3 - Lα porтe dυ Pαɴdæмoɴιυм
Mardi 28 Juin 2005
Journal de bord, enquête "hôtel de la place grise"
Jour 254 après affectation
Je viens de réaliser que je n'ai rien écrit dans ce carnet depuis quatre jours.
Habituellement, je veille à y inscrire au minimum mes réflexions de la journée chaque jour, mais je me suis trouvé débordée ces derniers temps.
J'ai eu du mal à libérer du temps à mon esprit, et même à faire le tri de tout ce à quoi j'ai pu penser.
Toutefois, ça ne veut pas dire que la situation est à notre désavantage, je dirais même que c'est le contraire, je crois.
Nous avons beaucoup progressé depuis le début de cette mission, et quand je feuillette les premières pages de mon carnet, je me rends compte de tout ce que sommes parvenu à accomplir depuis.
La rencontre avec Eijiro nous a été très avantageuse, nous aurions pu tomber sur un autre membre de la communauté, peut être moins ouvert ou plus désagréable, et finalement je pense qu'on ne pouvait pas trouver mieux que lui pour bien démarrer.
Bien que timide sur sa vie privée lors des premières semaines, et même si les informations utiles nous sont parvenues au compte goutte, nous avons pu aboutir à un résultat plus que satisfaisant.
Après avoir tissé des liens viables avec lui, nous avons pu rencontrer Mina par la suite, dont la présence a considérablement accéléré les choses.
De par son enthousiasme et son impatience, elle a su convaincre Eijiro d'être plus ouvert aux discussions concernant son quotidien à l'hôtel.
Aussi, celle ci ne semblait pas du tout hostile à l'idée que nous puissions envisager d'intégrer la communauté si l'envie nous en prenait.
C'est grâce à elle que nous avons tenté le tout pour le tout la semaine dernière, et présenté notre volonté de nous joindre à eux.
Nous avons pris le temps de leur expliquer tous les supposés bénéfices auxquels nous pourrions accéder en vivant à l'hôtel : un esprit plus serein, un quotidien plus léger, libéré du stress de la vie urbaine, et un sens des relations plus détendu.
A mon sens, tout ce qu'ils voulaient entendre pour nous accorder un rendez vous avec le propriétaire des lieux.
Je craignais que la proposition les braque, qu'ils fassent tout à coup marche arrière, mais je fut étonnée de voir le contraire se produire.
Très heureuse, Mina piaillait de joie sur la terrasse du café. Eijiro s'est montré plus discret dans sa réaction, mais je l'ai vu m'adresser un sourire tendre.
Denki et moi devons retrouvé Mina et Eijiro à l'Underground demain, ils nous conduiront ensemble jusqu'à l'hôtel, et là bas nous devrons passer un entretien avec le propriétaire actuel, afin de s'assurer de nos bonnes intentions et de notre volonté, selon leurs dires.
Si cette entrevue se déroule correctement, et que la réunion interne qu'ils mèneront ensuite permet d'aboutir à notre intégration dans la communauté, nous serons enfin infiltrés !
Je croise les doigts, autant que je stresse !
Objectif actuel : Se faire accepter dans la communauté de l'hôtel de la place grise.
Journal de bord, Ochaco Uraraka
𝒪∼𝒰
A l'approche du mois de juillet, les températures se faisant de plus en plus agressives, Ochaco arborait une robe en tissu fin, couverte d'un imprimé fleuri.
Le vêtement lui arrivait légèrement au dessus des genoux, et si le vent se faisait discret, il lui arrivait de faire flotter sa tenue au hasard de ses déplacements cet après midi là.
Pour une fois, elle avait attaché ses cheveux dans une queue de cheval volontairement négligée, afin de protéger sa nuque de la chaleur et de la transpiration collante.
Ses mains se couvraient de sueurs, tant due au soleil brûlant sur sa peau qu'à la nervosité dans ses veines.
Elle tremblait de l'intérieur et, à côté d'elle, Denki marchait la tête haute et les lèvres pincées.
Vêtu d'un bermuda bleu électrique et d'un marcel blanc pas très raccord, il semblait retenir toute son anxiété derrière le sourire de façade qu'il se forçait à adopter.
Sa démarche le trahissait malgré tout, bien plus mécanique et robotique qu'à l'habitude.
Mais son stress avait de quoi se justifier, même sans être un agent infiltré, rencontrer le propriétaire de la communauté de l'hôtel filerait le trac à n'importe qui.
