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Chapitre 1. La cruelle réalité de la vie

(huit ans plus tard, mardi 18 avril 2023)

Pff, quelle affaire pourrie !

Je soupire longuement en me massant les tempes. Je ne compte plus les heures passées sur ce maudit dossier Schneider, entré dans le top dix des plus pénibles. Cela dit, vu le patrimoine pharaonique de ce margoulin, ce ne sont pas les honoraires du cabinet qui vont l'écorcher.

J'apprécie mon travail, néanmoins il faut reconnaître que notre clientèle n'est pas toujours évidente à contenter. Je dirais même que je suis régulièrement confrontée à des emmerdeurs de classe internationale.

Mon estomac gargouille, l'heure est venue de faire une pause. Je compose le numéro en interne d'Elias, mon collaborateur et surtout, excellent ami.

— Salut, Maya, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?

— Commence par arrêter de m'appeler Maya, je râle dans le combiné.

— Seulement quand tu te décideras à relâcher la pression plus souvent. Tu ne sors pas assez. Tu es une vraie butineuse, une acharnée du travail, cela te perdra !

— Justement, je te propose qu'on aille manger un morceau ensemble ce midi.

— Je ne te parle pas de ça, mais d'escapades pour t'amuser et croquer la vie. On ne se voit presque jamais en dehors du boulot.

Sa réflexion me culpabilise un peu. Moi aussi, j'aimerais que l'on puisse profiter davantage. Elias est un ami cher, tout autant que Saskia, ma « vieille » copine rencontrée sur les bancs de la fac de droit. Sans eux et les membres de ma famille, je ne crois pas que je tiendrais au quotidien.

— On en a déjà parlé, tu sais bien que c'est compliqué avec Antoine...

Il soupire longuement à l'autre bout de la ligne.

— Un jour, il faudra que tu m'expliques pourquoi tu restes avec ce tocard, se lamente-t-il.

— Elias, s'il te plaît... ne recommence pas avec ça.

— Bon OK. Ne bouge pas, je te rejoins tout de suite.

Elias de Warren, séducteur invétéré et avocat de trente-neuf ans, travaille lui aussi pour le cabinet Barlowski et Associés, depuis treize ans. Après qu'il ait tenté, en vain, à plusieurs reprises de me mettre dans son lit, j'ai fini par apprécier cet homme tant charismatique que désinvolte et nous avons noué une véritable amitié au fil des ans.

Il faut reconnaître qu'il détonne un peu parmi le reste de ses confrères, pour ainsi dire plus... classiques. Son impertinence n'a d'égal que son aisance relationnelle et sa réussite professionnelle, qui lui ont permis d'acquérir une excellente réputation – garantissant une clientèle conséquente au cabinet, ainsi que la sympathie de tous ses collaborateurs, excepté celle d'Antoine Barlowski, l'un de ses associés, et depuis sept ans, mon compagnon.

Je me penche pour récupérer mon sac à main, mais en me redressant, ma tête cogne contre le bureau et je lâche ma prise. Tout le contenu bascule au sol.

— Fait chier, bordel ! je peste à voix haute en me mettant à quatre pattes pour ramasser mes affaires éparpillées par terre.

J'ai été très bien éduquée, néanmoins, j'ai la fâcheuse tendance à recourir aux grossièretés à la moindre contrariété. En temps normal, j'essaie tout de même de tenir ma langue, eu égard au milieu social dans lequel j'évolue.

Après des années studieuses sur les bancs de la faculté de droit à Bordeaux, je suis devenue juriste avec la volonté d'utiliser mes compétences durement acquises, au service des autres. J'étais bercée d'idéaux sur la justice, prête à apporter ma pierre à l'édifice.

Toutefois, au fil des ans, mon euphorie d'antan s'est réduite comme peau de chagrin. J'ai vite compris que le seul véritable souci de notre clientèle aisée était de préserver ses précieux intérêts. Autrement dit, je travaille au service d'entrepreneurs et de bourgeois, aux fouilles débordantes de pognon, usant de tous les subterfuges pour qu'elles le restent.

Si j'ai appris à tenir ma langue pour entrer dans le moule, il ne se passe pas une semaine sans que je me demande ce que je fous encore là et pourquoi je m'impose une telle charge mentale.

— Qu'est-ce que je l'aime ton petit cul ! Tu sais qu'il demeure à ce jour mon plus grand regret, s'exclame Elias depuis la porte entrebâillée.

Surprise, je me cogne une deuxième fois la tête contre le bureau, me mordant la joue au passage.

— Nom de Dieu, Elias, tu m'as fait peur ! J'en ai marre de cette journée !

— J'adore t'entendre te lâcher de la sorte, cela n'arrive pas assez souvent, je trouve.

— Tu peux me filer un coup de main au lieu de te moquer de moi ? je maugrée en le fusillant du regard.

Elias ramasse quelques-uns de mes effets personnels et s'approche pour m'aider à me relever. J'émets un grognement agacé en me frottant le crâne. Mon ami se fiche de moi sans retenue, aussi, je lui flanque une petite tape sur l'avant-bras.

