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Chapitre 5 : Rdv à l'hôpital



Jeudi dix-neuf mai. Enfin.

Je suis à la fois anxieuse et impatiente, j'attends tellement de ce rendez-vous. Comme si on allait nous dire « Oh, mais Monsieur et Madame Breton, tout va bien, vous vous y prenez juste mal ! On va vous expliquer et le mois prochain ce sera bon ! »

Dans la salle d'attente du service de PMA, nous côtoyons d'autres couples. Deux sont accompagnés de leur enfant, je trouve ça un peu mal venu. Tout le monde se regarde un peu en biais, il y a tous les niveaux sociaux.

Un couple de jeunes gens, peut-être vingt-trois ou vingt-quatre ans. Ça me met presque en colère, comme si leur jeunesse ne leur donnait pas de légitimité. Comme si leur présence ici pouvait être un frein à notre réussite.

Je détourne les yeux. Je sais que je suis injuste, mais j'ai besoin de boucs émissaires.

Fred est mal à l'aise, il gigote sur sa chaise. Je lui prends la main, capte son regard et lui adresse un sourire encourageant.

— Ça va aller ?

Ce n'est pas vraiment une question.

— Hum. J'ai l'impression d'être un rat de laboratoire, ou une bête de foire, grogne-t-il.

— Chéri, on est tous dans le même bateau.

— Bof, je ne suis pas sûr, lâche-t-il en jetant un coup d'œil assez dédaigneux à un pauvre couple tatoué de partout, un du genre à ne pas figurer dans une revue spécialisée dans l'éducation.

— Courage. C'est bientôt fini.

D'un coup, j'ai peur. J'ai peur qu'il ne se lève et décide de partir. Je serre plus fort sa main, comme pour l'en empêcher. Mais il se plonge dans son smartphone, sans plus se préoccuper ni des autres, ni de moi.

On finit par nous appeler, et après une brève consultation du dossier établi il y a deux ans, suivi d'un entretien, nous passons aux examens cliniques.

Nous sortons de là, Fred plutôt sombre, moi, heureuse et pleine d'espoir.

Nous avons rendez-vous le mercredi suivant pour les résultats. Fred râle, car il va louper une deuxième matinée de travail, et quand même, c'est le matin qu'il bosse le plus, l'après-midi les salles d'attente sont pleines de gens avec leurs gosses, et quand même ces médecins, c'est dingue ça te colle rendez-vous n'importe quand, ils se foutent de ton agenda...

Je le laisse parler, je suis sur un petit nuage.

Les jours suivants filent, je m'arrange pour que les journées soient bien remplies, pour ne pas avoir trop à penser au verdict de mercredi. Je justifie ma nouvelle absence auprès des collègues en m'inventant un rendez-vous chez le chirurgien pour l'ablation d'un kyste, seule Emilie est au courant de la vérité.

Enfin, nous sommes à nouveau dans la salle d'attente, avec deux des mêmes couples que jeudi. Nous nous lançons un regard compatissant, presque complice.

Une infirmière vient nous chercher, elle est gentille et souriante, je me dis que c'est bon signe.

Elle nous introduit dans le bureau du médecin, et referme la porte derrière nous. Ce n'est pas le même que la dernière fois. C'est une jeune femme, cette fois, elle doit avoir trente-cinq ans peut-être. Plutôt jolie, elle semble être très occupée, tapant sur son clavier d'ordinateur sans nous regarder.

Elle met quelques secondes à nous saluer, sans même lever la tête.

« Bonjour... asseyez-vous...

Son index clique sur la souris, elle lit nos noms sur son écran.

... Monsieur et Madame Breton.

Tout cela sans vraiment interrompre son travail.

Fred me jette un regard entendu, j'ai peur qu'il ne se fâche, mais soudain, elle revient à nous, et pour la première fois, nous regarde. Elle sourit distraitement puis elle retourne à son ordinateur. Son expression reste totalement neutre. L'attente est insoutenable. J'ai l'estomac noué, le cœur qui bat la chamade.

— Bon. Ce n'est pas bon du tout, ça.

J'ai mal entendu, ce n'est pas possible. Un vertige me prend, j'ai la tête qui tourne.

— Pas bon ?

— Non, pas du tout.

Son ton est parfaitement détaché, sans aucun affect.

Je vis les moments suivants comme dans un cauchemar. Je suis dans du coton, je saisis à peine ce qu'elle nous dit. Elle tourne l'écran de son ordinateur, nous montre des taux et des courbes, auxquelles je ne comprends rien. Fred réagit, discute avec elle. Il est plus au fait que moi des termes médicaux. Je les regarde, me sentant totalement exclue. Des bribes me parviennent. Trop peu de spermatozoïdes. Durée de vie trop courte. Aucune viabilité. Stérilité. Don de sperme. Je suis sonnée.

