à quelques déconvenues. Dont une assez importante.

Le mardi soir, alors qu'il s'étonnait une nouvelle fois de la nourriture assez spéciale du pays, il comprit que ce n'était pas la France, le problème. C'était la famille. En goutant son plat de pâtes fade et sans saveur, il se dit que quelque chose clochait, et comble de l'indiscrétion, il regarda dans la poubelle quand tout le monde était devant la télé. Sur le paquet de pâtes, l'inscription "free gluten" trônait en rouge. Ça c'était de l'anglais. Il ne comprenait rien de mieux que ça. Et il comprenait que ce n'était pas normal.

Alors quand le soir, couché sur son petit lit il entendit Aiden entrer, il se redressa:

_ Aiden ? chuchota-t-il.

_ James ?

_ J'ai... J'ai trouvé dans la poubelle, hésita James, un paquet de pâte sur lequel il était inscrit "free gluten"... Pourquoi ?

_ Bah peut être parce qu'elles sont sans gluten, crétin.

_ Mais pourquoi ?

_ Parce que nous ne mangeons pas de gluten, mais James, tu débarques ou quoi, est ce que t'as vu une seule baguette de pain chez nous depuis que tu es arrivé ? Pourquoi tu penses que tu manges des tartines de sarrasin le matin ? Et même, je comprends pas pourquoi tu me demandes ça, tu es intolérant au gluten ! ajouta Aiden sans vraiment comprendre.

_ Quoi ? Pas du tout, d'où tu sors ça ?

Aiden qui s'était baissé pour prendre ses affaires se retourna vivement, surpris:

_ Hein ? Mais si mes parents t'ont choisis c'est parce qu'il était marqué que tu étais intolérant, qu'est ce que tu racontes !

_ Mais pas du tout, je ne digère pas les laitages et c'est tout ce que j'avais marqué... Rien concernant le gluten...

Les deux garçons se regardèrent, un peu perdus.

_ C'est trop bizarre, je te jure que ma mère t'as choisit parce qu'on voulait quelqu'un qui mangeait comme nous, c'est pas normal, faut le dire, je pense qu'on va te changer de famille, conclut simplement Aiden.

_ Quoi ? Non non non, c'est pas grave, c'est juste un aliment, aucun problème pour moi, ça me va très bien le sans gluten, vraiment j'ai hâte de tester ce régime alimentaire, ça me dérange pas du tout, aucun soucis pas besoin de me changer de famille ! Non, sérieusement Aiden, on me changerait pas pour ça hein ?

James paniquait à l'idée de partir d'ici et de changer de lycée encore ne fois. Il était prêt à supplier le brun à genoux pour ne pas qu'il le dise.

_ Bah je sais pas, tu peux pas rester chez nous si c'est comme ça...

_ Mais si, le coupa James, bien sur que si, pourquoi tu dis ça !

_ Dis moi tu as drôlement envie de rester ici, tu veux pas me quitter c'est ça ? C'est trop mignon, s'esclaffa Aiden en partant vers la salle de bain.

_ Tu dis n'importe quoi, je veux juste pas encore avoir à rencontrer une nouvelle famille, se justifia James à tout vitesse en le suivant.

_ Oh adorable, tu me suis même jusqu'aux chiottes, un vrai poussin.

_ Poussin ?

_ Ils suivent leurs mères partout, comme toi actuellement, sauf que je suis pas ta mère donc tu serais gentil de me laisser mon intimité, lança Aiden à travers la porte fermée.

Derrière, James se mit à rougir cramoisi et fila dans la chambre.

Il sauta dans le lit et s'enfouit sous les couvertures, il ne voulait pas revoir Aiden quand il viendrait se coucher.

Le lendemain, ce n'est non pas le désagréable réveil de son camarade qui le réveilla, mais une langue. Une grande langue chaude et baveuse s'écrasa le long de son visage et lui fit ouvrir les yeux en sursaut, avant de se retrouver face à face à un énorme molosse. Grizzli. Étonnamment vu la taille du chien, il ne l'avait pas beaucoup croisé durant les quelques jours passés ici. Et maintenant qu'il y réfléchissait, c'était d'autant plus bizarre qu'un chien de cette taille soit adopté par des gens vivant en appartement. Où pouvaient-ils bien le ranger la journée et les soirs où James ne l'avait ni vu ni entendu ?

Il repoussa l'animal qui s'avérait être un bouvier bernois, sortit du lit et partit se laver:

En pénétrant dans la cuisine, il alla saluer Marie:

_ Bonjour.

_ Bonjour James, bien dormit ? Tu t'es levé tôt ce matin ! En forme pour l'école aujourd'hui ? Que veux tu manger ?

_ Oui merci, oui ça va, et comme hier je pense. En fait, le chien m'a réveillé, je l'avais oublié, je ne l'avais pas vu avant, s'étonna James.

_ Oui, c'est normal, pour tout te dire, ce n'est pas vraiment notre chien, mais celui d'une amie. Seulement le mercredi et le vendredi elle ne peut pas le garder et c'est moi qui le surveille, Ginette me l'amène très tôt et le reprend tard le soir ou le lendemain matin. J'avais spécifié sur mon dossier sa présence pour si jamais tu étais allergique, mais il ne sera pas tout le temps ici, ne t'inquiète pas si tu as peur de lui. Mais il est réellement adorable, c'est un gros nounours qui a pour seul vice de baver abondement et de ronfler la nuit. Et pense à bien fermer la porte de votre chambre le soir pour ne pas qu'il entre le matin, sinon il risque de souvent te réveiller les jours où il sera là ! rigola Marie en mettant des tartines dans le grille pain.

