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Chapitre 58. Une aubaine tombée du ciel

(jeudi 4 avril 2024)

Huit mois de grossesse. Je ne vois pas défiler le temps, pourtant mon corps a bien changé. Je suis déjà ronde comme un culbuto et, à l'idée que, pendant les semaines à venir, bébé va encore grossir – et moi avec, j'angoisse un peu. J'ai beau me répéter que la nature est bien faite, il faudra qu'elle sorte de mes entrailles...

Au-delà des désagréments que presque toutes les femmes enceintes subissent, il n'y a pas de complications à déplorer et ma prise de poids est normale. En même temps, avec tous les fruits et légumes que je m'envoie à longueur de journée, encore heureux que je ne me transforme pas en paupiette. Je fais plus attention qu'avant à mon alimentation et je continue de pratiquer le yoga, sans oublier tous les kilomètres que je parcours au quotidien.

J'ai tout de même stressé un peu la semaine dernière, lorsque j'ai ressenti des douleurs tandis que j'étais posée dans le canapé avec un bouquin. Je me suis jetée sur le téléphone pour appeler ma gynécologue qui m'a vite tranquillisée. D'autant plus que la troisième échographie n'a révélé aucun souci. Tout est parfaitement normal. Il s'agit juste de mes premières contractions de Braxton Hicks. Une autre nouveauté de la grossesse. En gros, c'est mon utérus qui s'entraîne pour l'accouchement. Eh bien, qu'il s'entraîne, si cela peut me simplifier les choses le moment venu !

Aujourd'hui, j'ai prévu d'aller fureter un peu dans les magasins, en quête de vêtements de bébé. Pour mon homme, ça sera audience au tribunal. Bien moins réjouissant. Quoique... il aime plaider et cela se ressent quand on le voit à l'œuvre. Il sait capter l'attention de son auditoire et le rallier à sa cause avec une facilité déconcertante. Rien d'étonnant à ce que tant de monde le révère. En même temps, dans quel domaine n'excelle-t-il pas ? Je le jalouse presque.

Ce matin, il m'a accompagnée pour un rendez-vous de suivi et nous sommes à l'arrêt depuis quelques minutes dans un bouchon du côté de Mériadeck, quand je reçois un coup de fil de mon père.

— Allô, Papa ?

— Ma chérie ! Passe vite à l'agence, j'ai une super nouvelle pour toi.

— Oh purée ! Tu m'as trouvé un local ? je m'extasie en gigotant comme une anguille dans mon siège.

— Ça se pourrait bien.

— Je te rejoins dans une heure, c'est bon pour toi ?

— Nickel. À plus tard !

Je raccroche et pousse un cri enthousiaste dans l'habitacle. Elias me fixe d'un air impassible.

— Une piste intéressante ? me demande-t-il sans entrain.

— Eh bah, cache ta joie surtout !

— Tu sais très bien ce que je pense de tout ça...

— On ne va pas revenir là-dessus, bon sang ! Déjà que je suis au fond du trou alors que ce projet me tient à cœur. C'est mon deuxième bébé.

— Pas la peine de monter dans les tours comme ça, j'ai encore le droit de m'inquiéter, non ? La gynécologue a dit qu'il fallait te ménager un peu.

— Elias, je suis enceinte, pas malade. Et l'activité physique est recommandée pendant la grossesse.

— À petite dose ! Un peu d'activité physique, oui, mais pas courir de partout du matin au soir.

— Tu préférerais que je passe mes journées dans le canapé à rien foutre, peut-être ?

— Mais bon Dieu, cesse de tout exagérer comme ça sans arrêt ! Je ne te dis pas de t'arrêter de vivre, mais il y a un juste milieu !

Ma parole, il le fait exprès ou quoi ?

— Quand est-ce que tu vas comprendre que si je me démène autant, c'est pour être en mesure de subvenir aux besoins de notre fille ? je m'agace en le foudroyant du regard.

Elias soupire, tout aussi exaspéré que moi et ses lèvres se tordent en un rictus tandis qu'il pianote avec nervosité sur le volant.

— Tu te souviens qu'on a décidé d'élever et d'assumer notre enfant ensemble.

— Merci pour l'info, mais je n'ai pas l'intention de vivre à tes crochets non plus ! Oh, puis merde à la fin ! J'en ai marre de ce dialogue de sourds.

Le portable d'Elias sonne. Un numéro non enregistré. Il prend l'appel en Bluetooth :

— Maître de Warren, j'écoute.

— Quel sérieux, Elias ! Toujours aussi impressionnant...

