18- Rendez-vous
Javier
Le samedi, heureux d'avoir retrouvé Léonard j'ai bossé sur le dossier fiscal d'Ira. Mes copains travaillent et ce soir, nous avons décidé de profiter des journées du patrimoine, nous avons choisi de visiter un lieu original : les catacombes. La visite guidée se termine ensuite par la découverte des fondations de la prison de la Bastille.
Mes copains n'écoutent pas le guide, pourtant passionnant, ils discutent du cas Léonard et de la probabilité qu'il soit ou non sincère. Je m'efforce d'ignorer ces oiseaux de mauvais augure, mais je ne suis pas très confiant : eux n'y croient pas et la vérité c'est qu'ils me font à nouveau douter.
Nous avons une nouveauté dans notre groupe, Romain, le chevalier servant de Zoé.
Les deux s'entendent bien et Romain est passé outre la séropositivité. Gael toujours dur suppose qu'il n'a pas compris.
Je lui ai mis un coup d'épaule.
Il existe des gens biens sur cette planète et Zoé a fait une belle rencontre.
Le dimanche, nous avons prévu d'aller faire de l'escalade dans les rochers à Fontainebleau.
J'avoue que les photos de Léonard me font envie alors je propose à mes amis de partir en weekend, idéalement un endroit avec une piscine. Je n'ai pas beaucoup de succès, car nous sommes tous pas mal occupés, ils me rappellent d'ailleurs, que je suis censé me trouver un nouveau travail. Si même ces gars irresponsables se mettent à être raisonnables ! Où va le monde ! Ils réveillent d'ailleurs l'inquiétude sournoise qui me taraude, pour l'instant je n'ai pas eu de réponse à mon CV. J'ai postulé à des annonces qui m'intéressent moyennement. Les groupes trop grands me rebutent et je préfère travailler dans l'industrie. Je chasse les idées concernant le travail et repars sur mes idées de vacances.
─ Et si on partait la semaine juste après les vacances de Noël ? Ce sera calme pour la vente homme ?
La semaine de Noël, je ne suis pas libre, j'ai obligation de rentrer chez mes parents et je n'oserais jamais désobéir.
Ira propose que nous allions chez son oncle Grégoire, qui a une maison en Guadeloupe. Le vieil homme est retraité là-bas et nous abusons du filon. J'avoue que l'idée d'aller dans la grande maison de bois blanc dans les forêts de raisinier et de palétuvier bénéficiant de la vue sur la mer me fait bien envie. J'en ai ras le bol de la grisaille parisienne.
Surtout, je me sens minable à côté de Léonard, qui en quinze jours a fait quand même trois pays.
Léonard m'a expliqué qu'il parlait espagnol, coréen, japonais, anglais et allemand. Dire que je me sentais fier de parler correctement l'anglais, le chinois et un peu l'italien, maintenant je me fais encore une fois l'effet d'être un idiot.
Pendant que je médite sur mes complexes, les autres réfléchissent à la proposition d'Ira d'aller squatter chez tonton Grégoire. Chez lui le logement est sommaire, mais gratuit et il nous reste à financer les billets d'avion.
Le samedi matin, Léonard m'a envoyé un message pour me dire qu'il est bien arrivé. Il m'envoie une photo des biches qui se promènent près du château.
***
Lundi matin, c'est ma dernière semaine au bureau et aucune envie d'y aller ! Le chômage ce sera une première pour moi. J'ai très peur et il ne sera pas question de le dire à mes parents.
J'essaye de ne pas y penser, j'ai un peu de trésorerie pour tenir. Aujourd'hui, je porte un ensemble violet que m'a prêté Ira. Il espère que des mecs dans la rue, admirent mes fringues et aient envie de les acheter.
Alexandra et Sébastien sont passés chez Aprol. Nous ne sommes plus que trois en m'incluant de l'ancienne Société.
Julien me prend la tête pour un travail que je n'ai pas fait, sachant qu'il ne me l'a pas demandé.
Normalement je ne réponds pas aux engueulades, mais lui, je ne peux m'empêcher de l'envoyer promener. Il hurle encore plus et je n'ai pas le temps de répondre qu'une voix glaciale nous apostrophe tous les deux.
─ Javier et Julien ! expliquez-vous calmement, nous sommes dans un bureau pas sur un ring !