_ Ah d'accord, tu fais du dog-sitting en fait.

_ Faut bien qu'elle fasse un truc de sa vie, et encore je sais pas si on peut considérer ça comme un "truc", lança Aiden ironique et dédaigneux en sortant de la chambre.

James fut surpris de voir que Marie ne réagissait pas à la pique de son fils, sa mère à lui ne l'aurait jamais laissé lui parler sur ce ton ou pour dire de telles choses, qui plus est devant quelqu'un.

_ En fait Maman, tu sais quoi ? L'anglais n'est pas intolérant au gluten, c'est un dissident qui se nourrit de cette pâte diabolique. Je pense qu'il est grand temps qu'il fasse ses valises, il n'est visiblement plus le bien venu chez nous.

Le pauvre garçon se décomposa. Il ne s'attendait surtout pas à ce que Aiden répète bel et bien à Marie leur discussion de la veille, et encore moins avec des mots si crus et méchants. Il sentit qu'il allait pleurer et se aspira ses joues pour les mordre de toutes ses forces. Pleurer devant les autres ça allait deux secondes mais fallait pas non plus pousser. Il était un homme, il devait se contenir.

Et à son grand bonheur, Marie éclata de rire:

_ Enfin Aiden, c'est trop tard pour ça ! On ne peut pas le renvoyer juste parce qu'il n'a pas le même régime alimentaire, sauf bien sur si ça te dérange trop.

_ Ça me dérange trop, répondit froidement Aiden.

_ Je posais la question à James, chéri, rigola sa mère.

_ Oh, je... je n'y vois vraiment aucun inconvénient, je suis heureux de tester. Mais je ne peux pas manger non plus de produits laitiers.

_ Parfait, c'est réglé ! Et tu fais bien de me prévenir pour le laitage, j'essayerais de faire attention ou de te préparer un plat à part si je cuisine avec.

Sur cette conclusion, les deux nouveaux frères prirent une tartine et allèrent s'asseoir en se fusillant du regard, James blessé et Aiden mécontent.

Encore une journée qui s'annonçait joyeuse, surtout qu'ils n'avaient pas cours l'après midi.

James sortit du gymnase en sueur. il venait de terminer sa matinée de cours sur deux heures de sport, de la gym. Il détestait ça. Il n'était pas souple, et tout ce qui était poutre ou bar lui faisait peur. Il ne saurait même pas dire si c'était l'effort ou l'effroi qui l'avaient autant épuisé.

Il ne savait pas trop quel était le programme de ce mercredi après midi, mais il attendit sagement que Aiden quitte ses amis pour partir avec lui. Ce dernier prenait toujours tout son temps pour dire au revoir aux autres, fumer une dernière clope ou embêter une dernière fille qui glousserait bêtement en lui disant d'arrêter. C'était insupportable, cette indifférence que le brun avait pour lui, ça le vexait et le mettait mal à l'aise quand il se tenait seul à quelques mètres de lui pour partir.

Heureusement, Victoire était là, elle lui portait souvent compagnie à ces moments là, et en générale ne le quittait pas lorsqu'il était au lycée. Elle l'avait si vite intégré à son groupe d'ami qu'il lui en était infiniment reconnaissant, elle l'avait invité à la prochaine soirée et c'était vraiment bien. Mais il n'était pas habitué à être collé ainsi, même si il n'arrivait pas à savoir si c'était désagréable:

_ En route la croûte, lança Aiden en passant devant lui.

_ M'appelle pas croûte s'il te plait.

_ Allez grouille toi, je suis pressé.

_ Pourquoi? demanda James qui accélérait le pas derrière lui.

_ Je sors avec mes potes cet après midi, j'ai pas envie d'arriver trop tard.

_ D'accord.

_ Tu pourras faire le ménage dans la chambre d'ailleurs ?

_ T'es sérieux ? C'est ta chambre ! s'insurgea James qui ne voulait pas servir de femme de ménage.

_ Oui et maintenant je dois la partager avec toi, c'est aussi la tienne, donc tu vas me faire le plaisir de la nettoyer si je te le demande, comme je la nettoierais de temps en temps, il me semble normal qu'on se partage les tâches non ?

Aiden levait les yeux, exaspéré devant la réaction de James. Décidément ce garçon était aussi impoli qu'insipide. Il ne le supporterait pas longtemps.

Non seulement il arrivait dans sa famille en pleine période de crise, dans sa petite vie qu'il chérissait, il chamboulait tout, mais en plus c'était un poids au lycée. Il était toujours dans ses pâtes, maladroit et implorant, c'était insupportable ce comportement de chiot battu. Le jour où ça allait péter, bah ça péterait. Ça c'était clair.

Ils rentrèrent finalement assez vite chez eux, et Aiden répartit rapidement, laissant James nettoyer, travailler et jouer avec le chien, avec une seule interrogation: Arriverait-il à tenir un an ?

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Post du dimanche... Encore posté un lundi ! Décidément j'ai du mal...

Bref, laissez moi vos avis !

Bonne semaine à vous les amis. :3

(c'était mon dernier chapitre d'avance damned...)