Retour à la maison
Antoine gara la voiture dans la cour de la villa. Toujours en silence il claqua sa portière et se dirigea vers l'arrière ou je me trouvais. Quand il se trouva près de moi il s'accroupit et m'observa. Je devais avoir une tête vraiment étrange pour qu'il me regarde avec cet air aussi inquiet. Ne supportant pas qu'il me regarde ainsi aussi longtemps je le repoussais et tentais de me mettre debout.
- Non, Alix, attends. Je vais t'aider, fit-il précipitamment.
J'émis un grognement ironique avant de rétorquer :
- Tant que ce n'est pas trop dangereux et difficile tu veux bien, mais sinon il n'y a plus personne !
Antoine n'ajouta rien et me prit de force dans ses bras. Il poussa la porte de la maison avec son épaule et fit attention à ce que je ne me cogne a rien, comme si j'étais une chose fragile et précieuse.
Enfin je sais que j'en étais une, je suis tellement ... Merveilleuse ! Mais venant de lui c'était étrange, voilà !
Quand elle me voit arriver sa grand-mère accouru vers moi.
- Ma petite chérie ! Que vous est-il arrivé ? Nous nous sommes tellement inquiétés ! Antoine n'a pas dormi de la nuit et a dû faire le tour de Florence au moins une bonne centaine de fois ! Et ce matin votre lettre ...
Son petit fils la coupa tandis que je le regardais éberluée.
- C'est bon grand-mère, vous lui raconterez tout ça une prochaine fois, il faut qu'elle se repose, vraiment.
Je le fusillais du regard. Celui-là il fallait vraiment qu'il arrête de parler, de bouger, de respirer... En gros il fallait qu'il arrête de vivre, il m'énervait bien trop !
Poussant un soupir d'exaspération je me dégageais de son étreinte et me dirigeais vers les escaliers.
Au fur et à mesure que j'avançais mon assurance faiblissait. Je sentais que mes jambes n'avaient pas vraiment la force de me porter. Malgré tout je réussis à atteindre la rambarde. Toute fière de moi je redressais les épaules avant d'aviser l'escalier. Je restais quelques minutes a l'observer sans bouger tandis que je sentais deux paires d'yeux fixées sur moi. Plus je me sentais ridicule, plus mon agacement augmentait, mais il fallait que j'admette que j'avais besoin d'aide pour monter jusqu'à ma chambre ... Prenant une grande inspiration je me tournais vers Antoine qui n'avait pas bougé et m'observait depuis tout a l'heure d'une étrange façon. Ne sachant que dire je me mordillais la lèvres tout en réfléchissant à la manière de demander de l'aide à ce stupide être au cerveau étouffé par le manque d'oxygène. Mais rien ne me venait en tête ... A part une supplication qui frisait bien plus que le ridicule ! Le jour ou je le supplierais de quoi que ce soit celui-là ...
- Antoine... S'il te plaît ... m'entendis-je murmurer (tout à fait contre mon gré évidemment !!).
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, il me prit dans ses bras et je me retrouvais sur mon lit, plus rapidement que je ne l'aurait cru.
Mais le jeune homme ne semblait pas se résigner à me lâcher complètement. Il me dévisageait toujours aussi étrangement et son petit cerveau semblait fonctionner à plein régime sous ses sourcils froncés.
- Je suis désolé, finit-il par lâcher dans un souffle.
S'il ne se trouvait pas aussi proche je n'aurais sans doute jamais entendu ce qu'il venait e dire.
-J'aurais dû faire plus attention à toi... te renvoyer en France où tu aurais été plus en sécurité... je ne pensais pas qu'ils s'attaqueraient à toi... la cible la plus logique était Grand-Mère... pas toi... je suis désolé... baragouinais-t'il.
Il semblait si perdu que je ne pus empêcher ma main de caresser doucement sa joue devenue rugueuse à cause d'une barbe de trois jours. Mais ce à quoi je ne m'attendais pas, ce fut qu'il embrasse la paume de ma main et la maintienne contre sa bouche. Nous restâmes ainsi silencieusement. Ce n'était pas un silence gêné étonnamment. Non, c'était calme et reposant. Je sentais mes paupières s'alourdir et se fermer peu à peu. la chaleur que dégageait le contact de ma peau contre celle d'Antoine était bienfaisante et apaisante.
