Lewis   –  Est-ce vraiment un crime, monsieur l'agent, de libérer le monde de pareils ordures ?

Le policier semble hésiter. 

Agent de police   –  Oui. 

Lewis   –  Alors, c'est mal ?

Agent de police, avec plus de fermeté   –  Oui, tuer un Homme, c'est mal. 

Lewis   –  Et tuer un monstre ?

L'agent soupir, esquissant une moue désolée. 

Agent de police   –  Un Homme reste un Homme. 

Lewis   –  Un monstre reste un monstre. 

Agent de police   –  La loi est juste. 

Lewis   –  Juste ? Vous pensez donc que fermer les yeux sur l'infamie, que laisser des enfants entre les mains sales de prêtres sans foi est juste ? Vous pensez que la mort de Jack est juste ? 

Agent de police   –  Cet homme aurait été punis...

Lewis, serrant les dents   –  Par qui ? Qui aurait parlé, qui aurait accepter de voir, qui aurait condamné ? Personne. Seul le Jabberwocky est capable de tout voir. Seul le Jabberwocky savait ce que cachait cette pourriture dans le coin de son sourire ! 

Les deux hommes s'observent en silence. 

Lewis   –  J'ai mis vingt ans à comprendre ce qui avait détruit mon ami. J'ai mis vingt ans à trouver qui avait tué mon frère. La justice est un leurre que seuls les plus faibles d'entre nous utilise pour éviter de se salir les mains. La justice est une illusion, le bandeau de soie qui aveugle les Hommes. Si assassiner un assassin est mal, alors je suis le mal ! Je suis le juste ! Je suis le crime. 

D'un geste calme, il pose le dos de sa main contre son œil et déplie ses doigts pour découvrir sa paume tatouée d'une œil vermeille. 

Lewis   –  Le crime ne peut se lire que dans les silences, dans la saveur des larmes, dans le regard creusé des proies, des victimes, des morts. Le crime n'est ni bon, ni mauvais. Le Jabberwocky sait tout.