Je me retourne consterné, c'est Léonard qui doit me prendre pour un cinglé, c'est injuste ! Julien n'arrête pas de me harceler !
─ Je ...
Il a déjà tourné le dos, je le regarde s'éloigner dans un costume gris foncé, je me demande s'il en a déjà mare de moi ?
Julien semble satisfait pour sa part, c'est à n'y rien comprendre. Il est content que je me sois fait engueuler par Léonard. Il est satisfait, même si lui aussi c'est fait engueuler du coup.
Alexandra me fait un clin d'œil.
─ En tout cas, ça change de ton management, je te trouvais trop laxiste et lui est trop sévère !
Je marmonne, gêné, pourtant bien conscient qu'elle a raison.
Un peu plus tard mon portable sonne. C'est une société intéressée par ma candidature. Je me retiens de pousser un cri de joie. L'homme m'invite à aller voir leur site et nous convenons d'un rendez-vous. Il ne dit pas grand-chose au téléphone, mais le peu qu'il m'a dit, c'est tout bon pour moi. C'est une petite boite dans le domaine industriel. J'ai un bon feeling. Comme un fait exprès, j'ai un mail pour rappeler un cabinet de chasseurs de têtes pour prendre un rendez-vous et je reçois un autre appel pour un poste. Enfin !
J'ai bien fait de mettre mon costume violet aujourd'hui, car à partir de demain et pour un moment je vais devoir remettre des costumes gris moches.
Alors que la journée se termine, je reçois un message de Léonard qui me propose de me ramener. J'ai eu du boulot, car Julien me fait crouler sous les procédures à écrire et les référencements des programmes.
Je l'attends à sa voiture plus tard, j'aurais peut-être dû aller à son bureau, mais je ne tenais pas à passer devant Anet. J'ai mon sac à dos, ma trottinette sur le bras. Il est en retard.
Je songe à remonter le rejoindre, quand il arrive avec Anet, qui m'a parfaitement vu appuyé contre sa voiture.
Il la salue, alors qu'elle se dirige vers une petite mini bordeaux. Un bref regard amusé vers moi.
Alors là c'est mort.
Il ouvre le coffre pour ma trottinette.
─ Désolé, si je t'ai agacé ce matin quand tu t'es pris la tête avec Julien.
─ Je ne parlerai pas de mon con de patron avec mon copain.
Léonard éclate de rire.
─ Tu veux aller au restaurant demain soir ?
─ J'ai un rendez-vous demain soir, mais on peut se retrouver après pour sortir, je veux bien.
─ Tu as un endroit où tu veux aller ?
─ Je peux demander à mes copains une bonne adresse ?
─ Tu me fais confiance ?
Quelle question, bien sûr que je lui fais confiance.
Il sourit, amusé alors que je hoche la tête et il m'ébouriffe les cheveux, comme si j'étais un enfant. Cela m'ennuie quelques secondes.
J'ai vaguement l'impression qu'il me prend parfois pour un neuneu et je ne sais pas comment rectifier le tir. Je change de sujet regardant l'endroit où était garée la voiture de son assistante.
─ Anet nous a vus, elle ne risque pas de bavarder ?
─ Pas de danger ! répond-il affirmatif.
─ Tu as de la chance, donc elle est au courant ?
─ Elle sait tout ce qui me concerne.
À la maison, il se jette sur moi et c'est toujours aussi bon. Je l'aime tellement. Son corps parfait, son torse, ses muscles, tout ce que j'aime à ma disposition, je me régale au point de me sentir vraiment privilégié.
Plus tard, alors que j'étudie le site de l'entreprise ou je vais postuler, il reçoit un appel de Benoit probablement confidentiel, au vu des sujets évoqués, l'achat d'une nouvelle boite. Son copain serait drôlement surpris s'il savait pour nous deux.
Il raccroche et m'embrasse l'épaule.
─ Au fait tu vas où demain soir ?
─ Je peux le dire à mon petit copain, mais pas à mon patron.
─ Parle à ton petit copain.
─ J'ai un entretien, je chantonne tout content.
─ Dans quelle boite ?
─ Tu ne connais pas surement.
─ Méfie-toi, je connais beaucoup de boites.
Il m'embrasse.
─ Et bien sur ta conversation d'affaires, comme je suis ton petit copain, je n'ai pas entendu ni compris.
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