En quittant le centre de la ville, marchant à un rythme régulier, Mina et Eijiro se tenaient devant eux, ouvrant le chemin et indiquant la voie jusqu'à leur lieu d'habitation.
Eux, se déplaçaient en toute sérénité, discutant même du beau temps et de la couleur des fleurs sur le trajet comme si de rien était.
D'abord sur le goudron, puis passant sur un large trottoir, ils se dirigeaient tous ensemble vers le Parador, que les deux jeunes enquêteurs n'avaient jamais vu de prêt.
Hormis sur des photographies et au travers de descriptions d'enquête, ils ne connaissait rien de ce bâtiment devenu légendaire, presque maudit, ou damné, dont tout le monde parlait néanmoins.
Ainsi, quand la civilisation se fit plus transparente, alors qu'ils quittaient définitivement les zones urbaines de Hangman's Bridge, leur attention se focalisa davantage sur le nouveau décor.
L'asphalte se changea en chemin de calcaire, abîmé par le temps et entouré d'arbres décoratifs visiblement plantés par la main de l'homme pour sublimer les lieux.
Leurs pas résonnaient sans synchronisation sur le sol blanc et poussiéreux, asséché par l'été qui faisait virevolter les résidus de gravier autour de leurs chevilles.
Enfin, au loin, apparut la charpente de l'hôtel, le reste du bâtiment restant dissimulé derrière l'horizon, tandis que le pont maudit se dessinait devant eux.
Pour une structure ayant porté la mort de trois membres de la même lignée, il paraissait presque trop joli, trop calme et serein, alors que l'imaginaire d'Ochaco le voyait comme une sorte d'échafaud glauque et sordide, tout en planches pourries et craquelant sur les bords.
Pourtant, en marchant dessus, elle le remarqua au contraire parfaitement solide et silencieux, et l'eau qui défilait sans courant en dessous semblait même accueillir quelques poissons bien nourris.
Puis, au bout de la passerelle, l'hôtel. Son jardin, sa haute stature et son entrée principale, terrifiante par sa grandeur.
Une immense double porte placée en plein milieu de la façade soulignait le luxe ancien de l'établissement, surplombée de plusieurs fenêtres, et d'une poignée de gravures dans la pierre, en dessous des gouttières en zinc.
L'hôtel dégageait une aura aussi bourgeoise que menaçante, comme si les carreaux des vitres observaient de haut chacun des visiteur passant le pont, et Ochaco se sentit frissonner toute entière quand elle leva les yeux sur le toit en tuiles sombres.
_ Wow, c'est gigantesque ! s'émerveilla Denki en accélérant le pas pour rejoindre leurs guides.
Il slalomait tel un enfant guilleret, alternant son regard entre les buissons parfaitement taillés du parc et les parterres de fleurs longeant le chemin d'accès menant à l'entrée.
Plus en retrait, Ochaco peinait à se détendre autant que lui, préférant la méfiance et la mesure pour ne louper aucun détail potentiellement utile.
Il lui fallait garder la tête froide, et si son collègue possédait la capacité de rester concentré tout en jouant les éberlués, elle ne savait pas additionner les deux.
Enfin, quand elle ne fut plus qu'à trois pas de la haute porte fermée, elle s'arrêta de marcher, et attendit en silence une autorisation quelconque pour se déplacer de nouveau.
Eijiro se tourna vers elle, planta son regard dans ses iris inquiets, et lui offrit un de ses plus grands sourires, rayonnant et bienveillant tel qu'elle avait l'habitude d'en voir sur son visage.
_ Il va vous adorer, panique pas ! rassura t-il enfin avant d'ouvrir la porte.
Sans grincer, les gonds glissèrent calmement contre eux mêmes, et le décor intérieur déchira la façade dans toute sa beauté luxueuse.
Soudain, une immense salle de réception aux tons rouges et dorés les accueillis, agrémentée de quelques fauteuils datés du siècle précédent et d'une moquette épaisse.
Ochaco marcha précautionneusement sur le sol molletonné, sentant ses sandales s'enfoncer dedans à chacun de ses pas silencieux, avant de s'arrêter en plein milieu de la pièce pour l'observer dans son ensemble.
A droite et à gauche, deux ailes distinctes menaient à des salles annexes du rez de chaussée, probablement une salle à manger, des cuisines, un salon de détente et peut être les anciens locaux dédiés au personnel.