Quand nous sortons du bureau du médecin, aucun de nous ne parle. Je crois que nous avons besoin de temps pour accepter la nouvelle.

Je ne pleure même pas, comme si la situation n'était pas vraiment réelle.

Dans la voiture, Fred me prend la main, quelques instants. Ça me fait du bien.

On arrive à la maison, dans ce grand appartement vide et bien rangé. J'entre, regarde autour de moi, hagarde. Mon mari m'entraine sur le canapé et s'assoit à côté de moi, me prend dans ses bras. Je reste un peu raide, stoïque.

— Je vais rester avec toi cet après-midi.

Nous restons un moment, silencieux encore, sans bouger.

Puis, doucement, Fred me murmure :

— Dure nouvelle, hein.

Je hoche la tête.

— Milla, tu as compris ce qu'a dit le médecin ?

Il me parle doucement, comme à une enfant qui doit se faire opérer des amygdales et dont on redoute la réaction.

— Oui, ça va être compliqué...

Il me coupe.

— Non chérie, ça ne va pas être compliqué, on n'y arrivera pas.

— Mais si, avec une FIV, on pourrait...

— Non, ça ne marchera pas. Je suis stérile, Milla. Les spermatozoïdes des hommes vivent en moyenne trois jours, les miens sont tous morts au bout de sept minutes. Ce n'est pas possible.

Je me mets à pleurer. Je vois tous mes rêves passer devant mes yeux et s'enfuir au loin.

— Je suis désolé.

Je sanglote un moment dans ses bras, tandis qu'il m'embrasse les cheveux, caresse mon dos pour m'apaiser. Enfin, je me calme, mais nous restons encore longtemps comme ça, blottis l'un contre l'autre, ensemble contre cette vache de vie.

Fred finit par prendre la parole, tout doucement.

— Chérie, il faut qu'on discute de l'avenir maintenant, tu t'en sens capable, ou tu préfères qu'on attende un peu ?

Je me redresse, péniblement.

— Non, c'est bon.

— Écoute, si vraiment tu veux un enfant...

— Oui, je veux vraiment, souligné-je, amère.

— Alors, nous avons deux options qui s'offrent à nous. La première, c'est le don de sperme. Tu prends un traitement à base d'hormones, puis tes ovocytes seront prélevés, mis en culture avec le sperme d'un autre homme, puis on te réimplantera le ou les éventuels embryons que cela pourrait donner, avec une chance de grossesse de 25 % environ, en admettant que les premières étapes se déroulent correctement, ce qui n'est pas la majorité des cas.

— D'accord.

— Tu comprends ce que cela signifie chérie ? Tu devras t'injecter des hormones, dont on ne connait pas encore les risques pour la santé, subir ensuite une intervention douloureuse, sans aucune garantie que cela ne fonctionne. Et ce n'est pas dit que ça donnera une grossesse. Tout cela, pour peut-être porter l'enfant d'un autre homme.

Sa voix se brise sur la fin de sa phrase. Je me serre plus étroitement contre lui.

— Et sinon ? demandé-je

— Sinon, il nous reste d'adoption.

— L'adoption ? Mais Fred !

À nouveau, je pleure.

— Milla, réfléchis. Aucun risque pour ta santé, et quelque part, on remet les compteurs à zéro.

— Mais moi, je peux avoir des enfants !

— Oui, mais pas avec moi !

Son ton est un peu cassant, puis il reprend plus doucement.

— Ma chérie, on n'aura jamais d'enfant à tous les deux, il faut que tu te fasses à cette idée. Je sais combien c'était important pour toi, je suis tellement désolé de briser ton rêve. Écoute, je ne ferme pas la porte à la ... première option, dirons-nous, mais vraiment, je t'avoue que l'adoption est une solution qui me convient beaucoup mieux.

Je ne réponds pas.

— Mon amour, je sais quel sacrifice énorme je te demande, on en a déjà parlé. Je sais le deuil que tu vas devoir faire. On n'est pas obligés de décider tout de suite. On vient d'apprendre la nouvelle, il faut prendre un peu de recul...

Je me sens épuisée tout à coup, écrasée par la situation.

— Est-ce que tu es d'accord pour que j'en parle aux jeunes, vendredi ? Je crois que j'ai besoin de me confier, d'écouter leurs conseils.

— Je crois que ça fait trop longtemps qu'on garde toute cette histoire pour nous. Demande-leur des conseils si tu veux, même leur avis, et prends la bonne décision.

Il prend délicatement mon menton dans sa main et plonge ses yeux dans les miens.

— Je veux juste que tu sois heureuse.

Je n'arrive pas vraiment à savoir pourquoi, mais ce « tu », à la place de « nous » me laisse un goût un peu amer.

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