Je reconnais aussitôt cette voix sirupeuse et mon sang se fige. Agathe. Qu'insinue-t-elle ? Son comportement en volte-face, le jour de mon départ, est ancré dans ma mémoire ; bien que je n'ai pas de raison de m'inquiéter, je me méfie tout de même de cette grognasse comme de la peste.

— Qu'est-ce que tu veux, Agathe ?

— C'est au sujet de l'affaire Dufresne...

— Je t'ai déjà dit que je ne m'en occuperai pas. Demande à Antoine de s'en charger, il connaît très bien cette famille...

Le paternel de Victoire aurait-il encore des problèmes avec la justice ?

— Tu sais bien que la situation est tendue...

— Je m'en contrefous !

Rien que d'entendre Agathe palabrer pour tenter de convaincre Elias, j'ai envie de la tarter. Elle m'horripile, c'est plus fort que moi.

À présent remontée comme un coucou suisse, je préfère poursuivre le trajet seule. Au moins, le tram circule, lui. Je saisis mon sac et déverrouille l'habitacle. Elias m'agrippe le poignet.

— Tu n'es pas sérieuse ? siffle-t-il entre ses dents.

— Oh que si ! Je n'ai pas la tête à en écouter davantage.

— Tu restes ici !

— Lâche-moi ou je hurle !

Elias fulmine, nous nous dévisageons avec hostilité.

— Allô ? Tu es toujours là ? s'impatiente Agathe à l'autre bout du fil.

Des coups de klaxon résonnent derrière nous. Elias grimace et me relâche, à contrecœur. Je pars en claquant la porte, direction la station de tram.

Il n'est plus question que je m'écrase. Cette époque est révolue.

***

— Salut, Papa, dis-je en passant la porte de son bureau à l'agence.

— Roh ma chérie, tu es resplendissante, me complimente-t-il en me détaillant de la tête aux pieds. Par contre, je me trompe ou tu es chafouine aujourd'hui ?

— Bien vu. Je viens de m'engueuler avec Elias.

— Rien de grave au moins ?

— Simple divergence de point de vue concernant mon projet pro.

— Comment ça ? Je croyais qu'il te soutenait à fond.

— C'est toujours le cas, mais il pense que je devrais toutefois ralentir le rythme parce que je suis enceinte. Il me couve sans cesse et ça m'agace un peu.

— Je le comprends. Ta mère était pareille que toi, elle avait la bougeotte en permanence. Et moi j'angoissais en silence, redoutant qu'il vous arrive quelque chose.

— Et pourtant, tout s'est bien passé. Pas de quoi s'alarmer, donc.

— Je me doute que tu ne prendras aucun risque, mais fais attention quand même. S'il s'inquiète autant, c'est parce qu'il tient à toi et à votre bébé.

— Je sais, Papa, je soupire en me laissant tomber dans un fauteuil moelleux. Alors, dis-moi : c'est quoi cette super nouvelle ?

— J'ai peut-être trouvé le local idéal pour toi...

Je me redresse aussitôt, en tapant des mains comme une petite fille surexcitée.

— Dans quel coin ?

— Rue du Loup.

— C'est pas vrai ! Proche de chez moi en plus. Quelle surface ?

— Soixante-dix mètres carrés de boutique et une cave presque aussi grande.

Le rêve ! Une occasion inespérée.

— C'est une blague ?

— Pas du tout. Par contre, il y aura sûrement quelques travaux à réaliser pour le retaper. C'est un peu vieillot.

— Pas de souci, j'ai de l'argent pour ça ! Roh, c'est formidable, Papa ! Je savais que tu finirais par me dénicher le plan parfait !

— Minute, papillon ! Il y a quand même une chose importante à prendre en considération, et pas des moindres.

— Vas-y, je t'écoute.

— C'est une vente, pas une location.

Ah, mince.

Ma joie retombe aussitôt. Certes, entre l'héritage de Babou et ce que m'a reversé Antoine pour ma part du loft, je dispose d'un capital conséquent, mais, vu le quartier, acheter risque de me coûter une coquette somme. Et avec des travaux en plus... L'affaire n'est pas encore conclue. Il me faut étudier la question pour déterminer si ce serait réalisable sans éviter la banqueroute. Maintenant que je n'ai plus de boulot, je dois tout de même assurer mes arrières et rebondir.

— Tu l'as déjà visité ?

— Bien sûr, ma chérie. J'ai effectué un premier état des lieux du bien avec le propriétaire. D'après ce que tu recherches, je pense que cela pourrait vraiment te convenir. C'est certes vieillot, comme je te l'ai dit, mais l'espace est sain, bien ventilé et avec du cachet. Tout ce que tu aimerais.