— Si tu voyais ta tête, ma pauvre.

— Je te remercie de ne pas en rajouter.

— Oh ! Détends-toi un peu, je plaisante.

J'ai les joues en feu et la nette impression que mon chignon n'est plus. Je m'empresse de remettre mes escarpins et ma jupe en place, tandis qu'Elias me reluque sans se cacher, puis je saisis mon sac et file droit aux toilettes pour m'arranger. Elias m'attend dans le couloir, adossé nonchalamment au mur, les bras croisés sur le torse.

— T'as envie de quoi ce midi ? me demande-t-il.

— Je ne sais pas, peu importe, tant que je peux souffler un peu.

— On va profiter du beau temps pour aller manger sur les quais.

Le cabinet étant situé près de la place des Quinconces, nous marchons quelques minutes avant de nous installer à la terrasse d'une brasserie. Nous commandons deux verres de vin pour commencer. Boire un petit coup me sera salutaire ; ces derniers temps, je suis encore plus stressée que d'habitude par mon travail et ce fichu dossier qui n'avance pas.

— Je me demande comment tu peux être aussi détendu. Avec tout le boulot que tu as, c'est impossible d'être insouciant à ce point. C'est quoi ton secret ?

— Je profite de bons moments avec mes amis et surtout... je baise autant que j'en ai envie. Il n'y a pas meilleur moyen pour relâcher la pression. Tu devrais essayer, tu verras, c'est très efficace, me raille-t-il en me gratifiant d'un sourire étincelant.

Je rougis violemment, regrettant de lui avoir posé cette question. C'est donc si évident que ça que je suis mal baisée ? Je n'ai pourtant pas souvenir d'avoir confié quoique ce soit à Elias à ce sujet. Je réfléchis un bref instant, jusqu'à avoir un déclic. Saskia. Saskia Amoros. Ma meilleure amie, celle qui a la fâcheuse tendance à oublier la signification de l'épithète « privé ». Je suis sûre que c'est elle qui a vendu la mèche. Toutefois, il est inutile que je me mette des œillères : après sept ans de vie de couple avec Antoine, la flamme du désir qui nous animait s'est presque éteinte. Ma vie sexuelle est devenue insipide et j'ai bien peur de finir plus sèche que le désert d'Atacama.

— Merci pour ce conseil avisé, cher ami. Mais tu n'as jamais ressenti le besoin de construire une relation durable ?

— Pourquoi m'enfermer dans une histoire de couple, alors que je peux coucher avec des tas de femmes sans ça ?

— Il n'y a pas que le cul, Elias, je réplique en levant les yeux au ciel. Il y a aussi l'amour, l'affection, la tendresse, l'envie de fonder une famille.

— Ce que tu me décris, c'est une condamnation à perpète. Ce n'est pas ce que je désire, me contre-t-il, les traits durcis.

À son ton tranchant, je comprends qu'il ne souhaite pas se livrer. Je respecte sa volonté de conserver son précieux jardin secret et élude la question en revenant à un sujet moins personnel.

En fin de repas, nous sommes en train de boire le café, quand la sonnerie de mon portable retentit.

— Tu ne décroches pas ?

— Non, c'est mon père. Je le contacterai plus tard.

Je bascule le coup de fil sur messagerie, mais il me rappelle à nouveau. C'est curieux qu'il insiste, ce n'est pas dans ses habitudes.

— Excuse-moi, c'est peut-être important.

— Aucun problème, je vais régler l'addition.

— Merci. Allô, Papa ?

— Ambre, viens vite.

Je m'inquiète en remarquant qu'il paraît à bout de souffle.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Quelque chose ne va pas ?

— Rejoins-moi chez Babou, tout de suite.

Il raccroche et d'un coup, je me sens mal. J'ai un mauvais pressentiment.

— Quelque chose cloche ? m'interroge Elias en revenant.

— Il m'attend chez Babou.

— Allons-y vite, je t'accompagne.

Nous partons en courant vers le tram, direction Pey-Berland. À notre arrivée, mon père vient aussitôt à ma rencontre pour me prendre dans ses bras. L'agitation règne devant l'entrée de l'immeuble où vit ma grand-mère.

— Papa, que se passe-t-il ? Où est Babou ?

Son visage est livide, il est incapable de parler. Quand je vois des agents funéraires s'avancer avec un sac mortuaire, j'ai peur de comprendre. Non, je ne veux pas, je refuse de comprendre. C'est impossible, Babou ne peut pas disparaître. Pas elle. Pas maintenant. C'est trop tôt. Il nous reste encore tant de choses à partager ensemble.

Les larmes se déversent en cascade sur mes joues, ma gorge se noue. Aucun son ne peut s'en échapper tellement je suffoque sous le poids du chagrin écrasant.

— Je suis désolé, ma chérie. Elle va nous manquer terriblement.

Papa me serre contre lui pour me réconforter un moment avant de retourner auprès des agents funéraires et du médecin venu constater le décès, le dos voûté, accablé par la perte de sa mère. Elias m'attire dans ses bras et je sanglote sans aucune retenue.

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