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Chapitre 4. La soupe à la grimace

Antoine n'a finalement eu aucun mal à dormir dans le lit conjugal. Pas un seul éternuement, ni mouchage, à croire qu'il me baratinait sur ses prétendues allergies aux poils de chat... Après une nuit passée à l'hôtel du cul tourné, la sonnerie du réveil nous tire du sommeil et marque le retour du train-train quotidien.

Je n'ai pas décoléré et il n'a pas manifesté le moindre remords quant à son comportement. Autant dire que l'ambiance est plus que glaciale ce matin. C'est bien l'une des rares fois où je me réjouis d'habiter ce loft, m'épargnant ainsi la promiscuité avec ce type que je ne reconnais plus depuis des mois. Nous nous préparons chacun de notre côté et c'est en silence que nous quittons notre domicile pour nous rendre au boulot.

Nous arrivons au cabinet et partons chacun en direction de nos bureaux respectifs, sans échanger un mot. Elias m'a prévenue durant le week-end que j'ai un planning allégé en ce début de semaine, ce qui, du reste, m'arrange bien. Après ma descente aux enfers, j'ai besoin de retravailler pour sortir la tête de l'eau, mais je ne me sens pas prête à me confronter à nos clients dès aujourd'hui. Babou aimait la vie et, si elle le pouvait, je sais qu'elle m'inciterait vivement à avancer. Néanmoins, apprendre à demeurer sans elle marque un tournant dans mon existence.

Bien que je sois discrète et pas du genre à m'épancher sur mes soucis personnels au boulot, les collaborateurs croisés ce jour me saluent et prennent quelques minutes pour s'enquérir de mon état et me transmettre leurs condoléances, ce qui m'apporte un peu de baume au cœur. Je me doute que pour certains d'entre eux, cela répond avant tout aux convenances sociales ; cependant j'apprécie le geste. D'une manière générale, je m'entends bien avec tout le monde, et nous échangeons des banalités du quotidien, cela dit, il n'y a qu'avec Elias que j'ai développé une réelle amitié.

Plongée dans le dossier que j'ai laissé en plan la semaine passée, je farfouille dans les étagères en quête d'un document, quand quelqu'un toque à la porte.

— Bonjour, Ambre.

— Oh, bonjour Charles.

Il entre dans la pièce et vient à ma rencontre, un sourire bienveillant sur les lèvres, pour me donner une accolade chaleureuse.

— Comment te sens-tu ?

— C'est difficile.

— Si tu as besoin de plus de temps...

— Je vous remercie, mais vous savez, j'ai surtout envie de reprendre le boulot.

— En tant qu'employeur, ce n'est pas moi qui m'en plaindrais, et si cela t'aide à remonter la pente, c'est tant mieux, mais prends soin de toi avant tout.

— C'est gentil de vous soucier de moi. Ne vous inquiétez pas, je vais me remettre.

— Bien, dans ce cas, je ne vais pas te déranger plus longtemps. N'hésite pas si tu as besoin de quoi que ce soit.

— Merci, Charles.

Nous échangeons un sourire et il quitte mon bureau.

Depuis le premier jour, où j'ai passé mon entretien avec lui, j'ai toujours apprécié Charles Barlowski. Bien qu'intransigeant dans le travail, il n'en est pas moins doté d'une grande bonté à l'égard de ses proches. Tout le contraire de son fils. C'est à se demander ce qui a merdé en cours de route pour qu'Antoine se révèle si exécrable et imbu de sa personne.

Elias s'est absenté jusqu'à jeudi, en déplacement professionnel du côté de Lyon. Il trouve cependant le temps de m'envoyer des messages pour s'enquérir de mon état et me soutenir. Saskia en fait de même depuis Paris où elle vit et travaille depuis quelques années. Elle m'a déjà appelée trois fois depuis samedi et m'assure qu'elle est prête à redescendre au moindre signe de faiblesse de ma part. Mes amis sont vraiment formidables, contrairement à mon conjoint.

L'ambiance reste tendue entre Antoine et moi, c'est donc seule que je pars déjeuner ce midi. J'en profite pour passer un coup de téléphone à mon père et prendre de ses nouvelles. Nous bavardons un moment tous les deux et nous donnons de la force pour avancer. Je sais qu'il s'en remettra ; il n'est pas du genre à se laisser abattre. Il nous faudra du temps, mais nous y arriverons. Et puis, ma mère n'est jamais loin et veille sur nous également.

La journée terminée, je regagne mon domicile, sans Antoine, qui a, semble-t-il, des rendez-vous programmés jusqu'à une heure tardive. Tanit vient à ma rencontre en miaulant pour se faire câliner dès que j'ouvre la porte. Pour elle aussi, c'est beaucoup de changements, toutefois, je constate qu'elle paraît s'y faire aisément.