— Au niveau du prix, ça donne quoi ? Au moins deux cent mille euros ?

— Cent vingt mille.

— Quoi ? C'est tout ? Enfin, non, je veux dire... c'est déjà pas mal, mais pour le secteur, je m'attendais à bien plus.

À ce tarif-là, c'est encore jouable. Si je peux me le permettre, autant investir. L'immobilier, c'est un placement sûr et en cas de pépin, ça se revend.

— Tu penses que je pourrais le visiter rapidement ?

— Tu as du temps devant toi cet après-midi ?

***

Mon cœur tambourine dans ma poitrine quand je découvre le local. Situé au rez-de-chaussée d'un immeuble en pierres, proche de l'hôtel de Ragueneau, il dispose d'un emplacement au top, à quelques minutes seulement de chez moi à pied. Sa devanture défraîchie en bois ne lui rend pas hommage et pourtant, lorsque nous poussons la porte d'entrée, je me réjouis : autrefois se trouvait ici une boutique dédiée aux arts plastiques, où je venais avec ma mère.

Avec mes yeux d'enfant, j'avais l'impression qu'elle était toute petite, tant il y avait du bazar de partout. Maintenant qu'elle est vide, je prends conscience du vaste espace. J'arpente les lieux, fouille les moindres recoins, contemple les voûtes apparentes en pierre. Tellement de cachet et de possibilités d'aménagements.

Immédiatement, mon cerveau fourmille d'idées pour transformer ce lieu. Je m'y imagine sans mal pour produire et vendre mes savons.

— Alors ? Tu en penses quoi ? m'interroge mon père. Cela pourrait convenir à ton activité ?

— Complètement. Bon, il va y avoir besoin de faire des travaux, c'est certain, mais un local de cette surface, dans ce secteur et à ce prix-là, ça cache forcément un loup, je lui réponds d'un air circonspect. Il y a un monstre dans la cave ? Des infiltrations d'eau ? Des problèmes de voisinage ? Je trouve ça plutôt louche...

Mon père grimace, quelque peu offusqué par ma dernière remarque.

— Eh bien, il faut croire que tu n'as plus confiance en ton vieux père...

— Pardon, Papa. Je suis désolée, je ne voulais pas te vexer. Mais reconnais que ce local est tout de même une sacrée aubaine qui tombe du ciel après des semaines à chercher en vain.

— Ne t'inquiète pas, Ambre. Si je n'étais pas sûr de mon coup, je ne t'en aurais jamais parlé.

Je réalise une fois de plus la chance que j'ai d'être aussi bien soutenue et mes yeux s'emplissent de larmes. La fierté que je lis sur les traits de mon père et son sourire radieux ouvrent les vannes de mes pleurs. Je me précipite jusqu'à lui.

— Oh, Papa. Si tu savais comme ça me fait plaisir que tu croies en moi.

Il m'accueille dans ses bras où je sanglote comme lorsque j'étais petite fille.

— J'ai toujours cru en toi, ma chérie. Je ne cesserai jamais de te soutenir et je t'aiderai aussi longtemps que je le pourrai. Tu es une battante et je suis certain que dans peu de temps, tu rencontreras le succès en tant que maîtresse savonnière.

Puisses-tu avoir raison, Papa...

Je reste quelques instants dans ses bras, à ordonner mes pensées. Habituellement, les achats compulsifs, ce n'est pas trop mon genre, mais dans ce cas précis, j'ai l'intime conviction qu'il ne faut pas que je réfléchisse. C'est une occasion en or et j'ai pleinement confiance en mon père. S'il m'assure que c'est une bonne affaire, je peux y aller les yeux fermés.

J'essuie mes larmes d'un revers de manche, inspire profondément et poursuis :

— C'est décidé, tu peux faire une offre au propriétaire.

— Très bien, je m'occupe de tout. Et toi, tu vas te reposer. Tu dois avant tout prendre soin de toi et de la petite.

Instinctivement, je caresse mon gros ventre et les paroles d'Elias me reviennent en tête. Dans un mois, notre fille viendra au monde. L'achat de ce local et les travaux vont durer un moment.

Le timing s'impose à moi et je n'ai d'autres choix que de me résoudre : inutile de me presser, mon activité ne débutera pas avant l'automne prochain. Il est donc temps de me consacrer pleinement à l'arrivée de bébé.

Je farfouille dans mon sac, à la recherche de mon portable, et envoie un message à Elias.

[Ambre : Excuse-moi pour ce matin, mon nounours. Tu as raison, je vais lever le pied. PS : Je viens de dépenser cent vingt mille euros.]

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