Chapitre 7 : Dans les entrailles de la nuit.
Ton souffle t'est arraché à chacun de tes pas, la froideur de la nuit te brûle les pores. Dans les rues à l'odeur goudronnée, entre les immeubles biaisées, dans l'ombre de chacun, tu te glisses sourdement. La nuit est endormie, et tu romps son silence.
Tu sors ton téléphone de ta poche, Midoriya t'a envoyé sa position il y a dix minutes, et tu cherches désespérément à joindre la police. Malheureusement pas de réponse. C'est vraiment étrange...comment ça se fait ?
- " Mais qu'est-ce qu'il a foutu ? Dans quoi il s'est fourré ? "
Tu cherches du regard l'endroit où il doit être caché, tes yeux farfouillent entre deux HLM et là, tu frémis. L'endroit indiqué par le GPS est un parc ; un parc sinistre à la grille rouillée, aux plantes rongées par le silence et le sol sec. Tu reconnais ce parc, il te rappelle...
Sans hésitation, tu traverses la rue et saute par-dessus la clôture. Un bout de ferraille te déchire le jean et tu tires le bout de tissu ébranlé par le vent à la va-vite pour le fourrer dans ta poche. Tu cherches, vivement, une silhouette du coin de l'œil. Rien. Que dalle. Seulement les murmures des arbres abattus. Tu descends brutalement une pente, comme portée par le vent et ton instinct, quelque chose t'amène vers le nord.
Un cerisier dépérissant sous les étoiles, voilà la première chose que tu vois, au loin. Sans un mot, tu vacilles presque à terre. Izuku est à son pied, étalé entre les racines. Il a l'air d'être un prince déchu.
Ton cœur, qui semblait s'être arrêté de battre, reprends sa course effrénée lorsque tu foules le pied de l'arbre. Son visage est clairsemé de rouge, parsemé de noir, et peint de terre et de sueur. Tu t'accroupis et le secoue ardument jusqu'à ce qu'il gémisse de douleur et ouvre un unique œil tremblant.
- " Bordel, Izuku ! Qu'est-ce que t'as fais ?! "
Le garçon se relève en s'adossant lentement contre le tronc du cerisier et donne un coup vif dans le sol avant, comme une révélation, d'ouvrir grand son œil - car l'autre est coloré de noir - et de s'exclamer de surprise en reculant.
- " Todo...todo...todoroki. "
Tu le prends par les épaules et le regarde, légèrement paniquant.
- " Quoi ? - Tu serres ses épaules, stressante. - Qu'est-ce qu'il y a avec Todoroki ? "
Izuku se relève d'un coup, tu remarques alors que ses poings sont en sang et ses habits déchirés. Malgré son activation soudaine, dont tu ne connais que partiellement la cause, tu entrevois dans son regard une peur profonde, une vraie terreur.
- " Il est dans le lac... "
Et c'est sur ses mots qu'il part en courant. Tes yeux se portent au loin, entre les arbres morts et l'herbe sèche, s'introduisant entre les brèches du vent, et atterrissant sur un plan d'eau. D'un seul coup, tu trésailles, au beau milieu du lac se trouve un corps, à moitié glacé, givrant une partie des flots. Le garçon étendu là, aux cheveux bicolores, regarde le ciel comme s'il lui déclarait la guerre. Une seconde des flammes se reflètent sur la mince couche de glace, mais le temps de cligner des yeux, plus rien. Tu as dû rêver, ou plutôt imaginer...
Quelques minutes après cette vue glaçante, tu te retrouves aux abords du lac, Izuku est déjà en train de nager jusqu'à son milieu.
- Izuku ! Tu es blessé, tu vas couler...! "
Mais il ne t'écoute pas et monte sur le verglas chancelant et craquelant. Il y trouve, humant l'air d'un souffle presque imperceptible, Todoroki ; il se tourne vers les flots et crache de l'eau en reniflant. Il hurle :
- " La glace va se briser ! Tu vas juste couler si tu restes ici trop longtemps, laisse moi seule, tu pourras pas m'aider. "
Izuku s'avance pourtant, son pied faisant à nouveau se fendiller la glace sur laquelle ils sont tous les deux.
- " Shôto, qu'est-ce qu'ils ont fait ? "
Le garçon se relève légèrement, l'ombre de son torse vacillant au-dessus de la surface. Il crache à nouveau de l'eau, et lève sa jambe en grimaçant. Une longue chaîne pend de sa cheville jusqu'à l'eau.
Izuku a alors une mine effrayée, encore plus qu'avant ; il se penche lui aussi et regarde l'eau. Tout au fond du lac, là où descend la chaîne, il y a une énorme statue qui doit peser au moins deux tonnes.
- " I-Il suffit d-de t'enlever ta chaîne... "
Shôto lui lance un regard entre le désespoir et l'exaspération :
- " Si ça serait si simple je l'aurais déjà fait et t'aurais sauvé depuis longtemps ! - Il lève douloureusement sa cheville - Ce truc est soudé à ma chair...je pourrais faire brûler le fer mais ça mettrai trop de temps...
Midoriya tombe littéralement sur la glace qui se brise encore plus. Il essaye de sourire un peu, mais serre la mâchoire et des larmes se glissent dans ses yeux.
- " Oh...Shôto...pardonne-moi...je suis désolé... "
Tu regardes les garçons depuis la terre ferme, soudain, tu as comme une montée d'adrénaline.
- " EH LES GARS ? ON PEUT PAS APPELER LA POLICE ? "
Les deux tournent la tête lentement, en silence, et la hoche en signe de négation.
Tu sers du poing et crie à nouveau :
- " Alors...ALORS JE VAIS TE LIBERER ! "
Tu lâches ton téléphone par terre et te mets à nager jusqu'à la glace de Shôto et t'arrête juste avant. Tes yeux prennent une tête pleine d'ambition et d'espoir.
- " Si la chaîne ne peut pas être détachée par sa prise...il faut aller à sa source. "
Ils ouvrent grandement leurs yeux, comme pour te dire de ne pas y aller, mais trop tard... tu viens de plonger dans le lac après avoir pris une grande inspiration. Tu vas aller le détacher de son boulet, coûte que coûte.
Pourtant, un doute subsiste au fond de toi...Et si tu n'y arrivais pas ? Et si la glace cédaient avant et que Todoroki ne puisse pas en recréer ? Et si ton alter ne s'active pas et que tu te noies, emportée au fond des eaux ?
Tu prends tout ces doutes avec toi, et plonges encore plus bas, dans les abysses et la crainte.
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