***
J'ouvris doucement les yeux, éblouie par un léger rayon de soleil qui me caressait le visage. Je souris de bonheur en me rendant compte que j'étais vraiment de retour à la villa et que j'avais dormis dans un lit avec des draps propres sentant bon la lavande. Je pensais, étais presque sûre même, que j'allais cauchemarder à cause de mon enlèvement et des coups et menaces que j'avais reçu, mais il n'en fut rien, j'avais dormi d'un sommeil de plomb. Je voulus changer de position, mais un poids m'en empêcha. Je me rendis compte qu'Antoine s'était endormis à mes côtés. Sa tête reposait sur mon bras et il était assis dans un fauteuil qu'il avait placé près de mon lit. Ainsi il ressemblait à un enfant sage. Le visage lisse, sans cette trace d'inquiétude qui lui fronçait les sourcils, ses joues légèrement rosies par la chaleur étaient mangées par les poils de sa barbes et ses cheveux en pagaille donnaient envie de passer la main dedans. Je n'y résistais pas d'ailleurs. Au début je laissais juste mes doigts frôler les pointes, puis ils finirent par s'enfoncer dans les douces boucles châtains.
Quand je me rendis compte de ce que j'étais en train de faire, je me stoppais net. Jamais, auparavant, je me serais permis de faire cela... Je fus interrompue dans ma réflexion par un grognement d'Antoine. J'enlevais ma main de ses cheveux comme s'ils m'avaient brûlés.
- Tu pouvais continuer... articula-t'il, la voix enrouée par le sommeil. C'était agréable.
- Je... fis-je.
- Ne t'inquiète pas, personne ne saura que la grande Alix s'est abaissée à ça... Ce sera notre secret, affirma-t'il avec un sourire amusé.
Je le regardais, mitigée. Il avait toujours les yeux fermés et un sourire flottait sur ses lèvres. Je ne pus pas empêcher mon cœur de faire un mouvement bizarre. Cela ressemblait un peu à ce que je ressentais quand j'étais en train de câliner mon chat... en un peu plus fort, je l'admets. Un truc, genre de la tendresse... Mais pour Antoine ? D'où cela sortait-il ? Bwark, pensais-je, sans pour autant empêcher ma main de se reposer sur ses cheveux et mes doigts de jouer dans ses boucles. Je finis par entendre sa respiration devenir de plus en plus régulière et je compris qu'il s'était rendormi. En observant son visage, encore une fois, je remarquais qu'il n'avais jamais l'air aussi calme et apaisé. Mon cœur se serra et la culpabilité revient en force. Il y a encore peu de temps j'étais injuste avec lui... et le peu que j'avais appris de lui m'avait montré à quel point je m'étais trompée... Si je n'avais pas jugé sur les apparences nous aurions pu être amis depuis le début... et j'aurais au moins un peu compté pour lui. J'étais un poids pour lui, et nous nous entendions bien par obligation...
Tandis que je pensais cela mon regard se posa sur mes doigts qui jouaient toujours dans les cheveux du jeune homme et je me rendis compte que pour ma part mon affection n'était absolument pas obligée.
Sincèrement je ne savais pas qu'observer une personne pouvait être aussi intéressant. Antoine dormait toujours et j'étais dans un demi sommeil quand on frappa discrètement à la porte de ma chambre et Madame Saint Pern entra. Quand je vis ses yeux se baisser vers son petit fils et remarquais que mes doigts étaient toujours posés sur la tête du jeune homme je ne pus pas m'empêcher de rougir. Je retirais rapidement ma main des boucles sombres et me tournais vers ma visiteuse, l'air de rien.
- Je venais voir comment vous vous portiez, chuchota-t'elle un petit air amusé caché derrière son air inquiet.
- Je vais bien, je me suis largement reposée ! Et on dort mille fois mieux dans un lit ! m'exclamais-je.
- Tant mieux ma petite chérie ! Je ne pensais pas qu'Antoine était resté avec vous...
- Il a plus dormi que moi je crois ! riais-je.
- C'est que ces derniers jours n'ont pas été très reposants pour lui... Je ne sais pas s'il a dormi ces nuits dernières...
Je ne pus pas empêcher ma main de se reposer instinctivement sur la tête du jeune homme et de lui caresser légèrement le front. Geste qui n'échappa évidemment pas à mon employeuse, et là encore je ne savais que dire.
- Du courrier est arrivé pour vous, m'informa-t'elle en me tendant les lettres. Je vous laisse vous reposer.
La vieille dame repartit aussi discrètement qu'elle était arrivée.
J'étais contente de recevoir des lettres. Je reconnus l'écriture des deux premières, mais la dernière ne me disais rien...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro