- Maman...

J'ai entendu ses sanglots de ma chambre. J'espère que mon père n'a rien perçu...

Je l'observe depuis l'encadrement de la porte. J'espère vraiment que ça ira mieux un jour.

Elle est allongée sur le ventre sur son lit, la tête dans l'oreiller, les bras croisés sous son visage, que je ne vois pas.

- Je suis désolé.

Je me retire brusquement de la porte. Je n'avais pas vu mon père, à l'autre bout de la pièce. Que s'est-il passé ?

Puis je comprends.

Je fais un pas en avant pour retourner dans ma chambre, mais je me retrouve nez-à-nez avec mon père. Ses lèvres sont pincées, et je vois qu'il est contrarié.

Il me fait les gros yeux, mais je le retiens d'une main sur son poignet, en articulant silencieusement :

- Pourquoi ?

Puis je balance la tête de droite à gauche, et je sens mon visage se déformer, et les larmes me monter aux yeux. Il fait exprès ? Il n'a pas le droit ! Il n'a pas le droit de briser notre famille ! Il serre mon poignet dans sa paume, en me regardant tristement.

J'essaie de me dégager, mais il ressèrre sa prise, alors je tente plus violemment. Je réussis, et m'enferme dans ma chambre. Et cette fois, je ne retiens plus mes larmes. Ça fait bien trop longtemps qu'elles veulent couler.

J'entends ma poignée s'abaisser doucement, et la tête de mon père apparaître.

- Pars, je sanglote, en détournant le regard, et murmure, vas-t-en.

Je le déteste. Il a brisé tout ce qu'il me restait. Ma famille.

Il ne m'écoute pas, et chuchote :

- Je viens quand même avec vous en vacances.

Et il sort. Puis ouvre à nouveau la porte. Me regarde. Ouvre la bouche. La referme. Et quitte définitivement ma chambre.

Je soupire violemment. Ma respiration s'accélère. Je ne sais plus quoi faire. Les larmes dévalent mes joues. Je plonge mon visage dans mon plaid.

Je me déteste. C'est à cause de moi. Tout est à cause de moi. Je n'aurais jamais dû naître.

Je ne fais que du mal à ceux que j'aime.