10 - Dαɴѕ lα peυr eт le вrυιт
Son coeur battait si fort qu'il n'entendait plus que lui, résonnant dans ses tympans comme un tambour cognant son crâne de l'intérieur.
Dans son dos, il percevait la pression de la prise des deux autres, alors que celle ci devenait de plus en plus ferme à mesure qu'il tentait de se débattre, malgré la perte d'énergie que subissait son corps. Les yeux grands ouverts, qu'il ne parvenait pas à détourner, il continuait de voir et d'observer le cadavre mutilé de son amie, et le traumatisme s'imprima jusque dans sa chair, tout au fond de son âme.
Il n'avait pas su la protéger, encore moins la sauver, et ce qu'il se refusait d'imaginer se produisait réellement devant lui, lui et son impuissance.
La pression sur ses épaules lui tordait les clavicules, tirant sur ses muscles et maltraitant ses articulations douloureuses, et Eijiro maintenait son regard dans le sien, semblant le défier ou le narguer.
Peut-être les deux.
En fond sonore, il entendait les plaintes de Mina depuis le salon, qui se vidait de son sang et accessoirement du contenu de son estomac, desormais hors d'état de nuire mais infiniment en colère.
Enfin, des pas lourds et maîtrisés débarquèrent depuis le couloir, passant d'abord derrière lui, contournant ses bourreaux pour venir se poster face à lui.
Sans intervenir, Katsuki s'éloigna en silence, appuya son coccyx contre le plan de travail, l'expression plus blasée qu'autre chose et les bras croisés sous sa poitrine.
Izuku, lui, resta droit et debout devant Denki, une pointe de contrariété dans le regard comme si tout ça n'était rien de plus qu'un incident banal.
Il soupira.
_ Tu me poses un sérieux soucis d'emploi du temps, Denki. Tout ça ne m'arrange pas.
_ Qu'est ce que vous lui avez fait.. trembla t-il dans un murmure sans voix.
_ Eh bien, si tu veux je peux demander à Eijiro de te donner quelques détails. Tu veux t'approcher ? Voir de plus près ?
_ Ferme ta gueule. cracha t-il, les yeux pleins de haine et de larmes. T'es un putain de monstre, c'est toi qui mérite d'être à sa place.
Souriant, mimant une fausse bienveillance en amorçant un pas en avant, Izuku tendit ses bras jusqu'à toucher le haut de ses épaules, et approcher son visage pour lui parler de trop près.
_ N'était ce pas justement pour ça que vous étiez là ? On vous a envoyé pour quoi ? Constater qu'on est inoffensif ? Tu t'attendais à quoi mon ami ? Et si tu es bien resté sur tes gardes, ta copine n'a pas été aussi futée. Dommage qu'elle ait préféré tomber dans d'autres bras que les tiens, tu ne trouves pas ?
La rage qui brûlait son ventre remonta sa poitrine, filant par son œsophage jusqu'à sa bouche, l'obligeant à serrer les dents pour y contenir la nausée amer qui polluait sa langue.
Tremblant de l'intérieur, les bras retenus et le front presque collé à celui du propriétaire du Parador, il planta son regard dans ses iris verts, analysant la folie et l'horreur qu'il y lisait.
Puis, pour retranscrire ses sentiments, il prit soin de récolter toute la salive qui baignait ses dents dans un seul crachat, qui vint souiller le visage de son opposant grimaçant.
_ Voilà qui est très malpoli. grinça Izuku en se reculant, s'en allant chercher de quoi nettoyer sa face.
Enfin, une fois propre et sec, il conserva un peu plus de distance entre eux, contrarié par cet incident très fâcheux.
_ Tu vois, commença Izuku en s'appuyant au plan de travail, je t'aurais bien proposé de passer l'éponge sur tout ça et de nous rejoindre. Tu aurais pu rester en vie et je me serais arrangé pour étouffer le reste. Le soucis .. c'est qu'on a déjà eu quelques ennuis avec cette solution.
Pour marquer une légère pause, il passa sa main dans ses cheveux en soupirant.
Son discours paraissait si neutre et calme, et Denki prenait soudainement la mesure du sadisme de cet homme.
