- Merde, j'ai oublié mon sweat dans la voiture, je peste discrètement, sauf que ma mère a entendu, et me reprend aussitôt :

- Anaya, ton langage... les clés sont dans la sacoche de ton père, finit-elle par lâcher, sans joie.

- Merci, je murmure, avant de prendre ces dernières.

Je regarde ma mère d'un coup d'oeil. Je crois que les disputes entre elle et mon père n'arrangent pas son état. Elle est malheureuse à première vue, et dépressive à la deuxième. Elle veut nous prouver qu'elle va bien, mais c'est tout l'inverse. Et à chaque dispute entre mes parents, elle fini par s'enfermer dans la salle de bain pour pouvoir pleurer seule. Je ne sais pas ce qui se passe et ça me rend folle.

Qu'est-ce que j'en pense ? Eh bien... je finis par croire que mon père n'aime plus ma mère, et que cela la fait énormément souffrir. Et moi aussi.

Je secoue la tête, alors que ma mère quitte le salon. Un soupir m'échappe, et j'ouvre la porte d'entrée, puis je me dis que j'aurais aimé voir les jeunes d'hier qui avaient l'air de s'amuser comme des fous.

Je referme la porte derrière moi, puis ouvre celle qui nous est commune avec nos voisins, pour sortir en dehors du cottage. Mais au moment où je tire la porte vers moi, une grande silhouette fait son apparition.

Je lève les yeux vers son visage inconnu. Ses traits sont marqués par le choc, la surprise, et l'incompréhension. Et surtout par la tristesse.

Sur le coup, je ne le reconnais pas. Puis, tout me revient très vite, comme le flash d'un appareil photo. Beaucoup trop vite.

Grand. Typé asiatique. Yeux noisettes. Cheveux bruns.

Je ne sais pas si je suis heureuse ou non. Je ne sais pas quoi faire. Et lui non plus. Puis, toute la haine que j'ai contre lui me revient. Il m'a menti. Et je ne pourrais jamais l'oublier.

Parce que la seule personne qui puisse me mettre dans cet état, je l'ai repoussée. Mais manifestement, elle a fini par me retrouver.

Parce que la personne qui se tient devant moi, c'est Els.