***

Les jours passent, le malaise entre Antoine et moi persiste. Nous n'échangeons pas un mot, seulement des regards en coin, pas franchement amicaux. C'est la première fois que nous restons fâchés si longtemps et, cela ajouté à la difficile épreuve du deuil, je suis à fleur de peau. J'ai sans cesse la boule au ventre, j'ai perdu l'appétit et n'arrive plus à dormir. Les crises de larmes et les fous rires nerveux, en repensant à des moments joyeux, s'enchaînent. J'aimerais pouvoir débrancher mon cerveau quelques heures et sombrer dans le coma pour m'octroyer un peu de repos.

Le lundi soir, Antoine m'a adressé quelques mots pour râler à propos de la présence de Tanit chez nous, préférant que nous lui trouvions un autre foyer. J'ai bien cru que j'allais l'étriper de l'entendre ne serait-ce que suggérer l'idée, néanmoins, je me suis contentée de lui ouvrir grand la porte de notre chambre en l'invitant d'un regard noir à ficher le camp. Il faudra bien qu'il s'y fasse. Désormais, cette petite boule de poils fait partie de ma vie à temps complet et il est inconcevable que je l'abandonne. Antoine dort donc sur le canapé et nous résidons tels deux étrangers sous le même toit.

La tension entre nous est palpable jusqu'au travail. Au cabinet, personne n'ose poser la moindre question et heureusement, auquel cas je me verrais dans l'obligation de les envoyer paître sans y mettre les formes. J'ai conscience que les ragots vont bon train, comme partout je suppose. Sans quoi, l'humain ne serait pas ce qu'il est...

La fin de semaine approche et le vendredi matin, je me détends enfin en retrouvant Elias.

— Salut Maya ! Comment te sens-tu ?

— Bof... je soupire en lui décrochant un sourire léger.

Je suis contente de le voir, ces quelques jours ont été éprouvants et de savoir qu'il est de retour, mon moral est en hausse.

— Tu n'as pas bonne mine du tout. Je suppose que c'est normal étant donné ce que tu traverses, mais là, tu me fous carrément les jetons !

C'est vrai qu'il n'a pas tort, quand j'ai aperçu mon reflet dans le miroir de la salle de bain ce matin, j'ai bien cru défaillir. Tous les cosmétiques du monde ne peuvent lutter contre mes yeux cernés de noir et ma tête de panda.

— Il faut laisser le temps œuvrer, dis-je avec philosophie.

Je n'ai pas trop envie de m'étaler, au risque de passer pour Calimero. Elias me connaît bien et je sais qu'il sera là si je veux me confier.

— Comment ça s'est déroulé le week-end dernier ? On a tous compris que tu avais besoin de solitude après les obsèques, mais l'autre con a bien dû finir par rentrer ?

L'inimitié entre Antoine et Elias dure de longue date, avant même que je les rencontre en intégrant le cabinet Barlowski. Je sais qu'ils se connaissent depuis des années, mais je n'ai aucune idée de pourquoi ils se détestent.

— Oui, le dimanche en milieu de matinée...

— Incapable de faire l'effort d'être présent auprès de toi au pire moment, ronchonne-t-il dans sa barbe.

— Changeons de sujet, s'il te plaît.

Mon cœur se serre alors que je repense à ma dispute avec Antoine. Je n'ai pas envie de revenir là-dessus. Elias ne l'entend pas de cette oreille.

— Écoute Ambre, je sais que c'est très difficile pour toi en ce moment, mais quand vas-tu ouvrir les yeux sur ce type ? Comment peux-tu supporter de partager ta vie avec lui, alors qu'il ne te respecte pas et est incapable de te soutenir ?

— On traverse une mauvaise passe, ça finira par s'arranger.

Ou pas, toutefois, je refuse de songer à cette hypothèse maintenant.

— Ça dure depuis des mois ! Tu te mens à toi-même. Regarde-toi, tu n'es plus qu'une ombre ! Tu n'as plus cette petite étincelle dans les yeux comme avant, tu es constamment à fleur de peau, à osciller entre tristesse et colère.

— Je t'en prie, arrête ! J'ai besoin d'un ami, pas d'un coach de vie ! je proteste avec véhémence.

Le sourire sur le visage d'Elias s'efface, laissant la place à une mine renfrognée. L'une des principales qualités que j'apprécie chez lui, c'est son franc-parler. Pourtant, à cet instant, ses mots me meurtrissent et je me ratatine, accablée par le poids de l'abominable vérité qu'il vient de me balancer à la figure, alors même que je suis déjà au fond du trou.

Je m'enfonce dans mon fauteuil et ferme les yeux en me massant les tempes. Les larmes s'amoncellent derrière mes paupières closes. Elias s'approche de moi et me prend dans ses bras, sans que je lui oppose de résistance.

— Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser. Saskia et moi, on se fait du souci pour toi. Babou te manque terriblement, pourtant tu ne dois pas sombrer dans la déprime. Et surtout, il faut que tu arrêtes d'être gentille au point d'accepter que l'autre naze te méprise à ce point. C'est malsain !

Je lève les yeux vers mon ami et perçois sans difficulté l'inquiétude sur les traits de son visage. Je sais qu'il a raison, mais l'entendre de sa bouche n'en reste pas moins douloureux à encaisser.

— Allons prendre un café en terrasse, un peu de vitamine D te fera du bien.

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