_ Je ne sais pas si c'était dans ses gènes, ou si le fait de lui avoir fait bouffer sa soeur l'a simplement rendu complètement fou, mais Toya a totalement perdu la tête, et il est devenu incontrôlable tu vois. Alors .. je serais très embêté si tu prenais le même chemin, et qu'on se retrouverait à nouveau dans une posture délicate.
Denki avala difficilement sa salive, songeant au cas spécifique de Toya Todoroki, que personne n'a jamais pu interroger correctement en raison de son état psychique.
Tout à coup, son appartenance à la communauté juste après la disparition de sa soeur faisait sens, et le pauvre jeune homme apparaissait comme la plus grande victime de cet hôtel.
_ En plus, reprit le propriétaire en redressant son dos, tu as blessé Mina. Et ça ça m'embête beaucoup ...
Soudain, il ne se comportait comme un simple fou à lier, troquant son regard de dérangé pour celui d'un homme prêt à en tuer un autre.
Ses joues semblèrent même rougir de colère, comme ses iris, et les flammes d'enfer qui dansaient dans ses pupilles.
S'avançant d'un pas, puis d'un autre encore plus lent, il dévisagea le jeune enquêteur tout en s'approchant, encore, encore.
_ Alors je t'explique. lança t-il sans s'arrêter de traîner les pieds. Toi et ton amie, vous nous avez mis dans une position désagréable. Parce que même en imaginant qu'on ait joué la comédie jusqu'à ce que vous repartiez, en rapportant à vos supérieurs que vous n'avez rien vu ... Le fait est que la police nous a à l'oeil. Et si ça n'avait pas été vous, quelqu'un d'autre aurait fini par trouver le pot aux roses. Il fallait se rendre évidence. Du coup ..
Il s'arrêta un instant et, sans lâcher Denki des yeux, s'accroupit sur ses genoux pour ramasser le petit couteau encore ensanglanté que l'enquêteur avait échappé sous la surprise et l'effroi.
Jouant avec la petite lame entre ses doigts, il reprit son chemin et son discours.
_ L'idée c'était de nous débarrasser tranquillement de vous, un par un, et puis de se tirer d'ici. Oh et crois moi bien que ça nous pince le cœur, de quitter cet hôtel. Himiko l'aimait tellement, et quand elle me l'a légué, j'ai juré de prendre soin de ses murs. Et j'espérais vraiment, vraiment très fort, que la propriété qu'elle avait acheté avec l'argent de son "défunt époux" ne nous serve jamais. C'était un plan d'urgence qui aurait dû rester hypothétique ... Et puis vous êtes arrivés ... Enfin bref, je disais ..
Le souffle coupé, et le corps immobile, Denki le regardait s'approcher encore et toujours, respirant presque dans ses cheveux, alors qu'il posa la pointe la lame contre son cou.
_ Et tu vois. Non seulement il faut toujours qu'on parte au plus vite, mais en plus je suis obligé de m'occuper de ton cas tout de suite maintenant, alors qu'Eijiro a déjà les mains prises et que la cuisine est encombrée, au lieu de préparer notre départ comme c'était prévu. Tu désorganises tout ce que j'avais prévu pour ma soirée.
_ T'es un putain de malade. suffoqua Denki en sentant l'acier froid et ensanglanté contre sa peau.
_ Et toi t'es putain de mort. ricana Izuku comme on chante une blague.
Puis il s'écarta de nouveau, retirant la lame menaçante de sa gorge, pour vadrouiller dans la cuisine comme s'il se baladait.
Il passa sa main sur le plan de travail, caressa les tiroirs d'un geste distrait, avant d'aller ouvrir un placard un peu au hasard.
Il se pencha en avant pour en examiner l'intérieur, fouillant l'étagère en fredonnant un air enfantin.
_ Voyons voir ... dit il en souriant.
Et il sortir tout un tas de bazar de ce placard, de la vaisselle, des ustensiles de cuisine, quelques casseroles qu'il sous pesa dans sa main, avant de trouver son bonheur avec un rouleau à pâtisserie en bois.
_ Ah, pas mal ! Regarde bien, ça va aller très vite.
Dans un réflexe, Denki tenta de s'échapper en secouant les jambes, espérant se défaire de la prise des deux autres en s'agitant comme une anguille.