Puis, juste devant elle, se dressait un fabuleux double escalier, liant le hall à l'étage du bâtiment, dans lequel elle devinait des chambres et des salles de bain.
Un véritable manoir, maintenant qu'il ne s'agissait plus d'un établissement ouvert au public.
Mais ce qu'elle nota également, fut le silence impressionnant qui baignait l'atmosphère.
Alors que le Parador comptait vraisemblablement une vingtaine d'habitants, elle n'en vit aucun lors de son arrivée, tout comme elle ne discernait ni la moindre agitation, ni une quelconque conversation lointaine.
_ Il y en a beaucoup qui aiment faire une sieste après le repas. indiqua Mina en voyant la jeune femme s'interroger. Les soirées sont conviviales, on a tendance à se coucher tard. Un peu de repos pendant la journée est toujours bienvenu.
Tournant son regard vers son interlocutrice, la jeune enquêtrice hocha tranquillement la tête sans rien ajouter, feintant un sourire jovial sur ses lèvres qui ne demandaient qu'à trembler d'angoisse.
_ Izuku doit être dans le salon privé à cette heure ci. ajouta Eijiro en indiquant l'aile gauche d'un geste du doigt. Venez !
Puis, d'un pas heureux et déterminé, il les guida sur quelques mètres, traversant une salle à manger, avant de franchir une plus petite porte sans frapper.
Ouvrant d'un grand coup comme s'il s'agissait de sa chambre, Eijiro dévoila sans gêne le fameux salon privé, qui se révéla effectivement occupé.
A l'intérieur, Ochaco découvrit un petit bureau rempli de paperasse en désordre, accompagné d'une chaise ancienne encore en bon état.
Derrière le bureau, une grande fenêtre offrait une vue d'ensemble sur l'arrière du parc, un petit chemin de cailloux, des arbres décoratif, et une imposante piscine creusée à l'eau légèrement trouble.
Aussi, contre le mur à sa droite, elle put observer un divan en tissu brodé, typique du XVIIIe siècle et, sur l'assise de ce dernier, deux hommes.
_ Désolé de déranger votre petite réunion que je devine fort productive. se moqua Eijiro dans un clin d'oeil appuyé. Il était convenu que nous accompagnons nos amis pour leur entrevue avec Izuku.
Sur le divan, un des hommes hocha la tête en souriant, avant de se redresser sur ses jambes par politesse.
Il arborait une expression enthousiaste en s'approchant de ses invités, tandis que ses grands yeux verts examinaient les nouveaux venus.
Sa peau pâle couverte de tâches de rousseur contrastait joliment avec la couleur infiniment sombre de ses cheveux légèrement indomptés, fuyant sur son front dans une myriade de petites boucles incontrôlables.
_ C'est vrai. dit il de sa belle voix. Bienvenue à vous, je m'appelle Izuku, et c'est un plaisir de vous recevoir.
Ochaco lui décrocha un fin sourire, plus semblable à une grimace selon elle, pour ensuite détourner le regard vers le second homme.
Lui, toujours avachi dans le divan, le dos courbé et la mine absente, semblait noyer ses iris oranger dans le vide.
Ses cheveux blonds lui tombaient sur le front, il respirait lentement et calmement, tandis que ses joues rougies et la braguette mal fermée de son pantalon trahissaient son état intérieur.
_ Ne faites pas attention à Katchan. ajouta le propriétaire en ricanant. Il a eu une nuit difficile, il est un peu dans le brouillard aujourd'hui. Mina, tu veux bien t'assurer qu'il aille se reposer dans sa chambre ? Tu sais comme il est têtu.
La demoiselle aux cheveux roses acquiesça avec plaisir, et tandis qu'elle s'approchait du dit Katchan pour l'accompagner hors de la pièce, Izuku reprit son discours.
_ Il ne se sent pas très bien. Mais ça ira mieux dans quelques heures. Allons ! J'ai très hâte d'apprendre à vous connaître, on m'a dit que vous aimeriez nous rejoindre ?
_ On s'intéresse à votre fonctionnement. corrigea Denki. On recherche justement une sorte de foyer, un lieu familial dans lequel on pourrait débuter une nouvelle vie.
_ Vous me raconterez tout ça ! Eijiro, fais visiter l'hôtel à ton ami pendant que je discute avec mademoiselle, si toutefois vous êtes d'accord pour un entretien individuel chacun votre tour.
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