Mais leur force dépassait la sienne, et la panique en lui l'empêchait de réfléchir à une véritable solution efficace.
Un cri de colère vibra dans sa gorge, en même temps que les larmes glissaient encore sur ses joues, et Izuku s'approcha.
_ C'est juste pour que tu restes un peu calme, je ne vais pas te tuer maintenant rassure toi.
Et il cogna.
Avec tout l'élan qu'il pouvait accumuler dans ses bras, imposant toute la force qu'il détenait dans ce coup de rouleau. Le bois lourd et épais frappa de plein fouet la tempe de Denki dans un affreux bruit d'os percuté.
Et c'est vrai, le coup ne le tua pas, il resta conscient après ça, mais ses oreilles se bouchèrent, sa vision se troubla, et le décor tout entier sembla se mettre en mouvement, comme s'il fondait et tournoyait en même temps.
Il percevait toujours les voix des autres, mais elles paraissaient lointaines, comme étouffées dans une cuve d'eau, et puis ses forces le quittèrent, l'empêchant de continuer à se débattre.
Devant lui, Izuku se débarrassa tranquillement de ses mitaines, puis de sa jolie veste de costume, avant de remonter soigneusement les manches de sa chemise.
_ Aller c'est parti. entendit il quelque part dans le flou.
Il se sentit quitter terre, porté de force par des bras plus puissants que lui, et enfin déposé tel un morceau de viande sur l'inox du plan de travail.
Couché sur le dos, les sens mélangés, sentant un filet de sang sur sa tempe, il vivait l'action comme dans un rêve lointain.
Ses vêtements partirent avant qu'il ne puisse le réaliser. À peine conscient de se retrouver nu au milieu d'eux, à côté du cadavre profané d'Ochaco, il ouvrit la bouche sans que rien n'en sorte.
Le plafond avait l'air de se froisser, ou de tomber, tout basculait, et deux mains puissantes s'enfoncèrent dans ses clavicules pour s'assurer qu'il ne bougerait pas.
_ Le temps presse un peu. Je vais être obligé de te découper et de te congeler pour plus tard. Tu vois ? Comme tu nous crées des problèmes ..
Il l'entendait, mais il ne pouvait plus réagir, assommé et blessé, complètement dans le brouillard et la tête affreusement douloureuse.
Juste après, il perçut un crissement de moteur aiguë, et le frottement d'une lame, se déplaçant dans les mains de son bourreau.
Sans rien voir, il devina une meuleuse, ou peut être une scie circulaire.
En tout cas quelque chose d'assez puissant pour trancher la chair de sa jambe, alors que la lame vint soudain tourner dans sa cuisse, découpant ses muscles comme une pauvre branche d'arbre.
La douleur revint dans son corps, elle hurla le long de ses membres, suinta dans le sang qui giclait de sa jambe, et remonta sa gorge dans un cri d'effroi et de souffrance, sentant le disque de la scie vibrer contre son os, forcer le passage, et finalement le traverser pour le découper entièrement.
Et elle lui faisait tellement mal, cette jambe, qu'il aurait pu croire qu'elle était toujours là.
Pourtant, Katsuki l'avait déjà récupérée, et stockée plus loin.
Il se vidait de son sang, et sa notion du temps et des actions s'effrita comme un bout de craie frappée contre un tableau.
Il se passa peut être vingt secondes ou deux heures avant qu'il ne sente disparaître son autre jambe, comme le sang qui fuyait son corps jusqu'à ce qu'il n'en reste plus assez pour faire fonctionner son cerveau.
A moitié en plein délire, à cause du coup sur sa tempe et de son hémorragie trop rapide, il ne réalisait même plus qu'il s'apprêtait à disparaitre, là sur ce plan de travail, découpé comme un porc par une bande de cannibales.
Peut être était ce son bras, qu'il venait de sentir tomber, là, quelques instants après. Il ne savait plus trop.
Mais sa vision elle, disparut progressivement derrière un voile opaque et brumeux.
La douleur s'estompa avec le reste de son esprit, la sensation visqueuse du sang et l'odeur qu'il répandait ne lui parvenait plus.
Et tout s'arrêta lentement, dans le bruit de la meuleuse, ses yeux pleins de larmes et le cœur traumatisé.
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